EDIT/
(transposé de : « ce que vous aimez le plus »
Le sevrage le plus redoutable que j'ai traversé, contre mon gré, et qui exprime jusqu'à quelle profondeur dans la psyché, et à quel point, l'addiction ancre son mécanisme pervers dans l'individu qui la subit.
Mega a dit:
Edit: Et gamida, cette personne qui t'a planté....tu la connaissais bien??? En tout cas, ces histoires là me font toujours aussi mal au coeur.... Même si je sais qu'être en manque c'est très très dur....
En fait, ils étaient deux, un couple formé arbitrairement par le besoin et le confort d'une consommation partagé.
je les connaissais pour vivre, à cette période, la même gallére au quotidien de devoir trouver l'argent et le produit à se mettre dans les veines pour ne pas être trop malade.
Dés fois on shooté dans le même squat, dés fois ils m'en vendaient, d'autres fois c'était moi, mais là, ils n'avaient pas trouvé l'argent pour leur dose et ils ont estimé plus commode d'essayer de me piquer la mienne.
Je ne pense pas qu'ils voulaient me faire mal, ils en avaient juste après mon produit, mais comme j'en avais besoin moi aussi, je ne me suis pas laissé faire, et dans l'action, je me suis pris un coup de couteau sous les cotes.
Section d'une artère, avec le sang qui giclait, à chaque pulsation, à un mètre devant (excusez le coté gore).
Le pire de l'histoire, c'est ce qu'ils m'ont fait subir aux urgences.(enfin je dis ça, c'est surtout comme ça que je l'ai vécu à l'époque).
Comme je savais que je pourrai me fournir de l'héro le soir, et que je commençais à être en manque, il était hors de question qu'ils me gardent à l’hôpital (ceci, pour souligner le degré d'irrationalité d'un toxico), je pissais le sang, (il devait plus m'en rester beaucoup à force ;o) LoL), mais je n'en avais rien à foutre, tout ce qui me préoccupait, c'était que j'allais être de plus en plus malade, et que je savais ou trouver de l'héro à l'extérieur.
Ils étaient fou à l'hosto, je voulais me barrer en l’état, et eux ils essayaient de me convaincre que j'allais mourir (pour dire vraiment le degré d'incohérence absolu de l'esprit d'un mec accro [ enfin incohérent par rapport à la façon de voir d'un individu « normale », car en fait dans mon vécu de tox, j’étais très cohérent, j'étais accro, je commençais à être en manque, une seule alternative se présentait à moi , quelque qu'en soit la manifestation, - il fallait que je trouve de l'héro pour ne plus être en manque, point ] c'est affligeant, triste et grave quand même, je suis tiraillé entre l'envie de rire et de pleurer, rire de moi d'un rire de soulagement, d' être libéré de cela, et de pleurer en retenant des larmes lourdes et chaudes, en pensant à ce que subissent tout ceux qui sont encore d'en cette enfer) ).
Finalement pour accepter de rester en observation jusqu'au matin, j'ai réussi à négocier, qu'ils me fournissent en morphine sous perfu, après un entretien avec un anesthésiste, seul habilité à prendre ce genre de décision.
Bien sur, ils ne m'ont assuré qu'une dose vraiment minime, alors que j'étais bien accro à une dose assez importante. J'ai passé une nuit éprouvante, à moitié en manque, avec cette douleur constante dans le ventre.
Le matin quand le chirurgien et venu me donner les résultats de l’échographie, il m'annonce qu'il faut m’opérer en urgence, car j'ai fait une hémorragie interne et que je risque une péritonite, (ce qui explique la douleur pendant toute la nuit).
Rassuré par le fait qu'il m'assurent ma conso, et en plus à l’œil ;o) (je le souligne, par ce que ce qui est vraiment fou, c'est que c'est cela qui m'a motivé pour rester, aussi inconcevable que cela puisse paraître pour un individu « normal »), j'accepte le diagnostic du chirurgien, et me voilà partit pour la salle d'opération.
