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Le topic littéraire, aka "ABDC... Non, merde..."

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Guest
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Choux a dit:
Je l'ai lu aussi et j'avoue que je me demande aussi si tout est vrai. Ça me parait carrément gros des fois quand même.
Mais à quels moments ? Ou comment ça ?
Ce sont des scènes particulières qui te font dire ça, ou c'est le tout ensemble ?

J'ai pas lu la fin, alors à moins que j'ai loupé un truc ou le mec a des super pouvoirs, j'ai trouvé ça tellement vrai (à 98%+) !
 
Je me rappelle pas vraiment, je l'ai lu il y a longtemps mais il y avait pas mal de choses que j'avais trouvé vraiment exagéré... à se demander si c'était humainement possible, notamment les quantités faramineuses d'opium qu'il s'envoie en shoot en quelques jours à la fin quand il veut aller mourir dans les montagnes... Je me rapelle plus des chiffres mais c'est clairement abusé... Et puis de l'opium quoi, je sais pas si il existe un produit plus sale que ça à s'injecter, les résidus végétaux et la bouillie que ça fait dans la pompe, que des mecs le fasse je veux bien mais j'ose pas imaginer les abcès et infections pour celui qui dit se faire plusieurs dizaines de shoots par jour dans des conditions d'hygiène déplorables telles que décrites dans le texte...

Il y avait d'autres choses qui m'avaient semble suspecte, la description des effets de certaines substances m'avaient laissés perplexe mais je me souviens plus de quoi exactement pour être plus précis, je l'ai lu il y a plus de 10 ans et le récit ne m'avait pas vraiment marqué, c'pas de la grande littérature non plus quoi...

Après il se dit que Duchaussois n'aurait pas vécu le quart de ce qu'il raconte et qu'il aurait piqué les histoires de nombreuses personnes qu'il a rencontré sur la route et les auraient reprises à son compte, il y en avait quelques-uns qui avaient mal pris le fait de retrouver leur vécu dans son bouquin paraîtrait-il...


Edit : Ah oui... le moment où il s'improvise médecin dans le village de montagne... Nan mais WTF !? Crédibilité zéro !

Et le gars est accro à mort à la morphine mais le LSD est la drogue la plus dangereuse du monde car il a pas trop trop géré la phase introspective... mouais...
 
Tout pareil. J'ai cette même impression. J'ai plus la sensation qu'il a repris des choses qui ce sont produites dans la vie d'autres personnes. Et puis je trouve que sa démarche est peu expliquée. Du coup je me dis que c'est juste un type qui a voulu se faire de l'argent et se droguer. Mais cela aurait été intéressant qu'il explique ses motivations plus en détails.
 
Ouais voila comme dit plus haut c'est surtout le passage dans la montagne et la description de certains effets qui me font douter. Pour le reste c'est quand même crédible, ça existe les gens qui ont des vie de dingue ! J'aime penser que tout est vrai quand même, juste pour la légende :)
 
Trumbleweed a dit:
Je me rappelle pas vraiment, je l'ai lu il y a longtemps mais il y avait pas mal de choses que j'avais trouvé vraiment exagéré... à se demander si c'était humainement possible, notamment les quantités faramineuses d'opium qu'il s'envoie en shoot en quelques jours à la fin quand il veut aller mourir dans les montagnes... Je me rapelle plus des chiffres mais c'est clairement abusé...

Pour l'opium, je connais vraiment pas le produit. Mais pour les dosages, j'aurais plus tendance à croire un mec qui dit l'avoir fais, qu'un mec qui dit avoir lu que c'était pas possible.
Et pour les effets.. Oh puis soyez cool avec lui, s'il s'est vraiment autant déchiré il a le droit d'avoir le cerveau qui divague le bonhomme ^_^
T'façon j'ai pas de vrai raisons de ne pas y croire + j'ai envie d'y croire = ça bouge pas, j'y crois :)


Niylah a dit:
Et puis je trouve que sa démarche est peu expliquée. Du coup je me dis que c'est juste un type qui a voulu se faire de l'argent et se droguer. Mais cela aurait été intéressant qu'il explique ses motivations plus en détails.
Ses.. motivations ? C'est quoi tes motivations à toi dans la vie ?
C'est pas.. faire des sous aujourd'hui pour mieux kiffer demain ? et.. vivre ? O_O
Ou alors c'est juste moi qu'ai pas de but dans la vie et je crains encore une fois^^


Tumbleweed a dit:
c'pas de la grande littérature non plus quoi...
Ok c'est pas de la "grande littérature", .
Mais je suis pas un "grand lecteur", il faut souvent que je relise deux fois les mêmes phrases avant de comprendre.. :(
Ce livre je le vois comme un trip. On sait avant même de commencer ou ça va nous mener, mais c'est l'instant T qui importe.
Et c'est tellement simple à lire, que j'ai pu profiter du voyage pleinement.

Alors toujours ok, pas de "grande littérature", mais une "auto-biographie" qui m'aura carrément fait voyager, du grand Art !
 
SexyPanda a dit:
Pour l'opium, je connais vraiment pas le produit. Mais pour les dosages, j'aurais plus tendance à croire un mec qui dit l'avoir fais, qu'un mec qui dit avoir lu que c'était pas possible.

