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J'ai été en teuf

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Styloplume
  • Date de début Date de début
Merci Mario,
J'ai compris ton commentaire, enfin je crois.
J'ai écris et cogité tout ça parce que je voulais tout comprendre. Alors oui, est-ce bien la peine? On peut aussi faire comme Lefeu qui dit "Chut: c'est la drogue", mais quelque part, ben, j'ai raté un truc, et maintenant je comprends ce que c'est. La prochaine fois que je vais en teuf mon set mental ce sera: on part en guerre! On fait la guerre sur le son! Et comme ça au moins la violence sera justifié, ça fera un trip bien nordique, en mode "on se bourre on est des guerriers".
Mais je ferai ça une autre fois.

ah, et rentrer chez moi, oui c'était impossible, car j'avais mes compagnons de teuf à ramener .

@Tisalut: très juste, haha, t'inquiète le DXM je vais pas le lâcher :)

Sinon, à tous, faut pas oublier que c'est le TR d'une première teuf où je suis complètement passé à côté de l'esprit, plus la descente bien lourdingue.

Et merci à tous les autres pour vos commentaires!

Ah, oui, maintenant je sens mieux quel sera le défi à relever lors du Hadra! Dieu merci le set & setting sera mille fois meilleur, et j'aurai de vrais repères affectifs chez les psychonautes, et la musique sera beaucoup plus adaptée à un trip introspectif et aussi collectif j'espère.

Bref merci à tous!
 
Très bien écrit. Je ne sais pas trop dans quel esprit tu prends de la drogue enfait, es tu sur de le savoir toi même ?
J'ai quelques conseils à te donner, fais en ce que tu veux :)
A partir du moment où tu prends un produit (donc logiquement que tu n'as rien d'autre à faire après) laisse toi aller. Et ce dès l'ingestion. Lâche ton cahier, tu auras peut être (enfait c'est certain) moins de souvenirs, mais tu vivras intensément ton trip, quand tu prends un produit c'est pour toi ou pour les autres ?
Pour les sensations dérangeantes (son) et surtout pour les bads, je ne conseillerais jamais assez de se dire que chaque sensation et SURTOUT les moins agréables sont justement appréciables. Dans l'esprit c'est du masochisme mais lutter contre c'est leur donner raison.
 
C'est pas vraiment du masochisme (bon, si), c'est juste se dire, je suis drogué c'est normal, et tant qu'à faire, que j'en profite.
 
Wouah ! Autant pour le TR que les commentaires, ça me frappe ! (a moins que ce soit la MXE, braf.) En tant qu'amoureux fidèle du gros hardcore et des tuff qui tâchent a la fois les vetements et le cerveau ça fait bizarre d'entendre le point de vue totalement inverse (personnellement une teuf psytrance je pense que ça me rendrait fou, alors que le gros son je pourrais en écouter sans m’arrêter), c'est dommage que tu ai vécu ça comme ça je pense parce que la première a la MD' c'est quand même assez magique normalement ^^.
Mais en lisant tes TR on se rend vite compte que c'est pas dans cet optique que tu souhaite prendre de la drogue, et c'est tout a ton honneur d'ailleurs parce que j'ai rarement vu quelqu'un analyser et cogiter autant la dessus (je dirait presque que tu te drogues intelligemment mais j'ai du mal avec la formule), alors que la teuff c'est instinctif, animal, basique (comme la musique qu'on y passe) et la plus part du temps tu gobes ou tu tapes sans voir plus loin que "ce soir je décolle".
Bon par contre la descente que tu sois coreux ou non tu la sent passer et tu peux pas y faire grand chose (a moins d'en retartiner par dessus mais tu risque de finir dans la boue après ^^).
Bref, merci Stylo, et dommage pour toi, peut être qu'une teuff psychonaut "entre potos" ça te conviendrais mieux, les petits kallages familiaux ont toujours une meilleur ambiance que les tekkos.
 
J'ai lu aussi, parce que je lis tous tes TR. J'aime globalement bien ta démarche, mais là au final vingt pages pour apprendre que tu trouves la hardtek un peu trop burnée et que ça t'a gâché ta MD, bon, ce serait mentir de dire que j'ai apprécié.

