Xochi il met du (sur)sentiment dans sa lutte RdR, mais se montre ultra pragmatique vis à vis de la condition humaine
Tridimensionnel a dit:
Sinon, j'ai pas du tout senti le Tramadol, mais par précaution je n'ai bu qu'une bière et ma foi, c'était une très bonne soirée, je devrais faire ça plus souvent (ne pas boire).
Avec un cacheton de 50mg tu ne risquais pas de faire un aller retour sur Mars...au delà de la RdR, vis à vis de la peur de la défonce, y a un moment faut être réaliste en faisant la part des choses. Quand tu vides une demi boite de médoc là faut te poser des questions sur tes consommations ou sur les effets que tu vas ressentir, mais quand tu prends un cacheton par erreur, t'y pense pas et tu fais ta vie sereinement parce que c'est évident que ça ne va rien te faire (ou au mieux t'aura un effet minime, possiblement ressenti parce que t'as bu de l'alcool à côté, m'enfin à ce niveau là manger un hamburger au mac do risque plus de nuire à ta santé).
C'est comme pour la peur d'être jugé/stigmatisé/catalogué etc, soit tu te prends la tête H24 avec ça et tu tournes en rond dans un besoin de paraitre, à te demander en permanence ce que l'autre va penser de toi, soit tu mets de côté ce sur quoi tu n'as pas de moyen d'action et tu vas de l'avant sans plus de peur ou prise de chou. Et c'est comme ça qu'on trouve des solutions aux problèmes que l'on rencontre régulièrement, en apprenant à en sortir.
Je ne suis pas à même de participer au débat sur la stigmatisation des personnes ayant des problèmes psys, mais je sais qu'on en passe tous par des phases de questionnements, de doute, et de recherche de soi. Ce qui fait qu'on colle des étiquettes à ce qu'on vit parce qu'on est ainsi fait, c'est notre manière de fonctionner, notre ego nous fait cataloguer les choses, et c'est essentiel pour vivre). Après faut pas tomber dans le jugement, ce qui revient au fait d'avoir peur d'être jugé. Comme l'a dit Xochi, le mieux c'est de mettre ses problèmes dans un coin de sa tête plutôt que de les ruminer incessamment. Moi aussi je me suis longtemps considéré comme pas normal, et je voyais des gens pas normaux partout autour de moi, sauf que ça me bouffait l'esprit au point d'être jamais serein. Aujourd'hui j'ai accepté qu'on était tous différents, qu'on se jugeait tous, et que l'un des principaux trucs qui font que tu te sens bien, c'est la vision que tu as de toi. Là aussi j'ai compris que je vivais un style de vie parmi tant d'autres, que mes fréquentations me ressemblaient au travers d'un partage de ce style de vie (mêmes affinités, mêmes sensibilités, façons de voir/envisager les choses, manières d'être, etc), et que ce n'était ni normal ni anormal (tout ça c'est du jugement moral, celui-même contre lequel tu te bas), bref c'est ma vie et je préfère être dedans sans prise de tête, plutôt que de m'en extraire à coup de penser extramorale à me demander comment je dois me comporter en permanence, ce que pense l'autre de moi, ce qui bouffe l'existence. Faut juste être soi, et tant pis si sous certains aspects je suis un connard, parce que je sais que sous d'autres aspects je suis quelqu'un de bien, après faut juste être intelligent en sachant s'adapter selon les contextes et l'environnement.
Par exemple en privé pourquoi pas juger en usant d'étiquettes (et tu peux le faire sans être méprisant), ça simplifie la discussion et ça ne fait de tort à personne. Quand en public tu te retiens parce qu'effectivement faut respecter les sensibilités d'autrui, en faisant preuve d'empathie. Mais faut pas non plus s'empêcher de s'exprimer ou se prendre la tête de ouf à se demander est-ce que je peux dire ça ou pas, et blablabla, enfin on en revient aux ruminations qui déglinguent son bien-être à coup de questionnements moraux souvent stériles au final.
Si tu "rassembles, échanges, rend compte qu'on partage certaines conditions, qu'on peut se comprendre et se soutenir, que l'on n'est pas qu'une étiquette étanche justement, parce que ça apporte du soulagement à ces personnes, ça leur donne confiance en elles et en autrui", alors t'as fais le taffe et t'as pas besoin d'en vouloir à tous les connards qui jugent les personnes en difficultés, dans tous les cas tu n'as aucun moyen d'action sur leurs jugements, donc vouloir qu'ils arrêtent de juger c'est s'engager dans une cause perdue d'avance, qui t'amène à te prendre la tête puisque c'est un problème insolvable. Et je pense que c'est de part ton attitude bienveillante que tu vas amener les gens à se comporter de la sorte (par mimétisme), plutôt qu'en véhiculant une critique de la nature humaine soulevant des passions et clivant les gens. Y a un moment où les mots nous empoissonnent bien qu'on soit animé de bonnes intentions, et alors il n'y a plus que l'action qui vaille (et faut toujours se rappeler que ce qui est bon pour toi ne l'est pas forcément pour tout le monde, donc faut être un minimum réaliste pour ne pas s'égarer dans des idéalisations qui tendent vers un absolu, genre "si tout le monde faisait ça..." ça n'existe pas, c'est impossible, ce qui compte c'est d'être au clair avec soi en sachant si on est cohérent entre ce que l'on pense, dit et fait (et ça c'est le travail d'une vie), pour moi la seule variable d'ajustement possible passe par le jugement de nos actes, en tant que "nous sommes ce que nous faisons").