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Elfe Mécanique
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A tous les psychonautes d'ici et d'ailleurs, aux plus expérimentés comme aux plus novices.
J'ouvre le premier Psychonotes, au sujet de l'opposition réel/illusion. Je fréquentais beaucoup de forums de philosophie et de spiritualité il y a quelques temps, et je dois avouer m'être parfois retrouvé assommé devant des sujets prenant la forme de pavés interminables et d'une rigueur angoissante. Ainsi donc, j'ai décidé de quadriller ce sujet afin que le lecteur qui attend le plus de rigueur possible s'y retrouve, mais aussi que celui qui cherche à partager son opinion sans décortiquer un texte vaste pour en saisir l'essentiel puisse le faire.
Donc :
I. A propos d'un concept : Psychonotes
Depuis toujours, ma vie au quotidien et mes penchants naturels m'ont portés à réfléchir. Je réfléchis à des thèmes très différents, et ce avec un schéma simple : transcender les problématiques. Je ne veux pas simplement me positionner, mais être capable de mesurer un thème dans son ensemble afin de mieux comprendre sa complexité, et aussi les points de fuites par lesquels nous pourront, à l'aide de la réflexion, proposer de nouvelles réponses que je cherche plus riches, plus expérimentées, plus novatrices et vivantes.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'usage de produits stupéfiants remet en cause un nombre non négligeable et non négligé de considérations autour de thèmes que sont, au choix et sans exhaustivité, la vie, la mort, la réalité, etc. Pour certains d'entre nous, cette faculté qu'ont ces molécules à changer l'état de nos pensées - leurs charges théoriques - ont motivé notre décision de les utiliser ; pour d'autres, la puissance de ce qui pouvait n'être que récréatif a su se révéler d'un intérêt bien différent, pour ne pas dire supérieur d'un point de vue de la connaissance.
Prenons comme point de départ la définition traditionnel (et wikipédiste) du psychonautisme :
La définition du psychonautisme existe donc comme une tension entre deux recherches différentes :
Alors, pourquoi proposer des thèmes aussi majeurs à des usagers de stupéfiants plutôt que de les soumettre, comme on le fait traditionnellement, à des philosophes, théologiens ou encore à des scientifiques ? Eh bien, justement parce que l'usage de stupéfiants n'est pas totalement détaché d'une démarche visant la connaissance, et que beaucoup de ceux qui forment l'opinion générale (parmi lesquels nous trouvons les nombreux spécialistes, soi-disant scientifiques, qui parviennent à démontrer que les RC's donnent envie de se taper la tête contre les murs) devraient apprendre à reconsidérer à nouveau le potentiel de la démarche psychonautique vis-a-vis de la réflexion autour de sujets clés.
Comme le montre très bien la seconde partie de la définition du psychonautisme, qu'importe les raisons pour lesquelles nous nous mettons à consommer des psychotropes (même quand c'est pour la défonce bien trash des longs week-end), nous changeons inconsciemment le prisme de notre conscience, par lequel nous observons le monde et l'interprétons. Explorer l'expérience humaine, au sens large, c'est alors trouver d'autres façons de comprendre le monde qui nous entoure. Les psychotropes, en tant que substances agissant dans l'antre de la conscience, le cerveau, renversent littéralement notre façon d'appréhender et de penser le monde pendant les quelques heures de trip. Puis, les effets se tassent, mais l'esprit reste souillé de cet usage : rien ne disparaît concrètement, ou en tout cas, pas directement le lendemain. Il s'agit bien plus qu'une simple prise de produits, il s'agit d'une expérience humaine et psychique qui est à la fois physique, parfois agréable, parfois déroutante, mais aussi mentale et spirituelle.
Bref, vous comprenez certainement ce à quoi je fais référence.
Je décide donc d'orchestrer et de mener ce que j'ai appelé les Psychonotes, ensemble concis et rigoureux visant à dépasser les problématiques qui nous concernent et dont les psychotropes nous offrent d'autres perspectives. Je m'observe moi-même, il y a quelques années, chercher des réponses par moi-même. Puis en trouver d'autres, différentes, à travers la philosophie. Aujourd'hui qu'on coulées dans mes veines des molécules qui n'auraient jamais dû y couler, je trouve encore d'autres réponses. Et c'est avec cette incroyable étoffe que l'on construit à partir de ses expériences que nous pouvons dépasser les problématiques, j'en suis convaincu. Comment un philosophe pourrait-il seulement croire qu'il se trouve suffisamment bien placé pour parler de mort et de renaissance d'après son vécu d'homme licite, alors qu'un pan entier de découvertes sur ces sujets l'attendent dans un simple champignon ? J'aimerais vous faire entendre qu'à mon sens, la pensée s'est toujours trouvée hiérarchisée, et qu'effectivement, par l'usage de produits nous dépassons déjà la connaissance qu'il nous était possible d'avoir à travers l'usage rationnel de la philosophie. Je ne dis pas véritablement que la drogue est au-dessus de la pensée philosophique, en ce qu'elle s'approche plus de la vérité, mais qu'en tout cas la formulation d'une opinion riche, instruite et pleinement consciente passe par la reconnaissance que le psychonautisme est une étude qui mène à une forme de connaissance qu'on ne doit pas négliger.