Si tu le dis... C'est vrai qu'un mec qui raconte soigner des abcès nécrosés jusqu'à l'os et ainsi éviter l'amputation à un villageois dans les montagnes népalaises avec pour tout instrument de chirurgie un couteau, des pansements et de la pénicilline a toute ma confiance et je bois ces paroles... :roll:

Navré, mais j'ai aucune sympathie pour les mythomanes, surtout ceux qui se font du pognon sur la crédulité des gens...

...et moi j'ai jamais vu d'opium de ma vie, j'ai juste lu quelque part...

SexyPanda a dit:
Ok c'est pas de la "grande littérature", .
Mais je suis pas un "grand lecteur", il faut souvent que je relise deux fois les mêmes phrases avant de comprendre.. :(
Ce livre je le vois comme un trip. On sait avant même de commencer ou ça va nous mener, mais c'est l'instant T qui importe.
Et c'est tellement simple à lire, que j'ai pu profiter du voyage pleinement.

Alors toujours ok, pas de "grande littérature", mais une "auto-biographie" qui m'aura carrément fait voyager, du grand Art !

Ah ben oui tiens... et sinon y a la série des Oui-Oui aussi qui est facile à lire et qui fait voyager... :mrgreen:
 
Tiens j'ai pas le souvenir qu'il s'injectait de l'opium. Plutôt de la morphine ou héroïne pure non qu'il allait chercher chez le docteur expéditif là, non ?

Il a parlé de gens qui se sont injecté du hashish à un moment dans son livre. Et de gens qui s'injectaient du whisky et qui en sont mort.

Sinon dans les montagnes ce qu'il raconte c'est que la médecine locale empirait la situation, qu'il lavait les plaies et donnait des doses d'antibiotiques. Est-ce si incroyable que ça ?

M'enfin pareil ça fait longtemps, j'étais jeune quand je l'ai lu du coup ça m'avait bien fait rêver. Il raconte quand même l'histoire d'une partie de sa génération qui est allé "se perdre en orient". Là où toutes les drogues étaient légales et où un peu d'argent français te mettait direct dans la classe sociale la plus élevée. La légende dit qu'il est mort peu de temps après avoir écrit son bouquin, à Clamart près de Paris.

Dans le genre y'a un autre livre là, attendez que j'me rappelle du titre... Sur les chemins de Katmandou, je crois!
 
@Lotre : Tu peux le trouver facilement en pdf... J'ai survolé vite fait et j'ai trouvé ça mais je me rappelle qu'il y est fait mention d'opium en IV de nombreuses fois :

Mais déjà page 11, juste pour rire :

« Alors, il a fallu tricher, replanter du haschisch. Je te montrerai demain. » Le lendemain, Ali m’emmène sur les espaliers. Nous nous approchons d’une plantation de tournesols. Ils ont bien deux mètres de haut et les fleurs sont très grosses. « Viens », me dit Ali en pénétrant entre deux rangées de tournesols. Et là, je vois, entre les plantes géantes, une rangée d’autres plants, bien cachés. Cela ressemble un peu à des plants de pommes de terre. Au bout de chaque plante, il y a une fleur assez grosse, un peu pareille à une marguerite, avec des pétales blancs. Ali en caresse une.
« Il sera bientôt mûr. Feras-tu la récolte avec nous ? — Bien sûr, Ali, je veux tout apprendre. »

J'aime bien sa description des "plants de haschich"... :weed: Heeeuuu... il a déjà vu une plante de cannabis ce gars ? Oô

Page 213 :

Une crispation d’énergie me prend. Je me tourne lentement sur ma couche et j’ouvre ma réserve de drogues. Je n’en ai plus beaucoup. Au rythme de shoots où je suis, dans huit jours, dix au plus, je n’aurai plus de quoi me camer. Alors, la mort dans d’atroces souffrances… Je prends vingt ampoules de méthédrine et je les mets à part. En ampoules, ce sera plus facile. J’ai une grosse seringue. En trois ou quatre fois, je me serai tout injecté. À condition de résister au premier flash. Ce sont mes dernières cartouches. Je les range avec d’infinies précautions. Puis, je prends ma boulette d’opium, et je me fais ma cuisine. Un peu de bien-être m’apaise l’âme, tandis que le liquide noir s’enfonce dans mes veines. Pourquoi ne me laisse-t-on pas mourir en paix ?

2 pages plus loin :

J’en suis arrivé à un tel état de fatigue que me shooter est, chaque fois, un effort surhumain. Mais le besoin est le plus fort. Je me soulève sur les coudes, je me penche sur mon nécessaire à opium, je prends une boulette, ma cuiller, j’allume mon réchaud (j’ai trouvé de l’alcool au tea-shop). Tout en travaillant ma boulette sur la flamme, je jette un regard à la porte.

Page 214

Il ouvre un paquet. Il en sort quatre épis de ganja (la ganja se présente, je le rappelle, en cylindres enveloppés d’herbes sèches que l’on dépiaute comme on dépiaute les feuilles d’un épi de maïs pour le mettre à nu) et me les montre. Il y en a un bon kilo. Je réfléchis. Avec ça, je peux gagner, en fumant à mort, assez fort pour remplacer les shoots, huit jours de vie. Je veux mourir sans doute, mais on ne refuse pas huit jours de plus.


