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Travail et participation à la société

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Sludge
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Sludge

Holofractale de l'hypervérité
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17/9/11
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La problématique du travail est notre lot à tous. Dès le plus jeune âge, on nous encourage à choisir une voie ou une autre en fonction de nos aspirations. Souvent, on choisit un peu par dépit ou sur un coup de tête vers quoi on va se diriger. On est déjà trop jeune pour avoir une idée de ce qu’on veut faire, mais on est surtout trop ignorants des réalités pour comprendre à quoi nous attendre dans le monde du travail.

Lorsqu’on parle de travail, plusieurs sens viennent à l‘esprit :

  • Une activité salariée au service d’un patron produisant de la valeur ajoutée au sens le plus économique qui soit (du PIB).
  • Ou celui en général de nos aïeux qui évoquent le travail avec une notion de valeur, une activité responsabilisante et rapportant un moyen de subsistance.


Tout ceci est en opposition avec l’oisiveté, considérée comme déshonorante, de celui qui profite des bienfaits de la société sans contrepartie, le parasite.

Les deux notions occultent complètement l’idée d’activité procurant l’épanouissement (l’accomplissement) de la personne. C’est encore une fois ne considérer que l’aspect économique des choses et oublier le but originel de la vie en société au delà de la survie : permettre l’augmentation de la qualité de vie pour chaque individu. Non pas que le premier empêche l’autre, mais il ne l’inclut plus forcément. On considère donc difficilement une activité qui ne procure pas un apport mesurable (notamment par les échanges de monnaie), alors qu’en parallèle de nombreuses activités justement non monnayables se multiplient et profitent à la société. Je parle de la participation à des associations à but non lucratif, à la création artistique non commercialisée, aux projets dans l’esprit du logiciel libre, aux chantiers de bénévoles où l’on construit ou restaure des bâtiments et où les savoirs se transmettent, etc.

Beaucoup de personnes ont de grandes difficultés à trouver du travail, alors que d’autres y passent le plus clair de leur temps et ne peuvent développer leurs projets personnels en parallèle.

Traduire des oeuvres étrangères, organiser des évènements artistiques et populaires, développer et partager des applications, militer pour la santé publique, aider les gens en difficulté sociale. Cela occupe parfois des individus durant des milliers d’heures au cours d’une année et l’apport à la société est certain mais pourtant, ils sont régulièrement montrés du doigt ou se sentent mal vus du reste de la population car leur activité ne génère pas d’échanges de monnaie.

En vérité, l’argent devient l’instrument de mesure par excellence de la valeur des choses et des gens. Faire pousser librement des fruits et légumes dans les parcs publics permettrait à beaucoup de manger des produits de qualité et non source de pollution, mais cela nuirait au commerce, même si ce commerce a parfois au contraire des conséquences désastreuses quand il découle du libre échange international (délocalisations, pollution, maladies issues des traitements). La pollution et les maladies génèrent des échanges de monnaie, pas les forêts comestibles.

Cette culture du “travail” empêche la plupart des Hommes, ceux qui ne s’épanouissent pas via l’activité salariée, d’avoir une vie décente et heureuse. Si on partageait le travail disponible et supprimait des tâches inutiles en rendant la production plus pragmatique (adieu la différenciation des produits et l’obsolescence programmée qui n’ont de sens que dans un modèle de croissance économique), chacun pourrait jouir d’un apport financier tout en se réalisant à coté. Ce temps ne serait pas nécessairement alloué à l’oisiveté (bien que l’oisiveté puisse apporter l’enrichissement lorsqu’il ne s’agit pas de se vider le cerveau pour décompresser d’une journée éreintante) mais bien à l’apport à la société, un apport différent et plus en accord avec nos aspirations profondes, aspirations que l’on développe à un âge souvent bien plus avancé que celui auquel on nous demande de choisir une voie (dans le cadre scolaire).

Oublier de chercher à rendre heureux les Hommes, c’est produire de la frustration, de la méchanceté, des incivilités : une société malade.
 
En attendant de poster une réponse plus légitime à ton long message, j'exprimais un simple et premier point de désaccord, les activités bénévoles et humanitaires plutôt noble que tu décris ici et apparente à l'oisiveté ne correspondent pas à l'oisiveté synonyme de fainéantise utilisé dans le language usuelle. Je pense qu'au contraire, quelqu'un de fainéant et par extension quelqu'un d'oisif ne met pas en pratique ses capacités au profit de la paresse, qui est par expérience une mauvaise solution a long terme.

