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Le topic littéraire, aka "ABDC... Non, merde..."

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Pour le Désespéré c'est vrai. D'ailleurs l'édition vendu est tout à fait immonde je trouve. Puis c'est de toute façon inexorable que de tels écrivains demeurent dans l'oubli. Tant mieux sans doute oui. D'ailleurs j'suis souvent étonné que Céline soit autant lu par exemple.
Donne moi des nouvelles de Darien quand tu l'auras lu :)
 
Pour le Désespéré c'est vrai. D'ailleurs l'édition vendu est tout à fait immonde je trouve. Puis c'est de toute façon inexorable que de tels écrivains demeurent dans l'oubli. Tant mieux sans doute oui. D'ailleurs j'suis souvent étonné que Céline soit autant lu par exemple.
Donne moi des nouvelles de Darien quand tu l'auras lu

Un petit extrait pour faire saliver :

" Ces socialistes, ces anarchistes !… Aucun qui agisse en socialiste ; pas un qui vive en anarchiste… Tout ça finira dans le purin bourgeois, Que Prudhomme montre les dents, et ces sans-patrie feront des saluts au drapeau ; ces sans-respect prendront leur conscience à pleines mains pour jurer leur innocence ; ces sans-Dieu décrocheront et raccrocheront, avec des gestes de revendeurs louches, tous les jésus-christ de Bonnat. Allons, la Bourgeoisie peut dormir tranquille ; elle aura encore de beaux jours…."
 
Oh yeah, commande passée sur Mamazone.

Concernant Céline, bah d'une part c'est "le plus grand" (ça veut rien dire, faudrait avoir tout lu pour affirmer ça) et puis les gens lisent surtout le Voyage (qui pète sa mère sévère hein, c'est pas le sujet). Perso c'est une masse un peu effrayante, alors je me la fais dans l'ordre et en prenant le temps. Cette année j'ai lu Mort à Crédit, et ayant boulé les dollars nécessaires à l'envoi de la superbe édition québécoise, dès que j'ai le temps et la motivation, c'est parti pour les "Ecrits Polémiques" :mrgreen:.
 
C'est surtout compliqué de comparer par exemple Céline et Proust. Une littérature qui n'a ni les mêmes formes, ni le même fond, ni les mêmes aspirations. Mais justement je me demandais pourquoi le Voyage plaisait autant ( c'est probablement un de mes livres favoris hein ! ) ; mais comment le banquier qui se rend à son boulot, le cadre supérieur qui mène une vie déjà écrite ( etc etc ) peut-il apprécier un tel bouquin ? Ou alors c'est juste pour dire "j'ai lu, j'ai aimé, j'ai de la culture" ? Moi j'aime quand Artaud parle de littérature des tripes, je trouve que c'est une idée importante. Qu'on ne peut pas juste lire un bouquin et passer à un autre, que le livre c'est une chair vivante.
Sinon pour Céline j'essaye aussi de suivre l'ordre. Bon j'ai manqué Casse-pipe. Mais mon prochain sera D'un château l'autre. Ses écrits polémiques ? Tu parles des pamphlets ? Je ne peux que te déconseiller. J'ai pu mettre la main sur l’École des Cadavres et franchement même si le style est là c'est imbuvable.
 
Bwarf, mon rêve bourgeois étant d'avoir une hénaurme bibliothèque, il lui faut bien un enfer et du coup tout ce qui peut être un tantinet borderline m'intéresse. Pis j'peux crâner auprès de mes potes - vu que la réimpression des pamphlets est encore interdite en France - sans avoir eu à sortir des centaines pour en trouver des vieux exemplaires en mauvais état ou en me pliant aux exorbitants tarifs des éditions de la Reconquête.

Et le succès du Voyage s'explique facilement : Céline a connu le succès de son vivant et dès ce premier roman, et il appartient à la dernière génération d'écrivains français (à peu de choses près) à avoir bénéficié de l'aura internationale qu'avait notre langue jusqu'à la moitié du vingtième siècle, c'est donc vite devenu un classique. La littérature étant par ailleurs aussi une industrie et un divertissement (oui, elle élève l'âme étou étou, mais y a toujours des histoires de sous derrière), le Voyage fait partie de ces valeurs sûres que les gens continueront à acheter et à lire, quelque part avec Le Père Goriot, Candide et Les Liaisons Dangereuses. Ne jamais oublier l'aphorisme de Baudelaire "Qu'est-ce que l'art ? Prostitution".

