J'ai tout lu, mais je ne vais pas m'amuser à faire des quotes pour l'instant, trop fastidieux, je vais me contenter de parler de ce que j'ai vécu.
Premier trip, un demi-carton dans la gueule à l'internat et bouffe. Regardes le monde. Regardes toi. Ah ouais. Finalement tout n'est pas si moche. Finalement je ne suis pas si malheureux, puisque je suis. Ah ouais. Je suis au milieu du tout, et cela me suffit.
Mais voilà, une nouvelle porte est ouverte et elle ne compte pas se refermer de suite. Une nouvelle voie d'exploration. Une motivation. Et c'est parti. Divers trips à l'acide, j'apprends petit à petit que tout est exploitable, tout est source de "beauté". Tout a un potentiel, tout est fun. De cette brindille d'herbe aux comportements humains. Tout est analysable, tout est relié. Mais du coup, une chose devient sûre : rien n'est établi, tout est en mouvement perpétuel, et surtout la pensée, vu que c'est elle qui définit ma vision du monde. Ainsi, tout ne devient qu'éternelle remise en question. Du monde, de moi-même, de ma vie.
"Si tout le monde prenait des champis en même temps, on changerait le monde". Oui mais ce n'est pas le cas.
Quelques années se sont écoulées, à base de lsd, dxm, champis, puis découverte des opiacés. Facile de s'enfermer, couper du monde. Un monde qui ne semble rien vouloir offrir, malgré sa potentialité. Coup dur. Remise en question après quelques excès de trop, arrêt temporaire du cannabis, et surtout, redéfinition de ma consommation. Même si cela faisait six ans que je fumais quotidiennement, je me suis rendu compte que je ne devais pas centrer ma vie autour de ça, il s'agit là d'un plaisir et non d'une dépendance quelconque. J'arrive à avoir le recul nécessaire pour m'en détacher très facilement. Mais cela ne m'empèche pas de continuer à fumer encore aujourd'hui, et même plus qu'avant, seulement pas de la même manière, pas avec le même regard.
Les mois passent et moi, je vis ma vie comme un roman, pensant chaque scène que je vis comme si je l'écrivais. Grosse peur, l'impression de ne plus être acteur de l'instant. L'Instant. Aah, j'ai l'impression que tout est là, dans les psychés, vivre l'instant au maximum de ses capacités et possibilités. Je fais l'Hadra, et ces gouttes me le prouvent (oui, j'ai calculé qu'il n'y en avait pas qu'une, ça ne coule pas sur la main comme ça en fait, normalement) : je ne pense pas, parce que je n'ai pas besoin de penser. Je suis à ma place. Physiquement parlant, mentalement parlant. Je suis juste réceptacle du spectacle qui s'offre à moi et suis les chemins. Là où je dois être. La trance devient une véritable révélation, quant à sa capacité à tirer une émotion des plus enfouies pour la faire revenir petit à petit, jusqu'à son analyse, et son acceptation. Le roulement de la vie.
Puis nouvelle année à Stras et je me rends compte que c'est possible, vivre autrement. Une expérience du squat beaucoup plus motivante que ceux que j'avais pu voir auparavant, je prends conscience qu'il est possible de vivre sans argent. Je n'y prends pas réellement part mais tout ça me fascine. Et, d'un autre côté, je découvre les rcs. Et là, plus rien n'est pareil, une telle accessibilité à la drogue...
Je plonge sans m'en rendre vraiment compte dans une conso de plus en plus fréquente, au départ pour le test, ensuite... Parce que je n'avais plus rien à faire de mes journées, plus d'envies. Gros passage quotidien à la mxe pendant presque trois mois. La journée, je vois les gens qui passent à mon appart, et le soir, je me réfugie dans ma chambre et m'envole vers des univers complètement nouveau, des mondes d'entités puissantes où je ne suis rien, particule infime dans un monde d'univers parallèles si complexes... Indéfinissables et incompréhensibles. Puis la journée, aussi, je teste des psychés aussi, des combos en tout genre. Je deviens soudainement un être frêle et qui ne sait même plus pourquoi il est là, pourquoi il se drogue, pourquoi... Solitude. Mes potes sont à Lille, moi je suis là. J'ai saisi trop de nouveaux concepts au vol, tout est redéfini.
Ainsi, je suis persuadé de plusieurs choses : nous vivons dans plusieurs univers simultanés, qui se croisent parfois. Les psychédéliques sont ainsi des clés pour accéder à une partie de ces univers, chacun étant en quelque sorte une voie vers une galaxie précise, dans laquelle on peut explorer un millier de choses différentes, mais qui auront toujours une base bien à elle. Vous me suivez ? Les champis montreront des mondes différents mais avec leurs principes, le lsd avec un autre principe...