De plus, je ne pense pas que "tout" soit "un", c'est à dire que je ne pense pas que la société est une véritable volonté unidirectionnel et incarné comme pourrait l'avoir un homme, au contraire, d'ailleurs certains talentueux philosophes dosent même que la contre culture est un moteur de la société (et ils ont raisons).

Pour faire le lien entre mes 2 paragraphes je dirait que au contraire, par compassion quelqu'un de cupide pourrait trouver désolant les activités bénévoles d'un de ses congénères, mais c'est illogique puisque que quelqu'un de cupide et par conséquent rendue malade par une société malade ne peut pas ressentir une compassion plus forte que son égoïsme (logique), comme une sorte d'esclave, le "maître" ou "cadre" a de quoi se réjouir de voir quelqu'un œuvrer en son bénéfice sans en demander les habituels contre partie. Bien sur c'est exemple est logique lorsqu'on parle de traduction de bouquin, et que l'égocentrisme ne va pas à l'encontre du bon sens du bénévole, ce qui n'est pas le cas dans ton exemple pour un potager dans un jardin publique, où là le bénéfice ne revient pas aux magnats..

J'ai perdue une partie de mon message alors je m'arrête là pour l'instant ;)
 
Je pense justement qu'on ne reconnait pas l'activité non rémunérée comme il se doit et par exemple on demandera à quelqu'un qui perçoit les allocations chômage de faire un "vrai travail".

Dans beaucoup de discours on entend parler des profiteurs qui touchent des sous sans jamais travailler. C'est vrai que ce n'est pas de ceux-là que je parle. Pour moi ils représentent tout au plus un mythe bon seulement à valider des discours libéraux pour supprimer les acquis sociaux. Une personne normalement construite a besoin à un moment de sa vie de se réaliser et de faire des choses. Tous ceux que je vois autour de moi qui galèrent pour trouver un travail (et surtout un moyen de subsistance mais à un moment donné dans les discours on croirait qu'on travaille pour travailler) le vivent en général mal alors qu'ils ne demandent qu'à faire profiter une structure de leurs capacités. Mais même pour passer le balai on te demande une lettre de motivation, et si tu es diplômé tu n'auras jamais le taf.

Trouver quelque chose de rémunérant et d'épanouissant, c'est encore plus compliqué. Si au moins on pouvait partager le travail et faire à la limite un truc horriblement chiant mais seulement 30h par semaine et profiter du reste du temps pour s'enrichir personnellement...
 
30h par semaine c'est énorme pour un truc chiant. Si on partageait vraiment le travail, et que tout le monde se sentait impliqué dans la société, on travaillerait pas plus de 5h contraignantes par semaine.
 
Je suis parfaitement d'accord avec toi sur ce coup Sludge, mais tu as l'air de vivre dans un milieu plus beau que le mien ^^, parce que perso moi mes voisins au chômage ne sont pas des marginales ouvert mais plutôt des gens cupide mais paresseux qui par la force des choses n'ont pas eu la réussite à leurs premiers essais, et qui ont baissés les bras quand à participer à la société des hommes et qui préfèrent toucher un maximum de sous qu'importe les moyens "parce que c'est comme ça qu'on est heureux".

Même si je trouve que l'assisté pur et dur est un mythe, j'observe des gens à mi-chemin entre l'assisté et le cupide: le paresseux type de la société, pour qui l'idéal se trouve dans l'acquiessement dans l'argent dans la glandouille, et qui particularité qui lui est propre (mais pas souvent de sa faute), il privilégie la paresse à la richesse.. Bon je sectarise beaucoup et j'ai pas l'impression d'avoir bien rédiger mes impressions mais espéront que ça convienne ^^

Mais des gens comme tu décrit je n'ai pas la chance d'en voir beaucoup malheureusement, peut être parce qu'on ne fréquente pas les même milieux.. ^^
 
Travailler, je n'ai rien contre, en tant que tel.
Je n'ai rien pour non plus, dans l'absolu.
Encore faut-il voir travailler à quoi, pour qui, pour quoi, comment, pendant combien de temps, dans quelles conditions, etc...

A l'échelle humaine, le travail n'a de sens que si on sait lui en donner un ; c'est-à-dire s'il permet à l'individu, d'une manière ou d'autre, de s'épanouir au sein de la société. Que ce soit au niveau du contenu de la fonction, du cadre ou du contrat de travail, de la rémunération, etc. il faut bien qu'on puisse y trouver son compte quelque part.