La MD en teuf, surtout vu ton chemin, ne pouvait pas t'apporter grand-chose, évidemment : enfin, tu as toi-même réalisé que c'était une mauvaise idée. Si tu reprends de la MD (ce que je ne te conseille pas), prends-la pour ce qu'elle est : un stim entactogène qui va te faire kiffer ta soirée, rien de plus, ou cours droit à la déception. Enfin, c'est toute la difficulté du lâcher-prise, il ne faut pas penser à lâcher-prise, accumuler des raisons de le faire, se demander comment le faire, ce qui se passera si tu le fais ou ne le fais pas, ... juste le faire.

Enfin, pour finir, oui l'esprit de la teuf c'est quelque chose de beau. Mais comme partout et comme toujours, faut garder le pieds sur terre : les gens resteront des gens. Y'aura toujours des connards, toujours des sectaires, toujours des lourdingues (même bien intentionnés, l'exemple du "et alors, le sourire ?" qu'est-ce qu'on a pu me le faire)... c'est pas propre à la teuf, c'est juste partout pareil. C'est pas parce qu'on est en teuf que le bon esprit règne partout, toujours et sur tout le monde : y'en a juste des plus ou moins bonnes. C'est pas une fête idéale, juste une fête avec un idéal (plus ou moins concrétisé, comme tous les idéaux !) qui est à mon sens plutôt positif, où des gens viennent s'amuer librement et gratuitement. Eh ouais, c'est quand même plutôt pas mal, non, une soirée gratos et où tu peux proder ce que tu veux ? Bien sûr la liberté mène parfois à des excès, mais c'est la liberté : on l'aime ou on l'aime pas. S'il y avait davantage de liberté ailleurs, les gens feraient leurs conneries ailleurs, mais je persiste à dire que les gens ont un besoin de conneries à assouvir et que c'est mieux que d'avoir une société de névrosés et de coincés. Bref, comme partout ailleurs, je me sens à part et pas spécialement à ma place, donc je connais la senation que t'as eue, mais à un moment il faut faire le dueil de la soirée parfaite et profiter de ce qui est quand même un cadre sympa (c'est quand même mieux qu'un putain de club ou même que ta chambre, t'as le ciel, les étoiles, les arbres, ...)

Quant à la hardtek, je comprends parfaitement qu'on puisse ne pas l'aimer, personnellement je suis tellement habitué au black metal et autres atrocités sonores que ça ne me dérange pas. Effectivement, c'est rarement (jamais ?) de la grande musique, mais c'est suffisant pour danser et tripper. Et malgré ce que j'ai pu lire, non, ce n'est pas non plus un jeu d'enfant d'en faire, c'est peut-être à la portée de tous (encore que) mais ça demande du boulot quand même. Encore une fois, faut faire le dueil de la musique parfaite et profiter de ce qui est : un putain de kick qui ne demande que l'agrément de ton corps, pas forcément de ton esprit.


Enfin bref ! Si je me permets ces remarques, c'est parce qu'on a un chemin assez similaire, que moi aussi j'ai une sacrée tendance à suranalyser mes trips (même pendant), et à ne pas me sentir à ma place en soirée. Mais que j'ai un peu reconsidéré le truc, et une teuf de temps à autres sans se prendre la tête, c'est non seulement divertissant et agréable, mais que ça peut quand même t'apprendre des trucs (entres autres : le lâcher-prise, justement, donc au final le récréatif rejoint l'intrspectif).
 
Si vous voulez de la bonne hardtek je vous conseille Billx et Weasel Buster, qui en + joue en live et pas avec des platines.
Et ayant fais des études d'ingé son je peut te dire que c'est pas du son fait en 5 minute.

Stylo desolé sincerement mais j'aime pas l'md alors je me suis pas tappé ton mega-tr.
 
Merci pour vos remarques les gens. Hier j'ai revu Osiris et le fait qu'il ai lu ce TR lapidaire nous a obligé à se dire des trucs qu'on ne se serait pas dit sinon. Pas très facile mais ça progresse.

Sinon je vous rejoins totalement sur le lâcher-prise: ça se fait sans se programmer. Ou plutôt: la seule chose qui se programme c'est le set & setting, et celui-ci n'était pas adapté à ma façon de triper.

Merci SoK, merci Void, Mario, et même Ouro, t'inquiète, moi j'hallucine que tellement de gens aient lu!
 
J'ai TOUT lu !

Je réitère les félicitations des autres sur la qualité de l'écriture. C'est très fluide et agréable à lire.