D'ailleurs, le drame de la littérature française contemporaine et sans doute celle des siècles à venir, c'est que nous sommes là comme dans bien des domaines un pays en déclin après avoir été la Lumière du Monde du Moyen Age jusqu'à la seconde guerre mondiale. Il n'y aura plus de Balzac, non pas qu'il n'y ait pas de gens au niveau, mais parce que le rayonnement international de nos lettres à l'heure actuelle, c'est plus trop ça. Y a Houellebecq, quelques auteurs de littérature populaire (Grangé, Werber...) et deux-trois trucs un peu plus intimistes qui sont traduits et lus à l'international, mais le mythe français du grand écrivain est mort. Aujourd'hui les grandes littératures seraient sans doute plus à chercher en Amérique (Sud comme Nord), en Europe de l'Est... Et il y a sans doute des romanciers mongols ou kenyans qui déchirent ! En France, nous sommes condamnés à être des curiosités pittoresques tout au plus. C'est peut-être pas plus mal, qui sait ?
 
Tout de même il y a une différence considérable entre la portée du Voyage et celle de la plupart des classiques, une violence et anti-conformisme bien plus exubérant. Que le Voyage soit une "valeur" c'est là ce qui est étonnant car c'est précisément ce qu'il démolit. Mais nous ne sommes pas à une contradiction près, à dire qu'un personnage comme Sarkozy par exemple place l’œuvre de Céline au-dessus de tout et s'en éloigne malgré tout dans sa vie personnelle et publique. Bref il y a ceux que la littérature ne fait qu'effleurer.

Mais pour la bibliothèque j'approuve évidemment. Ma chambre la supporte très mal jusqu’ici ^^

Au-delà du rayonnement des lettres françaises c'est le rayonnement des thèmes français qui peut être à déplorer je crois. Pendant qu'on se perdait dans le Nouveau-Roman ( que j'admire autant que j'abhorre ) la littérature américaine n'a cessé de s'étendre et d'autres littératures également. Puis aujourd'hui on a beaucoup trop d'"écrivains-reliquat", qui vivent sur les restes des Proust, des Beckett, des Céline etc etc Mais à ce sujet j'aime à être naïf, croire en un souffle nouveau.
Tout ça me fait penser qu'il est grand temps que je m'intéresse plus à la littérature internationale : sud-américaine, asiatique, africaine. J'en suis un complet ignorant.

Sinon j'en suis à la moitié du Dracula de Stoker ; génialissime !
 
machinalaver a dit:
Mais justement je me demandais pourquoi le Voyage plaisait autant ( c'est probablement un de mes livres favoris hein ! ) ; mais comment le banquier qui se rend à son boulot, le cadre supérieur qui mène une vie déjà écrite ( etc etc ) peut-il apprécier un tel bouquin ? Ou alors c'est juste pour dire "j'ai lu, j'ai aimé, j'ai de la culture" ? Moi j'aime quand Artaud parle de littérature des tripes, je trouve que c'est une idée importante. Qu'on ne peut pas juste lire un bouquin et passer à un autre, que le livre c'est une chair vivante.

Putain ça me fait plaisir de lire ça ! Enfin plaisir ... je me sens moins seul quoi. Petit je me demandais comment les mecs des librairies, censés avoir beaucoup lu, pouvaient avoir l'air si peu profonds, si normaux. Enfin je suis peut-être pas tombé sur les bons. Pareil pour les profs de français, les gens dits "cultivés". Et aujourd'hui même constat, le peu de lecteur que je connais, j'ai l'impression qu'ils touchent la surface mais jamais la moelle. Ça les effleure comme tu dis. Ou peut être vivent-ils en totale contradiction avec leur pensée.
 
Certains d'entre vous sont inscrits sur un site "littéraire" ? Du genre Babelio ?
 
