Salut camarade, j'ai fait comme tu m'as suggéré, et... oui, ça le fait, maintenant : les rectifications esthétiques/éditoriales que tu as apportées ont éliminé la première impression globale de foisonnement en partie désorganisé qui dissuadaient pas mal d'y rentrer plus avant, bien joué !
Du coup, je viens de lire presque l'intégralité de cette page et suis donc entré avec un certain intérêt dans ton discours/récit(s). Et il y avait suffisamment de matière, ainsi qu'une voix singulière de chroniqueur pour partie attachante, pour le maintenir (cet intérêt) jusqu'au bout. Ce qui me branche le plus, déjà, c'est ton travail de recherche iconographique et vidéo. Cette voix singulière, elle est d'abord là, dans ces images (re)présentées que je n'avais jamais vues ailleurs pour la plupart.
Après, ça me gêne que ta chronique originale tienne à se poser comme potentiellement seule vraiment lucide contre toutes les autres présentées comme plus ou moins mensongères. Et le thème de la franc-maçonnerie ne m'inspire rien ; mon esprit est déjà débordé de recherches en cours que je juge pertinentes pour aujourd'hui, alors ce mouvement ésotérique très daté qui a valu comme confrérie de "réseautage" d'époque et s'est piqué de fonder une spiritualité "pour après" en convoquant des symboliques artificielles, bricolées sans vraie âme, aujourd'hui objet de fantasmes généralisés, avec essaims de gogos faibles d'esprit qui se la jouent à l'intérieur comme à l'extérieur, comment j'en ai rien à battre, vraiment ! (Rien de personnel, hein !).
Ton discours global a plus de richesse que ça, mais je peine tout de même à m'y associer. C'est assez curieux : tu parles pour l'essentiel d'une époque que j'ai vécue et, pour reprendre la piquante remarque de @Revenant sur ses aventures à l'époque dans les pays de l'Est, j'ai l'impression d'en lire une version uchronique, une version assez nettement autre que celle dont j'ai fait l'expérience vécue. (Est-ce que la quantité et la fréquence de substances ingérées, inhalées, injectées a pu influer là-dessus ?? -- de mon côté, j'aime les expériences mais j'ai été toujours été tempéré en tout ;>).
J'ai copié-collé vite fait ces quelques phrases de toi :
<< Pour les hippies la comparaison éventuelle avec des Indiens était fortuite. >>
Il y en avait une implicite qui n'avait pas besoin de se dire, non ? La naturalité, des cheveux qui poussent sans qu'on les coupe, de la façon de s'asseoir par terre en tailleur, de s'asseoir en cercle autour d'un feu, de faire passer un objet symbolique fumant des uns aux autres, etc., etc., non ?
Ce qui me gêne en partie, dans cette partie-là de ton travail, c'est le côté "Littérature des gueux" (pour reprendre l'hilarant intitulé de la thèse de doctorat du personnage joué par Agnès Jaoui dans je-sais-plus-quel-film). C'est-à-dire l'inclination à vouloir réhabiliter ceux que le récit historique a plus ou moins ignorés (bonne inclination), mais tournant trop souvent en "syndrome de Stockholm" principalement souffrant, donc encline plutôt à produire du pathos que de la connaissance et de la réhabilitation digne.
<< Ceux qui ont adopté la crête capillaire sont des paras >>
Elle date de quand cette photo ? Moi, la figure qui planait dans un coin de ma tête en lisant tes riffs sur la crête, c'était celle de "Travis Bickle", Ça paraît assez tardif (1976), par rapport à tout ce que tu ramènes sur le sujet, mais il me semble que c'est la première fois que j'ai été exposé à ce look capillaire chez des non-Indiens.
<< je remarque aujourd'hui que on fait référence à des mods, des punks, des skinheads, des teddy boys, etc, etc... pour expliquer les années 60 et 70. On établit donc des classes, des genres et des espèces pour identifier tel mouvement ou telle tendance afin de noyer le poisson et perdre le fil des idées de notre mémoire et de notre analyse >>
On établit des "taxonomies" depuis un bail, et ça permet de penser et d'analyser, c'est quoi le problème ? Et puis, là encore, je ne retrouve pas ce que j'ai connu. Dans la 2e moitié des 60s, quand tu disais "Mod", il y avait "Rocker" pas loin dans la phrase, bien souvent, et éventuellement on indiquait vers quel bord, de ces deux-là, on penchait. Elle est où dans ton récit, cette bipolarité très structurante pendant quelques années ? Je ne suis pas sûr que ce sont les autres qui "noyent le poisson" et biaisent la chronique, là, franchement.
<< Ou peut-être se moquent ils de l'Occident par cette sorte de parodie? Après réflexion on peut arriver à croire que c'est la démocratie qu'ils critiquent par leur expression rock. >>
Il faut vraiment ne pas être musicien du tout pour partir dans des hypothèses intellectuelles (au sens de "creuses", sans substance) pareilles !! En plus, "parodie", c'est carrément insultant pour eux, c'est un jugement produit par un esprit qui se voit supérieur, ce qui semble être précisément un des trucs contre quoi tu t'élèves, ce qui est sacrément ironique.
Combien de fois je les ai jouées et chantées, ces chansons brûlantes et uniques d'Hendrix, dans les années 70, en boeuf, en concert public, etc. ! Et là, je te suis certainement tout à fait reconnaissant d'avoir déniché ça, ça m'éclate grave, comme d'apprendre 45 ans plus tard que j'avais des frères de sons à l'Est sans l'avoir jamais su jusqu'ici ! Vraiment *merci* pour ça, mais je peux te dire qu'il m'a suffi d'en entendre quelques secondes pour n'avoir aucun doute sur l'esprit qui les animait et qui était juste celui, comme moi etmes potes, de fondus d'Hendrix ne prétendant critiquer rien du tout, juste fusionner dans la musique de feu du "Voodoo Chile" !
oOo
Bon, j'insiste peut-être un peu trop sur ce que j'ai à te dire de critique ; j'ai quand même bien aimé le parcours, et *beaucoup* aimé, notamment, ton superbe et original hommage à FDR, qui m'a toujours beaucoup impressionné (avec Eleanor "at his side"... ou pas), LE Président US qui a failli réussir à reciviliser ces demi-décivilisés (mais bon, Eisenhower derrière, oublie !).
Bel effort, anyway, je repasserai et en attendant, bonne fin de soirée !