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  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion josé
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Histoire
Création

Ce fut de l'une des nombreuses dépositions d'empereur consécutives aux luttes que se livraient les grandes familles et qui parsèment l'histoire de l'Empire byzantin que naquit l'Empire de Trébizonde. En 1185, l'empereur de Constantinople était un Comnène. Il s'agissait d'Andronic Ier, descendant d'une dynastie qui se maintenait sur le trône byzantin depuis plus de cent ans, depuis le règne d'Alexis Ier (1081-1118). Or, cette année-là, tandis qu'Andronic se livrait à une lutte acharnée contre la corruption qui lui aliénait le soutien de la plupart des grandes familles, de cuisantes défaites à Dyrrachion puis à Thessalonique face aux Normands de Robert Guiscard achevèrent de miner le pouvoir impérial : un complot amena au pouvoir un cousin d'Andronic, connu sous le nom d'Isaac II Ange, tandis que le malheureux empereur était mis à mort par la plèbe de Constantinople[1] : c'était la fin du règne des Comnène. Cependant, deux des petits-fils de l'empereur déchu, Alexis et David, parvinrent à rejoindre le Pont, province isolée du reste de l'empire par les Turcs du sultanat de Roum, et, de ce fait, fort autonome vis-à-vis de Constantinople. Cet exil ne devait rien au hasard : la famille des Comnène était en effet originaire des régions littorales de la mer Noire (la Paphlagonie, peut-être de la ville de Kastamonu[2]) et avait encore là-bas une clientèle fidèle[3], ainsi que des liens de sang avec les souverains de la Géorgie voisine, alors au faîte de sa puissance. Dès lors sous la protection de la reine Tamar, leur cousine[4], les deux frères attendaient l'occasion de faire valoir leurs droits face à l'usurpateur. L'année 1204 allait la leur apporter[5].

On a souvent écrit que c'est par contrecoup à la quatrième croisade que les deux frères Comnène étaient parvenus à se tailler un empire dans le Pont. En réalité, la prise de Constantinople  par les Francs et la fondation du nouvel Empire de Trébizonde, datées du même mois d'avril 1204, furent quasi simultanés — l'établissement des Comnène à Trébizonde étant même un peu antérieur à la prise de Constantinople, due au délitement de l'empire sous les règnes Isaac II et d'Alexis III au temps des Angelos. Le succès d'Alexis et de David Comnène à Trébizonde ne devait donc rien aux chevaliers de la quatrième croisade[5]. En revanche, il ne fait guère de doute que sans l'effondrement et le morcellement de Byzance, Alexis et David auraient eu toutes les difficultés à se maintenir dans leurs conquêtes. David Comnène fut ainsi, au contraire, en mesure de poursuivre son avantage en poussant ses conquêtes vers l'ouest : Sinope fut prise, bientôt suivie d'Héraclée du Pont. David Comnène devait cette fois, outre à ses qualités de stratège, la faveur des armes à des ententes de circonstances avec les Latins de Constantinople[6]. Héraclée allait toutefois être le point limite de l'expansion trapézontaise. Là, en effet, Théodore Lascaris, empereur byzantin de Nicée, obligea David à stopper son avance et le refoula hors de Paphlagonie, en 1214[7]. La même année, les Seldjoukides s'emparaient de Sinope, isolant l'Empire de Trébizonde du reste du monde grec. Malgré ce rapide reflux, il semble que ce fut dès les premières années de son existence que les troupes de l'Empire de Trébizonde prirent le contrôle de Chersonèse et de la Gothie, cette partie de la péninsule de Crimée qui était une tête de pont byzantine au nord de la mer Noire depuis plusieurs siècles[8].