Les Psychonotes sont donc des espaces que n'importe qui peut ériger, et sur lesquels les utilisateurs du forum peuvent :
Bref, je pense que vous avez tous plus ou moins saisi le projet et les enjeux que recouvrent les Psychonotes. Je sais que certains vont s'en tamponner le coquillard mais prenez le temps de vérifier si vous vous en tamponnez vraiment, parce qu'il est très fructueux d'aborder la psychonautique sérieusement, et les opinions de ceux qui ne pensent pas que leurs opinions ont de l'intérêt sont parfois les plus intéressantes.
Bien entendu, j'ai tracé ce concept moi-même et il n'a rien de parfait, je vous invite volontiers à y revoir les termes et ce que j'aurais pu oublier de préciser. En attendant, j'espère que cette longue lecture vous a permis de comprendre ce que sont à mes yeux ces Psychonotes et que cela vous ouvre l'appétit pour la suite !
Réalité, illusion : au cœur de notre conception du monde
II. Le réel et l'illusoire : considérations générales
Les psychotropes nous offrent diverses façon de s'apercevoir que le réel n'est pas toujours celui que l'on croit : que ce soit par le changement du mode de pensée, de l'état d'esprit ou par la vision déformée et altérée du monde extérieur, notre esprit est soumis à des informations qui peuvent nous dépasser et poser problème. Il n'échappe à personne que certaines molécules dérèglent le fonctionnement du cerveau, par lequel nous gérons les sens et qui nous permet donc d'appréhender le monde extérieur ou intérieur (les sentiments) en les plaçant sous le signe de la réalité. Mais pouvons-nous réellement croire qu'il existe un fonctionnement parfait du cerveau, qui atteste d'une réalité évidente et absolue ? Par exemple, comment savez-vous que le vert que vous observez sur vos plants de cannabis est le même vert que celui qu'observerait un ami ? Comment être sûr que votre conscience ne joue pas un rôle sur l'interprétation du monde extérieur ? Les psychotropes nous amènent à nous poser ces questions :
Pour comprendre la complexité de ces problèmes, il faut définir rigoureusement ce dont nous allons parler.
1. Le réel
Partons de la définition la plus simple de la réalité :
La réalité, c'est donc ce qui existe effectivement, c'est-à-dire de manière concrète, à propos desquels les hommes peuvent s'accorder. Par exemple, si je vois un chat, et qu'un ensemble conséquent d'autres personnes voient aussi un chat (alors qu'ils sont dans leur état normal), ce chat existe effectivement. Non pas qu'il existe en-dehors de nous, mais en tout cas, sa présence est manifeste dans la conscience de tout ceux qui se trouveront devant lui.
Mais le réel n'est pas seulement l'adjectif de ce qui existe à l'extérieur de moi : les états d'âmes que l'on ressent intérieurement ont une forme de réalité. Parfois, vous vous sentez heureux, terrifié, angoissé, stressé, excité. Ce sont des états dont la réalité vous apparaît nettement, et qu'autrui peut souvent constater à travers des signes qui ne trompent pas.
Si la réalité s'oppose à ce qui est imaginé, rêvé ou fictif, il semble que la prise de psychotropes contribue à former un état imaginaire, qui est très différent de ce qui est réel. En effet les empathogènes nous rendent heureux et cotonneux, nous font croire que nous sommes très proche de la musique, alors qu'il n'en n'est rien d'un point de vue extérieur. De la même façon les psychédéliques changent notre perception du réel de manière brutale, créant des hallucinations, des choses qui n'existent pas.
Ils constituent donc, dans un premier temps, une catégorie de substances qui éloignent forcément l'usager de la notion réelle de l'espace, du temps, de ses interactions avec autrui et avec des objets.
2. L'illusoire
L'illusoire, de son côté, possède une définition qui peut se trouver opposée à celle de la réalité :
En effet, l'illusion, c'est ce qui nous trompe. Nous ne sommes plus dans le vrai, divers facteurs nous éloignent de la réalité et trompent nos sens de telle sorte que nous sortons du cadre d'une réalité absolue. Si je commence à croire que je vois un chat, alors que personne d'autre que moi ne le voit là où il est censé être, ma vue et peut-être certains autres sens ont été trompés. Je suis alors considéré comme un fou, ou comme un extralucide : toujours est-il que je suis toujours marginalisé par rapport à une vision commune et courante d'un certain monde, qu'on appelle le monde réel.
