Avant les S.D.F.
Depuis les poulbots sur la Lyre (ça commence à dater. C'est loin en amont...) on voyait un phénomène caricaturé, sans réalisme et ainsi facile à réfuter par des détracteurs mettant une crédibilité en doute. Et moi j'étais comme David Vincent...
souvenir touristique
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Les "poulbots" de Michel Thomas proposaient une version beatnik de Gavroche lors des 60 et 70. Avec des tignasses peu maîtrisées... Il y en a plein de ces poulbots.
Mais, au-delà des caricatures, avec l'article suivant paru dans Paris Match en 1969, on peut se rendre compte d'une réalité... On parle des clochards (traditionnels) des ponts de Paris déboutés par des chemineaux nouvelle vague... Des sortes de snobs dans leur genre.
<copy Paris-Match>
Les 6 000 clochards de Paris se plaignent de la crise du logement
Le transfert des Halles, la suppression de la Halle aux vins posent de graves problèmes aux clochards. Des concierges les ont sauvés.
L'allure d'un Père Fouettard débonnaire, le pantalon en accordéon et la barbe en bataille, ils habitent le plus beau paysage du monde : Paris. Ils dînent d'un fumet de rôt, devant le soupirail d'un restaurant ou d'une page de Tacite, à l'abri d'un pont.
C'est qu'ils ont des lettres depuis François Villon. Et l'auréole du romantisme depuis qu'ils ont été célébrés par Jean Richepin, Aristide Bruant. Edith Piaf, et l'acteur Pierre Renoir dans « les Enfants du Paradis ». Ce sont les clochards.
L'espèce apparaît d'autant plus fabuleuse aujourd'hui qu'elle est en voie de disparition. Hier quarante mille, ils ne sont plus que six mille. Ils sont peu à peu chassés de leurs repaires traditionnels. Les Halles ont émigré à Rungis, univers de brique et de tôle ondulée, loin de Paris et leur entrée est payante. La Halle aux Vins a été remplacée par les buildings sur pilotis de la faculté des Sciences. La place Maubert, la « Maube », est occupée par les contestataires aux cheveux longs de la Sorbonne. Les « fortifs », les boulevards extérieurs, les quais de la Seine disparaissent sous le béton des autoroutes. Le dernier carré de la république des clochards « meurt et ne se rend pas » sur le parvis de Notre-Dame ou sur les bouches du métro.
Un emploi du temps de businessman
Ainsi la société de consommation réussit là où ont échoué tour à tour les archers du guet, l'Armée du Salut et les sergents de ville à bâton blanc. Un rapport constate que les mœurs des derniers clochards restent ce qu'elles étaient du temps de la Cour des Miracles. Les aveugles voient. Le vin coule à flots. Chiffons et ferraille restent les deux mamelles de la Cloche.
La plupart des clochards ont en effet un emploi du temps de businessman. Lever dès l'aube afin de vider les poubelles. On monnaye le tout chez un récupérateur attitré, rue de Bièvre ou rue Maître-Albert, rive gauche, ou encore, rue des Jardins-Saint-Paul, rive droite.
Ensuite, c'est le coup de blanc dans un bistrot à la Simenon à l'heure où hullulent les premières péniches. Certains clochards, plus courageux que les autres, consacrent une partie de la matinée aux concierges : ils balaient les escaliers ou rechargent la chaudière du chauffage central. Depuis la fermeture des Halles, les concierges sont en effet les derniers anges tutélaires des clochards.
Le reste de la journée est consacré au gros rouge. C'est alors que la police intervient. Le scénario est toujours le même. On ramasse un « paquet « sur un banc ou sur le trottoir. L'homme est ivre mort. Et dans un état de saleté telle qu'il est envoyé à la Maison départementale de Nanterre où, douché, tondu, épouillé, il est admis, s'il le désire, comme pensionnaire.
Mais tous semblent avoir choisi l'état de vagabond, plus par refus de tout travail régulier, par fuite devant les responsabilités, par goût de l'indépendance, que par malchance. On choisit donc la cloche par vocation même si cela parait dénué de perspective ou de sens.
Les beatniks, des rivaux incultes
Mais, face à ces inadaptés sociaux, d'autres inadaptés ont paru. Et, chassant les clochards de leurs sites favoris, ils ont établi leur quartier général rue de la Huchette. Ce sont les beatniks ou hippies.
Ces nouveaux amoureux de la belle étoile arrivent avec chaque printemps de Hollande, d'Allemagne, d'Angleterre. On compte en outre parmi eux quelque deux mille Français. Tous ont adopté le même genre de vie : rejet de toute règle considérée comme - bourgeoise et décadente (telles la pudeur et l'hygiène).
A la différence des clochards dont certains, selon la légende, sont agrégés ou docteurs en médecine, les beatniks sont, pour la plupart, quasi ignorants : 60 % d'entre eux avouent n'avoir qu'une formation primaire. Et 12,5 % seulement déclarent avoir bénéficié d'un enseignement secondaire.
Leurs ressources sont minces. Ils vivent d'aumônes obtenues en dessinant à la craie sur les trottoirs ou en organisant des concerts improvisés. Et plutôt que le vin rouge, ils usent de stupéfiants pour combattre « l'incompréhension de la société ». Ils utilisent principalement le chanvre indien ou haschisch, ou encore divers euphorisants ou hallucinogènes dont la préludine. 70 % des personnes interpellées par la brigade mondaine en 1967 et 1968 pour usage et trafic de stupéfiants étaient âgées de moins de trente ans. C'étaient pour la plupart des beatniks.
Ainsi, si la société de consommation est en train de détruire ce héros au cœur aviné mais tendre qu'est le clochard, elle semble le remplacer par un autre type de clochards : le hippy contestataire. Une cloche chasse l'autre.
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tiens, si j'allais faire un tour au coeur de l'évènement...
(la mauvaise troupe se flatte néanmoins d'une collusion tacite face au sondage statistique et les interviews)
Voila un sujet présenté "peu glorieux" abordé par la presse francophone, mais enfin c'est instructif et différent. Oui, enfin on "en" parle !
Et puis les chiffres (qui semblent subjectifs dans leur contexte) situent mal l'à priori en cours... Parce que sur le mur en arrière-plan on peut lire "provo". Et il s'agit là d'une motion internationale d'idéalistes qui pensent...
Et nous y voilà. Nous vivons ici en différé une polémique. On est en plein dedans !
Disons que le manque de prévenance par un style de vie bohème présage un dommage à moyenne ou longue échéance. Mais on en est encore loin ! Et les "agrégés ou docteurs en médecine" attribués aux clochards traditionnels seraient mieux situés dans la faune anti-conformiste. Aïe, on aborde le pendant politique de censure quand on détecte une malice toute estudiantine avec ces chiffres déclarant l'enseignement primaire ou secondaire tel le summum. Ce serait vrai pour les clochards plutôt. Tout ça, non, c'est bien une facétie d'intellectuel du genre de Mai 68 à laquelle on assiste. Pour vous emballer. Emballer la société.
Les chiffres réputés aux beatniks sont en fait ceux des clochards... Ah ah ! Ne le voyez-vous pas?
L'article étant minimaliste (pour un thème méritant des reportages, des forums...) il faut apporter un complément d'info. Tous ces beatniks savaient qu'il y aurait une fin imposée à leur genre de vie. On vivait là l'automne philosophique d'un épisode historique. L'article de Paris-Match ne peut donner toutes les facettes d'un phénomène sociologique sans aborder la polémique des limites de l'interdit.