C'est marrant que vous êtes nombreux à dire que le travail vous pousse à consommer. Dans ma bande de potes ils ont plus tendance à dire que le taff leur permet justement de moins consommer. Ils sont des fumeurs de joints et donc le fait de taffer les empêchent de fumer, et comme ca ils ne fument que le soir. Forcément ca dépend de ce qu'on fait comme boulot, si tu fais des saisons dans les champs ca empêche pas de consommer, au contraire. Perso ca dépend du taff que je fais.
Sinon pour ce que tu dis Niglo ca me fait penser à la fable du chien et du loup de La Fontaine
Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
" Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
" Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Franchement tout est dit. Cette fable me revient souvent à l'esprit. Je ne pense pas que la morale doit être qu'il faut faire comme le loup. A chacun de décider. On peut vivre sans collier pour courir ou on veut, mais n'avoir 'rien d'assuré : point de franche lippée (bouchée) : Tout à la pointe de l'épée.'. Ou on peut avoir 'Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse.' mais devoir 'donner la chasse aux gens Portants bâtons, et mendiants ; Flatter ceux du logis, à son Maître complaire', et être parfois attaché.
J'ai rencontré pas mal de gens qui vivaient totalement en loup, et je ne les envient pas. Ceux que j'ai à l'esprit étaient tous SDF et addicts, même si ils n'etaient pas tous malheureux (je pense). La seule vrai option que je vois pour vivre totalement en loup c'est de vivre dans un squat, mais la main du maitre fini parfois par s'abattre et elle est toujours plus forte (expulsion).
L'idéal ce situe sûrement entre les deux. D'ailleurs même la bière qu'on sert dans les squats, la bouffe qu'on cuisine et les batiments eux-même ont été construits par le maitre (comprendre le système). On peut juste pas se débrouiller sans le système capitaliste. Même sur une ferme autonome il te faut au moins des outils en fer et tu peut pas mettre un puit de mine entre les tomates et le poulailler.
Il reste donc à bien choisir son maitre et les besognes qu'on accomplit, et à s'assurer qu'on peut enlever son collier d'un coup dents. Ou à faire la révolution, le problème c'est que j'y connais rien en guerilla urbaine et je suis un couard doublé d'un pacifiste.