De la même façon mon intériorité peut être trompée : je peux croire que je suis amoureux d'une personne, croire que je suis heureux, autant de mécanismes par lesquels les véritables problèmes se nichent.
Par opposition au réel, l'illusoire semble n'avoir que peu d'intérêt. Il semble évident que ce changement de monde est une tromperie, ce qui est donc une erreur, donc un mal. Mais les choses ne sont pas si simples.
3. Le problème
La légitimité du réel sur l'illusoire n'est en fait aucunement prouvée. Prenons un exemple :
Concrètement, le second se leurre sur une vérité qui est celle-ci : le canard observé est jaune, des dizaines de milliers de personnes pourraient le reconnaître. Mais lui décide de le voir bleu.
En tant qu'usagers de stupéfiants, et particulièrement de psychédéliques, nous comprenons à quel point il est facile, mais aussi amusant, de voir les choses différemment. Nous comprenons aussi que cette vision erronée du canard ne change pas grand chose dans la façon dont nous allons conduire notre vie. Si A et B sont des chasseurs, ils tireront tous deux sur ce canard sans observer de distinction.
Le problème de l'illusoire est qu'il peut se nicher dans des tas d'endroits. Que ce soit simplement se tromper de couleur, ou même croire voir quelque chose qui n'existe pas, nous prenons des risques pratiques à ce que nos sens fonctionnent mal. Nous prenons le risque, dans un cas totalement imaginaire, de prendre un lion pour un canard, ce qui aurait des conséquences parfois dramatiques. En ce sens nous constatons que l'illusoire est beaucoup moins légitime que le réel, qui nous aide à nous préserver.
Cependant, nous avons aussi souligné que le réel et l'illusoire ne s'appliquaient pas seulement au monde extérieur, mais aussi à ma psyché même. Prenons un second exemple :
Nous venons de détacher plus haut le fait que, d'après les définitions traditionnelles du réel et de l'illusoire, nous devions considérer les psychotropes comme des moyens de fausser sa vision du monde. Pourtant, dans l'exemple que je viens de prendre, les deux hommes arrivent au même point : ils sont heureux. Le premier est heureux en vertu des codes de notre société : sa réussite sociale le rend heureux, les gens sont heureux pour lui. Le second est heureux de manière totalement singulière : sa vision déformée le rend heureux, même s'il est incompris.
Ce que je vois ici, c'est que les codes de notre société sont, en eux-mêmes, des illusions. Ils n'existent pas réellement, sont admis par un héritage culturel gigantesque qui nous pousse à croire que la réussite sociale est une forme de bonheur. Alors que celui qui n'a rien, mais qui croit avoir ce qui le rend heureux, sera tout autant heureux, voir plus.
Ici nous voyons bien qu'il y a une asymétrie de la légitimité du réel sur l'illusoire. Il existe donc un lieu, celui de l'intériorité, dans lequel l'illusoire n'a pas forcément moins de légitimité que ce qui est réel, admis.
En fait, pour élargir le problème, tout ce qui est réel pourrait être une forme de donnée admise, c'est-à-dire considérée comme correcte, alors-même qu'une autre donnée non-admise, pourrait être aussi correcte.
Nous commençons à comprendre l'ampleur du problème, et nous le voyons davantage lorsque nous utilisons les stupéfiants. Voici divers exemples :
Ainsi, le problème se pose au niveau de la légitimité du réel sur l'illusoire. Ne vivons-nous pas mieux dans l'illusoire ? Y a-t-il réellement une différence importante ?
Quand on est trompé, on a l'habitude de penser que c'est mal. Mais l'est-ce réellement ? Quand quelqu'un vous ment pour vous protéger, vous protéger d'une vérité insupportable, n'est-ce pas mieux de vivre bien dans cet instant irréel plutôt que d'apprendre la vérité et d'avoir du mal à vivre dans cet instant réel ?
III. Le réel et l'illusoire : en bref
J'aimerais récolter vos avis de psychonautes autour du thème suivant :
Le réel est-il plus légitime que l'illusoire ?
De manière claire : la réalité d'un sentiment, d'un état d'esprit, d'une vision, a-t-elle plus de sens que leurs pendants illusoires s'ils conduisent aux mêmes conclusions ?
Par exemple : quand quelqu'un vous ment pour vous protéger, vous protéger d'une vérité insupportable, n'est-ce pas mieux de vivre bien dans cet instant irréel plutôt que d'apprendre la vérité et d'avoir du mal à vivre dans cet instant réel ?
Questions sous-entendues :
Qu'en pensez-vous ? Psychonotez.
