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Sortir du capitalisme : "Ceci n'est pas une utopie"

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Quetzal
  • Date de début Date de début
Excellent, ça donne vraiment envie... Je plaquerais bien tout pour vous rejoindre... Mais bon, c'est pas encore le moment. Dans quelques années j'espère...
 
Bha la, ca fait genre 1 mois que je me dis pour la première foi : ouai ptet qu'au final, jvais rester en Espagne. Pour la première foi, je vois peut etre des opportunité par ici... Monter notre petit projet dans ce nouveau système..? finalement ca serait une réalité qui dépasse mes attentes et mes rêves!
Mais c'est une transition lente, forcément lente... On verra bien... Comme je l'ai dis, la moindre des choses c'est d'essayer...
 
Je vois que ca commence a souler pas mal de gens donc je vais m'arreter. (en meme temps c'était sur qu'avec un discours allant à l'opposé de l'opinion de la majorité des membre tot ou tard ca allait me retomber dessus, je l'avais vu venir, mais bref)
Juste je me permet avant de lacher prise :
EDIT: attention pavé incoming, mais promis c'est le dernier. (et y'a un petit mea culpa a la fin alors ca va :P )

Mais SURTOUT, tu ne proposes aucune piste, aucune solution, pour améliorer les choses!

Je l'avoue. Mais je vais le faire maintenant, si vous le permettez. Première chose évidente qu'il faudrait (a mon humble avis bien sur) faire c'est arreter les politiques de rigueurs, c'est comme si on se serrait la ceinture dans l'optique de se faire maigrir encore plus, ces politiques déprimes la demande encore un peu plus chaque fois sont socialement très douloureux (baisses des minimat sociaux, service publique de moins bonne qualité) Bref, les politiques de rigueur, ca sert a rien et tout le monde le sait, mais on persiste avec ca, afin d'essayer à tout prix de conserver la confiance des marché financiers (ca ne marche pas bien sur) De plus, on confond allégrement, assainissement des dépenses publiques et austérité, on réduit considérablement l'emploi publique et les minimat sociaux, et dans le meme temps en augmente allégrement les salaires de nos politiciens et on créée de nouveau posts (rémunuérés extrement bien il va sans dire) pour les ministres et les députés proche du parti au pouvoir qui ne seraient pas réelu, comme exemple on peut citer le senateur UMP Jacque Valade nommé recement "Ambassadeur itinérant en asie" (post crée pour l'occasion bien sur) je vous laisse imaginer en quoi dois consister son travail, plutot cool le pole emploi version politicien pas vrai ? Si ca vous interesse je vous incite a lire le numero 763 de "Marianne" (décembre 2011).
Ensuite, que pourrait on faire pour sortir de la crise ? Et bien réformer nos institution européennes serait un bon début, nous somme dans une situation ou, parce que nous voulons absolument guarder notre souveraineté national, l'union européenne n'a que très peu de liberté (économiquement) très peu de décisions se prennent et encore mieux, les décisions doivent se faire à l'unanimité, sachant que nous somme 27 (si je me trompe pas) dans l'UE c'est globalement impossible, les 27 pays n'ayant pas tous les meme économies ne subissent pas tous la meme conjecture etc.
Mais au niveau national aussi nous somme très limités, les état ne peuvent plus jouer sur leur monnaie. Et c'est d'ailleurs pour ca que chaque plan de rigueur imposé à la Grèce est voué à l'échec.
Ces plans, sont, rappellons le destinés a réequilibrer la balance commércial d'un état, les sorties étant les dépenses publique et les importation, et les entrée étant les exportation. La logique voudrait que lors d'un plan de rigueur on dévalue la monnaie (c'est de toute facon généralement ce qui se passe automatiquement sans nécessaire intervention) de façon a etre plus compétitif au niveau international et de pouvoir vendre ses produit à l'étranger et a terme, réequilibrer la balance, or, en europe, nous nous acharnons (a tout prix) a vouloir guarder un euro stable (car rappellons que les investisseurs privés n'aime pas trop les monnaies instable, et que dans la situation actuelle, et par choix des politiciens, et bien nous sommes a leurs pieds) bref, on impose a la Grèce de revenir a un équilibre commércial, tout en rendant cela totalement impossible.
Tot ou tard la Grèce va devoir sortir de l'euro, et connaitra probablement (je peux me tromper bien sur) une inflation comme on en a pas vu depuis longtemps en Europe, la drachm grecque a peine sera-t-elle réintroduite, elle ne vaudra déjà plus rien.
Et les grèque vont surement devoir s'exiler dans le campagne, comme tu le préconise, et c'est vrai qu'il vivront mieux et pour ca, c'est une bonne chose. Mais est ce que tu pense vraiment que les campagnes pourront acceuillir tout les éxilés ? On peut en douter ?
Quels serrait les solution éventuelles ? Et bien quand on regarde plus précisement l'état de nos dettes (car rappellons le, nous somme en face d'une crise de la dette) on se rend compte que la grande les état Européen se doivent massivement de l'argent entre eux, certains économistes ont donc très sérieusiement proposé qu'on annule nos dette respective (dans la mesure ou on se doit de l'argent entre nous) ce qui parait au final assez logique, si A doit 100 euro à B et que B doit 120 euro à A et bien autant simplifier et dire que B ne doit plus que 20 euro à A et annuler la dette de A, mais bon on ne le fait pas car tout ca, ca ne fait ni très stable, si très sérieux (on peut se demander pourquoi d'ailleurs) et rappellons que les marché n'aime pas l'instabilité.
Bon encore une fois, je sais que je me base uniquement, sur l'europe et l'occident, mais on logiquement on peut se dire qu'avant de se préoccuper d'aider a tout prix les PED on devrait nous meme se sortir de la crise. D'autant plus qu'un retour de la croissance dans les pays développé serait sinonyme d'un retour de la croissance aussi dans les pays en développement, rappellons que dans le monde d'aujourd'hui nous somme tous interdépendent (enfin surtout, ce sont ces pays qui sont dépendant de nous, si eux aussi sont en crise, c'est a cause de nous, certes c'est une mauvaise chose mais on y peut rien POUR L'INSTANT) Et aussi, c'est quand nous meme ne nous sentons pas menacé économiquement et que notre machine tourne bien que nous (consommateurs) devenons plus prompte a nous battre pour des causes que nous croyons justes, les mouvement sociaux en faveurs de l'égalité etc etc ca se fait en période de croissance, en période de crise on ne se sent pas concerné par les problèmes des autres.
Bon certes a cela tu pourrait me répondre que le modèle alternatif que tu présente n'est pas concerné par ce phénomène, et j'avoue que c'est relativement vrai.
Sinon que peut on faire d'autre ? Et bien ma fois, ammorcer des politiques de relances au niveau Européens ca me parait etre une bonne idée, ce serait clairement inutile au niveau national (pour des raisons que je ne vais pas expliquer car le post commence a s'allonger et j'ai très bien compris que vous en avez marre de moi) mais à l'echelle de l'Europ clairement ca pourrait marcher, c'est ce qu'on a fait après la guerre, à l'époque ou les politiciens avaient compris que la reduction du chomage DEVAIT etre prioritaire, et oui après la crise de 29 difficile de penser autrement.
Les politiciens d'aujourd'hui on visiblement oublié ceci et apparement une nouvelle crise (celle que nous vivons en ce moment) est nécessaire pour que tot ou tard, ca leur revienne. Et puis de toute facon les politiques de relance en ce moment, c'est pas à la mode, on veux absolument copier le modèle allemand, ce qui est tout à fait stupide, si les causes vous interressent, je vous incite a lire ceci, ca devrait vous éclairer au moins sur "pourquoi on nous dit tout le temps qu'il faut faire commes les allemand" et pourquoi ce n'est pas vrai.
http://www.atlantico.fr/decryptage/mode ... 76451.html
(bon grosse branlette nationalle dans le titre de l'article certes, mais ca ne l'empeche pas d'etre interressant)
Et enfin les politiques de relance et bien c'est pas bon (a court terme) pour les chefs entreprises et les actionnaires ca impliquerais qu'on change un peu le partage de la VA (valeur ajouté) au profit des salarié, et ca bien sur pour tout les chef d'entreprise francaise du cac40 (et meme toutes les autres), bref les amis de Sarkozy, c'est inacceptable ! (payer plus les salariés, et puis quoi encore !) C'est donc probablement par ca qu'on peut comprendre les choix politique de notre cher président.
Enfin de manière générale l'Etat est justement censé investir pour stimuler l'économie quand les investisseurs privés et les banque ne le font pas (role contra-cyclique de l'Etat)et nous on est en train de faire l'inverse.