Ahahahahahahahahaha ! Remplacer morphine et opium par de la beuh ? Et en fumer 1kg en 8 jours ? Mais bien sûr...

Concernant les soins :

Page 190 :

On vient de m’amener un type d’une trentaine d’années qui a l’oreille droite, la joue et toute la base du cou, de ce côté-là, atrocement enflées. Dessus, un morceau de chiffon d’où bave l’éternelle mixture pourrie. J’enlève le « pansement » et je recule. C’est très laid. Le type a un abcès purulent à l’intérieur de l’oreille. Et l’abcès déborde sous le lobe, entre la mâchoire et la boîte crânienne. Il y a là une boule énorme marron avec des tâches blanchâtres, certaines éclatées, d’où suinte du pus. À peine je le touche que le type se cabre et gémit. Il est dans un état dramatique. Je ne me sens pas capable de le soigner. C’est trop risqué. Il peut me mourir dans les bras pendant que j’opère. Non, je n’ai jamais fait ça. Ce n’est pas possible. Je l’explique à mon interprète. Il prend l’air catastrophé. Les autres autour de lui (toute la famille du malade est dans la bergerie, des bougies à la main) regardent, muets. « Sahib, me dit l’interprète, il faut que tu le soignes. — Mais je te dis que je ne peux pas, je ne suis pas chirurgien. Je n’ai pas ce qu’il faut. » Il insiste : « Soigne-le… Tu dois le soigner. » Il se penche vers moi, parlant à voix basse comme si les autres pouvaient le comprendre. « Si tu ne le soignes pas, ils vont te tuer. » Je blêmis. D’accord, je veux en finir, mais comme ça, saigné dans le noir, dans un trou plein de fumier, non ! Ma mort, je veux qu’elle soit celle que j’ai choisie : en plein soleil, dans la neige, avec les cimes de l’Himalaya devant moi et une dernière orgie formidable de drogue. J’insiste : « Dis-leur, toi qui es allé en ville, qui sais mieux. Dis-leur qu’ils sont fous, qu’il y a des limites à ce qu’un homme peut faire. » Son regard se fait mauvais. Il serre les dents. Il grince. « Étranger, soigne-le, je te dis. » Bon, j’ai compris. Je n’ai pas le choix, il faut que j’y passe. En cas de malheur, celui-là au fond, avec son long couteau recourbé dans la ceinture, sera le premier à me frapper. J’étale donc devant moi ma trousse à pharmacie. Et je commence, toujours pour les mettre en confiance, à me faire mon shoot. Cette fois, il est vital. J’en ai sacrément besoin pour être le plus possible lucide. Je commence par la traditionnelle piqûre de pénicilline. Puis je donne au malade un paquet de somnifère. Au fur et à mesure, j’explique à mon interprète ce que je fais, et il traduit. Les autres hochent la tête à chaque phrase. Le type est bientôt K.O., presque endormi. Je demande quand même que trois villageois viennent le tenir. Aussi violente soit la dose de somnifère, elle ne remplacera pas la véritable anesthésie dont il aurait besoin. L’interprète traduit mes phrases : ce que j’ai donné, c’est pour qu’il souffre moins, mais il va quand même crier, très fort, et bouger. Alors, il faut le tenir. On a compris, on maintient mon bonhomme, la tête sur le côté gauche, calée entre deux pierres. J’affûte mon couteau le mieux possible, je le passe à la flamme, puis à l’alcool. Je coupe les cheveux autour de l’oreille, je nettoie à l’alcool, j’inonde de mercurochrome. Tout est prêt pour l’incision. Je fais signe qu’on le tienne bien. Si j’étais croyant, je ferais bien un signe de croix. Je me contente de penser : pourvu que ça marche !