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Comment j’ai arrêté le Subutex.
Je tiens d’abord à souligner qu’on est tous différents donc il ne faut pas prendre ce texte comme la divine façon d’arrêter, j’ai tout de même galéré, ce n’était pas sans peine. Arrêter le Subutex sans aides est voué à un échec certain. Il n’y a pas que le facteur manque physique, il ne faut pas oublier le moral : pour arrêter on doit en vouloir sans se remettre en question sur ce point. Arrêter la came est beaucoup plus facile, car en général la came ne contiens que 5, 10 % réellement d’héroïne pure, rarement plus et la durée moyenne pour se sentir mieux physiquement et moralement est d’une bonne semaine.
Mais devant un médecin, le patient qui lui dit qu’il veut arrêter l’héroïne ne connait pas votre force d’esprit donc dans le bénéfice du doute ils prescrivent ce qu’ils nomment : un traitement de substitution aussi appelé traitement d’entretien. Bien voir le vice généré par nous médecins en prescrivant sans vergogne ce traitement.
J’ignore comment les autres médecins procèdent, mais moi j’allais tous les mois chercher mon ordonnance en disant combien je consomme, et pouf l’ordonnance était souvent faite sans que le médecin parle d’arrêt, ou m’éveiller sur la toxicité de ce traitement, un mouton qui donne à un autre mouton une ordonnance.
C’est la seconde fois que j’arrête. La première fois a duré bien plus longtemps (1 mois ½), et j’étais hébergé par un ami qui avait arrêté, quand j’avais 22 ans, un arrêt « à la dure » sans médicaments, j’en étais très fier à l’époque.
J’étais resté clean jusqu’il y a 3 ans (vers mes 30 ans), et j’avais rechuté à cause d’une femme avec qui j’étais en couple et qui m’a mené la vie tellement dure que j’ai pas mis longtemps à me remettre à consommer de l’héroïne, et j’ai rapidement arrêté avec le subutex, une erreur.
J’ai donc pris pendant presque 3 ans : 4 mg de subutex, souvent par le nez au début.
Il y a 2 ans je songeais déjà à arrêter, je me suis fait hospitaliser exprès, ils ont réussi à me faire arrêter (en ne m’en donnant plus), avec des valiums. A peine je suis sorti de l’hôpital que j’ai redemandé à mon médecin mon traitement de 4 mg. JE N’ETAIS PASPRÊT.
Le Subutex lui est un médicament qui anesthésie les récepteurs créés par le cerveau par la consommation d’héroïne, et le subutex a toujours la même pureté, ce n’est pas aussi aléatoire que de la came achetée, d’où une certaine puissance que ce produit doit avoir pour ôter l’envie de prendre de l’héroïne, et c’est bien le souci, par la suite…
Je pense que j’en suis sorti si bien par le fait que je ne voulais pas décevoir celui qui m’a tendu une perche, qui m’a envoyé en urgence des médicaments pour palier le manque et éviter que je rechute.
Comme les noms de médicaments utilisés sont censurés je ne donnerai qu’un bout du nom et la contenance : (liste "exemple" pour 3 semaines de morphine, codéine, paracétamol et une 4 ème semaine de codéine prise en divisant par 2 jour après jour la quantité de codéine)
- Des suppositoires (1) et des comprimés (2) (La****ne), avec de l’extrait sec d’opium, paracétamol et caféine.
- Des dafalgans codéinés (3).
- Deux sortes de médicaments contenant que de la codéine (10 a 19,5 mg de codéine) (4) (5)
- Et pour finir un médicament un peu comme les dafalgans mais plus riches en codéine (50 mg) (6)
La première semaine :
Arrêt total à deux jours du week - end du subutex, je n’avais pas encore de médicaments, mais ça passait, pour les 3 premiers jours d’abstinence je n’ai pas énormément souffert. Mais j’avais quand même mal au dos, sueurs froides, fourmis dans les extrémités et bras et jambes et surtout aucune motivation pour quoi que ce soit. J’ai ensuite reçu les médicaments, dans la première semaine j’étais quand même ‘obligé’ d’additionner l’opium avec la codéine tout en respectant les limites (4g/j) du paracétamol, matin, midi et soir. J’en ai peut être pris un peu beaucoup mais j’en ressentais le besoin, une fois une dose correcte ingérée, j’avais plus que le nez qui coulait (à flot pendant longtemps) et mal au bas du dos. J’ai fait avec, c’était supportable, même au travail, j’emmenais toujours un peu de rab car au début la codéïne ne faisait pas effet super longtemps, mais les suppos (à mon grand étonnement : merci rectum ^^) étaient très efficaces et duraient longtemps, j’évitais d’en prendre le soir à cause de la caféine inclue dans ce médicament.
