Vous avez de la chance les gars, ce soir j'ai la foi d'écrire !
Oui... Y'a d'autres soirs où j'ai pas l'envie ni la force d'écrire ce à quoi je pense.
Des soirs où je n'arrive même plus à assembler quoi que ce soit. Sachez que c'est très frustrant... D'avoir perdu ce qui permet d'extérioriser ce qui cogite en nous.
Je ne suis pas quelqu'un de malheureux. Je ne suis pas non plus quelqu'un d'heureux.
Je suis juste le spectateur qui n'arrive pas à être acteur.
Je suis victime d'une dépersonnalisation qui s'est entamée progressivement il y a pas mal d'années, et qui ne va pas vraiment en s'arrangeant.
Elle n'est pas le résultat direct d'effets persistants dus aux effets de drogues, à l'époque où ça a commencé, j'étais bien plus jeune et quelqu'un d'assez "sain", vif et assez curieux.
Elle est plutôt basée sur mon vécu personnel, par rapport à la façon dont j'ai vécu le "passage de l'enfance vers le monde adulte".
J'ai eu le sentiment de voir mes rêves s'envoler, d'avoir à suivre des choses dans lesquelles je ne me reconnaissais pas.
J'ai vu mes propres fondations s'écrouler et toutes mes idées être remises en cause.
Déjà enfant, on me reprochait d’être trop décalé par rapport à mon entourage, on avait du mal à me cerner, j'étais assez mystérieux, avancé pour mon age sur certains points mais trop peu sur d'autres.
J'ai vécu entre deux formes de réalités.
La mienne, que j'ai cultivé en secret et que j'extériorisais au travers de mon imagination.
Celle des "autres", que j'ai longtemps méprisé avant de la rejeter totalement.
Se sont entrainées plusieurs défaillances sociales, puis plusieurs thérapies et plusieurs diagnostics avec toutes sortes d'étiquettes et de pathologies inimaginables. Tous ces foutus psy n'ont jamais su vraiment dans quelle branche de leur catalogue ils devaient me placer. Je n'y suis pas allé de ma propre initiative, mais plutôt sous l'insistance de mes parents et de mes proches qui restaient bien trop souvent dans l'incompréhension face à mon comportement imprévisible et jugé "hors norme"...
Je suis parti avec toutes les clés en main, mais je n'ai pas ouvert les bonnes portes.
J'ai voulu apprendre et découvrir par moi-même.
Je ne peux pas revenir sur tout un historique... C'est vraiment long et compliqué à structurer, car j'ai toujours ce sentiment persistant de vide qui m’empêche de remonter dans mes souvenirs et assembler mes idées.
Déphasé en permanence, j'ai eu de grosses périodes de remises en questions qui m'ont mené à de grosses déprimes, parce que j'arrivais plus à saisir quoi que ce soit et que j'avais perdu tout contrôle.
Le temps s'est allongé, les sourires sont devenus des faux. J'ai développé une forme de mal-être social qui m'a poussé à fuir toute relation et à entretenir tout contact.
J'avais (et j'ai encore et toujours) ce sentiment d'observer, comme si j'observais un film.
C'est comme si on regardait un film qui n'en finit pas, on peut râler ou pleurer devant l'écran, ça ne change en rien le film... Mais ça, on finit par s'en rendre compte.
Et on ne râle même plus. On ne pleure même plus.
On est lassés par ce qui nous apparait... C'est vide. On cherche même plus à comprendre tellement c'est le bordel.
On devient... Dépourvus d'émotion. Tout a l'air dénaturé.
Participer à une discussion devient quelque chose d'insurmontable... Quand sourire devient un effort, on essaye de joindre les gestes aux paroles pour paraitre plus vivant... On a le sentiment d’être sa propre marionnette, sans savoir la maitriser. On fuit d'autant plus le contact social, et on bascule dans l'isolement.
J'ai commencé à perdre du poids, à ne plus dormir, et à trembler à cause d'anxiété.
Un jour, j'ai découvert le DXM.
Je fus amplement étonné des effets de cette molécule, de par son coté dissociatif qui me correspondait vraiment et qui m'a bien souvent transcendé sur plusieurs points. Le DXM m'a fait renouer avec mon esprit. Certes, le produit m'explosait le cerveau et les reins, mais je me sentais après chaque trip comme libéré d'un poids en trop, et je me sentais mieux dans ma peau. Il m'a fait croire en la possibilité de revenir peu à peu à celui que je m'ignorais. Et peu à peu, j'ai commencé à tenter de renouer avec les autres. Je me suis fais des potes, qui sont devenus aujourd'hui de véritables amis, avec lesquels j'ai connu de grands instants psychédéliques. Puis, je me suis mis à fumer du cannabis à titre régulier... Puis je suis passé à d'autres RCs, à d'autres drogues...