J'ouvre le premier Psychonotes, au sujet de l'opposition réel/illusion. Je fréquentais beaucoup de forums de philosophie et de spiritualité il y a quelques temps, et je dois avouer m'être parfois retrouvé assommé devant des sujets prenant la forme de pavés interminables et d'une rigueur angoissante. Ainsi donc, j'ai décidé de quadriller ce sujet afin que le lecteur qui attend le plus de rigueur possible s'y retrouve, mais aussi que celui qui cherche à partager son opinion sans décortiquer un texte vaste pour en saisir l'essentiel puisse le faire.
Donc :
- Pour ceux qui veulent comprendre ce qu'est Psychonotes, pourquoi j'en viens à produire ce genre de sujets et d'autres considérations générales. Je pense qu'il est nécessaire de lire ce premier point afin de comprendre la démarche du projet, d'autant que nous avons ici le premier exemple d'une série d'autres Psychonotes autour de thèmes différents.
- Ici, vous trouverez une explication riche et rigoureuse du thème que je vous propose alors : définitions, enjeux et exemples s'y trouveront. Je connais la volonté de certains (qui est aussi la mienne) de débattre sur des thèmes définis de manière claire afin de mieux débattre les uns les autres (et se comprendre, surtout).
- Enfin, pour les plus pressés, vous trouverez dans la troisième parti l'énoncé du problème que je vous propose ainsi qu'une ouverture pour lancer le débat. Ici, nous n'irons pas par quatre chemins, ce sera directement la confrontation avec le problème.
I. A propos d'un concept : Psychonotes
Depuis toujours, ma vie au quotidien et mes penchants naturels m'ont portés à réfléchir. Je réfléchis à des thèmes très différents, et ce avec un schéma simple : transcender les problématiques. Je ne veux pas simplement me positionner, mais être capable de mesurer un thème dans son ensemble afin de mieux comprendre sa complexité, et aussi les points de fuites par lesquels nous pourront, à l'aide de la réflexion, proposer de nouvelles réponses que je cherche plus riches, plus expérimentées, plus novatrices et vivantes.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'usage de produits stupéfiants remet en cause un nombre non négligeable et non négligé de considérations autour de thèmes que sont, au choix et sans exhaustivité, la vie, la mort, la réalité, etc. Pour certains d'entre nous, cette faculté qu'ont ces molécules à changer l'état de nos pensées - leurs charges théoriques - ont motivé notre décision de les utiliser ; pour d'autres, la puissance de ce qui pouvait n'être que récréatif a su se révéler d'un intérêt bien différent, pour ne pas dire supérieur d'un point de vue de la connaissance.
Prenons comme point de départ la définition traditionnel (et wikipédiste) du psychonautisme :
Wikipédia : "Psychonautisme" a dit:Psychonautisme, psychonaute et psychonautique sont des termes représentant un « navigateur de l'âme » et sa doctrine, désignant à la fois une méthode pour décrire et expliquer les effets subjectifs des états de la conscience, y compris avec des substances psychotropes, et en même temps une recherche de paradigme dans lequel le chercheur plonge dans un état altéré comme un moyen d'explorer l'existence et l'expérience humaine.
La définition du psychonautisme existe donc comme une tension entre deux recherches différentes :
- D'abord, comme une méthode pour décrire et expliquer les effets subjectifs des états de la conscience, c'est-à-dire, ne nous y trompons pas, une manière érudite d'étudier la conscience dans ces différents états. Nous pourrons mal, en tant qu'usagers plus ou moins expérimentés, remettre en question le postulat selon lequel : oui, en effet, il existe plusieurs états de conscience qui ne semblent jamais être totalement les mêmes, malgré le fait qu'ils puissent parfois se recouper, exister à partir d'autres ou paraître similaires.
Il s'agit donc de ce qu'on nomme traditionnellement des témoignages, des bribes que les usagers de psychotropes partagent avec le monde commun afin de diffuser les fruits de ces états de conscience. Pour aller plus loin, je dirais même qu'on mesure l'impact de cette recherche dans tout ce qui est d'ordre artistique, à savoir la musique, la littérature, la peinture, etc. : de nombreux domaines parmi lesquels on retrouve l'impact des psychotropes à travers leurs auteurs, qui sont alors des psychonautes plus ou moins assumés. - Ensuite, comme un moyen d'explorer l'existence et l'expérience humaine. Ici nous trouvons alors une recherche directement affiliée au développement personnel, c'est-à-dire à la construction de soi à travers des expériences que nous qualifierons d'extraordinaires dans la mesure où elles restent néanmoins anecdotiques à notre époque. Explorer, cela implique de voyager alors en terre inconnue, supposer ainsi qu'il existe effectivement une terra incognita dissimulée à l'intérieur de notre psyché, qui constitue l'architecture d'un vaste ensemble chaotique de données que nous n'exploitons qu'à moitié habituellement.