Bon alors maintenant, pourquoi je vous dis ca, alors que vous (je pense surtout a Sludge et a Piou Piou) n'en avez rien a faire, que vous n'etes pas sur ce topic pour entendre ca, bref ca ne vous interresse pas.
Et bien je le fait dans un soucis d'équité, parce que nous somme sur un forum, et parce que si on est tous d'accords pour dire que le système actuel foire je pense que j'ai quand meme le droit d'exprimer ma vision du pourquoi.
Et de la meme manière que Quetzal expose sa solution et bien j'expose la mienne, c'est un autre point de vue, mais est-ce pour autant (que vous ne le partagez pas) que vous devez ne pas l'écouter et meme le stigmatiser ? (LOL libéral qui joue la victime marginalisé, on aura tout vu) D'ailleurs piou piou, comme t'a pu le voir, Quetzal et moi restons très courtois l'un avec l'autre (on se jette des petite piques de temps en temps, mais ca reste gentil et agrémenté de smiley) donc rien ne t'empeche d'en faire autant :) (je me permet de dire ca parce que je te trouve un peu aggressif, bien que j'avoue c'est peut etre un peu de ma faute)
Ensuite et bien Quetzal a posté son topic, non seulement pour répendre son idée/projet, mais aussi pour avoir des retours, et pas seulement de gens qui disent qu'il sont parfaitement d'accords (sinon ca sert a rien)
D'ailleurs, si vous avez eu le courage de lire toute la discussion vous pouvez voir qu'a aucun moment je n'ai rejeté en bloc le projet de Quetzal, ce que je conteste (et que j'ai relativement mal fait) c'est le rejet en bloc un peu facile (que Quetzal ne fait pas, mais auquelle son discours ouvre la porte) du libéralisme. (et oui, vous pouvez m'accuser de me raccorcher au branches pour me défendre mais peu importe)

Après je l'avoue, je viens de m'en rendre compte, mais ma méthode d'argumentation n'était clairement jusque la, pas la bonne.
cf:

C'est clair que la quote war, c'est un truc qui devient vite lourd (ca ne donne généralement pas des textes construits, plutot une bouillies d'arguments désarticulés).

Je ne m'en était jamais rendu compte auparavant, mais c'est parfaitement vrai. Effectivement les quote war c'est pas mal pour développer sa contre-argumentation, mais pas pour argumenter.

Bon enfin dernier point sur lequelle je reviens (promis c'est presque finit), et qui n'est clairement pas réglé par tout ce que j'ai pu dire, la question du développement durable/soutenable, effectivement, ca reste un problème dont on a aujourd'hui pleinement conscience mais qu'on essaye que (très) vaguement de regler. On a bien organiser une conférence a Durban l'année dernière, mais pour très peu de résultat (néanmoins c'est que meme mieux que rien). Mais mine de rien, petit a petit on avance quand meme, l'idée que le développement durable est nécessaire s'impose de plus en plus dans les moeurs, et meme si on est encore assez loin d'avoir développé une énérgie renouvelable propre, on fait quand meme régulierement des progrès dans ce domaine et tot ou tard, on y arrivera, certes ce jours la on aura pas reglé le problème, mais au moins une bonne partie. Et puis on peut penser qu'une fois la crise passé (ce qui finira tout ou tard par arriver, le mieux étant que ca arrive le plus rapidement possible) nous serons beaucoup plus à meme de nous pencher sur les problème d'exploitatoin des ressources et des pays en voie de développement, bref on peut pas regler tout les problèmes en meme temps.

