Laura Zerty a dit:
Chepa si je me trompe sur ce que je vais avancer, mais si mes souvenirs sont bons, le shéma des relations esprit/corps est dans cet ordre là :
pensée ---> émotion ---> corps.
Ben en fait je crois que deux modèles s'opposent. Il y a ceux comme W. James qui te diront "je ne cours pas parce que j'ai peur, j'ai peur parce que je cours" (changement physiologiques au niveau du corps- interprétation de ces sensations en émotions), et les autres à l'inverse qui pensent plutôt comme tu le dis là : pensée-émotion-corps.
Je crois que le premier modèle est le plus communément admis. Pour le dire autrement : activation somatique/physiologique >> expression corporelle/comportementale >> évaluation cognitive. L'émotion s'édifierait donc à partir d'impulsions corporelles.
Et c'est de là qu'émerge des concepts comme l'alexithymie (qui descend du concept de pensée opératoire en psychanalyse) par exemple, qui serait une difficulté dans l'expression verbale des émotions. En gros, de manière très schématique, les personnes dites alexithymiques auraient du mal à traduire les sensations au niveau du corps, en émotions à un niveau plus "cognitif". Comme si les mots manquaient pour venir traduire ce qui est ressentit.
Ce concept d'alexithymie/pensée opératoire, a beaucoup été mis en évidence chez les sujets en proie aux addictions, chez qui il y aurait à la base une coupure entre l'impulsion corporelle et l'affect. Le corps comme "séparé" de la tête, entrave le processus au terme duquel on peut nommer et décrire les émotions (tristesse, colère, joie...).
Enfin voilà, je ne sais plus trop pourquoi je disais ça à la base ^^... Je ne cherche à convaincre personne que "ça se passe comme ça", que tout passe passe par le corps pour aller jusqu'à la pensée par le chemin de l'émotion, et qu'il n'existe rien d'autre. Mais c'est vrai que mon mémoire s'encre un peu dans ce modèle théorique-ci, appliqué chez les personnes souffrant de troubles alimentaires.
Je finis sur un extrait pour tenter de rattacher un peu au sujet de base :
"La pensée en tant; pour qu'elle soit une pensée vivante et non un simple traitement-gestion cognitive de l'information; qu'une pensée de soi sur soi concomitante d'une affectation vivante de soi à soi, toutes deux dépendantes étroitement de l'environnement proche et social, celui-là même qui aura sollicité le sujet à penser après l'avoir affecté-touché. C'est le fameux 'touché-touchant' qui rend l'intentionnalité du monde et l'indispensable 'expérience de la chair'. Tant il est vrai qu'être, c'est d'abord être perçu, puis touché, aimé, affecté-aimé avant enfin d'être nommé, reconnu, avant encore que d'être validé."
En même temps ça coule de source... On en va pas penser, puis dire à quelqu'un "je t'aime", sans l'avoir éprouvé en soi avant.
Le gros problème du fait de naître Humain, c'est d'avoir accès à un langage qui nous permet de symboliser notre pensée, notre existence. Les animaux se prennent moins la tête finalement !
Essayez de vous poser cinq minute dans le silence complet, en ne faisant rien, juste en pensant au fait que vous êtes entrain de penser, et comment, je vous assure c'est déroutant. Je n'ai jamais trouvé la réponse au "comment". A chaque fois ça tourne en questionnement "mais comme je pense là ? Je n'entends strictement rien, je ne suis pas entrain de lire des mots sur un écran intérieur ou quoi que ce soit, je ne parle pas, et pourtant je comprends ce à quoi je suis entrain de penser. Mais comment bordel!"
Bon je crois que j'ai perdu le fil de la discussion de base là.... De toute façon je crois que la question principale n'est pas tant "Qui suis-je? est-ce que j'existe?" que "Comment je suis? Comment j'existe?".
Sur ce, au vue de ce que je viens d'écrire, je crois qu'il vaut mieux que je prenne la sage décision d'aller me coucher ^^