Par contre difficile de comprendre qu'après ton enthousiasme premier, après avoir volontairement été chercher ce parachute de MDMA, quelques minutes suffisent à te mettre dans cet état de "Pourquoi je me drogue ?!".

Sinon concernant la teuf en général, ce n'est pas forcément une teuf HxC. Il y a des teufs Psytrance, etc. Mais honnêtement quand je vois ta difficulté à voir les autres comme tes égaux, j'ai peur que même avec une musique qui te convienne tu te heurtes à des barrières énormes au lâcher prise.
 
Re-salut les copains. Double post pour marquer le coup. Aujourd'hui j'ai cogité deux trois trucs qui expliquent pourquoi je suis passé à côté de la teuf. Je partage, p'tet bien que vous comprendrez mieux pourquoi j'ai tout pris de haut dans mon TR.

Edit pour Sludgy: ceci devrait répondre à ton post je pense bien :)

L'enfant a peur d'être comme les autres


Le TR de la teuf est assez clair: j'ai eu les boules de devenir un teufeur trancé, comme les autres. Et à aucun moment de la teuf je ne me suis confié à quelqu'un d'autre que moi-même. Je n'ai accordé de confiance à personne. Même pas à Ilona.


Voyons à quoi ça me fait penser? Creusons un peu. Voyons ce que j'ai écrit sur la fin de ma descente de LSD pendant le Hadra, il y a 10 mois:


"12h. Quelque chose ne va pas, décidément. Je monte plus haut sur la montagne, là où je peux être seul. Conversation avec l'enfant intérieur.
L'enfant s'est mit à chialer comme pas possible: "Dieu, pardonne-moi, je me suis perdu, j'ai été vaniteux, je voulait faire l'expérience de toi, et tu as été un son brutal"
Moi: "Bon, ça va, Stylo, c'est moi, j'ai pas pris la drogue comme il fallait, sans te laisser dormir..."
L'enfant: "C'est vrai, je voulais dormir, et tu as pris la drogue. Maintenant on est crevé, et le son s'arrête pas. Mais j'en ai assez de la drogue. Je n'en veux plus, je ne veux pas faire comme les autres, je veux dormir en paix. Je les hais tous! Je hais leurs visages laids! Je me déteste car je suis comme eux! Dieu, pardonne-moi! Vanité des vanité, tout est vanité! Dieu, tu m'aimes?"
La réponse était claire. Dieu t'aime, Stylo, Dieu est là. Dieu est là! Dieu m'aime! J'ai pleuré, de soulagement cette fois, l'amour-propre revenait, et c'était meilleur que le LSD."


On retrouve le même "marre de la drogue" qu'à la teuf. Et surtout, on retrouve ce refus de faire comme les autres, refus qui se mue en haine des autres puis en haine de soi.


Love'mind a raison: c'est un manque de confiance en soi.


Aujourd'hui j'ai capté un truc, j'ai capté d'où ça vient.


Revenons encore un peu en arrière, à l'époque où quelques semaines avant d'avoir gobé le LSD au Hadra j'ai emmené l'enfant intérieur dans la campagne pour parler de l'enfance.
Une fois bien posé dans un endroit où je pouvais être tranquille, j'ai reculé dans le temps pour me retrouver à mes 4-5 ans.
À cette époque, les autres enfants jouaient au foot mais moi pas. À l'époque j'étais pas intégré aux garçons de mon âge, en fait, je l'ai jamais été de ma vie, et ça a commencé avec le foot. Pourquoi? J'ai construit ma personnalité d'adulte sur une fausse explication: j'ai mis comme raison que je vaux mieux que les autres, que je suis plus malin, plus spécial, plus intelligent, et donc que seuls les crétins jouent au foot. J'ai gardé ça toute mon enfance, prenant le foot en horreur et n'en jouant qu'à de très rares exceptions.
D'accord, alors on parle de cette époque de l'enfance, et qu'est-ce qu'il fait l'enfant? Ah! Voilà qu'il chiale comme une madelaine et braille: "Laissez-moi jouer avec vous!" Je le laisse chialer, au bout d'un moment ça va mieux, et je finit par chanter Hare Krishna dans les champs, tout va bien.