Bon sur ce...je vous laisse tranquille moi et mes sales principes capitalistes :wink:
 
Bonjour à tous :-)

Très intéressant ce topic :-) Décidémment, je vais en gagner du temps à venir me ballader sur ce forum :-)

Voilà maintenant 2 mois que j'ai publié un texte pour motiver les 160 étudiants de l'IUFM de Rennes qui veulent devenir Professeur des Écoles pour les sensibiliser sur le fait que la formation que l'État nous propose est une honte pour l'avenir des enfants, et de notre avenir.

Bref. Avec quelques autres, nous avons cherché une alternative aux grèves, ou aux blocus habituels. Dans le domaine de l'éducation, il ne faut pas se voiler la face, tout le monde nous prend pour des fainéants qui bossent seulement 24 heures par semaine, et qui en plus vont souvent faire mumuse dans la rue avec leurs potes parce qu'ils ont pas un salaire satisfaisant.

Donc du coup, nous avons pensé faire des cours libres. Des cours organisés par les étudiants eux-mêmes pour rendre plus vivant cette promotion qui est extrèmement individualiste. Nous sommes d'accord, ce n'est pas de leur faute, c'est la course à la compétitivité formulée par le concours enfin d'année qui les rend comme ça.

La compétitivité, voilà finalement le problème principal de notre société. Compétitivité à l'argent (merci la mondialisation, même si elle a permis de baisser les inégalités dans les pays en voie de développement, il ne faut pas le nier), compétitivité face aux autres en général (moi, moi, je, je... ''Hypertrophie du moi'' pouvons nous lire dans l'éditorial du magazine Usbek et Rica que je vous conseille par ailleurs).

Nous avons clairement zappé un élément essentiel dans tout ça... Le temps, ce n'est pas de l'argent, c'est la vie.

Et puisque nous ne pouvons pas vivre sans les autres (puisque nous sommes face à notre inutilité face à la grandeur du monde, cf Pascal plus ou moins :-) ) Alors vivons avec les autres intelligement.

En ce sens, je trouve la solution proposée excellentissime, quoiqu'en pense l'étudiant en économie ou l'économiste du topic. Qui d'ailleurs a osé citer le Japon comme bon exemple alors que la population de ce pays est en perpétuel questionnement face à son avenir suite à l'accident de Fukushima:

''par exemple le Japon était encore sous développé après la deuxième guerre mondiale, maintenant c'est le pays le plus a la pointe technologiquement''

''Car, on le sait déjà, le 11 mars 2011 fut un traumatisme pour tout un pays: plus de 15 000 personnes ont péri, plus de 100 000 ont été déplacées, et l'on ne connaît pas encore les suites des fuites radioactives sur la santé des populations limitrophes... Mais, au delà de cette comptabilité terrible, ce qu'on sait moins, ce sont les effets à plus long terme de la catastrophe, ce séisme dans les esprits de tout un peuple. Les écrivains et les poètes, comme souvent en pareil cas, sont les premiers à dire l'urgence d'une reconstruction mentale et symbolique. ''Tout remettre en question'', tel est en effet le mot d'ordre avancé par le romancier Kenji Maruyama. Ne plus se fier à quiconque, et surtout pas au progrès technique. Repenser, donc, les modes de vie et de production''. Éditorial du Courrier International datant d'hier, Philippe Thureau-Dangin.

Le problème des économistes, avec tout leur respect que je leur dois, c'est qu'ils pensent que tout est réglable par l'économie. Or ce qui gère l'économie, c'est l'humain. Aujourd'hui nous avons la preuve que cette tendance vient à s'inverser.

Les économistes pensent qu'ils sont indispensables. C'est certainement vrai, mais le moment n'est-il pas venu de proposer des solutions concrètes, en repensant ''tout'' ?

Malgré tout cela, le mouvement proposé me questionne beaucoup. Je le trouve moi aussi un peu trop ''extrémiste''. Ce n'est pas la première fois que de telles mouvements apparaissent. Je vous renvoie pour cela au début du XIX et aux différentes actions d'Owen et de son ''socialisme utopique''. Même si je trouve l'idée géniale, je ne pense pas que la population soit prête à suivre un tel mouvement... J'ai peur que la dynamique s'essoufle comme celles des indignés. J'ai peur qu'un leader opportun s'empare de l'idée pour la transformer en une chose nauséabonde, ou que les lobbies réussissent à convaincre le reste de la société que ce mouvement n'est que marginal et dépassé, que nous avons terminé l'époque des hippies, et que Peace and Love c'était pour papy.

Je ne suis pas contre le progrès technique, bien au contraire, mais il n'est plus fait dans l'intérêt général des gens, il est là pour produire de l'argent qui produira ensuite des inégalités. C'est une prise de conscience générale qu'il nous faut, et je suis heureux de voir que certains d'entre vous tentent de changer les choses. Utopiques ou pas, ce que vous faîtes est concret, et vous le faîtes pour une bonne cause: notre avenir. Alors chapeau pour ça, et si un tel mouvement voyait le jour à Rennes, je ferai tout pour l'intégrer, l'observer, et pourquoi pas l'améliorer avec de nouvelles idées.
 
Je dois filer a ma reunion justement
mais merci pour ce post! Trés diplomate et mature de ta part
En effet, on pourrait discuter des disaines d'heures et partager les points de vue; on va en rester la pour la gueguerre
je ferais peut etre un commentaire sur la crise du pouvoir, vu que tu parles pas mal des politiques (dans le sens, gouvernements et institutions); ca pourrait etre interessant car cette" crise des decisions" est la racine du mouvement (plus que les impossibilités/absurdités de la croissance ou du capitalisme)
 
Sludge a dit:
Je suis sûr que ton aide leur serait précieuse.

Je ne suis pas aussi sût que toi sur le fait que mon aide leur serait précieuse, mais en tout cas je te remercie pour ce lien :-) Je leur ai envoyé un mail pour en savoir plus, ça me paraît très intéressant, surtout que mon IUFM se situe à une centaine de mètres de cet endroit...

Comment as-tu entendu parler de ce mouvement ?
 
