Yo!
Je trouve vachement intéressante votre conversation parce que je suis pas hétéro.
Soit dit en passant, le mouvement LGBTIQ c'est pas un mouvement uniforme non plus et meme entre militants, y'a des tendances qui peuvent pas se supporter; les gens ont tendance à parler "des militant-e-s LGBT" en général mais entre les assocs réformistes de vieux gays blancs riches du marais et des groupes d'autodéfense queer/trans constitués sur le tas; y'a quand meme tout un monde!
C'est vrai qu'il y a dans le militantisme queer, une tendance à la provocation mais perso je la trouve souvent justifiée! Parce que certes, lorsque c'est des groupes non-mixtes avec plein de gens dans des facs, illes peuvent avoir tendance à brasser de l'air pour des questions que personne ne comprend mais ils ne sont que la partie visible de l'iceberg je dirais
Parce que la réalité quotidienne des pédés et trans (je parle pour ce que je connais mais c'est à peu près le meme schéma pour tous les non-hétéros); elle est en général bien éloignée de celles des universitaires post-modernes et autres hauts placés d'association censés nous représenter.
Au quotidien; on est souvent isolés et quand t'es pédé t'apprends vite, dès l'adolescence, que la meilleure défense c'est l'attaque et que plutot que de rester la victime des gros cons et de te cacher bah t'apprends à te défendre. Et à aucun moment il ne faut montrer de signe de faiblesse; toujours faire croire qu'on a super confiance en soi, en ce qu'on est et en ce qu'on fait. Et la meilleure manière pour ça bah c'est la provoc.
Je dis pas que c'est forcément intelligent ou stratégique ou quoi hein; c'est juste comme ça qu'on apprend à survivre quand à 13 ans on découvre qu'on est pas hétéro. Du coup, perso je vais pas à la marche des fiertés ("Gay Pride") mais je peux comprendre que, sécurisés par l'effet de groupe, certains s'exhibent de manière provocante. Faire chier les bourgeois coincés c'est un plaisir délectable.
Après; des trucs qui nous paraissent banals choquent les gens. Bah dans ce cas là, vu que c'est des gros cons, t'as envie de les faire chier plus. Ca les emmerde que je porte une jupe longue? Bah la prochaine fois, je mettrais une mini-jupe!
Dans la vie de tous les jours: au bahut, au taf ou dans la rue; t'as deux solutions: soit tu n'es pas toi meme; tu joues un double-jeu pour te faire passer pour quelqu'un que tu n'es pas (et le jour où ça se sait, tu pète les plombs) soit tu es comme tu es, mais tu t'en prends plein la gueule en permanance. Faut pas oublier le taux de suicide chez les non-hétéros; c'est une réalité.
C'est pas parce que y'a le mariage pour tous, la gay pride, des boites gays et deux-trois autres conneries qu'on est acceptés dans la société; c'est une énorme erreur de croire ça. Les capitalistes ont compris que ça représentait une part de marché du coup, ils ont adapté l'offre de manière très pragmatique; mais au quotidien on est pas à la Gay Pride. Au quotidien on est seul à subir des pressions; parfois meme des agressions.
Le problème des universitaires que tu décris; c'est que selon moi illes adoptent collectivement et dans un environnement plutot "safe" (à relativiser bien sur mais la fac c'est en général pas le pire endroit à ce niveau-là; quelle fac d'ailleurs?) des pratiques qui sont des pratiques d'auto-défense plutot individuelles et en environnement risqué.
Parce qu'en soit, un lycéen qui va oser porter une jupe malgré les remarques parce qu'il se sent mieux ainsi; c'est du militantisme qui n'est pas forcément explicité ou revendiqué mais c'est bien plus important et courageux que d'écrire des textes post-modernes compliqués à 12 dans un local d'université sur l'apect oppressif des règles gramaticales. Je comprends la démarche des camarades qui veulent écrire des textes super bien avec des orthographes révolutionnaires et tout; m'enfin dans notre réalité quotidienne c'est en général pas la grammaire qui nous opprime le plus... Fin bon; je suis pas contre non plus; ça crée le débat et ça fait réfléchir.
Sandman, je trouve un peu bizarre ton discours qui vise à dire "bah les queers sont pas si marginalisés que ça; les drogués le sont tout autant voir plus". Les combats ne s'annulent pas entre eux; ils ne s'opposent pas et bien au contraire, ils se complètent souvent; les ennemis sont les memes. Tu peux pas reprocher à des gens de se battre au quotidien sous prétexte que leur lutte n'est pas parfaite ou suffisament globalisante.
Fin voilà; des bisous