En ce jour là que je me sentais seul et que je prenais plaisir à consoler mon désespoir, il vint (l'univers) se glisser à l’improviste à mes côtés : Qu’est-ce qui te rend si triste? Je lui répondis alors avec tout mon malheur: « Que veux tu-entendre ? Que je me sent seul, laid et insignifiant. Que tout se que je croyait acquis, m’apparaît maintenant comme un fieffé mensonge. Il y a tant de choses que je convoitent et que je ne saurais atteindre, soit par peur, soit par faiblesse souvent des deux… Tant de choses que je croyaient comprendre et qui me semblent déjà si vaine que je préférerais n’avoir jamais vécu plutôt que d’en faire l’expérience. » J’entendis alors que l’univers rigolais doucement, il renchéris alors: « Pauvre humain, je ne comprendrais jamais ton désarroi car il est d’une autre nature que la mienne, mais tu oublis qu’en toi, tu possèdes comme tout humain ton regard qui t’es propre et la base même de l’énergie qui l’anime est issu de mon sein. Tu es donc à ta manière, ma continuité. Mais à force de vouloir l’oublier, comme si c’était une tare, comme si cela faisaient de vous mes esclaves, à pour conséquence de vous rendre esclave de vous-même. Voilà une raison qui peut te rendre légitimement triste et pour laquelle une vie ne suffirait d‘épuiser tes larmes. En revanche et c‘est toute l‘ironie de la chose, vous êtes dotés de l‘esprit le plus puissant qui fut forgé à ce jour au vu de la réalité qui pris forme il y a déjà des milliards d‘années ici bas. Et qu‘en avez-vous fait? Vous l‘avez modelé de telle sorte qu‘il vous trompe perpétuellement afin de consolé votre peur du doute, du néant et de la mort car la vérité vous repousse comme un grain de pollen balayé par le vent. Il ne vous sert qu’à asseoir votre domination ridicule vis-à-vis de la vie. Pourtant c’est la vie qui vous donna le jour et maintenant c’est la puissance de votre esprit qui est le témoin de votre servitude. Pour autant ce n’est pas grave et il n’existe que le pardon pour celui qui désire arpenter ne serait-ce qu’une seconde, le chemin de sa liberté. Alors pardonne à la bêtise humaine, car elle ne sait pas de quel crime, elle se rend coupable et pardonne ton arrogance car aujourd’hui tu as poussé ton premier cri de liberté, toi qui t’es toujours vanté aussi certain que tu étais de l’être auparavant. »
Ces paroles de sagesse, agir sur moi comme un violent coup de couteau en plein cœur et alors que je pressentait maintenant que mon sang allait jaillir hors de mon corps pour m’emporter six pieds sous terre, je m’aperçut avec l’effroi de la surprise qu’aucun sang ne coulait et bien que je me sentit blessé au point de poser un genou à terre, je fis alors un effort incommensurable pour me relever et comprendre que la blessure n’avait rien de fictive. Ce n’était ni une blessure de l’âme, ni une blessure du cœur mais bel et bien de mon esprit et je perçut enfin que mon ego hurlait à la mort. Il me criait: « qu’as-tu donc fait pauvre malheureux, quelle porte sinistre as-tu encore ouverte? Moi qui t’es toujours chéris, qui a tout fait pour ton bien, qui t’as accompagné dans toutes circonstances, si bien que je ne me souviens plus depuis quand, tu profites que je te tourne le dos un instant pour fomenter avec je ne sais quel démon et finir par me poignarder comme un lâche, comme un traître, comme un chien que tu es. Tu crèveras bientôt seul et malheureux, si tu ne me soignes pas immédiatement! M’entends-tu? Excuse ton offense, à mon égard, baise moi les pieds, soumet toi à ma tentation où je te jures que tu le regretteras! Oh oui j’en fais le serment, de ta vie j’en ferais un enfer, de tes joies, j’en ferais des peines, de tes désirs, une aliénation et de ton salut, une prison… » Déboussolé, je me mis à genou et tentait en panique de contenir sa colère pendant qu’il continuais de jurer après moi. L’Univers s’esclaffa de plus bel : « Regarde toi pauvre humain, je te parlais il y a un instant que ton esprit était plus puissant que tout ce que tu pouvais imaginer. Tu en as la preuve maintenant. L’auteur du mensonge, touché en plein cœur, arrive encore à t’émouvoir de sa douleur. C’est bien car cela me prouve que tu ne t’es pas perdu en chemin et que la compassion de ton esprit de sagesse est toujours bien présente. Mais ne tend pas la main à cet imposteur qui fabrique ta perte depuis si longtemps déjà. Regarde le simplement s’évanouir et comprend que tu n’y perds pas au change, simplement tu prend peur car le changement t’apparaît maintenant comme une évidence alors que jusqu’à présent ta vie te paraissait immuable, figé comme de la glace. Mais la glace ni aucun autre élément, ne reste éternellement figé, tout finis par se transformer et alors que tu te transformais lentement en chimère croyant devenir libre, tu ressent bientôt la liberté authentique comme une punition pour avoir blesser ton ego. Si cela peut te rassurer, il n’est pas encore mort, mais maintenant qu’il est faible, tu vas enfin pouvoir considérer le monde d’un œil neuf et perçant. Profite donc de sa convalescence afin de t’armer à apprendre à lui résister dorénavant, à le dominer, au point qu’il tremble de ta présence et qu’il ravale une fois pour toute ses vociférations insultantes, ces ruses machiavéliques et son culot légendaire. Tu ne t’en porteras que mieux, j’en fais la promesse en prenant comme témoins les éléments souverains indispensables à la vie sur la terre, les étoiles célestes qui reflètent le vide tel l’obscurité reflète la lumière jusqu’au chaos des galaxies qui engendrent le devenir de toute chose qui me compose que vous nommé le temps et l’espace mais qui n’est autre que le réel formant le tout. En attendant n’oublis pas que je suis là, même quand tu ne penses pas à moi. Je suis maintenant obligé de te laisser digérer mes paroles afin de ne pas risquer de te perdre aux confins d’une folie dont on ne reviens jamais plus. »
Cela dit, je me retrouvai seul avec moi-même et d’une force sans précédente j’éprouvais à la fois de la joie et de la crainte de ce qui venait de se produire, que fallait-il que je fasse? Qu’allais-je devenir? Je ramassa ce qu’il restait de moi-même et m’empressa d’aller me réconforter dans des activités inutiles dont je raffolait pourtant mais ce fut vain rien ne calmait mon désarroi. Pour la première fois depuis toujours, je me mis à douter du doute lui-même car il avait été mon plus fidèle allié jusque là. Je compris qu’à force de l’utiliser, le doute avait bâtit mes certitudes qui se confondent en habitudes aveugles, ces mêmes certitudes dont mon ego raffolait. Ce fut le chant de l’oiseau qui me surpris à me ramener en moi-même et soudain le souffle du vent, bruissement dans les feuilles printanières m’emplit d’un contentement infini. Les ondes tapissant chaque recoins du réel dégoulinant de beauté m’apparurent alors simplement comme certaine. Ce fut alors la puissance du moment présent qui jaillit soudain dans mes veines , déchirant les craintes et l’amertume, donnant lieu à la naissance de l’euphorie sans borne, un misérable aperçu du bonheur universel…