Il est vrai que ce serait horrible de se poser systématiquement et bêtement la question "pourquoi est ce que je prends de la drogue ??" à chaque prise de drogue.
Cependant quoi qu'en disent certains, il y a toujours une raison, et déplacer cette raison, ou croire que cette raison est à un niveau purement superficiel ou encore confondre l'effet et la cause ("la drogue me fait du bien", "ça permet de décompresser", "ça fait voyager", etc) c'est se mentir à soi-même. Je pense qu'il vaut mieux ne pas savoir pourquoi que se mentir ou chercher des excuses. Si l'on se ment, on ne comprends du coup jamais la cause réelle et l'on permet à la boucle de se perpétrer; ainsi cela créé beaucoup des choses du genre que l'on décide d'arrêter, que c'est dur, qu'on galère à arrêter, qu'on a arrêté un temps et au final on en revient à se droguer, mais avec "bonne conscience" ("oh j'ai arrêté 2 mois, je peux bien reprendre pendant 2 mois encore").
Au final beaucoup d'excuses, mais aucune lucidité sur soi et le produit, et une boucle sans fin.
Je préfère que l'on dise très franchement qu'on se drogue parce qu'on en a besoin, ou parce qu'on sait pas, cela est vraiment sincère.
Se droguer parce que ça nous fait du bien, c'est induit dans le fait de prendre de la drogue, et si ce n'est plus le cas, alors la drogue a finalement pris le dessus sur l'être, mais les raisons restent les mêmes.
Je pense que lorsqu'on comprends vraiment le "pourquoi", on a plus besoin de prendre compulsivement de la drogue, seul ou pour se sociabiliser, ou pour triper à plusieurs. A ce moment la prise de drogue devient soit totalement inutile, car on a déraciné et changé en soi ce qui nous faisait prendre la drogue de cette manière, soit, si finalement dans cette prise de drogue on a vraiment trouvé 'quelque chose', on va utiliser la drogue comme outil initiatique ou outil de travail/méditation.
Dire que "l'on ne prends pas de drogue" est une aberration, étant donné que notre incarnation dans le monde physique nous oblige à nous droguer, à cause des limites de la matière : boire du café, du thé, des infusions de plantes, des huiles essentielles, des médicaments pour certains, boire de l'eau, se nourrir... ou hors de la consommation, faire du sport, avoir des rapports sexuels, Faire tout court en fait, avoir une activité que nous aimons et répétons, et faisons évoluer. La vie en fait
Perso je ne prends plus de drogue de manière compulsive ou sociabilisante depuis plus d'un an, suite à une magnifique prise de kétamine (paradoxalement!) où j'ai eu l'impression de passer à un stade complétement "autre". J'ai ainsi compris dans la racine la raison profonde qui m'amenait à prendre de la drogue et à revenir sans cesse dessus. Je pense que c'est une chose commune à tous les êtres humains, et nous sommes tous amenés tôt ou tard à le comprendre, par un moyen ou un autre. Bien évidemment, ceci ne serait pas explicable par de simples mots interprétables de 1000 manières, beaucoup s'y sont essayés sans succès.
Depuis j'ai repris 2 fois des champignons pour initier des amis à une prise profonde et saine de psychédéliques, et ai fumé de l'herbe plusieurs fois, le tout complétement différemment d'avant.
Je ne pense pas que lorsqu'on arrête totalement on a vraiment forcément compris les causes, car ce qui a une réelle valeur là dedans, c'est surtout la manière de le faire et dans quel but/direction, si cela touche quelque chose d'artificiel (donc sans but profond) ou d'authentique, si c'est compulsif ou pas, si l'on se donne 'bonne conscience' ou pas, etc. D'ailleurs j'ai rencontré beaucoup d'anciens drogués qui jugeaient les gens se droguant, ce qui est bien une preuve de leur amertume face à la drogue, donc d'une incompréhension personnelle face à cela.
Bien sûr, les mauvaises langues et les premiers à se mentir pourront aisément, et prendront un malin plaisir, à dire que je me donne 'bonne conscience' tout le long de ce que je dit, il n'empêche que tout ça ce sont des choses que j'ai vraiment compris, aussi évident que lorsque j'ai appris à marcher ou à nager étant enfant, et que cela fait bien longtemps que je ne me donne plus de raisons artificielles à ma prise de drogue.
D'ailleurs, lorsque je me droguais beaucoup, je le faisais en mode "rien à battre", sans limites, parce que la drogue c'est psychédélique, et que plus t'en prends plus t'en as ! Puis à force j'y ai trouvé des choses à vraiment explorer en y mettant des mots dessus, j'ai bouclé dessus, et ai fini par sortir de la boucle (et entrer dans une autre certainement) compulsive. Pour cela je me suis aidé d'autres pratiques, comme la musique, la méditation, les plantes. D'autres drogues, en somme.