Je pense aussi que le monde dans lequel nous vivons est une boucle géante, la théorie du trou noir/machine à remonter le temps qui aspire le monde pour le recréer. D'où les déjà-vu itou. Puis j'ai remarqué aussi que les valeurs des psychédéliques ne sont pas véhiculées que par ces derniers, non. E prends l'exemple des séries, bien que parfois niais, il y a aussi la plupart du temps ce message du : "il faut avancer,
faire le bien". Dans la littérature aussi, une volonté d'évolution, en fait.
Mais, même si ces choses là sont profondément ancrées en moi, je ne les laisse pas affecter mon quotidien non plus. Ce sont des théories, personnelles, auxquelles j'aime réfléchir, mais je ne m'y torture pas l'esprit non plus.
Et alors, y'a eu
cette fois au lsd. Où il s'est passé quelque chose de vraiment différent, je devenais le créateur de mondes, aux possibilités infinies. Et depuis, on ne va pas dire que ça ne cesse pas, mais c'est presque ça. J'ai eu l'occasion de prendre principalement du lsd et de la k depuis, et je me retrouve maintenant dans un contrôle parfait, l'impression d'être "à ma place", et de devoir agir en fonction de ça. Je suis capable d'influer sur le monde dans je suis sous psychés, et j'en ai vu des applications concrètes dans la vie, via les squats, via la trance, certains modes de vie, et je me dis que je dois faire partie de ça, et y influer quelque chose. Prendre un peu les rennes, maintenant que je pense en être capable. Me reste juste à trouver un déclencheur.
La dernière fois, je me suis dit qu'au final, ce n'était pas si facile de vivre sa vie au rythme des psychédéliques. Qu'en fait, prendre tout ça en compte relevait à partir d'un moment plus du défi que d'une évidence. Au départ, les premières fois, ça saute aux yeux. La Vérité. Puis après, tout devient plus complexe. Rien n'est établi. Le vrai, le faux... Les notions de Réalité, de Sain d'esprit ou de Folie ne tiennent finalement pas à grand chose. Qu'est-ce qui prouve, dans le fond, que je ne me suis pas endormi là-bas, et dans un rêve actuellement ? Pas grand chose, mais ce que j'ai là est cependant ce que je possède de plus tangible, alors oui, j'essaie de ne pas me torturer l'esprit avec.
C'est marrant tout ça, ça me fait penser au faux débat qui agite le forum, hippie vs polytox. Bon ne nous y attardons pas plus hein, mais je me dis que c'est ptetre juste une différence sur la façon dont on laisse les psychédéliques entrer dans sa vie. Oui, au début c'est facile de se laisser bercer, après, il faut comme faire un choix entre suivre cette voie "pleinement" -d'une quelconque manière- ou choisir de la vivre en minimisant les conséquences. Après tout, ce ne sont là que des drogues agissant sur notre cerveau.
Il y a aussi eu ces quelques fois dernièrement, sous champis, où je n'ai même pas ri, presque pas parlé, à cause de quelques signes, quelques regards, gestes, où je me suis rendu compte que j'étais peut-être trop concentré sur la volonté de chercher l'extraordinaire, plutôt que de le laisser venir à moi de par l'environnement. Trop à penser. J'ai décidé de faire une pause, et ça n'a que moyennement tenu, vu que j'ai repris du lsd et de la k, mais cette fois dans de bonnes conditions, dans un équilibre parfait, contrôle de soi et du monde. Mais encore une fois, tout ne tient qu'à un fil pour ne pas suivre le rythme psychédélique, ne pas se droguer tout le temps. Vivre le psychédélisme autrement que par la drogue. Parce que quand t'arrives au point où tu crois que toute la teuf t'en veux personnellement, ou que la pensée s’enchaîne en un complexe "ça me fait rien" -absurde mais qui, sur le coup, semble tellement plausible- alors que c'est juste que je ne me laisse pas assez porter, trop concentré sur le truc ; ouais, ça c'est peut-être pas bien. En tout cas, c'n'est pas de cette manière que je veux vivre le truc, reste juste à combattre cette foutue compulsion.
Ouais c'est ptetre un peu déconstruit tout ça, je laisse ce texte e suspens depuis pas mal de temps et j'écris quelques phrases par ci par là.. Je ne sais plus trop où je voulais en venir avec ça, mais tant pis, après tout.