Ces médicaments ne me faisaient pas un effet de « montée », mais de soulagement.
Les jours où j’avais pris un peu trop de codéïne (avec le recul !) me faisaient juste croire à être guéri, mais pas longtemps …
Disons que c’était comme une grosse grippe+++, en gros, dur à décrire, ça doit parler à ceux qui ont déjà vécu ce genre de manque…
En moyenne c’était 3 puis 2 suppo/jour + environ 100 mg de codéine/jour
La deuxième semaine :
J’ai commencé à bien diminuer les médicaments, c’était plus que matin et soir. J’avais conscience du potentionnel pouvoir addictif de la codéine et de l’opium. C’est pour cela que je commençais, les jours où je ne travaillais pas, à essayer de m’abstenir de tout traitement, mais avec le recul je m’étais fait du mal pour rien, ma consommation était trop désordonnée, un jour beaucoup, le lendemain peu : ce n’est pas une solution. Après lecture d’une remarque de la personne qui m’a aidé, j’ai repris un peu plus à nouveau pour stabiliser mon humeur qui n’était pas très stabilisée. Mais je restais sur ma position, « Je veux arrêter ». Cette semaine ci j’ai quand même douté de moi plus d’une fois, il ne faut pas « s’écouter » dans ce cas de figure : il faut attendre que le temps passe, trouver des occupations qui nous font penser à autre chose, prendre son mal en patience, c’est facile à dire et c’est facile à faire quand on a la motivation que j’avais. Ne pas céder, éviter d’avoir des « idées noires »…
En moyenne : 1 à 2 suppo/jour, entre 100 et 50mg de codéïne/jour
La troisième semaine :
Dernière ligne droite, j’avais quasiment arrêté les la***ne et je prenais qu’au compte-goutte les autres médicaments. Selon le besoin, tout en restant stable. De toute manière, à ce stade, l’esprit est déjà bien plus clair, la normalité remplace le manque. Une remise en question, encore une.
Deux semaines plus tard :
Par le fait d’être passé par tout cela, d’avoir souffert un peu au travail. J’ai fait croire à ma famille, mes collègues une grosse crève ; quand ils me voient aujourd’hui, ils me disent « Ca y est, t’es guéri, ça se voit », comme j’aime entendre ça.
Je me suis procuré des anti douleurs non opiacés (paracétamol seul, ibuprofène) je ne consomme plus que ça, presque plus.
10 jours après avoir écrit ce texte, je rajouterai que la dernière ligne droite n'est pas la 3 eme mais la 4 eme semaine ... Mais là c'est quasi 100% mental, le physique j'ai pas vraiment souffert, enfin si mais je met ça sur le dos du travail, et comme on est pas encore totalement lucide avant la fin totale, mais c'est une rémission, à partir du moment qu'on a abusé d'un truc le cerveau garde a vie le souvenir, et ça c'est une raison de ne jamais commencer la came !!!!
J’espère que ce texte servira à quelqu’un.
ATTENTION : il faut se connaitre et ne pas se voiler la face, comme déjà dit j’aurai pu tomber dans la codéine, c’est un risque à prendre qui n’est pas à prendre à la légère, si on se « défonce » à la codéine comme substitut, je suis certain qu’on en deviens vite accro. Le reste c’est, je pense ça maintenant, de la rigolade quand on a la vraie motivation et le sérieux. A 33 ans, on est aussi plus mûr qu’a 20 donc c’est plus facile « vieux » de faire ça de cette façon que « jeune » (avec l’immaturité qui en découle.).
Edit : persistera des douleurs, notamment au dos, il ne faut pas perdre espoir, ça passe: au bout de deux mois on se sent bien.