Xochipilli94 a dit:
c'est de notoriété publique (c'est ce que j'ai appris en cours et c'est aussi ce que j'ai pu entendre chez des nutritionnistes que j'ai fréquenté) que dans beaucoup de cas (notamment parmi ce qu'on essaie de substituer par des complément alimentaires) la biodisponibilité est meilleure dans les aliments bruts que dans des poudres synthétiques, notamment du fait que dans les aliments les composants (molécules, macromolécules, structures) agissent souvent en associations.
Et parfois aussi dans les plantes. Un exemple connu avec le cannabis, notamment en usage médical : de plus en plus de publications démontrent que "l'effet d'entourage" permet une meilleur assimilation et une potentialisation mutuelle du THC et du CBD. Les terpènes modulent aussi l'action de ces derniers, et probablement d'autres cannabinoïdes présents dans la plante. Ces observations étaient déjà rapportées depuis longtemps par des usagers de cannabis médical, qui n'avaient pas du tout les même bénéfices avec le dronabinol (thc synthétique).
Un autre exemple avec les psychédéliques, les cactus induisent des effets qualitativement différents de la mescaline pure. Cette dernière est beaucoup plus stimulante seule, que dans le cactus San Pedro au hasard, qui contient d'autres molécules (3,4-dimethoxyphenethylamine, 3-methoxytyramine, anhalinine, etc.) qui modifient les effets ressentis. Un certain nombre d'usagers préfèrent la chaire verte (même si moins facile à avaler) et ça varie aussi entre variétés (bridgesii, pachanoi, etc.).
Tout ça fait écho au concept de "totum de la plante" (ensemble des principes actifs qui agissent en
synergie), souvent utilisé en phytothérapie.
Une autre chose qui n'a pas été mentionné dans ce "débat" naturel
vs synthétique, c'est qu'il faut prendre en compte la plus grande accessibilité des plantes. Presque n'importe qui (avec un minimum d'informations et de bonne volonté) peut acquérir quelques graines et cultiver des plantes psychédéliques (voir même en trouver directement dans leur milieu naturel, exemple avec les psilos). A l'inverse, il faut de solides connaissances, compétences et du matériel plus ou moins couteux pour se lancer dans la production de drogues synthétiques (sans parler des dangers inhérents à la manipulation des solvants nécessaire et des réactions produites). Ces arguments jouent sans doute en faveur d'une préférence pour le naturel.
Xochipilli94 a dit:
Je sais que je vous embête alors qu'on est fondamentalement plutôt d'accord, mais à la base ma démarche c'est de remettre en cause la démarche un peu trop ""scientiste"" (c'est pas le bon mot désolé). Nous ne sommes pas des êtres 100% rationnels et à mon sens c'est vain de vouloir imposer une vision du réel (et les prescriptions qui l'accompagne) qui se base uniquement sur des éléments "rationnels" et robustes.
C'est sûr que sur un forum ayant pour thème principal l'exploration des psychédéliques, le rationalisme n'est pas forcément le meilleur angle d'échange ! :mrgreen:
L'usage de ces substances induit souvent un changement de regard sur le monde qui nous entoure, et peut modifier fortement nos croyances. Certaines études sur la psilocybine (université Johns Hopkins) rapportent d'ailleurs qu'une grande majorité des volontaires ont caractérisé leur expérience "comme la plus ou l'une des plus significatives spirituellement de leur vie". Donc, vouloir trop rationaliser dans un espace qui a trait à ces expériences, c'est un peu dommage...
Mais peut-être est-ce lié à l'époque qui désacralise tout ? La science devient parfois LA nouvelle religion (transhumanisme, etc.). Il y a probablement un juste milieu entre l'amérindien consommateur de peyotl pour qui chaque chose est sacrée (montagne, pipe, animaux, etc.) et l'occidental rationnel blasé qui ne consomme que du synthé et pour qui tout est calcul ?