le tatouage traditionnel affirme l'identité. Il s'agit de fierté manifestée par de la décoration épidermique accentuée (Polynésie, Japon, Amérique, Inde...)
Le tatouage moderne développe le graphisme de la représentation par les découvreurs de Mondes, les marins et les militaires du 19 et 20me s. Mais il n'est pas tjs le fait du plein arbitre ou l’apanage d'une valeur (il faut un graphisme vraiment réussi). Il s'agirait plus de souvenirs et de commémorations... Parfois il tend à compenser l'épreuve d'une vie accablante (tranchées de la 1ère GM, prisonniers du bagne, marginaux...). Disons qu'il s'agit alors de tatouages qui font le patch contre l'infortune. La nature de l'encre de chine s'adjoint au standard du tatouage jusque dans les années 70...
Le tatouage actuel en plein boom date des années 90. Cette pratique bien établie et ce commerce d'abord mal connu mais tant développé, deviennent un phénomène sociologique. Signe des temps: dès lors on use de pigments de synthèse pour charger l'aiguille du dermographe...
<copy elle.fr>
Considéré pendant des années comme une démarche réservée aux insoumis, le tatouage est aujourd’hui devenu l’apanage des gens « cool ». Un phénomène grandissant qui touche une cible de plus en plus large et qui s’est imposé comme un véritable accessoire de mode.
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Encore lors des 60, en Occident, le tatouage suggère plutôt l'infamie ou l'extrême. Par exemple, l'exaltation amoureuse pouvait bien s'inscrire sur la peau pour la vie avec deux noms, un cœur transpercé de la flèche de Cupidon bien caché au regard d'autrui, des parents... En général dans notre société il n'y avait pas de tatouage présenté au regard parce que en tant que mauvais critère de sélection dans le Monde du travail il inspirait un doute sceptique de la part des institutions.
On admettait le tatouage comme signe distinctif de l'aventure en tant que exception ou comme originalité archaïque rapportée en métropole par les explorateurs. C'est comme cela que c'était !
Au cinéma il y eut bien le film "Moby Dick" pour familiariser le quidam à l'idée des tatouages ethniques. Le harponneur de baleines se calque sur le modèle du Maori.
Maori (témoignage ancien)
la vocation romanesque cinématographique
<copy en.wikipedia> (traduction en ==> fr)
Queequeg (
nota: le harponneur) est originaire d’une île fictive de l’océan Pacifique Sud nommée Rokovoko. L’île abrite sa tribu primitive, qui pratique le cannibalisme, en particulier dévorant la chair des ennemis tués au combat.
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La tradition du tatouage tribal existait dans toute la Polynésie (et celle française...). La rencontre du christianisme avec les tribus polynésiennes ne favorisa pas spécialement la pratique du tatouage. La Bible parle des tatouages en Lévitique 19:28 : « Vous ne devez pas vous faire de tatouage. » Recommandation en théorie à destination des Juifs puisque c'est dans l'Ancien testament. Mais enfin un chrétien dogmatique à vocation intégriste pourrait s'en inspirer pour sa conduite de vie. Et voila un ingrédient de plus voué à la polémique de l'Eglise puisque elle se heurterait à la puissance du commerce du tattoo moderne. Pour accommoder ces deux principes (celui du dogme et celui du commerce) il suffirait peut-être de se faire tatouer un chouette symbole de dévotion religieuse... De toutes façons là n'est pas la question quand cette réflexion ici a commencé par l'évocation de tribus ethniques de l'Océan Pacifique. Mais en fait cette réflexion se reporte aussi sur la société occidentale antécédente très attentive à la rigueur de la religion au quotidien... Nos ancêtres allaient à la messe. L'observance des principes religieux se réduisit comme une peau de chagrin mais des indices en Europe subsistent. Par exemple l’Espagne relate encore son qualificatif de "très catholique" dans sa nature, son folklore...
Ci-après on lit un extrait récupéré d'un texte de 1960 et révélant les arcanes originales du tatouage moderne en Occident (fin 19me s).
<copy étude de Jean Graven>
... il ne faut d'ailleurs pas perdre de vue dans tous les domaines, [...] c'est que l'usage et la fréquence du tatouage dans la marine et l'armée varient selon les pays, et souvent du tout au tout. S'il est « méprisé » en Espagne et au Portugal, par exemple, si en Italie, du temps de Lombroso, les tatoués étaient considérés à première vue comme « de mauvais soldats », s'il est ou était « rare chez les Russes », dit-on, il serait « courant chez les Turcs », « commun dans l'armée danoise », « fréquent en Allemagne » d'après les observations dont nous allons parler, « fréquent » aussi en Angleterre parmi les officiers (le motif préféré serait « un Christ sur l'avant-bras »), et « tout à fait recommandable » aux Etats-Unis, où il est apparu en effet comme une « garantie contre la désertion ». Depuis la campagne de Cuba, disait une publication en 1898, les tatouages se sont répandus dans l'armée. On se fait tatouer des canons, des faisceaux d'armes, des emblèmes guerriers...
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Les 1ers tatouages modernes, c'est plutôt comme cela:
on voit un Français
Il s'agit fort probablement de marins.
Le dermographe est un luxe autre que la simple aiguille (sic image suivante)
le graphisme, les contours sont plus fins, mieux définis...
une sorte plus carcérale de tatouages modernes
A remarquer le papillon souvent repris par les résidents du bagne (Guyane française)
Photo suivante: A méditer on se demande pourquoi la population russe carcérale du temps de l'Union Soviétique affiche des tatouages très souvent agrémentés de symboles religieux... Puis l'illumination fait jour en une révélation ==> La religion normalise un principe opposé à l’athéisme d'état. Les marginaux provoquent l'institution soviétique par étalage des signes de la superstition.
marginal prisonnier russe aux cheveux mal domestiqués, à la mode des 70
Photo suivante: un color tattoo de circonstance militaire (Vietnam). A fouiller le Web à la recherche de tatouages parmi les centaines de photos de troupes, on ne distingue aucun tattoo ! Pourtant souvent dans ce pays chaud vietnamien, les bras sont dénudés... Manches retroussées pour tenir les gun. Mais aucun graphisme gravé sur les biceps. On en déduit qu'il peut y avoir des tatouages américains à cette époque du Vietnam mais pas de façon systématique... On trouve sur le web des tatouages relatifs à la guerre du Vietnam mais ce serait plutôt soit des modèles proposés comme catalogue, ou soit des réalisations commémoratives faites APRES la guerre. Au final en voici un authentique, fait en ses circonstances tout simplement.
à suivre