… Et j’attaque l’abcès. Pas par-dedans, j’ai trop peur que tout coule dans l’oreille même. Je tranche, d’un bon coup sec, à vif dans l’abcès derrière l’oreille. Le type se réveille en hurlant. Il se débat tellement que les trois acolytes qui le maintiennent ne suffisent pas. Deux autres costauds doivent venir. Le malheureux est trempé de sueur, il est agité de tremblements. Je donne un deuxième coup de couteau, en croix par rapport au premier. Hurlement. Le pus jaillit, verdâtre, épais, plein de filaments. L’odeur est épouvantable. Je presse autour de l’abcès, le pus gicle toujours. La poche doit être énorme et aller très profond dans la tête, sous le crâne. Le pus n’en finit pas de couler. J’en sors un bon verre. Et ça coule toujours. Sans aucun doute, il y a un réseau de poches annexes, branchées sur la principale. Il faut les crever elles aussi. Seulement, le type tiendra-t-il le coup ? Ne va-t-il pas avoir une syncope et claquer là ? Ah ! si je disposais d’un tonicardiaque ! Mais je n’ai pas le choix. Quinze paires d’yeux me guettent, attentives, hostiles. Le type est jeune, il doit avoir le cœur solide. C’est une chance. Je prends donc une allumette, je l’entoure de coton à une extrémité, je l’enfonce dans la poche et je tourne, je creuse, je fouille. Je sens les membranes des poches annexes qui craquent, une à une. Et ça dégorge, sans cesse. Le type ne bouge plus. Il halète très vite. Il est agité de tremblements sporadiques. Pourvu qu’il tienne ! Pourvu que je tienne moi aussi ! Je transpire, la tête me tourne, j’ai des éblouissements. Surtout que ça ne va pas. Je me rends compte qu’il y a encore une grosse poche que je ne peux pas atteindre, très profond, du côté de l’oreille interne. Et ça, c’est grave. Parce que j’ai tout de même assez de connaissances en anatomie pour le savoir : c’est là que se trouve le labyrinthe, avec les organes de l’équilibration. Si je coupe là-dedans, je risque d’atteindre un endroit vital – et même le cerveau, si proche – le type ne sera plus qu’une loque incapable de se tenir debout et même de s’asseoir. Et alors, moi, mon compte est bon. Pourtant, il faut que j’incise. Je bourre d’un tampon de coton les poches que j’ai déjà crevées. J’aiguise encore mon couteau, j’enfonce la pointe dans l’oreille, directement. Je pousse. Le type fait un bond de cinquante centimètres. Heureusement, on lui a bien tenu la tête qui, elle, n’a pas bougé. Ouf ! ça a marché ! Le pus jaillit. Mais ce coup-ci, le type, lui, est dans les pommes. J’en profite pour faire sortir le maximum de pus pendant qu’il ne souffre plus. Malheur ! Tout à coup, du sang jaillit. Une vraie hémorragie. Ça, c’est la guigne ! Il ne va tout de même pas se saigner là comme un bœuf alors que j’ai presque fini ! Je bourre fébrilement de coton, j’en enfonce des quantités énormes. Le coton rougit. J’en enfonce d’autre… Et ça finit par s’arrêter de couler. Prudemment, je ressors mes cotons, après avoir attendu dix minutes. Ça ne coule plus ! Je projette dans les poches un flot de sulfamides, que je couvre de coton, je mets une gaze trempée de désinfectant par-dessus. Je fais un bandage, puis une dernière piqûre de sédatif. Ses amis emportent le corps. Je reste seul, je m’allonge et pour la première fois depuis longtemps, je dors. Quand je me réveille, il fait nuit. Je me fais un shoot. Je me lève pour sortir. Mon interprète est là avec deux acolytes qui me barrent la route. Ils veulent bien me donner à manger, mais pas question que je sorte. « Tu ne dois pas partir avant qu’il soit guéri », me dit l’interprète. Je serre les poings. Je rentre. On m’apporte l’éternel épi de maïs bouilli et le bol de courgettes épicées avec un verre de thé. On tend la main. Je paie et je mange en me répétant que je suis vraiment dans un pays de salauds. Le lendemain matin, on me ramène le type. Ouf ! il va nettement mieux. Je change ses pansements, je renouvelle les sulfamides, la pénicilline et les calmants. Si des médecins me lisent, je vais peut-être les faire crier au mensonge et pourtant, je jure que c’est la stricte vérité : cinq jours plus tard, le bonhomme est sur pieds.

