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Portrait d'un Craving.

Morning Glory

Holofractale de l'hypervérité
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13/10/12
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Installez-vous doucement,
Détendez-vous librement.
Esquissez un mouvement :
Inspirez profondément.

Dans vos sinus, elle glisse.
Fraîche vague langoureuse.
Votre tonus, elle tisse.
Franche quiétude harmonieuse.

Naturel, voici son nom,
C’est un fait, votre raison.
Familier, vous est ce son,
Berce comme une chanson.

Mais à présent, bloquez tout.
D’abord comme un flottement,
Lequel vient suspendre en vous
Un tranquille égarement.


Il se pourrait même,
Que les battements,
Réguliers,
De votre cœur sèment,
Un ton rassurant,
Mesuré.

Vient soudain
Cette…
Douleur.
Sourdre au loin
Bête…
Fureur.

Votre sang boue dans
Vos veines tandis
Que là rien
Au monde ne s’en
Ferait un ersatz,
Loin moins bien.

Las refrain
Un
Calvaire.
En chemin
D’un
Enfer.


Qui s’éveille, qui s’attise.
S’embrase dans l’écrin
Du thorax, proie de lyse.
Saisit comme un venin.

Lâcherez-vous ?

Là votre vie oscille, vous en portez conscience
A sa seule influence, comburant volatile.
Essentielle et labile, si inflammable essence
Tant et plus qu’en l’absence, en vous brasier rutile.

Lâcherez-vous ?

Terreur paroxystique.
Vient cogner à vos tempes !
Et ce désir cynique.
Pour lui, votre cœur rampe...

La moindre de vos cellules

Crie sa détresse

Cette tension contre laquelle

Vous luttez, non.

Cette INJONCTION

A respirer…


Bien sûr, que vous lâchez.


Appréciez.


Brise clémente,
Pluie diluvienne,
Sur braises ardentes.
Plus une gêne.


Est-ce que vous… retenteriez ?




Installez-vous doucement,
Esquissez un mouvement :
Craquez machinalement
Du feu, dansant sagement.

Dans vos sinus, elle glisse.
Chaude vague vaporeuse.
Votre gorge, cela hérisse.
Fumée âcre capiteuse.

Charnel est son patagon,
C’est en fait, votre obsession.
Familière cette action,
Vous droguer, bénédiction.

Mais à présent, stoppez tout.
Prélude peu alarmant,
Vous n’êtes point à genoux.
Fruste question de temps...


Cet incendie-ci sera progressif.
Lourd, insistant impérieux, incisif.
Débute le phénomène oppressif.
Invariable discordant, récursif.

Non plus de feu dans vos poumons,
Liberté chère,
Pas de douleur plus que raison,
Mais bien amère.

L’urgence vous saisit vous ne pensez
Pouvoir à ce train-là longtemps lutter
Dur attrait inassouvi affamé,
Votre volonté il vous faut bander.

Car sensation de vous noyer,
De manquer d’air,
Duquel vous n’êtes dénué-e.
En vous lacère.


Si devant ce vide, vous restez livide
D’autant plus avide, s’en porte le vide.
Amour ravageur pour si belle engeance
Feriez-vous tant pour elle, mène la danse.

Lâcherez-vous ?

Curieuse sensation, que chercher la sentence
Face à cette fragrance, votre oblitération.
Quelle dure émotion, que tenter votre chance
Car en vous lame intense, réclame abnégation.

Lâcherez-vous ?

Maints comparent cela à de la soif,
La famine, la guerre pour une taffe !
Je hume un appétit plus volatile,
Bouffée d’oxygène, besoin bien futile…

Chacun de vos gènes, des neurones clandestins

Hacké

Réclame dopamine, pur laser désir enflamme

Vous en voulez, non.

Vous en CRAVEZ.

Tiendrez-vous bon… ?


Bien sûr, vous supportez.


Vous le pouvez.


Ardeur démente.
Rude géhenne.
Lie indécente.
Amour et haine.


Vous ne devez lâcher… Vous ne devez lâcher…




Pareil est le poème, pour les flocons prisés.
Geste plus imprimé, que le produit lui-même.
De doucereux extrêmes : boulimie, pauvreté.
Antagonistes nés, perfides stratagèmes.

Ferme subtilité, esseule des regards,
Caresse votre espoir, soudoie toute pensée.
Placide intensité, vous plonge dans le noir,
Duo attentatoire, à l’équanimité.

Suite à l’obscurité, déterrerez des gemmes.
Finie la vie dilemme, adieu l’adversité.
Addiction imposée, fleurie de chrysanthèmes :
Charriera son emblème, lèvera cécité.

Il n’est jamais trop tard, si d’aléa chutiez,
Pour le perpétuer, ce sevrage bâtard,
Qui à bien des égards, est follement brigué :
Sisyphe peut gagner : somnoler tel un loir !
 
Dernière édition:
Alors-bien-sûr, disclaimer : le vouvoiement est utilisé à des fins de rendu du texte, mais tout cela ne reflète que ma propre perception et je n’encourage ni ne décourage à reproduire ce qui y est décrit. Ce n’est qu’un témoignage voire une expérience de pensée, pour la plupart vous connaissez mais c’est toujours utile de le rappeler.