Putain, pourquoi je choisis de répondre à ce genre de topic quand je suis sur tablette chez mes grands-parents... En tout cas les gens, vous m'avez parlé de Céline avec tellement de grâce que je m'y suis mise il y a deux mois, au Havre, la tête dans le cambouis.... Un des bouquins qui m'a le plus marquée, dans une période de la vie assez sombre... Bouquin pour les mois d'hiver, l'odeur de pisse au lavomatic, bouffe de merde et solitude, jours qui raccourcissent et désillusions sur l'humain, bref c'était parfait ! Et machinalaver, quand tu parles des "tripes" d'un bouquin, je te suis totalement, surtout en ce qui concerne Le Voyage, c'est clairement charnel comme machin.
Autrement, là je suis dans les Becket, me mange L'innommable en ce moment (trop abstrait, je sens qu'il faut que je me bouffe un gros gros gros trip disso pour y capter à quelque chose). En tout cas Becket c'est de la grosse grosse littérature psychonautique, très dissociative, absolument, expérience de mort, jeu sur le moi, sur ce qu'on crée, gros voyage dans le brain du createur, c'plutot kewl.
 
Céline c'est couuuule! Il a des grandes paluches et te gifle.
 
LA FABRIQUE EDITIONS - nos amis

Eh ben, cette baffe que c'est ce bouquin.

Quelques extraits, mais je pourrais en partager un paquet d'autres :


Quelques idées développées dedans :
Ce sont les structures qui nous gouvernent, nos gouvernements ne servent déjà plus à rien sinon à protéger le status quo (punir la révolte).
Rien ne sert de réclamer la liberté, la liberté "permise" n'existe que dans le cadre de l'asservissement accepté.
 
c'est du comité invisible! 10 ans après l'insurrection qui vient j'crois. c'est les mecs du tiqqun et cie.
je l'ai vu l'autre jour en librairie j'ai hésité, mais vu que j'ai une pile grosse comme ça de bouquins à lire, préfère attendre avant de me replonger dans le bain politique tu peux faire un petit topo dessus ? :smirk: enfin genre les quelques idées clés ;)
 
En plus de ceux que j'ai donné ci-dessus (en espérant avoir bien compris et synthétisé) :
- Une réflexion sur le pacifisme et la radicalisme (au sens du radical pour être radical), deux extrêmes qui n'ont pas de réel sens, qui n'existent que pour contrer l'autre. La vie dans son intégralité est une guerre, ainsi il faut juste partir en guerre de la manière la plus réfléchie qui soit, sans s'enfermer dans la non violence ou au contraire le radicalisme. Ce ne sont que des outils.

- Une très belle explication de pourquoi on ne doit pas s'enfermer dans des structures (syndicat, association, groupuscule) mais juste vivre notre éthique à plein temps, vivre comme on sent devoir vivre et répandre nos idéaux autour de nous. Parce que nous ne sommes pas différents de la population, en tant que masse inerte et docile mais que nos voisins sont autant d'anarchistes potentiels que nous et que la révolution n'aura lieu que lorsqu'il y aura assez de révolutionnaires..

J'aime beaucoup ce dernier point, car si le livre arrive très bien à justifier l’insurrection armée, je n'y vois à l'heure actuelle aucune voie pour moi. Je ne vois pas l'intérêt direct que j'aurais à faire péter quelque chose. En revanche, mon projet de vie porte en lui les graines de la révolution que je souhaite. Tous ceux qui verront notre exemple, qui comprendront que la réalité n'est que ce que nous en faisons, seront autant de résistants et autant de révolutionnaires. Pour cette raison, il importe de ne pas céder au communautarisme et de vivre pleinement nos valeurs humanistes, d'aller aider nos voisins, d'échanger avec eux, d'ouvrir des lieux de débats et de vie, alternative mais surtout bonne et belle.

edit : http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/291014/comite-invisible-la-revolution-au-xxie-siecle
cet article là détaille bien une partie des idées du bouquin et en fait une très juste critique.
 