Les flyers dans la rue à l'époque où c'était situé ailleurs. J'ai envoyé un e-mail une fois et j'ai eu aucune réponse. Je te conseille donc de t'y rendre directement. Tous les gens là-bas sont très accessibles. La première fois où j'y ai été, une personne que je ne connaissais pas m'a tout expliqué pendant plus d'une demi-heure, franchement cool ! Il faut juste faire le premier pas. :)
 
Alors je ferai ce premier pas :-)

Encore merci pour cette info ;-)
 
Bon je regarde le documentaire sur Auroville. Y'a pas à chier, fini de rêver, dans moins de cinq ans, je me bouge quitte à tout plaquer, j'irai en Espagne ou en Inde mais franchement, je peux plus accepter ma vie ici.
 
Sludge, documente toi sur les éco-villages ou les éco-hameaux en France. Selon moi, dans un objectif de décroissance et d'autarcie, c'est déjà une avancée ;)
 
Oui j'avais commencé à me renseigner dessus, ça correspondrait tout à fait au genre de choses que je recherche.
 
Perso, j'ai adopté une conduite beaucoup plus "anticapitaliste" depuis quelques temps. Par exemple, je mets plus les pieds dans un supermarché, je fais mon jardin potager, je privilégie à fond les amap, j'ai réduit drastiquement ma consommation de viande, le peu que je mange provient de la chasse et de la pêche, et encore je tends vers le végétarisme... Question de principe. Et puis, transports en commun, économie d'énergie et autres banalités en lien avec la décroissance. Pas de télé, je me bats pour faire connaitre les idées des indignés et des décroissants autour de moi.
Ca commence par ça, et je pense que c'est aussi ton cas. Quand j'aurai des thunes je ferai tout mon possible pour me trouver un éco-hammeau, j'ai un pote très proche qui est autant branché que moi. Je ne vois pas d'autre solution. Enfin si, mais à l'échelle globale... Et pour l'instant les gens ne sont pas prêt à sortir du système.
 
La décroissance, un point de vue parfaitement réactionnaire - [Portail de Lutte Ouvrière]

Un article qui touche assez juste, même si le début est horripilant tellement il exagère et détourne le propos. Il faut aller jusqu'au bout, la conclusion est vraiment bonne. La décroissance ce n'est pas sans doute pas s'extraire de la société, même si beaucoup le font sans aucun doute. C'est plutôt proposer un autre mode de vie et surtout se le réapproprier. Mais croire que ça suffira à mettre fin au capitalisme, c'est une grosse erreur.

Il n’y a en fait que ceux qui ne connaissent ni Marx ni le marxisme qui pensent que celui-ci était un « productiviste » acharné, incapable de se poser la question de l’épuisement des ressources naturelles ou de la lente destruction de la planète par le système capitaliste. Bien au contraire : Marx et Engels ont sans doute été parmi les premiers à poser ces problèmes.

Parler de risque d’épuisement des ressources naturelles - et en particulier des sources d’énergie fossiles comme le pétrole - est aujourd’hui un lieu commun. Le propre des énergies fossiles étant d’être non renouvelables, elles arriveront nécessairement à épuisement un jour. Tout juste peut-on noter que les délais qui nous séparent de cette date sont probablement plus longs que les écologistes et les décroissants le prédisent : dans les années soixante-dix, les mêmes courants prévoyaient la fin définitive des ressources pétrolières en l’an 2000.

Mais cette question de l’épuisement des ressources est évidemment pertinente. Tout comme sont pertinentes bien des questions que posent les décroissants : oui, le capitalisme pousse ceux qui en ont les moyens à la consommation, par le biais de la publicité et de la création de modes artificielles. Oui, le capitalisme fabrique volontairement des produits qui deviennent obsolètes très rapidement pour pousser les acheteurs à les renouveler. Oui, le capitalisme transforme tout ce qu’il touche en marchandise, et pousse, par mille biais, les êtres humains solvables (et même de moins solvables, grâce au crédit) à acheter des objets parfois inutiles. Est-ce une découverte ? Certainement pas. La « marchandisation » tant critiquée par les écologistes, les altermondialistes et les décroissants, c’est finalement le fait que le capital ne considère jamais un objet pour son usage, mais en fonction de ce qu’il peut rapporter lorsqu’il sera vendu. Le capitalisme ne produit pas pour satisfaire les besoins mais pour vendre en vue de faire un profit. Il n’y avait pas besoin des décroissants pour savoir cela, puisque Karl Marx l’a longuement expliqué dans Le Capital, il y a plus d’un siècle.

[...]

Alors, non, nous ne pensons pas que l’avenir de la société soit dans la réduction de la croissance à tout prix. Pas plus que nous ne pensons qu’il réside dans l’augmentation de la croissance à tout prix. Cette augmentation est, de fait, une des lois du capitalisme, système dans lequel le seul régulateur de la production est le marché aveugle. Personne, pas même les capitalistes eux-mêmes, n’a réellement de contrôle sur la production. Seule une société libérée de la concurrence, où la production serait démocratiquement planifiée en fonction des besoins, pourrait être une société où la croissance est maîtrisée - ce qui supposerait une croissance de la production de certaines marchandises si la hausse des besoins existe, et une décroissance de la production dans d’autres secteurs le cas échéant. Mais tout cela serait décidé et contrôlé par la population elle-même. Une telle société, cela s’appelle une société socialiste ; et elle ne pourra voir le jour qu’à la suite d’une profonde révolution mondiale, qui mettra fin à la dictature des capitalistes sur la société.
 
J'ai pas tout lu, mais j'vous propose de mater ça, une bonne soluce je pense pour sortir du capitalisme, en sachant que l'on conserve à priori une privatisation de la redistribution du capital et des moyens de productions encore (du moins pas dans les méme mains quoi, des mains plus insouciantes peut être actuellement)... dite moi ce que vous en pensez ce serait cool d'en parler un peu
 
Super sujet, bravo!
Je ne sais pas si c'est le fait de consommer des substances ou bien si c'est une prise de conscience collective mais avec mon groupe de potes on réfléchit pas mal sur la société et son fonctionnement. On se documente pas mal sur des solutions alternatives contre la société de consommation de masse mais bon pas facile de faire bouger les choses à notre niveau... Mais comme j'ai pu le voir plus haut, travailler son propre potager ou se tourner vers des organismes plus respectueux de l'agriculture tel que les AMAP son à mon avis un premier début. D'ailleurs je ne sais pas si vous connaissez mais il y a un documentaire passionnant sur ces "solution alternatives" qui s'appelle : Solutions locales pour un désordre global ([h=1]
). Je vous le conseille fortement!
[/h]Je pense malheureusement que nous sommes loin d'être sorti du capitalisme et qu'il va falloir toucher le fond pour prendre conscience de la pagaille qu'on a foutu sur terre... Mais plutôt que de s'acharner sur notre sort et ne rien faire, je suis sûr que nous pouvons changer les choses.

