Trickster a dit:
J'en profite pour poser une question que je me suis souvent posé sous psyché : Est-ce que la parole, le langage (le fait d'associer certaines fréquences sonores à ses idées pouvoir s'exprimer quoi) peut être considéré comme une forme de synesthésie préhistorique qui s'est généralisé et sophistiqué avec l'évolution ?
Ta question est ultra complexe en vrai, donc je répond mais je suis pas sur ni de bien m'exprimer ni d'être dans une quelconque forme de sagacité scientifique ou philosophique. A vrai dire je sens que je vais me barrer en impro totale.
Dans la synesthésie il n'est pas question de "métaphoriser" une perception pour qu'elle colle à une association d'idée. Ce n'est pas toi qui fabrique une perception. Elle existe d'elle même et ne fais que transporter une information.
Le langage est fait d'empilement logique, de récurrences et de tout un tas de trucs qui font que tu intellectualise ce que tu dis. Quand tu emploie dans le langage une métaphore ou une association d'idée, elle à été pré-pensé en quelque sorte par les filtres de ton inconscient puis de ta conscience.
C'est un peu comme la douleur, quand tu dis "j'ai mal" c'est que tu as conscience d'avoir mal. Hors l'expérience directe de ta douleur n'a a priori aucun besoin d'être conceptualisée pour exister. (en vrai peut être que si, mais c'est un débat trop compliqué pour moi... La conscience phénoménale existe elle ?).
Voir une couleur et exprimer la vue d'une couleur c'est deux choses différentes. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est pas sur de tous voir les mêmes couleurs, l'expérience directe et subjective restant hors de porté de toute communication universelle.
Si les frontières de nos individualité se fusionnaient alors les perceptions se transformeraient peu à peu en mode de communication et alors le langage deviendrait une forme de perception interne et inversement.
Mais paradoxalement on aurait plus besoin de communiquer vu qu'on percevrait tous la même chose au même moment.
Plus besoin de dire à ton voisin "Je perçois bien du rouge" vu qu'il percevrait exactement ce que tu perçois.
Et même le langage n'a pas cette perfection, nombreux sont les mots qui ont un sens différent pour chacun.
Après si ta question c'est : est ce que le mot rouge à été prononcé (et donc inventé et légitimé) de cette manière à cause d'une synesthésie phonème-image du mec qui à prononcé le mot rouge pour la première fois, genre le gars qui voyait vraiment le rouge comme lui se l'imaginait dans son propre système synesthétique ?
xd ptdr j'en sais rien. Et en plus ça amène des questions encore plus tordues du style :
Peut t'on conceptualiser ou imaginer une perception sans langage ? bah ouais si le concept langagier de la couleur n'existe pas pour toi, peut on encore parler de couleurs ? (on en revient à cette fameuse question, que j'esquive généreusement: la conscience phénoménale existe elle ?).
Si elle existe alors ta douleur aussi, et la couleur rouge aussi, alors le langage n'est pas qu'un véhicule à tes sensations, à tes perceptions réelles, il dit quelque chose du monde. Si la conscience phénoménale n'est qu'une illusion (ou un truc télécommandé par le divin roi des pâtes au beurre depuis le paradis Lustucru), alors le langage n'est qu'un outil développé par la biologie. Si t'as l'illusion d'avoir faim tu dis j'ai faim. Et tu pourras pas dire ou percevoir autre chose parce que tout ça n'est qu'une subtile mécanique secrété par ta biologie pour que tu te nourrisse. Mais dans ce cas la paradoxalement la question synesthétique ne se pose plus, enfin plus en ces termes vu que les perceptions sont fausses, fabriquées. Dans ce cas on peut dire que le langage est une forme de synesthésie évolutive et collective, mais de fausse synesthésie puisque les sens qu'elle contient n'ont pas de réalité effective. Les sens contenus sont à la fois universels (youpi le langage est une synesthesie) et à la fois inexistants, illusoires (youpi le langage véhicule du rien).
ENFIN BREF. Tout ça pour dire que j'en sais rien et que j'ai bien fait de fermer ma gueule en prenant des psychés en compagnie d'autres êtres humains. J'aurais été insupportable.