J'voulais déjà poster ça l'autre fois, mais mon navigateur avait planté et j'avais perdu mon pavé, pas eu envie de tout retaper direct :
hatsu a dit:
Je sais que Don Fouinardo tu as fait un sevrage il y a peu, alors p'tete que tu peux nous en donner les détails?
Je sais pas si mon expérience est vraiment utile, sachant que j'ai consommé sur une période finalement courte (env. 1an), des doses "relativement faibles" et qu'avec le recul je trouve que mon sevrage n'a pas été si terrible que ça, mais je veux bien la partager.
En gros j'ai commencé à tourner à 0.5mg d'alprazolam (Xanax) par jour en milieu de l'été 2012, qui m'ont été prescrit pour de gros problèmes d'anxiété. Bien que connaissant les dangers des benzos je me suis dit "why not?" et franchement au début ça m'a vraiment fait du bien, car les symptômes de l'anxiété étaient vraiment soulagés. Le problème c'est qu'avec la tolérance, j'ai fini par ne plus ressentir ce soulagement et j'ai commencé à augmenter les doses jusqu'à 1mg par jour (1.5mg parfois) pour continuer à ressentir les effets bénéfiques. Arrivé au stade ou j'ai commencer à envisager à passer à 1.5mg par jour, j'ai ouvert les yeux et j'ai décidé d'arrêter les frais avant que l'addiction ne prenne trop d'ampleur.
Tout d'abord, je n'ai pas vraiment été aidé par le corps médical de 1 parce qu'il estimait que j'avais besoin de continuer ce "traitement" (perso j'appelle ça cacher la merde au chat) et de 2 parce que je n'ai obtenu pour ainsi dire aucune aide dans ma démarche de sevrage. J'ai du me battre pour que mon médecin remplace l'aprazolam contre une molécule à demi-vie longue, tout ce que j'ai pu obtenir étant des cachets de clorazepate (Tranxilium/Tranxène) dosés à 20mg (ce qui correspond à ~1-1.5mg d'aprazolam). J'ai donc du consulter les tableaux d'équivalence des benzodiazépines et ai du mettre en place mon propre plan de sevrage qui consistait à baisser le dose de ~10% tous les 10-15 jours. (Pas à coup de 2mg à chaque fois, mais genre 20mg - 2mg => 18mg - ~1.8mg => ~16.2mg etc etc).
Au niveau de la substitution ça s'est bien passé. Idéalement il faudrait introduire la nouvelle molécule sur plusieurs jours/semaines tout en réduisant progressivement l'ancienne, pour ma part je l'ai fait d'un coup et je n'ai pas eu de problèmes outre mesure, à cause des doses plutôt peu élevées je suppose. Pour la réduction des doses ça a très bien été au début et je suis descendu à 15mg/jour en quelques semaines sans trop de problèmes. C'est après que ça a commencé à se corser : Déjà probablement parce que mon seuil de tolérance était moins élevé que ce à quoi je m'attendais, mais aussi parce que ça devient difficile de doser quand il faut commencer à péter son tout petit cachet en 8, voire en 16. J'ai donc demandé une benzodiazépine à demi-vie longue sous forme de gouttes à mon médecin, tout ce que j'ai obtenu c'est un flacon de clonazepam (Rivotril, demi-vie courte, propriété anticonvulsives fortes, l'idéal pour un sevrage quoi...) que je n'ai même pas touché hormis une fois pour "goûter".
Au niveau des symptômes c'était classique sans être trop violent : Bon gros rebond d'anxiété, agitation psychomotrice, suées, insomnie, cauchemars, migraines, palpitations, douleurs/crampes musculaires, sensastions de
déréalisation les premiers jours qui suivaient une baisse de dosage (merci Hatsu, je ne ne connaissais pas le petit nom de ce symptôme-ci) etc etc. C'est devenu plus dur à supporter quand je suis passé en dessous de 10mg, car prendre de petites doses précises devenait quasiment impossible. Après plusieurs demandes (Diazepam en gouttes, agent suspenseur pour faire des suspensions à très faible dosage avec le Clorazepate, soluble dans l'eau, mais qui précipite en 10s) qui ont été systématiquement refusées, mon médecin a finalement accepté de demander à une pharmacie de me préparer des gelulles de clorazepate dosées à 1mg. Comme il n'était bien-entendu pas question de demander à la pharmacie à côté de chez moi qui a mon dossier de le faire, il a fait la demande à une pharmacie lambda dans une autre ville qui n'a rien préparé quand je suis venu chercher les gelulles, car "on ne me connaissait pas". Du coup je leur ai dit de laisser tomber et que je me débrouillerai, j'ai serré les fesses et je suis passé de ~2.5mg par jour à ~2.5mg un jour sur deux sur une 15aine de jours, puis j'ai finalement tout arrêté.
Lors de l'arrêt complet, je n'ai pas non plus eu de symptômes de sevrages suffisamment alarmants pour consulter, c'était la même que ci-dessus en un peu plus fort. Les derniers symptômes ont mis 4-5 semaines à disparaître complètement et je n'ai pas retouché le moindre benzo (hormis une fois pour une insomnie) depuis cet été. ^^
Bref c'est super vicieux les benzos, au début on se sent vraiment soulagé et c'est une fois que la tolérance commence à augmenter que l'on réalise que non seulement on est dépendant, mais que ces molécules ne sont que de pauvres caches misères sans aucun potentiel thérapeutique à long terme. Je remets pas en cause l'utilité des benzos pour une utilisation ponctuelle et dans des situations urgentes, mais en bouffer tous les jours c'est tout simplement signer pour une vilaine addiction et un séjour en pension complète à Zombieland. :/