Ah, merde, c'est exactement la même chose qui a percé pendant la crise en teuf: je voyais les autres s'amuser, et je me suis interdit de m'amuser avec eux. Tout simplement parce que toute ma chienne de vie je me suis interdit de partager des plaisirs simples avec les autres. Ah, chanter en chorale, faire de la musique, ouais ouais, c'est assez intelligent pour moi. Mais alors, jouer au foot, prrrfffflllll, c'est pour les nazes. Danser sur du gros son c'est pour les nazes?


Putain en fait j'aurais bien aimé faire comme eux. En fait pendant la teuf je l'ai senti mais je n'en ai parlé à personne: j'aurai voulu partir en guerre sur le son. J'aurais voulu rejoindre les autres. J'aurai voulu partager leur délire, la simplicité de leurs transe, de leurs mouvement. J'aurai voulu jouer au foot avec eux. Et je me le suis refusé, comme je me suis refusé tout ce genre de trucs pendant toute ma putain de chienne de vie.


Bordel, les gens, quand j'irai au Hadra ça va être du lourd à débugger avant que je me retrouve à lâcher prise et à kiffer le son comme tout monde. J'vais avoir besoin de toute l'aide de mes chers naunautes pacientissimes. Mais bon, en attendant, je vais continuer de creuser la piste.
 
Putain je suis content j'ai mis le doigt sur le bug si je me fais mieux comprendre. C'est cool. De l'alcool, j'en bois... avec les gens. Tient merde encore un truc révélateur. Je ne bois d'alcool que pour être avec les gens, et là attention je devient ultra-social. Sûrement révélateur.
Mais je bois pas seul. Ça donne que de la merde quand je bois seul.
 
C'est juste trop beau cette réponse que tu as trouvé Stylo, je suis vraiment fier de toi. Et Larry complète superbement cela, franchement, le retournement après le TR. è_é
 
Je roule , et j’entame la bête ;) :drool:
 
Mario a dit:
Sinon : tu dis que les teufs c'est vraiment pas pour toi, parce que tu préfère la trance. Du coup pourquoi t'irais pas en teuf psytrance ? :D

Par contre, les teufs trance en plein air c'est plutôt rare quand même (à part les festivals)...
D'ailleurs si vous avez des plans...

EDIT: ah tiens pour me contredire, pour les parisiens petite teuf trance en plein air (et free la première partie !) vendredi soir ici:
http://www.trancegoa.org/s,trancegoa,13,,34606,1,0.html
 
Deux - trois réflexions que m'inspire ton texte, à chaud. C'est que mon avis, prends le comme tel et pour rien de plus, en tous les cas pas une agression ; même si les termes peuvent te sembler rudes, c'est parce que j'ai pas le temps d'y mettre plus les formes...

Tu te poses trop de questions. Evidemment que c'est bien de se poser des questions, c'est bien de réfléchir, c'est bien de faire de l'introspection, etc... Mais l'expérience (de la drogue, de la teuf, du son, des gens, ou n'importe quelle expérience en fait), avant de pouvoir s'analyser, ça doit se vivre! Te raccrocher à ton cahier de notes comme tu le fais, c'est juste un rempart que tu dresses entre toi et les autres, entre toi et l'expérience, et qui t'empêche de la vivre. Tu dis vouloir te souvenir... Bien. Mais honnêtement, que pourrait-il y avoir d'intéressant à mémoriser si la seule chose que tu te donnes l'occasion de vivre, c'est ce qui rentre dans les cadres d'analyse que tu as déjà ? Tu dois accepter de lâcher prise, lâcher ton cahier, fermer les yeux et te laisser porter par ce qui vient. PRO-FI-TER : ça n'est pas un gros mot, et tu auras bien tout le temps d'analyser ensuite. Si tant est qu'il y ait quelque chose à analyser après une prise de MDMA. Mais ça, tu le savais déjà, non?
Quelqu'un a dit que tu semblait prendre tout cela trop au sérieux. Je suis d'accord avec lui. Et j'ajoute : tu es trop centré sur toi-même. La "défonce spirituelle", la recherche psychonautique, tout ça c'est bien si ça t'amène à la transcendance, à décloisonner tes barrières mentales, à toucher du doigt l'universel. Mais si c'est pour qu'au final, ça te pousse juste à n'écouter que toi-même et à te fermer aux autres, je trouve ça un peu vain... et pas très sain. C'est bien de savoir s'écouter soi-même, de savoir "dialoguer avec son enfant intérieur" comme tu dis. Mais savoir - et avoir envie - d'écouter l'autre, c'est encore mieux. Pour moi, c'est là que se joue le sens (l'essence?) de la vie humaine : la découverte, la rencontre, l'échange, le partage avec ses semblables. J'insiste sur le mot : semblables. Se croire différent, supérieur, parce qu'on prend de la drogue seul chez soi et qu'on se regarde le nombril, c'est passer à côté non seulement de la drogue (ça a la limite ce serait pas très grave), mais aussi de la vie. Enfin, je dis ça sans animosité aucune ni envie d'être désagréable, de faire la morale ou de prêcher ma bonne parole athéiste ou je ne sais pas quoi. J'ai pas plus la science infuse que toi ou que n'importe qui (et pour être honnête j'ai passé beaucoup moins de temps que certains ici à "chercher ma voie spirituelle"), mais ça n'empêche que ce que j'te dis là j'le pense sincèrement, du plus profond de mon être.


