Du coup, ça fait trois plombes qu'on reste sur "Est-ce que les psychédéliques peuvent être addictifs" ou j'ai pas pigé ?
Bon.
La psychonautique est elle plus louable que l'usage récréatif?
-non
La psychonautique est elle plus safe?
-non
La drogue-refuge est elle le mal?
-non
L'introspection est elle un mensonge?
-souvent
L'usage récréatif est il plus safe?(socialement et psychologiquement)
-pas plus que la psychonautique, probablement plus que la drogue refuge.
Le mensonge à soi est très courant, c'est probablement le plus gros risque relatif aux drogues.
Une phrase très vraie qu'une pote m'a lâchée un jour où on parlait de, en gros, si c'était adapté ou non à notre vie à tous les deux qu'on prenne des prods.
" - Mec, faut pas oublier qu'on est pas tous Burroughs ou Michaux."
L'introspection sous psychés à vertu créatrice, moi je veux bien. A partir d'un certain niveau, par exemple à un moment de vie où on est dans une dynamique, où on fait des concerts ou des expos, où le vecteur de création prend la majorité de notre temps, de notre esprit, bref, où c'est devenu notre vie. Si on est intéressé par un travail basé sur la prise de prods, alors on fait comme quand on bosse notre peinture, nos morceaux, tout ça.
On travaille. On inscrit cette démarche dans un cadre. On se tape la plupart des bouquins des "grands" psychonautes. Un peu de psycho, un peu de philo, des bouquins comme ceux de Kandinsky ou de Klee sur l'acte de créer. Bref, on décompose la démarche, on améliore son hygiène de vie si elle craint, on habitue son organisme à la notion de "se droguer", on fait le maximum pour avoir balle de notions pour quand le produit arrive.
On prévoit plein de choses à faire pendant le trip, on enregistre tout en audio, on écrit si on en est capable, mais surtout, on formalise, on formalise, on formalise encore et encore, on parle, on extrait un maximum de données du trip. Si phase introspective, on l'accepte, on la devance, on l'approfondit, on cherche plus loin, plus profondément que la partie justement "récréative", on se laisse pas avoir par le " - Oh tiens c'est marrant je peux raconter des conneries vachement drôles parce qu'il y a plein de boucles partout". On cherche pas à contrôler le prod, on cherche à tirer le maximum du trip.
Prendre des prods pour créer, j'assimile ça à prendre un lance-missile pour abattre un bout de bois. Le bout de bois tu aurais pu aller le pousser toi-même, en marchant. Mais non. Tu voulais quelque chose de plus fou. Tu voulais te marrer. Alors ouais, t'es à peu près sûr de le niquer le bout de bois avec ton gros lance-missiles, et tu vas aussi niquer :
- Le chat qui jouait avec
- Le gamin qui jouait avec le chat
- Monique, qui se faisait tranquillement sodomiser dans sa chambre d'hôtel
- Le curé qui regardait le gamin (on ne saura malheureusement jamais ce qu'il avait dans la tête concernant l'enfant)
- Le sol putain
- Ta mère (juste pour la forme)
Et après tout ça là, tu vas regarder ce qu'il reste du bout de bois, tu vas te rappeler un peu de pourquoi t'as fait ça, et la première pensée qui te viendra à l'esprit, c'est :
" - Oh putain"
Parce que bon, c'est cool quoi ça marché ya plus rien debout à cinq cent mètres, ça a fait plein de bruits, de choses jolies dans le ciel, tout ça, mais bordel, c'était qu'un putain de bout de bois, et le pire, c'est que le bout de bois il a juste été soufflé par l'explosion et il te nargue du haut d'un panneau de signalisation.
Ai-je pété un câble ?