[h=1][/h]
 
Je vous remets là un texte qui remet bien les pendules à l'heure, issu du travail d'un camarade :
Suite à un statut polémique sur le foot dont je regrette le ton, surtout s'il a pu en blesser (ce n'était pas le but, mais il n'a pas non plus fait son taff d'enrobage percutant-plaisant, ce ton là, alors désolé du mauvais moment inutile et ma faute), m'est venue l'idée d'un article plus général sur ce qui me gêne dans certaines analyses diffusées par la propagande anticapitaliste. Il est possible que cet article manque totalement sa cible, pas assez précis ni rigoureux pour les spécialistes des analyses économiques issues du marxisme, pas assez clair pour les néophytes. Je m'en excuse par avance, et j'espère pouvoir l'améliorer rapidemment. Que dit-on généralement quand on critique la consommation, l'acte de consommer ? En gros les choses suivantes :

__ Consommer, c'est donner notre argent à des firmes qui en font bien ce qu'elles veulent, c'est-à-dire surtout : manquer de payer correctement leurs salarié-es, les épuiser jusqu'à la mort, leur voler la moitié de leur vie en temps de travail, polluer sans vergogne, exproprier et tuer des gens, reproduire les inégalités de toutes sortes, financer les pires régimes, exclure tou-tes celleux qui ne correspondent pas à La Norme, ou les harceler moralement, physiquement, sexuellement... C'est donc indirectement mais concrètement soutenir tout cela (même si largement contre notre gré).
__ Consommer, c'est rendre immédiatement au Capital ce qu'il a daigné nous allouer pour (sur)vivre, ce qui est quand même une belle grosse arnaque.
__ Consommer, et a fortiori en tirer plaisir, c'est participer joyeusement à un système que l'on cautionne plutôt que (ré)apprendre à chasser et cueillir à l'ancienne (je ne suis qu'à moitié ironique, certains courants de l'anarchisme le prônent, qui ont le mérite d'aller au bout des conséquences pratiques de leur analyse de base), chercher à sortir de ce merdier, notamment en instaurant d'autres pratiques que l'achat de produits manufacturés, de services, etc.

C'est un propos qui est intéressant, mais qui cache, un peu comme un cheval de Troie, une dimension éminemment réactionnaire reposant sur une confusion. Et en dernière analyse, on peut carrément se passer de cette critique là, tout en restant dans une critique du système capitaliste qui s'en trouve assainie de cette dimension réactionnaire (laquelle peut très bien se trouver à l'état d'incubation, asymptômatique sur le moment, mais qu'on se refile quand même, sans faire attention... bref, je veux pas épuiser tout mon crédit-métaphores-nulles, donc passons à la suite). Même les quelques solutions rapidemment évoquées ci-dessous, qui font partie de l'arsenal des propositions « alternatives » et qui viennent souvent avec la critique de la « société de consommation », peuvent trouver leur place, même lorsqu'on se passe de cette critique. Elles sont d'ailleurs à ce moment-là remise à leur juste place : des solutions parmi d'autres et non pas la panacée, l'alpha et l'oméga du refus concret du capitalisme (comme on l'entend ou le lit de plus en plus). Mais je vais un peu trop vite en besogne.

Quelques dernières précisions de vocabulaire s'imposent ici, sur ce que j'entends par analyse et par propagande, pour clarifier encore ce qui me pousse à écrire cet article : analyse et propagande. J'entends bien l'analyse d'un système doit être exhaustive pour être bonne, faire le tour de toutes les dimensions d'un système pour être exacte. Car le propre d'un système, c'est que tous ses éléments soient inter-reliés et dépendants des uns des autres, même s'il y a la plupart du temps des éléments principaux et d'autres plus secondaires. L'analyse critique de la consommation aurait ainsi parfaitement sa place dans un traité d'économique politique par exemple (type le Capital). Mais elle n'y sera pas isolée, et la question de la consommation arrivera à sa place logique et relative. La propagande, c'est autre chose en revanche. Et j'entends par « propagande » tout ce qui contribue à la diffusion d'une analyse systématique (l'analyse complète d'un système quoi), ou si l'on préfère, de nos idées, tout simplement. Un tract, un film, un article pédagogique, c'est de l'analyse aussi. Il ne s'agit pas de dire que la propagande consiste à mentir aux gens qu'ils adhèrent à notre ligne politique, on n'est est pas Staline ni Eisenhauer. Mais c'est de l'analyse « tronquée », on choisit un certain angle d'attaque sur un système complexe dont on montre les failles, les injustices, la barbarie, etc. Tout simplement parce qu'on ne peut matériellement pas être exhaustif, un élément de propagande n'a pas vocation à l'être. Pour prendre un exemple caricatural, un slogan est nécessairement simpliste, voire exclusivement poétique. Ce que je commenterai ici, donc, c'est la question de la consommation comme angle d'attaque privilégié, ou pire, comme objet d'analyse se suffisant à lui-même pour aboutir à une critique révolutionnaire du capitalisme.

Qu'est-ce que consommer ?

« En soi », une pratique consommatoire (aller voir avec plaisir tel ou tel blockbuster, acheter cette fringue dont on rêvait), n'a aucune valeur politique, ni positive, ni négative. Du point de vue du sujet, elle est probablement positive (valeur d'usage). Oui mais voilà, l'objet consommé (et donc la pratique de consommation qui va avec) n'existe pas « en soi » (déconnectée et comme pur concept) ; pas plus qu'elle n'existe seulement pour le sujet (la personne et son activité « rien qu'à elle », dans sa bulle) ; elle existe objectivement, dans un système politique donné, et à un moment T de l'histoire. Dans un système capitaliste, cet objet consommé a une valeur d'échange en plus de sa valeur d'usage, et c'est bien pour ça que le capitaliste a produit l'objet qui va être consommé plus tard : pour qu'il fasse de la thune. Évidemment pas pour satisfaire nos besoins par altruisme, ni par pur désir de reconnaissance.