Bon sinon, pour finir sur un sujet plus léger... D'un côté je trouve dommage que t'ait pas été en mesure d'apprécier la teuf... Mais d'un autre côté... je me dis qu'il en faut pour tous les goûts, n'est-ce-pas? Tout le monde n'est pas obligé d'apprécier tous les codes de toutes les subcultures, hein? Et puis y a teuf et teuf aussi, et c'est triste à dire mais de nos jours, y a de plus en plus de teufs qui en ont perdu l'esprit. (Ouaaah, la phrase de vieille chiante qui radote ces souvenirs de l'époque où "c'était mieux avant!"). N'empêche: la free, ça reste une putain d'utopie en marche tous les weekends, la TAZ dans toute sa splendeur, un vrai rêve d'anar' hédoniste. Pas toutes les free, d'accord, mais LA free en général... et je t'assure que le concept n'est pas qu'abstrait, j'en ai la preuve chaque weekend si j'veux, dans un rayon de 100km max autour de chez moi.
Après, la musique, on aime ou on aime pas... Moi à vrai dire j'aime pas trop la hardtek non plus, et c'est vrai que y a pas mal de merdes qui sont pressées dans ce style-là... mais comme partout, non? Et puis la teuf ne se limite pas juste à la hardtek ; y a plein d'autres influences dans la free tekno...

Tiens, toi qui aime la (psy)trance, je t'invite à lire cet article, il développe justement le thème de la transe collective que les teufeurs cherchent à vivre dans le son et les prods, je pense que dans le fond tu pourras peut-être t'y retrouver un peu :
Lionel Pourtau - Consommation de substances psychoactives et transe fonctionnelle dans les fêtes techno
http://www.cairn.info/revue-psychotropes-2006-3-page-163.htm
EDIT: le lien ne marchait pas, j'espère que ça va maintenant... C'est écrit par un sociologue qui a lui-même beaucoup fréquenté le milieu de la teuf, ce qu'il dit est vraiment intéressant...
On peut penser que la transe est source de jouissance et catalyseur,potentialisateur de jouissance. C’est pour cela que l’extase en fête technoest infiniment supérieure à la simple prise du produit en condition normale.
En condition normale, la pensée est claire et ordonne selon ses schémashabituels de réflexivité et de plaisir. L’endorphine se répand, emmenant
avec elle le bien-être, mais cela n’a rien à voir avec la jouissance. J’accomplis
une action répondant à un besoin physiologique (acte sexuel, alimentation)
: je suis récompensé par du bien-être. J’accomplis une action
favorisée par l’environnement social (bonne note à l’école, travail bien
fait) : je suis récompensé par du bien-être. Ce plaisir peut être décalé par
l’effet Pavlov, comme l’expérience de Proust avec sa madeleine. Mais
ici, dans la première jouissance en fête techno, il n’y a aucun facteur biographique,
juste une dimension sociale très particulière, juste l’effet radicalisé,
mécanisé.
Les moyens utilisés pour endormir la juxtaposition pensée/langage
sont la saturation des sens, l’émotion suscitée par les jeux de lumières et
la musique ; un lavage de cerveau fait pour permettre à la jouissance de
ne pas être détournée par le langage vers le leurre mnémonique. Voilà peutêtre
une explication de la méfiance du milieu techno envers le langage et
le discours perçus plus ou moins consciemment comme la cause de l’incapacité
à atteindre de nouveau la jouissance originelle. La méfiance envers
le discours a peut-être une deuxième source : dans la communion par la
jouissance se construit un sentiment d’osmose entre les technoïstes, une
perception d’égalité totale dans la jouissance originelle. Or, avec le discours,
reviennent les différences sociales, les différences culturelles. Il va
de soi qu’elles furent sans doute toujours là, mais le mythe de l’égalité par
la fusion sur le dance floor est solidement installé.
Un autre élément, propre à la musique techno, est la répétitivité. Elle
donne à l’auditeur une impression de sécurité. Mais celle-ci est factice.
Les électronistes savent que si les musiques répétitives créent un continuum
propre au développement d’un état hypnotique, le jeu tension/détente
(appelé break dans le vocabulaire des musiciens technos) permet de
susciter des émotions fortes.
« Quand
l’esprit est devant l’unité suprême, tout est oublié, l’union s’accomplit dans
le mystère. Nous retrouvons, dans notre extase areligieuse, les deux mouvements
de l’extase religieuse, celui, négateur, qui nous vide, dissipe notre
personnalité, fait évanouir notre moi […] ; celui, constructif, qui nous
enrichit, qui nous emplit d’une chose ou d’une personnalité étrangère, qui
met à la place du vieux moi un moi nouveau, en particulier chez les artistes
dans leur communion avec la beauté elle-même » (Bastide, 1997, p. 23).

