le Dawamesk: dans un fond d'eau bouillante avec un corps gras, on décharge en décoction les têtes de chanvre de leur résine psychotrope afin de la garder. Il s'agit d'une recette arabe pleine d'expérience dès lors que le beurre fondu s'accapare du principe actif de la résine du cannabis. Il s'agit de chimie avant terme étayant une expérience de la tradition...
On agrémente la pâte afin de la rendre plus gastronomique: sucre, aromates, oléagineux... Elle présente une couleur verte. Baudelaire la nomme "confiture verte". (nota: justement, le kif de haut standard se révèle sous forme de poudre couleur vert pomme, presque un peu fluo)
un extrait de "Les_paradis_artificiels" de Charles Baudelaire
La plus usitée de ces confitures , le dawamesk , est un mélange d'extrait gras , de sucre et de divers aromates , tels que vanille , cannelle , pistaches , amandes , musc . Quelquefois même on y ajoute un peu de cantharide , dans un but qui n'a rien de commun avec les résultats ordinaires du haschisch . Sous cette forme nouvelle , le haschisch n'a rien de désagréable , et on peut le prendre à la dose de 15 , 20 et 30 grammes
La procédure de décoction va son train à Paris au temps de Baudelaire. Les salons de l'avant-garde psychonautique ne sont pas embrumés par des colonnes de fumée montant depuis des pipes, des shishas ou des hookas.
Baudelaire aborde le monde de la drogue à 22 ans (1843) par le biais d'un camarade de lycée. En effet, Louis Ménard attribue le grenier de son domicile à la chimie. Là-haut, il élabore le dawamesk. Baudelaire y goûtera, à l'instar d'autres personnalités en ce lieu d'attraction où s'officie une alchimie abordant l'exploration psycho-somatique...
La même année (1843 donc...) Baudelaire emménage dans une maison cossue qui a déjà 200 ans d'âge à cette époque (et l’hôtel Pimodan existe encore !!). Il loue un appartement situé sous les combles. Au luxueux 1er étage, chez un artiste (peintre Boissard) se dérouleront des sessions dites "fantasia". Baudekaire fait la connaissance de Mme Sabatier, une participante assimilée aux habitudes familières de cette société marginale. Le Dr. Joseph Moreau supervisait le sanctuaire psychonautique et administrait à chacun(e) les portions de dawamesk précisément définies pour la dégustation. Le "club des hashishins" perdura une demie décennie...
un créneau du panoramique ambiant, comme une vue de l'esprit.
Cadre de ouf pour le club des haschischins..
on trouve aussi des refuges intimes en ce sanctuaire
Tolérance faisant, Baudelaire passe à la vitesse supérieure si on peut dire. Il goûte au laudanum en 1847 et s'attache ainsi une propension pour l'opium régulièrement et définitivement affectée à son existence en 1850. Il consomme l'opium chez lui en aparté avec une concubine africaine de la Saint-Domingue. Sur ce même temps Baudelaire adresse des lettres anonymes à Mme Sabatier. Ces écrits flattent de poésie la muse estimée.
Ce n'est que en 1857 que la cour amoureuse de Baudelaire pour Apolonie Sabatier aboutit vraiment. On peut s'interroger sur la nature de cette relation. Apolonie a certainement été un objet de rêve, mais... cela fait dix ans que Baudelaire est passé à l'opium, cette substance donnant corps aux images.
Charles Baudelaire blindé en High c'est bien... mais il s'agit d'un junkie en free ride, sans dossier médical, avec du chemin parcouru...
C'était un type épouvantable et "camé" du soir au matin.
Le matin, il prenait l'équivalent d'une barrette de shit en décoction dans son thé. Moi je bois ça, je dors pendant trois semaines (...) Après il est passé à l'opium. À cause de la syphilis son médecin lui avait prescrit sept gouttes d'opium liquide par jour, à la fin, il en prenait 1.600 par jour ! [Jean Teulé]
"
Femme piquée par un serpent", un marbre de 1847 par Auguste Clésinger, matérialise un épisode parisien dédié à la drogue (musée d'Orsay). Il s'agit du corps d'Apolonie, modèle et figure de proue des ateliers artistiques. Le serpent enroulé sur le poignet de la femme fait référence au narcotique, mais il pose une énigme. Cet indice ne mène pas à une révélation absolue. Si la posture évoque un transport de l'extrême, il n'y a pas de partenaire. Celui-ci ne peut être que psychotrope, mais on ne donne pas la recette du produit. S'agit-il de damawesk agrémenté d'un soupçon de cantharide officinale, ou d'opium et de café oriental à gogo (très fort)... En l'état actuel cet article se limite encore à la méditation.
On évoque vaguement quelque chose... En faut-il plus quand la communication est éthérée?
On évoque beaucoup... Le message transmis ne suffira jamais à porter toute l'information.
en conclusion: Les sens amenés en regain d'intensité entraînent l'extase. La drogue procure une jouissance absolue, entière en une complicité entre Apolonie et Charles... La relation sexuelle est futuriste, forte, car on la ressent comme les êtres aux facultés développées...
L'expérience est différente que le coup de bite.
Pour définir empiriquement cette relation on pourrait dire que Apolonie et Charles sont des Set érotiques mutuels indispensables à développer un état supérieur. Ils se sont approchés et sentis. Ils se sont flattés... Ils ont pris le même vaisseau du voyage qui les a soustrait de la bestialité. La Belle a été honorée et a trouvé une parfaite intégralité. Sans intromission !! C'est ce qui censure les œuvres associées à la drogue.
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un extrait de "Les_paradis_artificiels" de Charles Baudelaire
A Constantinople , en Algérie et même en France , quelques personnes fument du haschisch mêlé avec du tabac; mais alors les phénomènes en question ne se produisent que sous une forme très-modérée et, pour ainsi dire, paresseuse.
explication: Si la trique prend encore plus de présence par l'effet aphrodisiaque de certains produits à leur tau de concentration fort, on a moins de mouvements à faire pour atteindre l'ultime. La tension se suffit à elle même pour trouver des niveaux infinis de satisfaction. C'est une vibration.