La marchandise, c'est donc comme un truc à deux faces : pile, valeur d'usage, face, valeur d'échange. Et comme ces pièces, les deux faces ne se regardent pas, elles s'ignorent : ce que tu fais avec le truc que t'as acheté une fois que tu l'as acheté, globalement, le capitaliste s'en tape.
Du coup, « consommer », c'est aussi un mot à deux faces, à deux sens. Selon qu'on se place du côté de l'usage ou de l'échange, le mot n'a pas du tout le même sens. ___ Si on est du côté de la valeur d'échange, consommer équivaut en gros à acheter. Consommer = acheter. ___ Si on est du côté de l'usage... Bin là pour le coup, on a autant de sens concrets à « consommer » qu'il n'y a d'usages, c'est-à-dire en d'autres termes de pratiques (1). C'est très révélateur à mon sens, donc je reviendrai sur ce point. Pour l'instant suffit de retenir qu'il y a deux sens très différents à ce terme.

Conséquences en terme d'analyse et de propagande

La conséquence de cette polysémie irreductible, c'est que lorsqu'on critique la « société de consommation » ou lorsqu'on s'attaque à la figure du « consommateur », bin on confond les deux sens. Ce qui fait qu'on s'attaque à la fois à une pratique pour elle-même, et au système politico-économique dans lequel elle s'inscrit, « par le biais » de la critique de cette pratique (consommatoire).

Parce que, lorsque je m'attaque à la face « usage » du mot « consommation », je formule une critique qui n'a pas grand'chose à voir avec le capitalisme en vérité, ou très très indirectement. Je peux très bien imaginer cet « usage » dans un autre système que le capitalisme. Au hasard, je peux très bien imaginer que dans un système économique de type communiste, la production du produit « Star Wars » va continuer (et il y a plutôt intérêt même, si vous voulez mon avis) (2).

Et la polysémie de la face « usage » du mot « consommation », elle vient de la dimension apolitique et individuelle de chaque usage pris isolément. On pourrait dire en exagérant un peu qu'il y a autant d'usages que d'individu-es, et lorsqu'on s'attaque à cette face du mot, on s'attaque aux pratiques des individu-es en tant qu'individu-es et non en tant que groupe, que classe. On s'intéresse à l'individu isolément, deconnectés du monde social et de ses dynamiques propres, lesquelles divisent les populations non pas en une somme d'individus, justement, mais en classes antagonistes (3). À l'inverse, la face « échange » du mot « consommation » n'a pas cette polysémie. Et c'est bien parce qu'elle relève d'un système organisé. Quelle que soit la pratique, l'usage, c'est le même système qui est derrière. Or c'est bien le capitalisme, ce système dans lequel il y a des échanges de marchandise. Ça fait partie de ce qui le définit comme capitalisme.

Oui mais on ne peut s'attaquer à la face « échange » du mot sans s'attaquer à sa face « usage », car c'est un seul et même mot qu'on a là, et à vrai dire, tant qu'on ne change pas de système économique, une seule et même réalité derrière ce mot. Une réalité à deux faces, comme une pièce. Et on ne peut pas détruire une face d'une pièce sans détruire la pièce entière. Bien plus, on utilise généralement la « face usage » pour introduire son propos, parce que c'est plus éloquent et pédagogique ainsi, sur le mode : « tu penses qu'en achetant ton paquet de céréales tu n'achètes que 250g de corn flakes, alors qu'en réalité tu achètes de la sueur et du sang » (je résume).

Mener la critique sous un autre angle : celui de la production

Que faire alors ? Changer de mot, sans doute, et s'attaquer à une autre réalité. Voyons l'échange par exemple, le « Marché » : c'est ce qui met en relation le producteur et le consommateur (c'est un concept, pas quelque chose qui existe concrètement comme tel, mais l'image d'épinal de la place du marché au village l'illustre assez bien). Ce qui fait que la marchandise est située pour ainsi dire entre deux pôles : elle est produite à l'origine, puis consommée au final. Et au lieu de s'attaquer au pôle consommation, on peut s'attaquer au pôle production. C'est un bien meilleur angle d'attaque selon moi pour fournir une critique radicale du capitalisme, et ça ouvre vers un ensemble de perspectives et de pratiques de luttes dont l'histoire est déjà riche : le syndicalisme, le sabotage, la grève, le luddisme, etc. (4)

Or la critique prise sous cet angle n'a pas la dimension réactionnaire dont j'ai expliqué d'où elle venait dans les critiques de la consommation. Pourquoi ? Parce que s'il y a bien une contradiction dans l'acte de consommer, elle se situe au niveau de l'individu : c'est vrai que c'est contradictoire de donner de l'argent pour satisfaire des besoins ou des désirs : cet argent, une partie va être réinvestie dans la bonne marche et même l'expansion du système qui m'exploite, m'opprime, et une autre aller directement dans la poche de ceux qui (en tant que classe) me l'ont donné en échange de mon travail... pour eux ! En même temps, ce besoin il faut bien que je le satisfasse. Ou bien je veux cette chose, je serais vraiment trop classe avec cette paire de pompe. Dans l'acte de produire en régime capitaliste par contre, la contradiction n'est pas au sein de l'individu, mais entre des individu-es. Sur le lieu de production, au sein de l'entreprise, il y a celles et ceux qui triment, et celles et ceux qui profitent de ce travail.5 L'opposition est visuellement et géographiquement claire (songeons à la disposition des bureaux, des atelier, ou à ce que c'est qu'un organigramme d'entreprise par exemple), et la dimension collective, de classe, saute aux yeux.

Bien plus en tout cas que si on se lance dans un portrait de l'individu moderne en consommateur. C'est très éloquent, un portrait, et ça permet même éventuellement de se donner un air misanthrope pour peu qu'on rajoute un peu de causticité à son propos, mais ça manque de clarté, et les fascistes s'en accomodent très bien : je concluerai donc en soulignant que le film Fight Club est une référence largement appréciée de l'extrême-droite pour sa critique de la société de consommation, et qu'il est un incontournable de la culture fasciste contemporaine. Ce qui ne fait pas pour autant de vous un fasciste parce que vous aimez ce film, dire ça contredirait tout cet article.