Michel Maffesoli (1985) ne dit pas autre chose : « L’ivresse, l’excès
[…] la débauche, tout cela renvoie à la fusion matricielle, communautaire
et, par voie de conséquence, à la fécondité sociale. » La transe technoïde
est donc à cheval entre la transe sauvage et la transe fonctionnelle. L’effet
psychologique a des avantages psychiques.
 
Là Schtroumpfette tu mets exactement le doigt dessus: pro-fi-ter. Comme dit Stolaroff, c'est le grand commandement des psychés.

Ouais, c'est un peu dur de lire ce que tu me dis, mais c'est bien parce que c'est ultra-pertinent ;) Y'a que la vérité qui blesse et on aurait tort de l'éviter :)

Ben, écoute, j'ai bien compris que je suis passé à côté de quelque chose. Et je compte bien l'atteindre au Hadra. Y'a quelque chose que je n'ai jamais expérimenté avec les prods, c'est bien l'extase collective, et il va falloir que j'y aille si je veux arrêter de faire mon autiste / chialer dans mon coin / en écrire des tonnes pour au final vouloir me sentir plus malin que les autres. Dans toutes les réactions sur ce TR, plus mes discussions avec Osiris après coup, plus j'ai revu Athanase hier, ça se dégage. Y'a du progrès à faire et il va devoir se faire avec les autres!

Donc, merci pour ton commentaire, merci pour les textes, merci d'être honnête surtout. Ça fait du bien d'entendre des gens qui ont un discours sensés, et pour mon bien en plus. Et ça, je n'en doute pas une seconde, et c'est :heart: .

EDIT: ah, j'ai une question. Au hadra, j'ai refusé de rentrer dans le jeu parce que je me suis dit "C'est pas possible, chacun dans son petit monde, coupé des autres, c'est naze." Or, les textes que tu me montres semblent dire l'inverse: on est tous connectés les uns aux autres. Et Moquette, en teuf, a parlé de l'esprit de la teuf, quelque chose qui se créé entre les gens. Mais moi, au Hadra ou en teuf, je me suis senti méga-alien par rapport aux autres, comme s'il y avait mon petit monde intérieur, et au-delà, rien du tout.

Concrètement, ça ressemble à quoi cet esprit collectif? Vous voudriez bien en parler un peu? S'il vous plaîîiîîît..... :)
 
Ouf, je suis soulagée que tu prennes pas mal ma réaction, j'sais bien que parfois certains trucs sont pas agréables à entendre. Mais comme tu l'as bien perçu, ma démarche est simplement honnête, et fondamentalement bienveillante. Je te sais capable d'encaisser une critique constructive. Bref, full bonnes vibes malgré le ton un peu rude.

