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deracine a dit:Je suis très loin, vraiment très loin de me douter de la dangerosité de cette drogue "douce". Alors je reprends un space cake, et paf 2 space cake ingérés. :s
Nous rentrons dans un bar, on se commande une pinte de bière chacun. Je commence à boire un tiers de ma bière et montée d'adrénaline gigantesque et chaleur qui envahit mon corps. Je ne comprends plus rien, je suis euphorique mais en même temps tellement mal. Toute la réalité est exaltée, mais je reste lucide, conscient que quelque chose ne va vraiment pas. Je ne reconnais plus ma voix, les sons sont bizarres, déformés, j'étouffe... Une partie de ma conscience reste alerte, et je dis très vite à ma copine : "je me sens affreusement mal, rentrons à l'hôtel je t'en prie"
Je ne suis plus rien, je suis un enfant sans défenses, complètement apeuré, je lui demande de me rassurer, que tout cela va finir par passer. Je sens ma mort venir, le temps n'est plus pareil; je suis dans un présent "éternel" qui me met dans un état d'angoisse indescriptible.
On finit par sortir du bar, j'ai conscience que les gens me regardent bizarrement dans la rue (je deviens un peu parano aussi). On arrive à un arrêt de bus, on cherche le bus pour l'hôtel : plus aucun bus à cette heure-ci.
S'ensuit une bonne heure où je comate complètement (je me souviens plus vraiment de ce moment là), je m'accroche juste au bras de ma copine qui galère complètement pour retrouver le chemin de l'hôtel. On est un peu perdus, on se perd dans la grande ville sombre.
On finit par trouver un taxi, on le supplie presque de nous ramener à notre hôtel. Tout me paraît irréel, mais je parviens quand même à donner l'adresse de l'hôtel au chauffeur, et à cacher autant que possible mon état de défonce, de mal-être horrible.
Je plonge dans ma conscience, dans un puits sans fonds, des souvenirs remontent à ma conscience... J'ai l'impression d'aller super loin dans ma tête et que c'est quelque chose d'infini. Je vis une expérience d'intense dissociation. Où est mon esprit? Est-ce que mes pensées sont en dehors de moi? Qui suis-je? Je ne reconnais plus rien... La réalité m'apparaît hyper glauque, je me demande "suis-je dans une réalité parallèle?", et surtout "comment je vais faire pour en sortir?!"
On arrive à l'hôtel, finalement. Dans la chambre je me regarde dans le miroir et je panique. Mais je commence à me calmer un peu, à retrouver un peu mes esprits.
Et là ce qui m'interpelle c'est que ma mémoire à court terme est bousillée, ma copine aussi. On oublie ce qu'on vient de dire à l'instant même. Cela donne des conversations absurdes, et c'est vraiment pas cool...
Je ne veux pas dormir, et pourtant je sais que j'en ai besoin. Je suis comme persuadé que si je m'endors je meurs...
Je finis par dormir mais très mal, pendant 3-4 heures. Le lendemain je suis "choqué", et je me sens dissocié...
Ce mal-être est toujours très vivace, je ne me sens bien nulle part. Je veux fuir, mais quoi? La réalité ne peut pas être fui. Je me sens "coincé" dans une réalité hyper glauque.
A l'arrivée à Lille (j'étais étudiant à Lille), je vais aux urgences psychiatriques car j'ai toujours ces symptômes horribles. Je vois une équipe de psy qui me disent que je suis choqué, et que c'est "logique" vu que j'ai fait un bad trip. J'ai un discours très dépressif... Ils me prescrivent du xanax.
J'en prends une moitié au retour dans ma chambre étudiante. J'aime pas trop les effets mais je suis un peu plus calme.
Je reprends ma vie d'étudiant tant bien que mal. Je loupe pas mal de cours mais je m'accroche... Je valide même mon année, mais je ressens ce mal-être et cette angoisse horrible prête à me bondir dessus à tout moment.
Je finis par "ranger" cet épisode dans un coin de ma tête, et vivre assez "normalement" pendant 3 ans. Sauf qu'il y a 3 mois je "revis" psychologiquement ce traumatisme dans un cauchemar. Cette expérience de dissolution de l'ego, de plus savoir qui on est...
Et depuis je galère... Je vis dans la dissociation/dépersonnalisation, qui sont aigües lors de crises d'angoisses. J'ai du arrêter les études et j'ai commencé une psychothérapie. Mais certains jours j'ai des idées suicidaires et je désespère réellement, même si j'ai au fond de moi cet espoir de m'en sortir... Mais j'ai tellement peur si vous saviez.
Merci de m'avoir lu... J'attends vos réactions.
C'est une expérience similaire qui m'a fait arrêter définitivement la weed après un usage quotidien durant mon adolescence.
Sauf que moi c'est arrivé avec trois taff. J'avais arrêté car malgré mes consos car je n’aimais pas vraiment ça, puis ça empirait mon état dépressif. Puis quand j'ai repris pour voir j'ai compris ma douleur.
J'imagine même pas ce que tu as du vivre avec une ingestion.
Pour moi ça a été positif, ça a mis la weed définitivement hors de ma vie. Maintenant rien que de me rappeler l'état de défonce cannabique me provoque une angoisse latente (ça fait 1ans déjà, pour trois taff), donc j'imagine que vu ton bad après 3ans après un choc pareil tu dois toujours avoir des angoisses réminiscentes.
La weed ce n'est clairement pas pour tout le monde. En tout cas si je pouvais refaire ma vie entre mon addiction au opis et mon adolescence sous spliff je sais ce que je choisirais. Les souffrances endurées par le manque sont éphémères, les traumas laissés par les psychés sont tenaces.
Vraiment en voyant mon entourage j'ai finit par comprendre que la weed peut vraiment être un outil paradisiaque pour certains comme un enfer pour d'autre.
Rassure toi le temps finit par effacer. Mais soi bienveillant envers toi même, ne te blesse pas trop avec d'autres consos et laisse toi le temps avant de baisser les bras. Les humains sont résiliant, le trauma finit par s'estomper et l'angoisse par se dissoudre. Je sais que c'est dur mais patience.