Plus réacs et moins susceptibles d'être appelés « camarades » que les gens à qui j'adresse cet article, j'ai parfois entendu de la part de réformistes à la française (type PG) des remarques du type : « ces émeutes (dans la banlieue de Londres par exemple) n'ont rien de politique, faut arrêter de fantasmer deux minutes : les mecs la première chose qu'ils font c'est aller chourrer des écrans plasma dans les magasins désertés. Ces gens veulent juste consommer comme tout le monde, à aucun moment ils ne veulent renverser le système ! ». Sauf que justement, si, le principe d'une émeute, c'est de renverser ou au moins suspendre pour une donnée indéterminée l'appartenance du lieu de l'émeute au système global, auquel il échappe (la police ou l'armée étant évidemment là pour l'y ramener). Si on repense à la bipartition dont j'ai parlé précédemment, la face « échange » est ici neutralisée parce que le système marchand est court-circuité par le pillage. C'est donc bien de fait un acte de subversion. Qu'est-ce qui chagrine donc nos réformistes ? Il ne reste que la face « usage » à laquelle s'attaquer, mais c'est la moins immédiatement politique, la plus individuelle, et c'est pourtant cette face là qui est surinvestie par nos réformistes réacs. À partir du constat juste que la propagande bourgeoise passe en grande partie par les chaînes de télévision, on fétichise l'acte de regarder la télé et même le meuble télévision comme étant le symbole par excellence de la manipulation mensongère. C'est peut-être vrai, mais justement c'est surtout un symbole, et les symboles ont leurs (grosses) limites. Surtout lorsqu'on se place dans une perspective critique : ici, on arrive à dénier à une émeute avec pillage sa portée subversive sous prétexte que des émeutiers ont volé des écrans plasma ET DONC qu'ils ne pensent qu'à regarder la télé C'EST-À-DIRE la propagande bourgeoise (sans aucun distance critique bien sûr, y compris, on y croit tou-tes, lorsque la-dite propagande bourgeoise les croquera en horribles anarchistes assoifés de sang), C'EST-À-DIRE qu'ils sont aliénés ou a minima qu'ils n'ont aucun projet politique. Parce qu'évidemment améliorer ses conditions quotidiennes d'existence, déjà dans un premier temps, ça n'a rien de politique. Oh mais la télé, ce n'est pas une bonne manière d'améliorer ses conditions d'existence, ce sont des livres qu'ils auraient du prendre, des cds de musique classique sans doute, ou juste à manger. Or c'est ici que vient se loger tout le mépris foncier, ce que certain-es appellent « banlieuphobie », et qui est maintenant libre de s'exprimer à loisir parce qu'on est bien certain d'être « du bon côté », et que nous on est bien politisé, progressiste, et qu'on ne formule, finalement qu'une « critique de la société de consommation » ou whatever. Pour les plus paternaliste, on parlera même avec une infinie condescendance d' « aliénation », c'est-à-dire un concept sous-défini, périlleux, et qui est le plus souvent utilisé par les gauchistes pour justifier leur échec politique (en gros : il n'y a pas de révolution parce que les gens sont aliénés).

Qu'on soit clair : je ne suis pas en train de faire l'éloge de la télévision, et je n'ai pas spécialement fait l'éloge du foot la dernière fois. Je n'ai pas de télévision, je ne joue pas au foot ni ne le regarde, et j'ai moi-même des goûts assez tranchés et les pratiques qui vont avec, simplement je n'en fais pas un étendard politique, tout simplement parce qu'elle ne portent rien de subversif en elle-même. Ni de réactionnaire d'ailleurs. Ce ne sont que des usages, finalement indifférents au système économiques qui nous leur donne accès. Et à tout prendre, dans toutes les dimensions de notre vie nous reflétons les contradictions du système économique dans lequel nous nous inscrivons. Nous tirons nos plaisirs de pratiques qui s'inscrivent dans un système qui nous opprime, mais cette « perversion » est à mettre sur le compte du système lui-même, pas de nos pratiques ni encore moins sur notre compte à nous individuellement. Nous nous soignons pour nous-mêmes mais aussi pour pouvoir retourner travailler, et même l'hôpital public gratuit peut être analysé comme une stratégie du Capital pour organiser plus rationnellement la reproduction de la force de travail (et le démentellement de l'hôpital public en france intervient précisément à une époque où la main-d'oeuvre est surrabondante, donc remplaçable, donc on s'en branle que les gens soient en bonne santé, y'en a plein qui attendent pour bosser à leur place). Sauf qu'au bout d'un moment, le projet politique porté par ce type de critique ressemble à un horrible ascétisme ennuyeux à crever. Un projet où on s'interdit de faire telle ou telle chose6, et au final un MAX de choses, parce qu'on fait à tort de l'acte de consommer le centre autour duquel tout le système gravite, alors qu'il est complètement périphérique. C'est un peu comme dire que le soleil tourne autour de la terre. Et ça ressemble beaucoup à la critique écologiste du « superflu » qui détruit la planète... D'ailleurs concernant la critique de la consommation d'un point de vue écologiste, je vous renvoie à ce très bon spot vidéo : https://youtu.be/QqnC2avyNAk Or que des pauvres fassent « de nécessité vertu » et trouvent dans le peu de marge de manœuvre budgétaire qu'ils ont, un moyen de boycotter tel ou tel truc dans le cadre d'une action collective de boycott7, très bien. Mais il s'agit alors d'un moyen d'action et non d'une fin en soi, ce qui est très différent. La critique de la consommation, en revanche, tend à confondre les deux, parce qu'elle repose sur une confusion.

