Je suis un peu dérouté par vos réactions... Je pense que notre incompréhension viens du fait que très peu de personne ici ont vraiment ressenti un effet concret avec leur pratique méditative (est-ce qu'on peut vraiment parler de pratique si elle n'est pas quotidienne, NON) et ne comprennent pas très bien a quel point méditation et psychédéliques se comportent de la même façon. Je vais essayer de vous expliquer comment je vois les choses, mon "modèle" en quelque sorte^^
L'esprit est divisé en 2 parties. La partie conscience, et la partie inconsciente. La méditation, tout comme les psychédéliques, peuvent avoir un effet positif sur l'esprit car ils permettent de faire remonter des choses inconscientes à la surface de la conscience. Une attention claire et continue sur ce qui remonte dissipe l'énergie qui était précédemment refoulée. On peut faire une analogie avec un volcan. Les psychédéliques/la méditation font remonter des poches de magma chaud des profondeurs. Une fois qu'ils sont a la surface, ils peuvent être refroidis et ne vous perturbent plus. Les psychédéliques peuvent être dangereux si trop de magma remonte et n'est pas refroidit, mais ré-enfouit par la personne ni ne veux pas ou ne peux pas gérer cet afflux. C'est pour ça qu'il est recommandé par Stan Grof d'internaliser le plus possible l'expérience, pour maximiser la résolution du "magma" qui est remonté et éviter les flashbacks.
La méditation fait biensur remonter le "magma" moins vite que les psychédéliques, de façon plus progressive. Cela dit, il m'est déjà arrivé de faire face a des difficultés pendant certaines des retraites que j'ai fait qui n'ont rien à envier à lorsque de l'anxiété se pointe sous psychédélique. A ma seconde ou 3ième retraite, je suis resté plus de 2 jours et demi avec une très forte quantité de "lave" qui remontais en permanence. Refouler ce qui m'arrivais me faisait naître une très forte anxiété, je devais donc rester sur le fil du rasoir: conscient en restant dans l'instant présent, et accepter ce qu'il remontais. Je suis resté dans cet équilibre, attentif, permettant que les sensations changent et se dissipent d'elles même.
Le danger des psychédéliques (et de la méditation dans une moindre ampleur), c'est de faire remonter le "magma" sans le faire refroidir, et le stocker près de la surface. Il faut être a la fois attentif, et équanime si l'on veut refroidir les tensions. Si une grande quantité de matériel inconscient est refoulé près de la surface, la partie consciente de l'esprit sera remplie d'angoisse et d'anxiété. Avoir une pratique méditative quotidienne permet d'apprendre la posture d'esprit à avoir pour dissiper le magma qui remonte, sous psychédélique ou par petite touche chaque jour dans sa pratique assise. Elle permet aussi d'apprendre à moins générer de chaleur dans la vie de tous les jours (la "chaleur" étant générée lorsqu'on n'accepte pas pleinement l'instant présent). Une heure de méditation en posture assise dissipe la plupart de la chaleur qui a été générée dans la journée, de ce fait, on n'accumule plus de nouvelles tensions et on laisse une chance aux anciennes de remonter et d’être dissipées. Méditer une heure toutes les 2 semaines va à peine dissoudre les tensions générées dans la journée. Impossible d'attaquer vraiment les tensions profondes, et donc d'évoluer sur soi. C'est pour ça qu'une pratique qui n'est pas quotidienne ne sert a rien, la méditation faisant remonter en premier les choses très proches de la surface (mis à part en retraite ou la pratique deviens très intense).
Ton approche est très exigeante Guy, je ne me sens pas de te répondre sinon sur le mode de la curiosité : je ne lirai pas tes sources dans un avenir proche, donc je voudrais savoir comment d'un point de vue éthique tu allies une pratique qui va plutôt dans le sens de la patience, de l'acceptation et du dépassement, et une technique qui devrait te permettre de "booster", rendre plus efficace, cette pratique ? D'un point de vue extérieur, ça me semble une dérive (très tentante, certes).
Je considère la méditation comme une musculation de l'esprit. Ma métrique pour évaluer la qualité de ma pratique sportive, c'est le poids que je suis capable de soulever, le nombre de répétition que je peux faire. La métrique que j'utilise pour la méditation, c'est la durée avec laquelle j'arrive a maintenir mon attention sur le souffle, et ma façon de réagir a ce qu'il remonte (ainsi peut être que l'afterglow très concret que la pratique induit qui m'indique que je suis dans la bonne voie).
L'agitation varie fortement d'un jour a l'autre et d'une méditation à l'autre, alors si on utilise que la métrique de la durée de l'attention, c'est un peu faussé. Il m'est arrivé de ne pouvoir laisser mon esprit sur mon souffle plus de 3s, pendant une heure entière, mais j'ai réagit a chaque fois avec calme pour ramener mon attention sur mon souffle: Je suis sorti de la méditation avec un très fort afterglow. Donc oui, j'utilise la durée de l'attention comme une métrique qui doit forcément diminuer sur le moyen/long terme, mais la façon de réagir à ce qu'il se passe est aussi très important.
Un débutant dans la pratique de la méditation arrive a maintenir son esprit sur le souffle pendant quelques secondes, et va se rendre compte qu'il a perdu sa concentration 5 fois en 1h. Au bout d'un mois, les quelques secondes d'attention se sont muées en 1-2min, et il se rendra compte qu'il a perdu son attention 15 fois. Au bout de 3 mois, les périodes d'attentions se sont encore allongées, et le méditant retrouve son attention en moins de 1min lorsqu'il la perd. Le plus important, c'est l'effort continu ! Il faut entrainer son cerveau a fonctionner dans un mode qui lui demande un effort. C'est très difficile, c'est la structure même des connections du cerveau qu'il faut remodeler grâce a la neuroplasticité induite par l'exercice. Si vous arrêtez au bout de 3mois, le cerveau se remet peu a peu dans son ancien mode de fonctionnement habituel (inattentif).
Lancer une pratique méditative est donc une tâche très très difficile. C'est toute une inertie qu'il faut placer, réussir a la faire décoller de l'attraction terrestre si vous voulez. Mais les effets bénéfiques qui sont ressenti motivent d'autant le pratiquant qui arrive a les atteindre, et ça donne un second souffle a la motivation. Les méditants avancés qui réussissent a maintenir leur attention continue sur le souffle pendant des longues périodes, 10, 20, 30min (je n'ai personnellement réussi a le faire qu'en retraite a certain moments, et exceptionnellement pendant ma pratique quotidienne), vont enfin pouvoir gouter aux vrais bénéfices de la méditation. Le plaisir (non mondain) de ne pas avoir de pensées. La joie née de la concentration. Une motivation renouvelée pour pratiquer. A ce stade, méditer ne demande plus d'effort [ou un effort plus subtil pour aller plus loin dans la relaxation] et la pratique devient autosuffisante.
Voilà pour le petit exposé sur la méditation, c'est l'affaire d'un travail et d'efforts sérieux pendant quelques mois le temps que les bénéfices retirés soient clair, et après y'a plus qu'a continuer paisiblement dans un processus autoentretenu. C'est pas l'affaire 10 ou 20 ans comme j'ai pu le lire ici, c'est du concret, et a la portée de tout le monde. L'effort CONTINU est seulement la clef, méditer 1 fois sous psyché ou 1 fois par semaine ne sert a rien.
Vous avez même la traduction d'un article de Stolaroff a 2 clics ici, fait par moi même il y a 7 ans presque jour pour jour^^ :
http://www.psychonaut.fr/thread-19536.html