Ce que j'ai toujours aimé dans un trip, c'est que le "vide" qui floutait mes perceptions s'évaporait le temps d'un voyage aux pays des rêves.
Puis j'eus quelques claques, aussi. Des trips de trop, il y en a eu pas mal.
Suite à une consommation abusive de DXM, (Environ 70 fois sur une année...) j'ai commencé à développer une intolérance physique au produit. Des trucs que j'avais pas au départ (réactions allergiques, nausées, vomissements) comme si mon corps commençait à ne plus supporter tous ces cachetons et ces sirops pleins d'excipients dégueux.
Je me suis tourné vers la MXE, parce que c'était un peu plus "propre". Un jour, nous devions tripper sous Mixie en foret avec des potes.
Malheureusement, ça a sévèrement déconné quand l'un de nous est tombé par terre inanimé.
J'ai failli l'accompagner à l’hôpital, mais j'ai su sortir du trip à temps.
Durant les mois qui ont suivi, je n'ai plus touché à aucun produit, j'ai quand même continué la fumette.
Puis j'en suis arrivé à un stade où je commençais de nouveau à m'ennuyer... De ne plus pouvoir stimuler mon système cognitif.
J'avais perdu tout intérêt pour quoi que ce soit. Plus le moindre enthousiasme. Envie de rien, incapable de faire quoi que ce soit.
J'ai continué à fumer pour tuer le temps. Mais j'étais fatigué... Et attiré par autre chose.
J'ai fais l'erreur d'acheter de la codéine en pharmacie, c'était juste un simple geste de curiosité, et j'avais juste l'idée de passer le temps...
Le flash de la codéine s'est emparé de moi et a enveloppé le réel de coton. Tout était si agréable et motivant, la codéine me donnait chaud au coeur et m'encourageait. J'avais le sentiment de vivre autre chose que d'habitude, quelque chose d'unique et qui pousse à vouloir changer les choses... J'avais l'impression d'aimer ce que je faisais.
Puis j'ai commencé à en prendre souvent... Dans toute sorte de situation. Et c'est là qu'est commencé mon problème avec la codéine.
De quelques cachetons, je suis passé à une boite par jour, des joints par dessus. Je me suis accoutumé salement à ce mélange avec le cannabis. Au début, je me sentais très bien, et j'avais l'impression qu'il y avait des changements positifs dans ma tete. Il est vrai, j'étais bien plus positif et optimiste qu'avant. Puis, j'ai commencé à régresser. J'étais bien plus lent qu'auparavant, et je me sentais bien plus fragile. Quand j'ai constaté que je me sentais vraiment mal sans codéine... J'ai essayé d’arrêter, mais ça n'a pas fonctionné, j'ai fini par en reprendre... Le pire avec un opiacé tel que la codéine, c'est qu'il nous laisse entrevoir ce qu'on ne peut atteindre...
Je suis actuellement sous codéine, sans, je n'aurais pas pu écrire tout ça. Sans codéine, je tremble, j'ai chaud, je dois m'occuper le corps et l'esprit, ou alors m'exploser le crane violemment pour apaiser le manque. Et il n'y a plus ce sentiment d'enthousiasme qu'il y avait au départ quand j'en prenais... Maintenant, ça me permet juste d’être au calme, avec le regret d'avoir commencé à en prendre.
J'ai l'impression de continuellement tourner en rond, et je ne sais pas comment m'y prendre pour pouvoir me poser dans ma tête et me sentir heureux. Tout ce que j'ai besoin d'extérioriser, je l'extériorise grâce à la drogue, comme si c'était tout ce qu'il me restait... Je sais pas comment faire autrement, je sais plus. C'est là dessus que j'ai régressé. Tout est redevenu flou, vide, creu, dénaturé... Je ne construis plus rien, je n'arrive plus à rien... Et pourtant, j'ai envie de changer les choses.
Après avoir lu tout le thread, et après m’être reconnu dans pas mal de vos témoignages... Vous avez suscité en moi un intérêt particulier, car il s'agit d'un sujet qui résonne énormément en moi. Vous me donnez la force de croire au changement, et je vous en suis reconnaissant. Comme l'ont dit certains plus haut, je pense qu'il vaut mieux éviter de se renseigner à bloc à propos d'une pathologie en fouillant le net, car on n'obtiendra rien de plus que des questions et des doutes supplémentaires qui viendront renforcer ce stress et toute cette anxiété qui bouffe nos capacités. Je vous tiendrais peut-être au courant pour la suite, si ça s'arrange pour moi et comment, et même si ce sera long et périlleux, je pense que le jeu en vaut la chandelle.
Il faudra mêler ma réalité à la leur, pour que je puisse croire à nouveau en mes rêves.
Il y a des choses que j'ai oublié et que j'aimerais retrouver.