Redonner une place centrale à la question de l'affrontement avec la bourgeoisie

S'attaquer à la consommation d'un point de vue critique, c'est risquer de se diriger « naturellement » vers une analyse moraliste (c'est-à-dire dénuée de toute considération stratégique) et lancer ensuite des anathèmes très mal reçus (et à raison) par des gens qui perçoivent aussi le plaisir évident (ou tout simplement l'usage positif) qu'ils tirent de leur pratique « à la con ». Bref, en terme de propagande (diffusion de nos idées), c'est plutôt catastrophique. Mais c'est aussi se placer, en termes de perspectives d'actions, bien en deçà de ce qu'il est possible de faire : dans un système capitaliste, la marge de manœuvre du capitaliste (propriétaire des moyens de productions) est infiniment supérieure à celle du simple consommateur, dont la « liberté de choix » en tant que consommateur est bien faible. S'en prendre prioritairement au consommateur, c'est tentant parce qu'on le cotoie directement, on en fait partie également, là où les bourgeois en réalité sont très inaccessibles8, et aussi parce que c'est se donner l'impression d'une possibilité de subversion « à portée de main » qui permet d'esquiver bon nombre des difficultés de l'organisation collective (de type syndicale par exemple). Mais c'est pourtant bien à la bourgeoisie que l'on tâche de s'attaquer lorsqu'on diffuse nos idées (première étape d'actions futures). Ainsi, formuler une critique dont elle n'est pas au centre n'amènera pas nécessairement les personnes touchées par notre propos9 à s'attaquer à la bourgeoisie en tant que classe. Et de fait, la critique de la consommation n'est pas l'apanage de l'anticapitalisme, il l'est tout autant du fascisme ou du citoyennisme.


Notes
(1) et méfiez-vous si croyez que vos pratiques échappent aux lois du marché et au capitalisme, le Capital est aussi cette formidable machine à récupérer et monnayer toute pratique qui semble de prime abord sortir du système qu'il établit, ou même le critiquer, mais c'est un autre sujet
(2) Rétorquer que ce ne sera sans doute plus « star wars », parce que le contenu des produits culturels est conditionné par le système politico-économique dans lesquels ils sont produit, et que « star wars » appartient au monde capitaliste ne constitue pas vraiment une contre-argumentation à mon sens. Sans doute Star Wars (c'est juste un exemple) changera, tout comme il a changé entre les références très « années 80 » au nazisme à travers le costume des officiers impériaux, et les propos de Bush Jr tenus par Anakin Skywalker dans l'épisode III, soit 30 ans plus tard. Les productions culturelles changent déjà considérablement sans changement structurel de la société, et c'est même là leur destin « naturel ». Au risque d'étonner, et sans ignorer l'importante littérature sur le sujet qui est à mon sens davantage le signe d'un « effet de loupe » qui biaise le regard des analystes (lesquels appartiennent généralement eux-mêmes au secteur économique dit « culturel » au sens large), le problème du rapport, disons, entre les productions culturelles ou même l'art et la révolution ne constituent pas une question politique pertinente à mon sens. Du moins pas davantage que la question du rapport entre la production d'épingle et la révolution. Quel rôle jouent les épingles dans le processus révolutionnaire exactement ? l'usage des épingles disparaîtra-t-il avec la révolution ? Changera-t-il ? Comment ? Bof. Quant à la question des représentations du monde social, ou de « l'idéologie », il se réduit pour moi d'un point de vue pratique à celui de l'analyse critique et de la propagande, qui sont déjà des questions suffisamment riches et complexes comme ça.
(3) Je ne m'intéresse ici qu'au rapport économique pris relativement abstraitement, d'où l'absence de considérations en termes de races ou de genre, qui auraient alourdi mon propos. Ce texte ne se veut pas exhaustif, mais juste aborder une question précise de façon simplifiée. Il perd nécessairement en force critique et en pertinence, mais il me semble que c'est le prix de la pédagogie, sur ce sujet précis en tous cas.
(4) Alors que les perspectives pratiques du côté consommation sont moins nombreuses et plus individuelles : le vol, le squat (qui a certes le plus souvent une dimension collective indéniable), la destruction de produits, la perturbation d'événements (idem). Ce n'est pas pour les dénigrer ni dire qu'elles ne sont pas utiles, mais moins décisive à mon sens, oui, sans doute.
(5) Dans l'entreprise moderne, il y a également la classe tampon, la petite-bourgeoisie besogneuse des cadres sup' gestionnaires de la bonne marche de l'entreprise, du pressorage optimal du prolétariat. Lesquels d'ailleurs sont souvent propriétaires d'un porte-feuille d'action fourni, donc de parts importantes du capital. Mais on pourrait sans doute affiner à loisir le recensement des différentes configurations concrètes d'exploitation, de l'organigramme social général, mais globalement c'est toujours le même fonctionnement fondamental.
(6) Je ne dis pas que ce qui se passe à la maison relève automatiquement de la pratique individuelle, ni que toute pratique inter-individuelle relève automatiquement de considérations morales et apolitiques. Comme les féministes le soulignent depuis longtemps maintenant, « le privé est politique », et « privé » et « individuel » sont deux choses différents. Toutefois je me limite ici à la sphère productive, les questions de genre relevant, dans une d'analyse économique, de la sphère « reproductive » (reproduction quotidienne et générationnelle de la force de travail)
(7) En effet le boycott n'est efficace que s'il constitue en une action collective soutenue, un individu ou même une famille ne consistant dans l'écrasante majorité des cas, même pas une part de marché, autant dire que les entreprises s'en foutent complètement
(8) Même si les bourgeois sont aussi des consommateurs, globalement ils baignent dans un cocon, entouré par un marché de niche qui ne s'adresse qu'à eux et a des vélléités d'expansion bien moindres - l'Oréal ou Chanel ne sont devenus des multinationales qu'après avoir décidé de s'adresser aussi au consommateur lambda -
(9) Et encore une fois pour enfoncer le clou : c'est bien à ça que vise tout acte de propagande : toucher d'autres gens.
 
Merci du partage, c'est pertinent cette idée de la consommation comme une pièce, avec la face échange et la face usage. Et tout le reste, même si j'ai tiqué à deux ou trois endroits, notamment quand il parle du marché qui navigue entre deux pôles, alors qu'en fait ça vient d'un seul et même pôle : la terre. Le produit est extrait puis traité de la terre et y retourne lorsqu'il arrive en "fin de vie" sous forme de déchet).
Je me demande si on arrivera jamais à un équilibre entre une valorisation de l'échange et une responsabilisation de l'usage, mais j'imagine que comme toujours des nouveaux désirs, puis besoins apparaîtront comme à chaque minute et feront s'agrandir la boule de neige jusqu'à ce qu'elle percute un volcan ou qu'elle gèle.
 
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