Travailler dur et être mal payée? Aucun problème si c'est un job qui m'intéresse, un projet dans lequel je peux croire, ...
Un travail pour lequel je suis compétente mais où je m'ennuie? Okay pour quelques temps, à condition que ce soit bien payé!
...
Un boulot précaire, moins qualifié que je ne le suis, payé des clopinettes, dans une entreprise dont je ne partage pas les valeurs...? Non merci, ça ira comme ça, je vais passer mon tour. :mrgreen:

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Énorme cette chanson.
 
Il faut absolument que je cite le Prophète, du poète Khalil Gibran, qui met en scène un prophète arrivant dans une ville, que les badauds interrogent sur le sens de la vie.

Alors un laboureur dit : "Parle-nous du Travail."

Et il répondit, disant :

"Vous travaillez afin de marcher au rythme la terre et de l'âme de la terre.
Car être oisif est devenir étranger aux saisons, et s'écarter de la procession de la vie, qui marche avec majesté et en une fière soumission vers l'infini.
Quand vous travaillez, vous êtes une flûte dont le coeur transforme en musique le chuchotement des heures.
Qui parmi vous voudrait être un roseau muet et silencieux, alors que le monde entier chante à l'unisson ?
On vous a toujours dit que le travail est une malédiction et que le labeur est une malchance.
Mais je vous le dis, quand vous travaillez, vous accomplissez une part du rêve le plus ancien de la terre, qui vous fut assignée lorsque ce rêve naquit.
Et en vous gardant proche du travail, vous êtes dans le véritable amour de la vie.
Et aimer la vie par le labeur est devenir intime avec le plus profond secret de la vie.
Mais si dans votre souffrance, vous considérez la naissance comme une affliction, et le poids de la chair comme une malédiction inscrite sur votre front, alors je réponds que rien d'autre que la sueur de votre front peut laver ce qui y est inscrit.

On vous a dit aussi que la vie est obscurité, et dans votre lassitude vous répétez ce que disent les las.
Et je vous dis que la vie est en effet obscure sauf là où il y a élan,
Et tout élan est aveugle sauf là où il y a la connaissance.
Et toute connaissance est vaine sauf là où il y a le travail,
Et tout travail est futile sauf là où il y a l'amour ;

Et quand vous travaillez avec amour vous attachez votre être à votre être, et vous aux autres, et vous à Dieu.
Et que veut dire travailler avec amour ?
C'est tisser une étoffe avec un fil tiré de votre coeur, comme si votre bien-aimé devait porter cette étoffe.
C'est bâtir une maison avec affection, comme si votre bien-aimé devait résider dans cette maison.
C'est semer le grain avec tendresse, et récolter la moisson dans la joie, comme si votre bien-aimé devait en manger le fruit.
C'est insuffler dans toutes les choses que vous fabriquez l'essence de votre esprit.
Et savoir que tous les morts vénérables se tiennent près de vous et regardent.

Je vous ai souvent entendu dire, comme si vous parliez dans votre sommeil, "Celui qui travaille le marbre, et dévoile dans la pierre la forme de son âme, est plus noble que celui qui laboure la terre.
Et celui qui s'empare de l'arc-en-ciel pour l'étendre sur une toile à l'image d'un homme, vaut plus que celui qui fabrique des sandales pour nos pieds."
Mais je dis, non en mon sommeil, mais dans le plein éveil du milieu du jour, que le vent ne parle pas avec plus de tendresse au chêne géant qu'au moindre des brins de l'herbe ;
Et que seul est grand celui qui, par son propre amour, métamorphose la voix du vent en un chant plus doux.
Le travail est l'amour rendu visible.
Et si vous ne pouvez travailler avec amour mais seulement avec dégoût, il vaut mieux quitter votre travail et vous asseoir à la porte du temple et recevoir l'aumône de ceux qui travaillent dans la joie.
Car si vous faites le pain avec indifférence, vous faites un pain amer qui n'apaise qu'à moitié la faim de l'homme.
Et si vous pressez le raisin de mauvaise grâce, votre rancune distille un poison dans le vin.
Et si vous chantez comme les anges, mais n'aimez pas le chant, vous voilez aux oreilles de l'homme les voix du jour et les voix de la nuit."

Le PDF du texte entier : http://www.oasisfle.com/doc_pdf/le_prophete_gibran.pdf
 
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