Il ne faut pas s'arrêter là : cette seconde partie de la définition nous apprend qu'il s'agit aussi d'une façon "d'explorer l'expérience humaine", c'est-à-dire, également, de renverser la façon dont nous expérimentons pour en tirer d'autres conclusions. C'est ici que le psychonautisme va commencer à m'intéresser tout particulièrement.
Alors, pourquoi proposer des thèmes aussi majeurs à des usagers de stupéfiants plutôt que de les soumettre, comme on le fait traditionnellement, à des philosophes, théologiens ou encore à des scientifiques ? Eh bien, justement parce que l'usage de stupéfiants n'est pas totalement détaché d'une démarche visant la connaissance, et que beaucoup de ceux qui forment l'opinion générale (parmi lesquels nous trouvons les nombreux spécialistes, soi-disant scientifiques, qui parviennent à démontrer que les RC's donnent envie de se taper la tête contre les murs) devraient apprendre à reconsidérer à nouveau le potentiel de la démarche psychonautique vis-a-vis de la réflexion autour de sujets clés.
Comme le montre très bien la seconde partie de la définition du psychonautisme, qu'importe les raisons pour lesquelles nous nous mettons à consommer des psychotropes (même quand c'est pour la défonce bien trash des longs week-end), nous changeons inconsciemment le prisme de notre conscience, par lequel nous observons le monde et l'interprétons. Explorer l'expérience humaine, au sens large, c'est alors trouver d'autres façons de comprendre le monde qui nous entoure. Les psychotropes, en tant que substances agissant dans l'antre de la conscience, le cerveau, renversent littéralement notre façon d'appréhender et de penser le monde pendant les quelques heures de trip. Puis, les effets se tassent, mais l'esprit reste souillé de cet usage : rien ne disparaît concrètement, ou en tout cas, pas directement le lendemain. Il s'agit bien plus qu'une simple prise de produits, il s'agit d'une expérience humaine et psychique qui est à la fois physique, parfois agréable, parfois déroutante, mais aussi mentale et spirituelle.
Bref, vous comprenez certainement ce à quoi je fais référence.
Je décide donc d'orchestrer et de mener ce que j'ai appelé les Psychonotes, ensemble concis et rigoureux visant à dépasser les problématiques qui nous concernent et dont les psychotropes nous offrent d'autres perspectives. Je m'observe moi-même, il y a quelques années, chercher des réponses par moi-même. Puis en trouver d'autres, différentes, à travers la philosophie. Aujourd'hui qu'on coulées dans mes veines des molécules qui n'auraient jamais dû y couler, je trouve encore d'autres réponses. Et c'est avec cette incroyable étoffe que l'on construit à partir de ses expériences que nous pouvons dépasser les problématiques, j'en suis convaincu. Comment un philosophe pourrait-il seulement croire qu'il se trouve suffisamment bien placé pour parler de mort et de renaissance d'après son vécu d'homme licite, alors qu'un pan entier de découvertes sur ces sujets l'attendent dans un simple champignon ? J'aimerais vous faire entendre qu'à mon sens, la pensée s'est toujours trouvée hiérarchisée, et qu'effectivement, par l'usage de produits nous dépassons déjà la connaissance qu'il nous était possible d'avoir à travers l'usage rationnel de la philosophie. Je ne dis pas véritablement que la drogue est au-dessus de la pensée philosophique, en ce qu'elle s'approche plus de la vérité, mais qu'en tout cas la formulation d'une opinion riche, instruite et pleinement consciente passe par la reconnaissance que le psychonautisme est une étude qui mène à une forme de connaissance qu'on ne doit pas négliger.
Les Psychonotes sont donc des espaces que n'importe qui peut ériger, et sur lesquels les utilisateurs du forum peuvent :
- Confronter leurs opinions, ce qui n'est pas forcément débattre. Le débat n'est pas quelque chose de fertile, il est souvent un jeu de dialectique qui conduit à acclamer celui qui a les plus beaux arguments et la façon la plus futée de les utiliser. Ici, l'objectif est en quelque sorte de rapporter son opinion depuis ses expériences. Les expériences sont des données singulières, qui ne peuvent jamais être pareilles à celles d'un autre. Ainsi, les conclusions que nous tirons dépendent d'une tension entre l'expérience vécue (qui dépend parfois de notre conscience) et de l'interprétation que nous en faisons (qui dépend toujours de notre conscience). Pour être clair, le but de ces sujets est de confronter diverses opinions tirées de la somme de nos expériences autour d'un sujet décidé. Le but de tout ceci est d'élever sa faculté à entendre la complexité d'un problème et les nombreux éclairages que nous pouvons faire dessus. Nous ne cherchons pas de réponses, nous cherchons de quoi alimenter notre quête de réponses.