Page 205 :

Je ne suis pas là depuis cinq minutes qu’on m’amène un type, porté par deux villageois. Il a le visage presque bleu, la bouche ouverte en grand et il essaie de respirer sans y parvenir. On m’explique qu’il a quelque chose dans la gorge. Je commence par lui faire une piqûre de calmant, puis je demande qu’on le tienne bien ferme. Je lui ouvre de force la bouche, je prends un morceau de bois, je l’enfonce, je le retourne pour qu’il cale bien les dents du haut et du bas. J’en prends un autre, une petite tige que je taille avec mon couteau pour en faire une languette, je l’appuie sur la langue et je regarde. L’intérieur est violet, gonflé. Les chairs se touchent. J’enfonce le doigt. Impossible de le passer. Je me demande comment ce type arrive encore à aspirer ne serait-ce qu’un filet d’air. C’est certain, il va claquer avant la nuit. Autour de moi, les autres me font des gestes. Je finis par comprendre que le type a dû avaler quelque chose qui s’est bloqué dans sa gorge et a tout infecté. J’essaie d’enfoncer le doigt. Rien à faire, je ne sens rien. Il n’y a qu’une solution : lui trouer l’œsophage pour qu’il puisse respirer, bref, lui faire une trachéotomie, et ensuite, chercher l’objet, une arête sans doute. Si je n’étais pas drogué, jamais je n’oserais tenter une telle opération. C’est vraiment risqué et je ne suis pas un chirurgien. Mais la drogue me donne la confiance en moi nécessaire. Et puis, j’en ai tant fait, désormais. Une de plus, une de moins… De toute façon, je suis coincé. Si je refuse, c’est certain, ils vont me sauter dessus, me ligoter et me livrer à la police. Je décide donc d’opérer. Plus haut, j’ai déjà décrit une opération, celle de l’abcès dans l’oreille. Je ne voudrais donc pas lasser avec le récit détaillé d’une autre opération. Qu’on me permette simplement de dire comment j’ai pu, une fois planté mon couteau dans l’œsophage, entre deux cartilages, ménager un orifice suffisamment large pour permettre au type de respirer. J’ai enfoncé dans la plaie un tuyau de plastique rigide, une gaine de fil électrique qu’un villageois est allé me chercher quand j’ai demandé quelque chose qui ressemble à un tuyau. Par quel mystère, dans ce village reculé où il n’y a évidemment pas l’électricité, se trouve du fil électrique, je me le demande encore. Toujours est-il qu’une fois le tuyau enfoncé et maintenu avec deux petits bouts de sparadrap récupérés dans ma boîte à pharmacie, le type revit. Il ahane comme un nageur à qui on a tenu la tête sous l’eau trois minutes, il reprend ses couleurs, il ressuscite peu à peu. Je puis enfin commencer l’opération proprement dite. En dix minutes, elle est terminée. J’ai pu extraire l’objet. C’est plus qu’une arête de poisson : un morceau de colonne vertébrale entier, gros comme le pouce. Comment diable ce type a-t-il pu faire pour avaler ça ? Je nettoie, je badigeonne, j’asperge de désinfectant et j’ordonne au type de garder son bout de tuyau au moins deux jours. À force d’injections de pénicilline, toute l’infection est matée en deux jours. La gorge est dégonflée, je peux enlever le tuyau. Je bouche le trou de mon doigt. Ça va, l’opéré respire normalement. Il s’agit maintenant de reboucher. Mais je n’ai rien, ni fil, ni aiguille. À force de palabrer, j’arrive à me faire donner par une femme une épine durcie au feu. Je tire un fil de ma chemise. Et je recouds la peau, par-dessus le trou du cartilage qui, à mon avis, va se refermer tout seul. J’ai noué le fil autour de l’épine. Ça résiste dur chaque fois que je tire l’aiguille-épine. Et le malade gémit. Mais je finis par y arriver, le trou est rebouché.
Le lendemain, je soigne deux ou trois bricoles, petites plaies classiques aux jambes, furoncles, coupures de-ci, de-là. Le surlendemain aussi. Le quatrième jour, je fais sauter les fils de mon opéré. C’est fini, la plaie est cicatrisée. Il est guéri. Bravo Charles, tu mérites ton diplôme de médecin de brousse, cette fois !


Voilà voilà... sceptique je vous dis...

Lotre a dit:
La légende dit qu'il est mort peu de temps après avoir écrit son bouquin, à Clamart près de Paris.

Il n'a rien écrit du tout, il est de notoriété publique qu'il a raconté "son" histoire sur des bandes audios qu'un nègre littéraire - ma foi pas très doué - a couché sur le papier...
 
Oui pour les bandes audio je le savais, j'avais juste la flemme de tourner la phrase dans ce sens.

Pour le reste, ben... j'étais jeune :)

C'est vrai qu'il s'injecte de l'opium ce con. Alors je veux pas défendre son histoire, je m'en tape un peu. Mais je me suis déjà injecté une drôle de préparation d'un médicament morphinique qui donnait un liquide noire qui sentait le caramel.. Sûrement plein de sucres et autres excipients.... Alors un opium bien filtré.... Parait que le vrai opium c'est pas juste le latex de la plante, c'est tout une préparation après. Ça ne laisse peut-être pas grand chose qui résiste à un filtre.
Bon.. je sais pas. ^_^ Avec les filtres qu'on a de nos jours ça devrait être faisable. A son époque peut-être qu'il aurait pas du faire long feu ^^

Pour le passage du médecin désolé pas le temps de lire faut que je file !

Mais bon à part ça je défend pas la véracité hein. Je tiens pas spécialement à prendre position dans le débat.
 
Woaaah j'nous ai fais beaucoup parlé pour un bouquin que j'ai lu qu'a moitié et dont j'me fous totalement ^_^
 
Aimé Césaire/ Cahier d'un retour au pays natal a dit:
Au bout du petit matin, flaques perdues, parfum errants, ouragans échoués, coques démâtées, vieilles plaies, os pourris, buées, volcans enchaînés, morts mal racinés, crier amer. J'accepte !

Et mon originale géographie aussi ; la carte du monde faite à mon usage, non pas teinte aux arbitraires couleurs des savants, mais à la géométrie de mon sang répandu, j'accepte

et la détermination de ma biologie, non prisonnière d'un angle facial, d'une forme de cheveux, d'un nez suffisamment aplati, d'un teint suffisamment mélanien, et la négritude, non plus un indice céphalique, ou un plasma, ou un soma, mais mesurée au compas de la souffrance

et le nègre chaque jour plus bas, plus lâche, plus stérile, moins profond, plus répandu au-dehors, plus séparé de soi-même, moins immédiat avec soi-même,

j'accepte, j'accepte tout cela

et loin de la mer de palais qui déferle sous la syzygie suppurante des ampoules, merveilleusement couché le corps de mon pays dans le désespoir de mes bras, ses os ébranlés et, dans ses veines, le sang qui hésite comme la goutte de lait végétal à la pointe blessée du bulbe...