Tu m'as donné envie Sludge. D'autant que c'est plus ou moins dans la lignée de mes lectures actuelles. Là je viens de terminer L'évidence absurde de Daumal ( ce mec est juste fascinant ), recueil de textes/chroniques/essais, très inégal mais salvateur d'un point de vue personnel. Toujours une petite citation, j'aime bien :

" « Mais l'homme expérimente que s'il ne fait aucun effort, il perd peu à peu la notion même de son existence. Il agira donc. Il ne peut faire ce qu'il a voulu. Mais il voudra ce qu'il fait. Etant, il veut persévérer dans l'être, il veut se connaître progresser selon sa nécessité propre. Connaître et vouloir sont un pour lui. Il n'a pas l'inconcevable libre arbitre qui lui permettait de « choisir » entre deux contingences. Mais il tend à se libérer de toutes les contingences. »
 
machinalaver a dit:
Tu m'as donné envie Sludge. D'autant que c'est plus ou moins dans la lignée de mes lectures actuelles. Là je viens de terminer L'évidence absurde de Daumal ( ce mec est juste fascinant ), recueil de textes/chroniques/essais, très inégal mais salvateur d'un point de vue personnel. Toujours une petite citation, j'aime bien :

" « Mais l'homme expérimente que s'il ne fait aucun effort, il perd peu à peu la notion même de son existence. Il agira donc. Il ne peut faire ce qu'il a voulu. Mais il voudra ce qu'il fait. Etant, il veut persévérer dans l'être, il veut se connaître progresser selon sa nécessité propre. Connaître et vouloir sont un pour lui. Il n'a pas l'inconcevable libre arbitre qui lui permettait de « choisir » entre deux contingences. Mais il tend à se libérer de toutes les contingences. »

Ouuuuuuuais Daumal. Je recommande aussi. Pour le personnage et ses bouquins, le contre ciel (c'est ses poèmes, et ça envoie du bois!) le mont analogue duquel s'est inspiré Jodo pour son film The Holy Mountain (un de mes films préférés héhé) et aussi la grande beuverie qui un basculement de taré dans un autre monde.

De plus y'a tout Le Grand Jeu qui doit être cool à lire avec son pote.... Roger Gilbert Lecomte

« Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu'une fois. Nous voulons le jouer à tous les instants de notre vie. »


pareil un autre auteur vachement prenant:
La vie l'amour la mort le vide et le vent, c'est un de ses recueils de poèmes qui vient de sortir récemment aux éditions Prairial, Artaud en a tiré un article lisible ici
et aussi Mr Morphée, un grand grand livre sur la came.
 
Le mont analogue c'est ma plus grande frustration littéraire, ce putain de livre qui s'arrête sur une virgule. J'ignorais que The Holy Mountain en était une adaptation ( du coup je vais peut être arrêté de retarder le visionnage de ce film ^^ ). La Grand beuverie c'est du génie à chaque page, c'est visionnaire de partout, contre l'inutile progrès matériel de l'humain qui perd son autre part, spirituelle.
J'veux me lancer dans Gilbert Lecomte bientôt ( en fait à la base je devais faire mon Master sur ces deux-là. Bon finalement je ne fais rien parce que l'idée du master de lettres ne m'intéresse plus du tout ) même si ses bouquins sont plus compliqués à trouver. Plus cher. Faudrait que j'aille voir au marché du livre au parc georges brassens !
Bah après Daumal j'ai du mal à en parler encore, c'est grand, si grand et si vaste qu'il va me falloir du temps pour digérer un peu. "Désapprendre à rêvasser. Apprendre à penser."
 
de même j'ai encore du mal à mettre des mots dessus. je n'ai pas encore la maturité nécessaire, le recul ou la folie de la fascination. mais le principal c'est que ça a fait mouche et je sais que j'y reviendrai un jour ou un autre (pour le moment j'suis focalisé sur le cinéma de guy debord, j'dois faire un mémoire dessus là ainsi toutes mes lectures sont orientées en ce sens)

C'est où ce parc ? il consiste en quoi ? y'a plein de livres pas chers ? moi les livres j'adore ça :heart:

n'empêche que vas-y fonce, the holy mountain c'est ouaahhou :heart::heart::heart::heart::heart: boum badaboum, la vie.

je conçois, j'y concède, ce message est écœurant.
 
Je te réponds en mp pour ne pas trop flooder. Mais concernant le marché au livre du parc georges brassens ( pour les parisiens ) c'est tous les week-end. Metro convention ou porte de vanves. ;)
 
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