- Douter. Car c'est vrai, nous n'avons pas toujours la capacité à poser une opinion sur un sujet qui ne nous a pas forcément travaillé. Pourtant, ce n'est pas pour cela que votre opinion à vif n'est pas utile dans le cadre de ce projet, et j'espère que vous n'aurez pas peur de vous confronter à ces thèmes vastes que, croyez-le ou non, vous avez forcément côtoyé au moins une fois au cours de vos expériences avec les psychotropes. Soyez donc sûrs de pouvoir douter sur ce post, d'être en mesure de poster vos réflexions, même celles qui peuvent paraître débiles, pour faire germer de nouvelles interrogations et trouver des réponses aux questions que vous vous posez vous-mêmes, et pour lesquelles vous aimeriez solliciter d'autres psychonautes.
- Évacuer. Souvent, et on le sait depuis un siècle déjà, le fait de s'efforcer à placer des mots sur ce que nous avons pu ressentir nous permet d'extérioriser une expérience et de mieux la comprendre. C'est un travail auto-réflexif que nous ne prenons pas toujours le temps de faire, pour x raison, mais qui est naturellement bénéfique quand on s'y met. Je considère ainsi que ce post vous permettra, dans une certaine mesure, d'évacuer ce qui a pu vous éveiller dans un trip par rapport au sujet choisi, qui vous a mis en alerte sans que vous le compreniez de prime abord, et peut-être qu'il vous permettra ensuite de le comprendre d'une toute autre façon.
Bref, je pense que vous avez tous plus ou moins saisi le projet et les enjeux que recouvrent les Psychonotes. Je sais que certains vont s'en tamponner le coquillard mais prenez le temps de vérifier si vous vous en tamponnez vraiment, parce qu'il est très fructueux d'aborder la psychonautique sérieusement, et les opinions de ceux qui ne pensent pas que leurs opinions ont de l'intérêt sont parfois les plus intéressantes.
Bien entendu, j'ai tracé ce concept moi-même et il n'a rien de parfait, je vous invite volontiers à y revoir les termes et ce que j'aurais pu oublier de préciser. En attendant, j'espère que cette longue lecture vous a permis de comprendre ce que sont à mes yeux ces Psychonotes et que cela vous ouvre l'appétit pour la suite !
Réalité, illusion : au cœur de notre conception du monde
II. Le réel et l'illusoire : considérations générales
Les psychotropes nous offrent diverses façon de s'apercevoir que le réel n'est pas toujours celui que l'on croit : que ce soit par le changement du mode de pensée, de l'état d'esprit ou par la vision déformée et altérée du monde extérieur, notre esprit est soumis à des informations qui peuvent nous dépasser et poser problème. Il n'échappe à personne que certaines molécules dérèglent le fonctionnement du cerveau, par lequel nous gérons les sens et qui nous permet donc d'appréhender le monde extérieur ou intérieur (les sentiments) en les plaçant sous le signe de la réalité. Mais pouvons-nous réellement croire qu'il existe un fonctionnement parfait du cerveau, qui atteste d'une réalité évidente et absolue ? Par exemple, comment savez-vous que le vert que vous observez sur vos plants de cannabis est le même vert que celui qu'observerait un ami ? Comment être sûr que votre conscience ne joue pas un rôle sur l'interprétation du monde extérieur ? Les psychotropes nous amènent à nous poser ces questions :
- Une réalité absolue ? Existe-t-il un monde commun que tout le monde perçoit de la même façon, ou cela diffère-t-il du prisme avec lequel la personne regarde le monde ?
- Et par suite, si on considère que le monde dépend d'un prisme de notre conscience, en quoi la prise de drogues pourrait être un "dérèglement" du cerveau plutôt qu'une expérience de conscience différente et temporelle qui n'a rien d'une violence pour la psyché ?
- Enfin, le réel a-t-il une valeur supérieur à l'illusoire ? Peut-on se complaire dans une illusion, sans que cela nous gêne ? Est-ce une tare ?
Pour comprendre la complexité de ces problèmes, il faut définir rigoureusement ce dont nous allons parler.
1. Le réel
Partons de la définition la plus simple de la réalité :
Wikipédia : "Réalité" a dit:Le mot réalité désigne l’ensemble des phénomènes considérés comme existant effectivement par un sujet conscient. Ce concept désigne donc ce qui est perçu comme concret, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé ou fictif.
La réalité, c'est donc ce qui existe effectivement, c'est-à-dire de manière concrète, à propos desquels les hommes peuvent s'accorder. Par exemple, si je vois un chat, et qu'un ensemble conséquent d'autres personnes voient aussi un chat (alors qu'ils sont dans leur état normal), ce chat existe effectivement. Non pas qu'il existe en-dehors de nous, mais en tout cas, sa présence est manifeste dans la conscience de tout ceux qui se trouveront devant lui.