EDIT pour répondre à ta question :
Styloplume a dit:
Concrètement, ça ressemble à quoi cet esprit collectif? Vous voudriez bien en parler un peu? S'il vous plaîîiîîît..... :)
Bon, j'ai pas fais assez de teuf trance pour savoir si c'est applicable aussi, à priori je dirais oui mais en fait j'en sais rien... Je parle juste de ce que je connais moi : l'univers de la free tekno (pour faire court) ; et je parle seulement en mon nom, même si je sais que d'autres gens le vivent d'une manière similaire.

Pendant la teuf, la communion avec les autres vient du son, se passe devant le son. A condition qu'il soit bon à tes oreilles, évidemment. Personnellement, j'apprécie le côté répétitif et lancinant de la musique technoïde. Une pulsation régulière qui a la même fonction que les percussions utilisées par les chamans depuis la nuit des temps : c'est hypnotique, ça te met dans un état de conscience modifié, ça mime les pulsations cardiaques... Et voilà, les drogues aidant, que cette musique forte et répétitive te donne l'impression d'être une cellule au beau milieu d'un organisme vivant dont toutes les cellules sont parfaitement synchronisées sur le même rythme. Pour toi comme pour les autres, plus rien n'existe sauf le son. Sauf que comme tous les autres, tu sais que tu fais partie d'un tout. Non, tu n'as même pas besoin de le savoir, tu le ressens, tout simplement. Peu importe ce que tu penses individuellement des personnes qui dansent à côté et autour de toi, tu sauras que tu partages ça avec eux. Et, au moins pour un moment, c'est plus fort que tous les préjugés ou les jugements construits que tu peux avoir par ailleurs sur telle ou telle personne. Ça se lit sur les visages, dans les sourires, dans les yeux... Pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, la techno est un langage universel. Je dirais même plus, et je sais que ça risque de te poser problème : pas besoin de réfléchir, il suffit de ressentir. Pourquoi avoir autant peur du lâcher prise? Ce n'est pas parce que tu arrêtes pendant une demie-heure / une heure de le torturer avec dix milles questions que ton cerveau va s'arrêter de fonctionner, et ne pourra plus redémarrer ensuite. Je suis pas en train de te dire de débrancher ton cerveau entier, hein, juste de mettre en veilleuse la partie qui analyse et de laisser place à la partie qui ressens. C'est quand même pas une chose compliquée à demander à un drogué, quand même ! :wink:

Au petit matin, quand t'iras t'assoir un moment au coin d'un feu, tu retrouveras ton individualité et ta lucidité. La communion béate s'amoindrira, tu prendras du recul, t'auras tout le loisir d'analyser. Mais le souvenir d'avoir partagé cette émotion si forte avec de complets inconnus restera gravé dans ta mémoire, et ils ne seront déjà plus des inconnus, mais une petite partie de ta famille. C'est ça qui est à la base de l'esprit de solidarité qu'on retrouve en teuf. C'est ça qui fait que tout le monde accepte d'y mettre du sien, chacun à son niveau, même si ça n'est "que" filer 50 cents à la donation ou remplir un sac poubelle de crasses et l'emporter avec soi en partant. Ce genres de petits gestes, au delà du respect et de la gratitute qu'ils témoignent envers le soundsystem organisateur, c'est aussi une façon d'affirmer qu'on est autonome, qu'on assume notre part de responsabilité, qu'on sait se prendre en main, qu'il n'y a pas besoin qu'un service de nettoyage passe après nous pour nettoyer nos merdes, ou que des professionnels de l'événementiel sans âme s'en foutent plein les poches sur notre dos en organisant des soirées pour le fric avec de la musique qu'ils ne respectent même pas. Et ça, le fait de pouvoir dire "on fait ce qu'on veut, où on veut, quand on veut, sans faire chier personne et sans rien demander à personne", c'est vachement grisant aussi, je trouve.

Et c'est ça qui fait qu'on ne me verra plus jamais mettre un pied à un tekos légal, encadré par l'Etat, et annoncé à TF1 (aaargh, hérésie!!). Je n'ai aucun plaisir à écouter de la tekno dans ce cadre-là quand il y a des fêtes libres chaque weekend. Small is beautiful. Less is more.
 
C'est ce que j'ai voulu te dire dans mon commentaire sur ton TR à la DXM... Etre plus chaotique, te lâcher, pas essayer de trouver tous ces repères et ces analyses qui au final te font plus redescendre sur terre qu'autre chose. Laisser aller, se donner à fond, s'oublier.