Et voici soudain que force et vie m'assaillent comme un taureau et l'onde de vie circonvient la papille du morne, et voilà toutes les veines et veinules qui s'affairent au sang neuf et l'énorme poumon des cyclones qui respire et le feu thésaurisé des volcans et le gigantesque pouls sismique qui bat maintenant la mesure d'un corps vivant en mon ferme embrasement. Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous,
mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie
que nous n'avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer
et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite.


d'la frappe



un chant de force d'une soixantaine de pages

merci Monsieur qui a pour prénom le participe passé d'un verbe universellement utilisé
 
Derniers livres lus ou relus:
- Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick : j'ai une affection particulière pour cet auteur étant celui qui m'a redonné goût à la lecture durant ma période ado/post-ado, même si à cette époque ce livre m'avait pas marqué plus que ça, j'étais un psychopathe ou quoi ?! Il est hardcore.
- Substance Mort, du même auteur.
Bon là c'est pas ses romans les plus softs, perso j'avais l'impression à l'époque de voir en la littérature de Philip K. Dick (et j'en ai bavé !) une sorte de Disneyland de la S-F... Grossière erreur, je trouve souvent ses personnages anti-héros très sombres, paranoïaques, arbhorrant des fonctions très discutables, et un état d'esprit souvent sexiste, parfois raciste. Le tout toujours autour d'un concept maléable de réalité et de concepts sans cesse renouvelés. Le tout faisant une critique lucide de la société.
Je voulais enchaîner avec le Dieu venu du Centaure ou Ubik, mais ça va quoi jes les ai trop bouffer. ^^

Sinon en ce moment c'est :
- Ainsi parla Zarathoustra de Nietzsche. On m'avait beaucoup parlé de Nietzsche en me disant que c'était vraiment de la balle, et ce depuis mon prof de philo au lycée, et bien j'hallucine... c'est vraiment trop de la balle ! En le lisant j'ai l'impression qu'il joue avec mon esprit comme un jongleur, du pur génie ! Bref je viens de finir la première partie que j'ai enchaîné, je fais une petite pause du coup.

Mais bon la philo j'ai un peu de mal à l'assimiler avec autant de fluidité et de constance qu'une bonne fiction S-F.
Du coup je me suis retapé parallèlement :
- Neuromancien de William Gibson, du lourd ! C'est le concepteur du concept de la matrice qu'on peut voir remanié par les frère et soeur Wachowski dans leur film Matrix. Hormis que dans le livre, c'est plus une sorte de conception métaphorique psychédélique d'internet avant l'heure, bien que tout le bouquin ne tourne pas uniquement autour de ce concept évidemment, il y a toute une intrigue prenante. Et son style est magnifique. :) Je vais sûrement réenchainer avec la suite de sa triologie de La Conurb. Puis sa seconde si je trouve la détermination.
Rooooo ça saoule en plus il a le tome 20 de Dorohedoro que je devrait pas tarder à recevoir. Trop de truc à lire... J'ai toujours pas finit le Jeu des Perles de Verre et les Versets Sataniques en plus. :rolleyes:
 
MydriHaze a dit:
Sinon en ce moment c'est :
- Ainsi parla Zarathoustra de Nietzsche. On m'avait beaucoup parlé de Nietzsche en me disant que c'était vraiment de la balle, et ce depuis mon prof de philo au lycée, et bien j'hallucine... c'est vraiment trop de la balle ! En le lisant j'ai l'impression qu'il joue avec mon esprit comme un jongleur, du pur génie ! Bref je viens de finir la première partie que j'ai enchaîné, je fais une petite pause du coup.

J'ai commencé un peu par hasard par celui-là dans la biblio de Nietzsche, et il est vraiment stylé oui !! même si la portée du bouquin est hors de la mienne, le simple fait de se moquer d'une approche évangéliste en reprenant le style narratif d'un livre religieux est excellent, Zarathoustra descendant de sa montagne pour prêcher ses vérités et la bonne parole, en disant que "Dieu est mort" ahah !

Il y a aussi le fait que l'histoire semble intemporelle, on se croirait autant au moyen-âge que dans une époque plus contemporaine...bon par contre sans spoiler le livre, il y a des moments où Nietzsche par complètement en vrille en s'embarquant dans des délires poétiques ou mythologiques, enfin sans les références adéquates c'est quasi incompréhensible..

Entre les chapitres ou pauses que tu ferais, je te conseillerais d'aller faire quelques lectures explicatives des contenus du livre, ça aide énormément à comprendre la teneur et la richesse des propos énoncés.
 
Entre les chapitres ou pauses que tu ferais, je te conseillerais d'aller faire quelques lectures explicatives des contenus du livre, ça aide énormément à comprendre la teneur et la richesse des propos énoncés.
Du genre ? Des explications d'analystes ? Je sais pas trop, ça me prendrais trop de temps, déjà que j'y vais à petits pas là dedans. Puis j'ai trop de truc à lire, relire ou tout simplement finir ^^. Hier soir j'étais trop déter pour commencer à me retaper la Horde du Contrevent de Damasio, du coup je suis aller jeter un œil dans un carton, au final je suis repartit avec une demi-douzaine de bouquins, alors que je suis en plein Gibson, Nietzsche, Rushdie et Hesse. Bref je m'en sort pas et je complique le truc ^^.
 