Mais le réel n'est pas seulement l'adjectif de ce qui existe à l'extérieur de moi : les états d'âmes que l'on ressent intérieurement ont une forme de réalité. Parfois, vous vous sentez heureux, terrifié, angoissé, stressé, excité. Ce sont des états dont la réalité vous apparaît nettement, et qu'autrui peut souvent constater à travers des signes qui ne trompent pas.
Si la réalité s'oppose à ce qui est imaginé, rêvé ou fictif, il semble que la prise de psychotropes contribue à former un état imaginaire, qui est très différent de ce qui est réel. En effet les empathogènes nous rendent heureux et cotonneux, nous font croire que nous sommes très proche de la musique, alors qu'il n'en n'est rien d'un point de vue extérieur. De la même façon les psychédéliques changent notre perception du réel de manière brutale, créant des hallucinations, des choses qui n'existent pas.
Ils constituent donc, dans un premier temps, une catégorie de substances qui éloignent forcément l'usager de la notion réelle de l'espace, du temps, de ses interactions avec autrui et avec des objets.
2. L'illusoire
L'illusoire, de son côté, possède une définition qui peut se trouver opposée à celle de la réalité :
Wiktionnaire : "Illusion" a dit:Fausse apparence matérielle ou morale qui, en nous faisant voir les choses autrement qu’elles ne sont, semble se jouer de nos sens ou de notre esprit.
En effet, l'illusion, c'est ce qui nous trompe. Nous ne sommes plus dans le vrai, divers facteurs nous éloignent de la réalité et trompent nos sens de telle sorte que nous sortons du cadre d'une réalité absolue. Si je commence à croire que je vois un chat, alors que personne d'autre que moi ne le voit là où il est censé être, ma vue et peut-être certains autres sens ont été trompés. Je suis alors considéré comme un fou, ou comme un extralucide : toujours est-il que je suis toujours marginalisé par rapport à une vision commune et courante d'un certain monde, qu'on appelle le monde réel.
De la même façon mon intériorité peut être trompée : je peux croire que je suis amoureux d'une personne, croire que je suis heureux, autant de mécanismes par lesquels les véritables problèmes se nichent.
Par opposition au réel, l'illusoire semble n'avoir que peu d'intérêt. Il semble évident que ce changement de monde est une tromperie, ce qui est donc une erreur, donc un mal. Mais les choses ne sont pas si simples.
3. Le problème
La légitimité du réel sur l'illusoire n'est en fait aucunement prouvée. Prenons un exemple :
- A observe un canard tel qu'il est généralement admis de l'observer, disons jaune.
- B observe un canard que nous ne pensons pas pouvoir observer, il dit le voir bleu.
Concrètement, le second se leurre sur une vérité qui est celle-ci : le canard observé est jaune, des dizaines de milliers de personnes pourraient le reconnaître. Mais lui décide de le voir bleu.
En tant qu'usagers de stupéfiants, et particulièrement de psychédéliques, nous comprenons à quel point il est facile, mais aussi amusant, de voir les choses différemment. Nous comprenons aussi que cette vision erronée du canard ne change pas grand chose dans la façon dont nous allons conduire notre vie. Si A et B sont des chasseurs, ils tireront tous deux sur ce canard sans observer de distinction.
Le problème de l'illusoire est qu'il peut se nicher dans des tas d'endroits. Que ce soit simplement se tromper de couleur, ou même croire voir quelque chose qui n'existe pas, nous prenons des risques pratiques à ce que nos sens fonctionnent mal. Nous prenons le risque, dans un cas totalement imaginaire, de prendre un lion pour un canard, ce qui aurait des conséquences parfois dramatiques. En ce sens nous constatons que l'illusoire est beaucoup moins légitime que le réel, qui nous aide à nous préserver.
Cependant, nous avons aussi souligné que le réel et l'illusoire ne s'appliquaient pas seulement au monde extérieur, mais aussi à ma psyché même. Prenons un second exemple :
- A est une personne qui vit de manière traditionnelle. Il travaille chaque jour, suit un rythme quotidien qui est le sien, gagne convenablement sa vie : il a réussi, tout lui sourit, et par conséquent il est heureux.
- B est une personne qui utilise des psychotropes. Il croit trouver des vérités, crois avoir un intérêt dans ses productions post-trip et pense donc être heureux.
Nous venons de détacher plus haut le fait que, d'après les définitions traditionnelles du réel et de l'illusoire, nous devions considérer les psychotropes comme des moyens de fausser sa vision du monde. Pourtant, dans l'exemple que je viens de prendre, les deux hommes arrivent au même point : ils sont heureux. Le premier est heureux en vertu des codes de notre société : sa réussite sociale le rend heureux, les gens sont heureux pour lui. Le second est heureux de manière totalement singulière : sa vision déformée le rend heureux, même s'il est incompris.