Pour la petite histoire, je souhaitais vraiment parvenir à mettre le doigt dessus, décortiquer, comprendre cette sensation, pour un jour pouvoir écrire ce texte. Enfin décrire ce phénomène que je trouve si difficile à retranscrire en mots. Y ayant moi-même succombé, puis l'ayant vaincu, y étant retombée et ainsi de suite, à d'innombrables reprises (le craving, ça vient par vagues), et que ce fût une des choses les plus difficiles que j’ai activement entreprises dans ma vie (bien que pas la plus longue ou douloureuse)... en faire quelque chose de beau (en tout cas à mes yeux) me tenait à cœur.

(En gros mon cheminement : classiquement, ça débuta de la conscientisation que je n’étais plus totalement maîtresse de moi-même et que quelque chose dans ma conso personnelle s’était mise à clocher, ouvrir les yeux sur les effets secondaires aussi…
Ensuite il me fallut une bonne dose de motivation, un environnement social bienveillant et compréhensif, encourageant, de l'entrainement intensif soutenu de psychothérapie (TCC/TCD), et d'une hospitalisation (en clinique : j'avais trop peur que le public me fasse plus de mal que de bien...), le tout à relative longue haleine (plus d'un an).
Pénultième péril : le lot de « rechutes » / reconsommations à essuyer et desquelles il faut se détourner au plus vite.
Et enfin, clé de voûte que je n'ai saisie que tardivement : faire le deuil des effets recherchés. Aussi loin même que les vingt secondes de soulagement qu'il me restait après une trace. Abandonner TOUTE attente positive du produit, et par extension, de sa classe... Je travaille toujours sur ce dernier point --' )


Concernant le texte lui-même je suis franchement satisfaite du rendu (et juste après rédaction, me concernant, c'est rare), écrire en vers de style principalement classique je ne le fais presque jamais car j’y trouve trop restrictif, mais là je sais pas... j’avais envie de tenter, et j'aime les quelques symétries que j'ai réussi à insuffler, notamment celles des alexandrins.
Une ou deux diérèses à « déplorer », on y a techniquement droit mais j’aime pas ça moi-même. M’enfin, ça m’a bien dépanné un vers --' ('tin j'étais à CA de ne pas avoir à en faire xD).
Je ne vais pas expliquer un à un les choix de mots ni tout décrire, zêtes meilleur-es en littérature que moi pour certain-es / beaucoup ici, piiis j’ai cru comprendre que de toute façon c’est pas à l’autriceur de faire la description de ses propres textes... même si cette règle m’ennuie parfois 🙄
J’ai forcément laissé des erreurs et approximations, aussi 🤷‍♀️
En tout cas si vous avez des questions je tenterai d’y répondre^^ Des remarques (ou des critiques constructives) je suis preneuse aussi !

(PS aucasoùceseraitvraiiimentutiledepréciser : je me suis aidée, comme j'ai toujours fait, d'un dico des synonymes pour me dépanner certains termes, mais pas de l'IA. D'ailleurs, je lui ai fait manger un fragment de mon brouillon en prose pour voir ce que ça donnerait sur une seule strophe (je tiens à mon anonymat), et bien évidemment elle m'explose.)


Point musique : le son intercalé est présent car déjà, j’aime écrire et lire sous mélodie (si vous suivez un peu mon blog bon vous le savez^^), aussi si vous vous posiez la question : ÉVIDEMMENT que je l’ai écoutée en boucle durant la rédaction x) . Ouioui, je perçois bien les mines déconfites de certain-es derrière l'écran 😂

Non mais, pourquoi celle-là :
J’aime ce son pneumatique au début, qui rappelle des bouffées de drogue inhalées, ou une respiration cadencée, puis qui reprend plus tard, plus rare et saccadée. Ensuite vient son unique phrase prononcée avec obsession, d'une voix douce et peut-être même empreinte de mélancolie : « Time stood still when I saw you... ». Je la trouve très en phase avec mes propos, me rappelant avec nostalgie mon amour fou pour ces drogues à mes débuts ; puis tranchant avec la musique plus dure, presque agressive, équivalente à une bonne dose de regret, cette sensation crade d’être enfermée, puis de littéralement suffoquer en tentant de m'évader.


En bref : merci de m’avoir lue ! :heart:


Mais surtout, dans tout ça…

Et vous, alors? J’aurais aimé que ce soit peut-être le point de départ d’une discussion. Je serais sincèrement curieuse de connaître votre propre perception, ou même opinion, du craving s’il vous arrive de le fréquenter (ou le connaitre au travers de quelqu'un d'addicte, d'autres textes, etc). Pourquoi pas même si vous parvenez à écrire, dessiner, je ne sais pas moi, chanter ( ? xD ) dessus. Qu’est-ce que ça vous inspire, que ressentez-vous dans ces moments-là ?



Prenez soin de vous.


Xoxo

Morning ~
 
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