Nietzsche c'est avant tout bourré de métaphores et de sens à découvrir, faut se placer au travers de différents masques en fonction. Il est vachement intéressant, ça a été mon premier gros coup de coeur en philosophie.

Même que je me le suis fait tatoué plus jeune (et plus con, aussi) :weed:
 
Je me suis arrêté à temps, ça allait me spoiler là ! J'essayerais de lire l'article en parallèle au fur et à mesure, merci du lien :).
Percheman, ce fidèle quoi :p
 
Les Versets Sataniques, de Salman Rushdie :
J'ai dû le recommencer 2 fois avant d'enfin finir ce livre, les intrigues sentimentales m'ayant précédemment gavé alors que c'est une des grandes forces du roman.

Le synopsis viteuf sans trop spoiler :

Saladin Chamcha et Gibreel Farishta, deux figures proéminentes du cinéma indo-anglais, tombent des hauteurs de l'Everest suite à un accident d'avion, seuls rescapés de la catastrophe, et atterrissent indemnes sur une plage anglaise. L'un est une vedette de cinéma en Inde et fuit l'agitation d'une vie au milieu du show-business, l'autre est un acteur un peu méconnu en Angleterre, qui a quitté son pays natal, l'Inde, alors qu'il était encore adolescent, voulant depuis toujours conquérir la ville de Londres, après avoir refait une escale dans son pays natal. Une fois atterris, une métamorphose va s'effectuer chez les deux, l'un se transformant en demi-bouc en rongeant son amertume, l'autre apparaissant quelques fois à d'autres avec une auréole derrière la tête, va plus ou moins sombrer dans la folie. On verra leur passé, leur tentative de reprendre leur vie ou d'en commencer une nouvelle, et tout un questionnement autour des problématiques habituelles de la vie, la morale, la vérité, le divin, l'amour etc.
Et au milieu de ces péripéties, se glissent des histoires telles que celle de Mahound, prophète à en devenir à Jahilia dans les temps anciens, ville de sable au milieu du désert, et dans sa tentative de transmettre les versets que lui chuchote l'archange Gibreel et dans sa lutte contre ce qu'il juge être les fausses croyances ; celle d'Ayesha, jeune illuminée recouvertes de papillons, comme d'une robe, aux vertus étranges, et qui s'en nourrit, et qui va entreprendre un pèlerinage vers la Mecque au cours duquel elle prévoit de séparer les eaux pour traverser la Mer Rouge.

C'est donc un bouquin assez éclectique, on passe de l'intrigue d'un personnage totalement flippé dans les rues de Londres, entre un fantôme et un personnage contemporain pas moins barjo que les protagonistes, à celle d'un autre, plus mythologique, bien que cet aspect soit fermement ancré, aussi, et ce dès le début, dans la trame narrative autour de Gibreel Farishta et de Saladin Chamcha, où l'auteur va narrer les prémices d'une religion, l'Islam, via l'intermède de son prophète Mahound et de ses compagnons, de ses ennemis.
(Le livre à fait l'objet d'une fatwa en Inde via l'ayatollah Komeini, qui a ni plus ni moins condamné Salman Rushdie à mort je crois... J'ai vu des photos sur Goggle, c'était ouf, il y avait carrément des gens dans la rue comparant l'auteur au diable, arborant des menaces de mort sur des pancartes, bref l'auteur a carrément du fuir l'Inde, c'est assez délirant, et je serais pas en mesure de juger si c'est parce que l'ayatollah considérait sa version des faits concernant les débuts de la religion comme faux - je ne connais pas les textes religieux, que ce soit la Torah, le Coran, la Bible, les Upanishads etc, bien qu'on m'ai dit qu'il y a plus ou moins dissonance d'avec la version du Coran - ou si c'est juste le bouquin dans son ensemble, parce que bon il a beau être un peu hardcore par moments il y a vraiment pas de quoi tuer quelqu'un. Bref c'était un petit aparté sur la ferveur qui a suivit la sortie du livre ^^').
En plus donc de cet aspect éclectique, j'ai trouvé le style de l'auteur vraiment magique, beaucoup d'humour, d'ironie, de profondeur, de sensibilité, de pertinence etc, le tout agrémenté de références bienvenues ou pas et d'un influence culturelle occidentale et orientale. On va voir la situation des protagonistes évoluer de souvenirs en souvenirs, de rencontres en rencontres, de délires en délires, de causes en effets, de bien en mal, ou de mal en bien - ou peut-être n'y a-t-il ni mal ni bien - au milieu d'un univers qui semble s'effriter mais qui pourtant semble effrité depuis le début, autour de sujets et de thèmes encore et toujours d'actualité : les accidents, la maladie, le terrorisme, la pauvreté, les violences sexuelles, le nationalisme, les conflits de religions, les griffes des pouvoirs politiques, l'immigration, l'influence des racines, le racisme, le sexisme, les drogues, les violences policières, les visions, la folie, l'amitié et l'amour fluctuants, l'art, la quête confuse de vérité et de justice etc.

En gros c'est un chef d'oeuvre ^^ Il m'a vraiment donné envie de me pencher d'avantage sur l'oeuvre de cet auteur et je vais probablement acheter Les Enfants de Minuit qui a l'air d'être du lourd aussi.
 
