Je pense que c'est juste incomparable avec autre chose.
L'effet est bien particulier à la datura quand même (et l'amanite à l'amanite, également), même si on peut, pour imaginer, faire une synthèse de l'effet potentiel en mettant toutes les drogues ensemble à haute dose, mais bon... je trouve qu'ainsi, c'est encore plus difficile de s'en faire une idée... ^^
Car dans le fond c'est pas aussi nawak que ça paraît; ce n'est pas juste un gros "délire" psychotique; d'ailleurs je trouve que "délirogène" est un terme qui ne désigne que l'effet extérieur sur une personne inexpérimentée et que c'est donc pas un terme juste... m'enfin, s'il permet d'éviter de remplir les urgences psy, alors soit, c'est que nous ne sommes pas prêts...
Perso la datura m'a accompagnée à ma restructuration interne suite à une destruction complète. J'ai pris ça bourré, en pleine période d'auto-destruction, en plein tournage de film malsain (dont je passerai les détails); j'ai mis du temps à sentir les effets sur le long terme d'un tel produit, disons à peu près 6 mois. J'ai commencé à me souvenir de plein de choses et je remarquais que ma pensée prenais une direction différente d'avant. Du désespoir le plus total (illusoire), sans m'en rendre compte et progressivement, j'ai tourné vers l'état d'esprit à l'opposé total (illusoire) et suis arrivé finalement à une certaine stabilité. Je suis devenu plus droit, j'ai retrouvé mon éthique, j'ai gagné en simplicité, en concentration, en clarté. Non pas que ce soit l'effet direct de la datura (qui n'a concrètement duré "que" 4 jours), mais ce que cette plante, qui a profondément laissé son empreinte sur moi, a semé à l'intérieur sans que je ne m'en rende vraiment compte pendant longtemps et qui n'a cessé de germer depuis.
Depuis ma prise de datura, tout a changé, à vrai dire. J'en apprends encore des choses aujourd'hui. J'en découvre des couches, de plus en plus enfouies chaque fois.
Mais c'est mon expérience et elle ne saurait servir d'exemple pour l'autre; ce qui a été nécessaire pour soi ne l'est pas forcément pour autrui; c'est bien une des rare drogue psychédélique que je ne saurais conseiller tant l'expérience peut être bouleversante et personnelle.
Je pourrais initier quelqu'un (de proche) à l'acide ou aux champignons car je sais diriger un trip et suis toujours lucide; je pourrais initier quelqu'un à la kétamine (ou la salvia) pour les mêmes raisons mais aussi pour amener l'autre à passer au-dessus des effets primaires et inintéressants de ces substances; par contre, je serais bien incapable de ces choses avec un "délirogène" comme la datura, qui est une entité d'une toute autre dimension que le psilo ou la salvia et qui, même si cette dimension m'est aussi familière, demande un ancrage très puissant à la réalité physique, ce que je n'ai pas forcément toujours !
Avec du Lsd ou des champignons, ou même la kéta, tu peux ne pas être très ancré, généralement ça roule même si ça peut quand même déraper (dans tous les cas, je trouve important d'être ancré). Avec la datura, si tu n'es pas ancré, dans ton corps, sur la planète terre, tu peux ne jamais revenir et laisser une coquille vide derrière toi beaucoup plus facilement, voire mourir.
Sinon, si tu veux un ou deux détails, sous datura je me souviens de choses par cycles. Chaque cycle j'étais une personne différente, avec une histoire différente, un chemin de vie différent, un nom différent... Il se trouve que lorsque j'ai uriné sur les docteurs (tout en hurlant et riant très fort hahaha), j'étais un gars qui avait fui la france pour habiter en espagne parce qu'il était recherché, et à ce moment, je croyais qu'on m'avait finalement retrouvé; et dans une humeur particulière, tout en engueulant les patients parce que "ils feraient mieux de crever en silence", j'ai baissé mon froc et attendu madame le docteur qui voulait analyser mon urine, sur laquelle j'ai vidé un tiers de ma vessie, debout, faisant un gros fuck, braillant et riant ("tiens, tu les fera sur toi tes analyses"), gardant les deux tiers restant pour les gorilles qui m'ont attaché et mis en isolement par la suite.
Mais même là je gardais une partie de moi. En fait à chaque nouveau cycle, mon esprit "revenait", en pur spectateur, mais se faisait chasser de son propre véhicule (mon corps) au bout de quelques temps... je n'avais probablement toujours pas spécialement envie de vivre... j'étais bien à boucler dans le vortex...
Lorsque finalement j'ai décidé que je voulais continuer cette vie, mon esprit s'est re-incarné direct, non sans dommages. C'est d'ailleurs à ce moment là que j'ai eu de très puissantes visus (les premières en fait) et ce pendant une journée entière, à ne savoir ni marcher, ni parler et tout voir en quadrillages vert fluo et en tâches d'essence.
Voilà. Sinon les "délirogènes" m'intéressent franchement, mais si je dois en reprendre ce sera dans un tout autre contexte, plus ancré et centré, et je ne le crierai pas sur les toits...