Bon, alors moi, j'arrive avec 30 posts de retard
[ou plutôt 80 -- newbie que je suis j'avais loupé 2 pages !] mais je m'intéresse tout de même !
"Beauty is in the eye of the beholder" (proverbe anglosaxon [
et titre d'un épisode fameux de "Twilight Zone" !]). Moi, je le trouve quand même vachement bien, le monde dans lequel je vis et je n'aurais voulu pour rien au monde échanger pour une autre époque ! J'ai lu ici plein de choses qui me semblaient bien vues et plein d'autres bien désenchantées et c'est tout de même le dernier
[le 30e] post de
Bijord qui reflète le mieux mon regard à moi.
La période est difficile parce qu'il s'agit clairement d'une transition, d'une "révolution" (
on a fait un tour, un cycle -- de 2000 ans ? -- est bouclé, faut passer à l'étage suivant de la spirale et comme disait l'un d'entre nous, c'est difficile de penser le nouveau quand on est tous encore un pied dans l'ancien !). Les problèmes ne proviennent pas du fait que le monde est devenu "inhumain" (
quelle tarte à la crème de la pensée paresseuse !) mais au contraire qu'il est
trop humain : les cadres sont tombés, notre civilisation a eu la ressource assez incroyable de tout "déconstruire" pour justement passer à du nouveau, les institutions, autorités, us, coutumes, traditions, processus initiatiques sont dévalués et les individus sont sommés de ressourcer tout ça, de "faire société" en partant de la base, et putain, c'est coton. Un humain qui n'est plus tenu par les coutumes, des institutions qui lui en imposent, un avenir assez bien tracé, un sens de son utilité, mais ça part dans tous les sens, bien sûr, ça projette, ça fantasme, ça s'interroge, ça délire, ça désespère !...
Le père de la pensée méditerranéo-européenne,
Socrate, instruisait le prince
Alcibiade, destiné à régner sur Athènes, qu'il importait de
"se gouverner soi-même pour pouvoir gouverner les autres". On retrouve deux thèmes qui courent sur ce fil mais qui ont été trop présentés comme antagonistes, s'excluant l'un l'autre. En réalité, ils se complètent, se suivent l'un l'autre... pour qui se sent l'âme d'un "leader".
Pester contre le monde et les autres, comme le post inaugural de Hatsu le faisait assez bien, sans être largement avancé dans le "gouvernement de soi" n'a pas de grande utilité. En cas de désorientation, il importe de bosser sur soi et de rester modeste tant qu'on n'a pas **à la fois** les critiques ET des propositions de solutions. Comme le recommandait le bon
Descartes, si on est perdu dans une foret, une seule solution rationnelle : choisir une direction et s'y tenir, continuer de façon cohérente dans le même sens... et on finit obligatoirement par sortir du bois (
et par se connaître soi-même).
Mais ceci bien compris, il est tout à fait digne et estimable de s'efforcer de "changer le monde", c'est-à-dire de contribuer à rectifier ce qui nous paraît devoir l'être. Si l'on en parle si souvent, si cela nous passe par la tête à tous, c'est que c'est aussi un des meilleurs moyens de donner un sens à sa vie. Et comme tout, c'est quelque chose qui se construit pas à pas, étape après étape, dans la patience et le sérieux.
☮ & ❤