Le Déchronologue de Stéphane Beauverger :

Petit synopsis : "Le capitain Henri Villon, pirate français dans les Caraïbes du XVII siècle, subit comme tout le reste de la région des distorsions temporelles qui réservent bien des surprises." J'en dis pas plus pour ne pas spoiler.

Les chapitres du livre se présentent dans un "désordre ordonné", c'est à dire que la continuité est altérée, on peut se retrouver à lire le chapitre 3 par exemple et enchainé sur le 18 sans cohésion apparente, seulement il y en a une et si ce choix stylistique peut surprendre ça donne beaucoup de charme au bouquin, qui permet de développer des idées progressivement bien que le principe même de progression pourrait sembler être absent de cette chronologie. Cependant c'est parfois un peu confus et j'ai du me référé souvent à des chapitres en arrière pour savoir où j'en était, ce qui n'est pas un grand tort. Bref c'est une des grosses forces du roman parce que c'est fait de façon pertinente.
C'est narré à la première personne et le protagoniste ainsi que les personnages secondaires sont attachants. On voit progressivement le monde partir en couille, et ce depuis le début, enfin vers la fin plutôt, qui est pas toujours à la fin du bouquin ^^ vous aurez compris c'est assez difficile de se situer chronologiquement dans le bouquin. Beaucoup de concepts intéressant, le futur y a une place omniprésente, l'intrigue est bien ficelée, le style de l'auteur force le respect. Je le conseille vivement, pour qui est fan des parutions de la Volte, il en vient, il a reçu de nombreux prix littéraires, ou tout simplement aux fans de bonne fictions, car c'en est une, une sacrée bonne fiction ! Voilà j'espère que j'ai pas trop spoilé mais il mérite vraiment qu'on s'y attarde.
 
Deux autres bouquins de Salman Rushdie que j'ai dévoré :

- La honte : C'est l'histoire d'un homme qui "nait de 3 mères différentes" et d'un père inconnu, qui vont lui apprendre à vivre sans honte. Mais pas seulement, car c'est aussi l'histoire des différents membres d'une famille pakistanaise influente où va se mêler amour, haine, mariages arrangés ou de cœur, rivalités sentimentales et politiques, naissances salvatrices ou désespérantes, guerres et surnaturel. C'est un livre qui regroupe beaucoup de choses en peu de pages, où l'on verra un pays neuf, le Pakistan, émerger, directement ou indirectement, au travers des pérégrinations des différents protagonistes, d'actes d'amour en actes de haine, de trahisons en allégeances, de coups d'états en phases de prospérité, l'auteur scelle le destin des personnage à celui de leur pays via une causalité rocambolesque et une narration haletante qui font de cette œuvre une satyre politique et un témoignage de la singularité de l'être humain.

- Les enfants de minuit : C'est l'histoire d'un homme qui naît à l'instant précis où l'Inde accède à l'indépendance, sa venue fut prophétisée, médiatisée, politisée, et même le premier ministre Nehru annoncera que son destin est indubitablement lié à celui de son pays. De grands espoirs naissent donc sur les épaules du protagoniste au moment ou l'avenir s'ouvre à lui. Mais commençons avant tout l'histoire plus tôt - car c'est aussi cela les Enfants de Minuit, une narration elliptique qui taquine le lecteur pour le lui faire encore plus savourer l'histoire - et intéressons-nous à la famille du protagoniste avant de s'intéresser à lui. En effet, ce livre est un gros pavé qui va narrer tout un background culturel et familial auquel le héros sera aussi indubitablement lié qu'au futur qu'une nation lui a promis. Je ne veux pas spoiler donc, non ne nous intéressons pas à ce background, l'essentiel étant que le lecteur potentiel sache qu'il y en a un, que l'histoire est ficelée avec brio, de générations en générations, de coups d'éclat politiques en détonations sentimentales. Comme beaucoup des livres de cet auteur j'ai l'impression, le narrateur attache de l'importance à la causalité, au pourquoi un élément anodin dans l'enfance du protagoniste - ou dans celle d'un de ses ancêtres - va entrainer une série d'évènements qui affectera le monde entier. Encore une fois également se mêlera la féérie du surnaturel au réalisme prégnant d'un pamphlet politique lucide et dévastateur à l'égard de certaines tournure (géo-)politiques. Les guerres (indo-pakistanaises), la politique (d'Indira Ghandi notamment, ce qui vaudra un procès à l'auteur), la mondialisation, les traditions religieuses et familiales, l'héritage culturel, l'enfance, l'alter-égo et beaucoup d'autres aspects de l'esprit humain et de la société sont abordés avec un sérieux, un tragique et un comique presque simultanés parfois, dans un style unique et parfaitement maîtrisé, une narration très inspirées et qui se renouvelle sans cesse, dans un livre qui frôle parfois la folie mais ne s'écarte jamais de l'esprit lucide et déterminé que porte l'écrivain sur lui-même et sur le monde.

Bref aux amateurs du "tiens je sais pas quoi lire, ouais j'en ai entendu parler faut voir", ne voyez plus, foncez ! C'est de la frappe pure et dure, un des meilleurs auteurs actuels et je pèse mes mots.
 
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