Ce que je vois ici, c'est que les codes de notre société sont, en eux-mêmes, des illusions. Ils n'existent pas réellement, sont admis par un héritage culturel gigantesque qui nous pousse à croire que la réussite sociale est une forme de bonheur. Alors que celui qui n'a rien, mais qui croit avoir ce qui le rend heureux, sera tout autant heureux, voir plus.
Ici nous voyons bien qu'il y a une asymétrie de la légitimité du réel sur l'illusoire. Il existe donc un lieu, celui de l'intériorité, dans lequel l'illusoire n'a pas forcément moins de légitimité que ce qui est réel, admis.
En fait, pour élargir le problème, tout ce qui est réel pourrait être une forme de donnée admise, c'est-à-dire considérée comme correcte, alors-même qu'une autre donnée non-admise, pourrait être aussi correcte.
Nous commençons à comprendre l'ampleur du problème, et nous le voyons davantage lorsque nous utilisons les stupéfiants. Voici divers exemples :
- Au sujet des empathogènes, telle la MDMA : il n'est pas nouveau que cette classe de molécules nous ouvrent à des comportements bien plus empathiques qu'à la normale. Et ces comportements sont induits par une réaction chimique produite dans le cerveau : la libération massive de sérotonine, par exemple. Ainsi nous sommes dans une forme d'illusion, dans un ensemble de comportements qui ne sont pas les nôtres, en tout cas dans un état normal. Mais... Cet état de joie intense et d'empathie n'est que le fruit d'une réaction chimique : il n'a rien de naturel. Notre humeur lorsque nous sommes normal est ainsi gérée par une tension entre l'activité qui produit de la sérotonine + la sérotonine déjà présente. Par exemple, la marche stimule, mais si je ne suis pas enclin à faire de la marche, c'est parce que je ne suis pas stimulé. Il existe un équilibre plus ou moins correct et naturel qui dépend de facteurs culturels et sociaux menant à certains comportements. On comprend donc que la plupart de nos comportements, en général, sont motivés par des considérations uniquement chimiques : nous ne sommes jamais dans le réel, mais toujours dans l'illusion créée par la sérotonine. Et ça, c'est vrai qu'on ai touché ou non à la MDMA dans sa vie : nos comportements ne sont jamais dépendants des interactions entre notre cerveau et notre corps. Par suite, je crois toujours être heureux, et je crois toujours être triste, parfois je ne sais pas la raison, car la raison n'est pas psychique, mais bien physique.
- Au sujet des psychédéliques, tels les champignons hallucinogène : les psychédéliques induisent des états d'esprits très versatiles et très liés. Mais la réalité de ces états d'esprit est impossible à nier, nous semblons réellement être dans ces états d'esprit, alors que nous ne le sommes pas vraiment. La psilocybine et toutes les autres molécules présentes jouent un rôle illusoire dans notre corps, mais nous savons qu'ils sont illusoires car nous savons aussi que nous ne sommes pas dans notre état normal. Autrement, la grande tristesse vécue lors des bad, cette tristesse existe au moment où elle survient, ce ne peut pas être un délire. Et même si c'en est un, qu'est-ce que ça change ? Ça ne change en rien ce qui est ressenti par l'usager, et une tristesse obtenue dans un état normal conduit aux mêmes choses qu'une tristesse induite par un bad.
Ainsi, le problème se pose au niveau de la légitimité du réel sur l'illusoire. Ne vivons-nous pas mieux dans l'illusoire ? Y a-t-il réellement une différence importante ?
Quand on est trompé, on a l'habitude de penser que c'est mal. Mais l'est-ce réellement ? Quand quelqu'un vous ment pour vous protéger, vous protéger d'une vérité insupportable, n'est-ce pas mieux de vivre bien dans cet instant irréel plutôt que d'apprendre la vérité et d'avoir du mal à vivre dans cet instant réel ?
III. Le réel et l'illusoire : en bref
J'aimerais récolter vos avis de psychonautes autour du thème suivant :
Le réel est-il plus légitime que l'illusoire ?
Par exemple : quand quelqu'un vous ment pour vous protéger, vous protéger d'une vérité insupportable, n'est-ce pas mieux de vivre bien dans cet instant irréel plutôt que d'apprendre la vérité et d'avoir du mal à vivre dans cet instant réel ?
Questions sous-entendues :
- Une réalité absolue ? Existe-t-il un monde commun que tout le monde perçoit de la même façon, ou cela diffère-t-il du prisme avec lequel la personne regarde le monde ?
- Et par suite, si on considère que le monde dépend d'un prisme de notre conscience, en quoi la prise de drogues pourrait être un "dérèglement" du cerveau plutôt qu'une expérience de conscience différente et temporelle qui n'a rien d'une violence pour la psyché ?
- Enfin, le réel a-t-il une valeur supérieur à l'illusoire ? Peut-on se complaire dans une illusion, sans que cela nous gêne ? Est-ce une tare ?
Qu'en pensez-vous ? Psychonotez.