Le fait de tout noter, etc. ça va un temps, mais que vaut cet "apprentissage" si tu ne le dépasse jamais, si au final tu n'en fais rien ?

De manière générale tu essayes trop de "théoriser" tes trips. Pas la peine de se dire : je suis passé à côté de ça ou de ça, même pas la peine de dire quoi que ce soit en fait. Pas essayer/tenter/viser/chercher/obtenir quelque chose, juste vivre le moment présent tel quel, sans le chercher, sans essayer de l'apprivoiser ou quoi que ce soit d'autre.

Essaye pas de savoir à quoi ressemble l'esprit collectif, laisse juste les fenêtres ouvertes...
 
@Schtroumpfette: Yop je vois, j'ai bien compris le délire. Ça ressemble vachement à certains de mes trips où j'ai réussi à lâcher prise (lol, je sais lâcher prise quand même, les gens, j'analyse pas tout en permanence), juste ça se fait avec les gens, et c'est ça qui est nouveau pour moi.

Ouais, hého, les gars (et Tartopom au passage), la teuf là c'est le cas extrême: je suis passé complètement à côté et je me suis servi du cahier pour pas devenir cinglé, et j'ai tout noté pour comprendre après coup. Sur le coup je captais pas grand-chose, en fait je ramais pas mal, et ces techniques m'ont permis de rester moi. Ah, et c'est pas parce que je note les trucs en cours de route que j'analyse tout. En fait il y a une dimension de lâcher-prise quand je suis avec mon stylo sur le papier et que j'écris ce qui me passe par la tête, souvent sans réfléchir. Pour moi c'est quelque chose de valide, un outil qui me permet de garder une bonne trace de ce qu'il se passe dans ma tête.

C'est un chemin, quoi. J'écris tout, et ça me permet de me relire et d'avoir des retours de la part des autres psychonauts. Et avec le recul, ça me permet de mettre au point met set&settings, et au bout du compte je fais des progrès, et je suis super content, et je fais des câlins à tout le monde. Et vous en profitez, ha ha.

Le jour où j'atteintrais l'esprit collectif, vous verrez que je vous pondrai un de ces TRs, hé hé. Et maintenant que je récupère les témoignages, je comprends bien à quoi ça peut ressembler, et je pense que je pourrais l'atteindre sans trop de casse la prochaine fois, mettons au Hadra. Et ça va chier je vous dit, ouais, je vais décrocher grave.

Et j'ai bien compris ce que vous me dites, tous. Et je vous en remercie très chaleureusement.

*Distribution de câlins*
 
C'est cool, j'arrive à la fin pour la distribution de câlins (bon j'avais lu depuis longtemps, j'avais vu le lien dans « ce que vous aimez le plus, »).
Tout a déjà été dit, la petite demoiselle bleu t'as bien cerné le truc.
Consommation de substances psychoactives et transe fonctionnelle dans les fêtes techno Auteur Lionel Pourtau a dit:
La première jouissance d’origine psychotrope, cette sensation de plaisir maximalisée engendrée par les substances psychoactives, tout particulièrement par celles permettant la saturation des capteurs dopaminergiques, se fait sans point de comparaison. Elle ne passe pas par une réflexion langagière. Le langage crée le souvenir, un leurre que le sujet prend pour l’expérience extatique. C’est ce leurre qu’il va chercher à retrouver en reproduisant l’expérience mais, comme ce leurre n’est pas ce qui s’est réellement passé, il va être déçu. Le langage, l’intellectualisation le maintiendront toujours hors de cette jouissance originelle. L’exercice de la transe affaiblit la juxtaposition pensée/langage. Elle permet donc de s’approcher de la jouissance première.
Je voulais soulever cette aspect, pour prolonger l'analyse de schtroumpfette , Je me suis pris la tête à essayer de l'exprimer explicitement, puis j'ai lu le lien vers l'article de Lionel Pourtau, et franchement, c'est tellement clairement exprimé que je me contente de faire un copier collé, et de surligner en rouge ce qui m’apparaît comme étant vraiment essentiel. (en précisant seulement que je le relevais hors du contexte des technos teufs, que je ne connais absolument pas).
Je rajoute seulement que tu es un garçon intelligent, profond, honnête et sincère dans ta démarche .
Je te fais confiance pour ajuster le tir.
 
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