Enthéogène : Alors admettons qu'un homme a une probabilité un peu plus importante de contracter un trait de personnalité particulier qu'une femme et inversement. C'est déjà le cas avec le formatage social. Mais admettons qu'il y a aussi une part de nature qui va aussi jouer là-dedans.
Au delà de ça, les mâles et femelle singes ont aussi une organisation sociale. En l’occurrence les femelles s'occupent principalement des petits comme dans beaucoup d'espèces. Donc évidemment que le jouet en forme de nourrisson va plus lui plaire. A mon avis cette expérience ne démontre pas grand chose, mais je dirais surtout que ce n'est pas vraiment le sujet.
Ce que chacun est est toujours le fruits de probabilités. Celles liées aux gênes des parents, on peut avoir les cheveux de l'un ou de l'autre, etc. On développe aussi une personnalité, on développe son identité sociale à travers le genre et tout un tas de choses.
La problématique soulevée par le féminisme est bien que lorsque des individus sortent de la norme, par exemple quand un garçon a envie de mettre des jupes et une fille a envie d'avoir une coupe garçonne alors que toutes ses camarades ont, disons, des couettes... Je reprends ma phrase. La problématique soulevée par le féminisme par rapport à cela c'est que ces individus qui sortent de la norme sont souvent rejetés, en clair, qu'on accepte pas l'individualité d'une personne, qu'on la formate même (on veut entrer des triangles dans des carrés - j'avais lu une superbe expression anglaise pour ça mais je l'ai perdu) pour qu'elle rejoigne la normalité.
Aussi, tout ce qui est attribué au genre féminin (une bonne part d'arbitraire, une part sans doute de nature) a tendance à être méprisé. C'est toute l'imagerie sexuelle de la domination, celui qui est dessous, celui qui est pénétré est voué à l'humiliation générale. Dès l'enfance, le papa demande à son fils d'être un dur, de ne pas pleurer, puis les enfants entre eux s'humilient sur ce même imaginaire viriliste. Celui qui s'est branlé le plus jeune, celui qui met des beignes, etc. Et ils développent cette mentalité de meute, avec ses chefs, ses suiveurs cafteurs...
The Tree of Life en dit bien plus long que je ne saurais jamais le faire et avec beaucoup de sensibilité.
Le féminisme n'a pas pour vocation a nier la différence, bien au contraire. Mais plutôt à encourager son acceptation, par l'individu lui-même pour commencer (empowerment) et aussi de l'individu envers les autres. Savoir accepter l'autre, l'aimer plutôt que de toujours vouloir s'affirmer en écrasant et en moquant les autres. Pour moi le néo-libéralisme et sa logique de domination est un enfant de la misogynie. Sauf que dans sa grande bonté lui permet à n'importe qui, même les femmes, d'écraser tout le monde.
Allez, imaginons que le trait de personnalité "dominateur" soit principalement masculin, selon ta logique. Alors je comprends un peu mieux le féminisme à la Vandana Shiva, qui justement accorde de façon arbitraire aussi aux femmes un certain nombre de vertus qui se seraient perdues ou plutôt qui seraient étouffées par la domination masculine et le néo-libéralisme. Alors je trouve que le terme féministe a toujours un sens, car le monde a besoin de féminin. Le monde a besoin de coopération, pas de domination.
Le message écolo-féministe est très présent d'ailleurs dans le film de Coline Serreau : Solutions Locales pour un Désordre Global.
Une citation de Claude Bourguignon :
«  Il faut casser le mythe du labour, qui consiste à voir qui est le plus macho. Labourer c’est défoncer la terre, la violer pour lui montrer qui domine.
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Finalement elle assume plutôt le rôle social des femmes dans un même combat contre la domination, pour que les femmes reprennent leur place pour protéger la terre, les semences, tout ce que l'homme capitaliste a détruit. Par contre elle va jusqu'à supposer donc que la violence et la domination sont des traits particulièrement masculins, même si elle désigne clairement la virilité (d'où est issu le néo-libéralisme) plus que l'homme en tant que tel.
Dans les deux cas il est question de retrouver le respect des individus, et de la Terre, pour ce qu'ils sont. Qu'on ne les opprime pas, qu'on ne les domine pas, qu'on ne les humilie pas et qu'on ne les force pas à entrer dans des cases. On peut accepter l'idée de rôle social, sans que ça soit un carcan pour le développement personnel. Un individu devrait toujours avoir le contrôle de sa vie et ne pas subir l'oppression des autres juste parce qu'il est ce qu'il est (et ça rejoint donc le combat contre le racisme, l'homophobie, la transphobie, etc.)
Contrairement à la lecture simpliste qui est souvent faite, le féminisme, ce n'est pas :
"Bouh les hommes vous êtes méchants"
C'est plutôt à mon sens, après un combat pour l'égalité, la volonté de rendre l'humanité plus aimante. Bien que lorsqu'on se sent opprimé et ridiculisé constamment, on peut très vite entrer à son tour dans un dialogue guerrier voire haineux. Ça rejoint notre discussion sur "comment de simples jeunes de banlieue deviennent des terroristes".