C'est ici que le cauchemar commence vraiment.
Sortant de l'inconscience totale de l'anesthésie, c'est une violente douleurs qui me réveille, mais je suis dans un coltar profond, mon esprit n'a pas encore émergé, j'ai mal, je ne suis pas encore capable de situer ou car je n'ai pas encore une conscience définie de mon corps ni même de ou je suis suis ni pourquoi, seulement une sensation de douleur intense.
Et la, dans ce contexte quand même particulier du réveil d'une opération après une agression avec un coup de couteau, la première pensé qui émerge dans mon esprit embrumé par l'anesthésie (je l'exprime pour que l'on puisse entrevoir à quelle degré et niveau cela est inscrit profondément dans l'esprit d'un toxico à l'héro et je suppose à n 'importe qu'elles autres opiacés, ou produits addictifs),
- « Héroïne, héroïne, il me faut de l'héroïne,donnez moi de l’héroïne, au secours, s'ils vous plaît, j'ai besoin d’héroïne ».
Voilà ce que hurlais en boucle,ma pensée, dans mon esprit, dans une conscience dans le noir absolu, on je ne structurais même pas encore une image cohérente de mon propre corps, ni même de qui j'étais.
Je m'en souviens encore clairement, j'étais dans les limbes, il n'y avait rien, ni personne dans le champs totalement noir de ma conscience et ma pensée hurlé dans mon esprit que l'on me donne par pitié de l’héroïne. ( bon ceci dit on s'en remet, hein ;o) LoL).
Mais vraiment le pire, ou j'avais vraiment envie de les traiter à tous de gros enc..és, c'est que quand je fut suffisamment réveillé et capable de pouvoir m'exprimer en étant entendu dans le monde extérieur, je demande à la personne qui était la que l'on me donne ma dose, et la, en un instant j'ai vu l'enfer s'ouvrir devant moi,
celle ci me répond,:
- « Ben non, ça va pas être possible, il va falloir que vous en profitiez pour décrocher ».
A les ordures, j'étais cloué sur un lit d’hôpital, le ventre ouvert avec une entaille de 25 cm en transversale du nombril, avec des agrafes tout le long, impossible de bouger tellement cela me faisait mal, et eux ils m'obligent à me sevrer dans ces conditions, sans me laisser aucune autre alternative. Je ne pouvais plus me barrer, je ne pouvais même pas me redresser tellement j'avais mal.
Voilà j'ai vécu mon sevrage le plus atroce de mon périple de toxico, forcé contre l'insu de mon plein gré ;o), dans la souffrance des suites de l'opération amplifié par le manque, sur un lit d’hôpital pendant une semaine .
Tout ça, pour un putain de misérable kepa d’héroïne à 45 euros, que j'ai pas voulut lâcher, pour ne pas être en manque, l'ironie du sort.
Marqué à vie dans mes entrailles, pour une malheureuse dose à 300F, (45 euros).
Je n'ai jamais revu le couple, j’espère pour eux qu'ils ont pu se sortir, sans trop de dégas, de cette vie d'enfer.
Bon, je m'excuse d'avoir flooder cela dans la section « ce que j'aime le plus »
j'étais partis pour deux lignes et le démon qui était enfouit depuis 30 ans, s'est libéré au grand jour , en plein soleil je dirais, avec les 36 degrés de cette après midi super chaude ;o),
mais en fait ce que j'aime le plus,
c'est que j'en suis finalement sortit, beaucoup plus fort, et que je n'en veux pas à ces deux Junkies, même si la cicatrice qui me balafre le ventre, me tiraille parfois, quand je fais certaines postures de yoga, pour respirer Zen, et m'épanouir à l'harmonie de la vie.
Edit :
si cela est trop lourd pour ce topic, on peut peut être le déplacer dans "Les Vétérans de l'héro"
(d'ailleurs, même si on ne le déplace pas, je pense que je le transposerai, vers ce topic qui est certainement plus approprié ;o) ).