Sludge
Holofractale de l'hypervérité
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« T'as déjà pris du LSD ? Je me tâte à essayer.
- T'es ouf mec ! Le cousin du beau-frère d'un pote, il en a pris une fois, il est resté perché ! »
Peut-on rester perché-e après avoir pris une drogue psychédélique ?
Rester perché-e... Cette expression revient très souvent dès qu'on parle de drogues psychédéliques. Mais qu'est-ce que ça veut dire... rester perché-e ? Le problème avec ce sujet, comme bien souvent dès qu'il s'agit de drogues interdites dans la quasi totalité du monde, c'est que les études scientifiques sont également très limitées sur le sujet. Dès lors, les connaissances sont principalement empiriques, c'est à dire rassemblée dans le temps en collectant un maximum d'informations, de témoignages, etc. Et il reste les connaissances scientifiques, en neuro-sciences, en psychiatrie, etc. pour éventuellement crédibiliser ce savoir empirique.
Rester perché-e...
Si on prend l'expression littéralement, ça voudrait dire qu'on ressent l'effet d'un trip... indéfiniment ?
Déjà, coupons court aux plus grosses légendes urbaines. Aucune trace de LSD ne va aller se fixer dans vos muscles ou nulle part ailleurs et être libéré un jour ou l'autre. On associe souvent cette histoire au phénomène de flashback.
Mais qu'est-ce que c'est, concrètement, un flashback ? Le flashback est très certainement lié à l'association dans la mémoire entre des éléments perçus par nos sens, des émotions et les effets des drogues lors d'un moment particulièrement marquant du trip. C'est à rapprocher de la mémoire sensorielle, qui font par exemple qu'une odeur nous rappelle un souvenir. Par exemple, la lavande et les vacances passées chez Mémé et Pépé quand on était petits. Ou la fleur d'oranger et les pâtisseries de Maman.
Avoir un flashback se traduit généralement par un léger retour d'effets visuels ou mentaux durant quelques instants.
Donc ça n'a rien à voir avec l'idée de « rester perché-e ».
Derrière cette expression en fait, on peut retrouver des tas de pathologies différentes et qui n'ont pas toujours grand chose à voir entre elles.
Un abus de drogues psychédéliques, en terme de dosage ou de fréquence de prises, peut par exemple amener à subir un syndrome post hallucinatoire persistant (qu'on retrouve souvent sous l'acronyme anglais HPPD).
Avoir un HPPD, c'est pouvoir pendant longtemps après la dernière prise de produit, avoir de légers visuels, surtout lorsqu'on est fatigué-e, et qu'on fixe quelque chose. Un HPPD disparaît normalement si l'on arrête toute prise de produit psychotrope pendant un long temps. Au contraire, il peut rester indéfiniment si l'on consomme régulièrement des drogues, même du cannabis.
L'abus de drogues, en particulier de drogues dissociatives comme la kétamine, peut également provoquer une déréalisation, ou une dépersonnalisation. Ces pathologies peuvent également mettre des semaines voire des mois à disparaître... et peuvent être difficiles à vivre. Cela peut donner l'impression que le monde est irréel, de se demander si l'on est bien réveillé, ou si l'on est bien toujours soi-même... Encore une fois, pas de secret... Il faut prendre soin de soi, se reposer, manger sain et arrêter toute prise de drogue.
Enfin, et c'est sans doute ce qui se rapproche le plus de l'idée de rester perché, l'utilisation de drogues par des personnes ayant à la base une prédisposition à des troubles comme la schizophrénie par exemple, peut provoquer des crises importantes, tels que des troubles psychotiques pouvant aussi durer de quelques semaines à plusieurs mois. Cela peut arriver même avec du cannabis. Et pas nécessairement à la première prise.
On n'est pas beaucoup plus avancé vous allez me dire. En clair, prendre des drogues comporte des risques. Si peu de personnes risquent d'avoir des problèmes, ça peut toujours être nous. Et le meilleur moyen de ne pas prendre de risque liés aux drogues, c'est de ne pas consommer de drogues.
Néanmoins, si l'on décide malgré tout de faire l'expérience des produits psychédéliques, il faut se renseigner au maximum sur ceux-ci. Ce n'est pas en plein trip qu'on doit craindre quoique ce soit. L'effet de ces produits étant effectivement proche de la psychose, surtout à dosage élevé, il faut garder en tête que c'était l'effet attendu ! On ne prend pas de drogues psychédéliques pour être « normal ». Et c'est normal d'être « bizarre » lorsqu'on en consomme.
« Tu fous quoi ?” “Bah le crabe nous offre sa pince pour la fumer, alors je la fume, t'en veux ? »
Le problème principal que l'on peut avoir si on prend une trop grosse dose de drogue psychédélique, c'est de perdre pied et d'oublier que l'on trip... Et ça veut dire que vous ne pouvez plus consciemment avoir un certain recul entre vos délires et la réalité... C'est clairement un état psychotique... mais qui s'arrête après une heure ou deux en général...
Un autre problème qui peut s'ajouter à ça, c'est si vous paniquez, que les gens autour de vous aussi, et que les événements vous causent un traumatisme qui vous suivra un long moment... Le temps d'intégrer ce qui s'est passé, d'accepter et d'aller de l'avant. Sans cela, ça peut être la dépression.
Donc encore une fois... Informez-vous ! Être le plus conscient possible des risques est la meilleure chose à faire pour prendre la décision... tout d'abord de consommer ou non... puis éventuellement de connaître les manœuvres pour réduire ces risques si vous décidez de faire l'expérience du psychédélisme.
Prendre une dose réduite pour découvrir les effets tout d'abord, soigner le cadre du trip, être sûr-e que vous êtes dans le bon état d'esprit, avec les bonnes personnes, et préparer de quoi vous rappeler les conseils de base pendant le trip... du genre... vous rappeler que vous êtes sous l'effet d'un produit, qu'il est donc normal que ce qui se passe est particulièrement étrange... et que ça va s'arrêter !
Et si après vous être reposé, avoir mangé, etc. vous ne vous sentiez vraiment pas dans votre assiette... il serait toujours possible de demander conseil auprès d'autres personnes ou d'un professionnel de santé selon la situation.
Sujets connexes :
http://www.psychonaut.com/psychedel...-de-se-sortir-du-trip-legende-ou-realite.html
http://www.psychonaut.com/reductions-des-risques/47262-depersonnalisation-derealisation-hppd.html