Non. T'as pris de la force de destruction quand il aurait juste fallu un peu de persévérance. Faut pas oublier que quand on prend des prods pour créer, on gagne peut-être en créativité, ya plein de nouveaux univers qui te rentrent dans la gueule. Allez on va dire on gagne 80% en créativité sur le moment et pour quelques jours après. On perd aussi 80% de notre productivité. Pour les prods-dans-l'optique-de-créer comme pour le lance-missiles-pour-péter-sa-race-à-un-bout-de-bois, je tire la même conclusion : c'est possible de le faire, c'est pas interdit, c'est juste beaucoup de foin pour pas grand-chose. Comme je dis, on est pas tous un Burroughs ou un Michaux. Si c'est juste pour me péter un pauvre dessin psychédélique tout moche tout mal foutu après une semaine de descente et finalement te dire " - oh merde ce dessin était vachement mieux quand j'étais sous prods"... Bah bof quoi. Bof. Tu pars loin, d'accord, tu veux le faire dans l'optique de créer, d'accord, alors à la limite sauvegarde ton trip de la meilleure manière possible, superpose les moyens de te rappeler de la majeure partie des choses et attends si tu te sens pas prêt à le réinvestir par ton vecteur créatif, mais me chie pas une merde qui ferait honte à tonton McKenna. Ca, c'est interdit. Ca va avec le respect envers toi, envers le prod, envers ton vecteur de création, envers tes idéaux, envers tes maîtres à penser, envers tout quoi. Gâcher un trip quand tu as décidé de triper pour créer, ça pue du cul.
Voilà pour ce qui est de la psychonautique par les prods dans l'optique de créer.
Maintenant, pour la psychonautique plus générale, toujours avec les prods...
Danger. Tous ces chiffres, toutes ces recettes, tous ces sites web, surtout toutes ces connaissances, pine de rien ce forum est ultra-pointu, ça arrive souvent qu'un mec intervienne sur un topic et que je me dise " - Whoa putain il envoie lui". C'est dangereux, parce qu'il y a un attrait. Genre, comme si c'était une discipline. Quelque chose qui nous amène paix, salaire, accomplissement de soi. Nan. C'est de la drogue. Tu te drogues, tu mets des drogues dans ton sang. C'tout. En attendre de la reconnaissance, c'est vain. Tu peux choisir de te donner la reconnaissance que tu veux pour t'être drogué, mais, comme disait orange, le mensonge à soi est une des choses les plus dangereuses en ce qui concerne les prods. (ayant éprouvé le sens de cette phrase à mon corps défendant il y a un peu plus d'une semaine, je comprends bien ce qu'il voulait dire)
Le psychonautisme dans l'absolu, pas "pour en faire quelque chose", pour le faire, pour aller loin en soi et c'tout, je sais pas quoi en penser. A la limite, je sais quoi penser du psychonautisme sans prods. Mais pas du psychonautisme avec prods. Comme je disais... Pourquoi prendre un lance-missiles quand on peut aller au charbon de manière vachement plus simple, de manière créatrice d'énergie (habitus, hygiène de vie, introspection quotidienne, alimentation, tout ça) et pas de manière à s'infliger des dégâts quels qu'ils soient ? (bodyloads, séquelles, toussa)
Je parle d'une réflexion ouverte et objective, ce n'est pas ma vision des choses, je fonctionne juste par questions. Je me fais réfléchir comme ça, peut-être que ces questions resserviront à quelqu'un.
En ce qui concerne l'usage récréatif, bah, j'ai rien à dire de complexe là-dessus, on a les divertissements qu'on choisit.
En ce qui concerne la "drogue-refuge"... J'pense que ce n'est pas un mal, quand la drogue se permet de nous balancer à la gueule sans prendre de gants ce qu'on avait besoin d'entendre. Mais sinon, la drogue refuge, c'est comme l'ordi refuge, comme le lit refuge, c'est juste un truc qu'on a pour fuir, c'est bien de le faire mais pas trop longtemps. Faut pas oublier de vivre comme un humain qui marche, droit. (Mes "il faut" ça se destine pas à être vexant et ça vise personne. C'est juste des possibilités.)
J'ai pas grand-chose de plus à lâcher, mais ça me paraissait avoir besoin d'être mis là.
Pour le bien de tous je propose le néologisme "psychonautomane", soit celui qui aime beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, mais alors VRAIMENT BEAUCOUP "voyager dans son esprit" à fréquence régulière au moyen de drogues diverses et variées. Libre à vous de vous y reconnaître, de vous sentir visés, ou pas.
xD
You must spread some Reputation around before giving it to Larry_Golade again.