Le terme d'« Empire de Trébizonde », comme celui d'« Empire byzantin », n'est qu'une création externe à cet État, visant à le distinguer commodément des autres entités byzantines se réclamant de l'héritage impérial et visant à la reconquête de Constantinople, la capitale, et à la restauration de l'empire tel qu'il existait au temps des Macédoniens : le despotat d'Épire et l'Empire de Nicée. À la déposition d'Alexis V par les croisés, Alexis et David n'avaient pas hésité, depuis Trébizonde, à s'arroger le titre d'empereur, constatant que les Ange et leurs successeurs avaient été chassés du trône, et se prévalant de leur qualité de descendants directs d'Andronic Ier Comnène et donc d'héritiers de la vieille dynastie impériale. C'est ce titre seul, celui d'empereur d'Orient, revendiqué par ses souverains, qui justifie l'appellation de cet État aux dimensions pourtant exiguës. On le dénomme « Empire de Trébizonde » par commodité, pour le distinguer de celui de Nicée, mais il s'agissait bien de l'Empire romain d'Orient, ou du moins de l'État qui en revendiquait la continuité après le choc de 1204. Certains historiens considèrent que le titre impérial réclamé par les Comnène de Trébizonde était en réalité un moyen pour la puissante Géorgie, devenue rivale d'un Empire byzantin qui avait perdu son lustre, d'obtenir, au moins indirectement, au travers des souverains d'un État client, le titre suprême[9]. Dès 1261 cependant, Constantinople redevenait grecque avec la victoire de Michel VIII Paléologue, et ce dernier n'allait bientôt plus tolérer la concurrence des Comnène. Ainsi le Paléologue invita-t-il Jean II de Trébizonde(1262-1297) dans sa capitale pour lui offrir en mariage sa fille, Eudoxie, et le convaincre de renoncer à certains attributs impériaux. Un compromis tout byzantin fut alors trouvé, les Comnène de Trébizonde s'intitulant « basileus et autocrators de tout l'Orient, des Ibères et de la Province d'Outre-Mer » et non plus « basileus et autocrators des Romains », et l'aigle des Trapézontais devenant monocéphale, tout cela peut-être dès le règne de Jean II[10].

Une fois installé dans ses frontières, le jeune empire prit bientôt sa place dans les complexes jeux d'alliances et de rivalités qui agitaient les États d'Asie Mineure : un traité de non-agression, dénoncé par le gouverneur seldjoukide de Sinope, provoqua une guerre contre le sultanat de Roum qui se solda, grâce à l'intervention miraculeuse de saint Eugène, par la déroute des Turcs[11]. Moins heureux fut en revanche le choix de l'alliance avec Jalal ad-Din, le chah du Khwarezm, contre les Seldjoukides : le Khwarezmien et son allié pontique vaincus par les Turcs en 1233, Trébizonde dut renoncer à ses prérogatives acquises sur le sultanat de Roum lors de sa précédente victoire[12]. Tous ces conflits, seulement connus de façon lacunaire, eurent lieu sous le règne d'Andronic Ier (1222-1235), le successeur d'Alexis.
Prospérité

Mais peu après ces événements, l'irruption d'un nouvel acteur dans le Caucase et l'Asie Mineure allait modifier la situation avec une ampleur inégalée. En 1221, les Géorgiens, alliés et protecteurs de Trébizonde, étaient écrasés par une avant-garde mongole menée par Djebé et Subötaï, deux généraux de Gengis Khan[13]. Quinze ans plus tard, en 1236, les cavaliers mongols étaient de retour dans le Caucase et imposaient la vassalité à la Géorgie[14]. En 1243, un nouvel assaut, mené par Baïdju et dirigé contre l'Asie Mineure balayait les Seldjoukides qui avaient fait appel à tous leurs voisins, Trébizonde y compris[15]. Dès lors, Manuel Ier (1235-1264) s'empressa de se déclarer vassal du Grand Khan, ce qui allait permettre à ses États de vivre sous le régime de la Paix mongole au prix d'un modeste tribut[16]. Les nouveaux maîtres de l'Anatolie se gardèrent bien d'entreprendre quoi que ce soit contre un État assurément peu menaçant et où l'on s'entendait si bien à l'art du commerce[17]. La sécurité de l'empire était assurée, et les cartes s'en trouvaient entièrement rebattues : Manuel Ier put même en profiter pour reconquérir Sinope sur les Turcs, en 1254[18].
Une monnaie (aspre) d'argent émise sous le règne de Manuel Ier, avec la couronne à pendeloques des empereurs byzantins surmontant sa silhouette.

Trébizonde, qui par son statut de grand port sur la mer Noire jouait déjà un rôle commercial non négligeable, allait accéder, grâce la Paix mongole et à l'unification et la pacification par cet empire de presque tout le continent asiatique (ce qui facilitait considérablement les échanges), au statut de grande place commerciale. Le sac de Bagdad, en 1258, par les Mongols avait eu pour conséquence de détourner une bonne partie des flux commerciaux qui rejoignaient les ports du Proche-Orient via Bagdad et Damas vers une nouvelle route qui passait par Tabriz et Erzurum pour rejoindre les ports de la mer Noire[19]. De tels bouleversements ne pouvaient cependant pas laisser indifférent les puissances marchandes d'Italie. Ce fut Gênes qui sut le mieux tirer profit de la nouvelle situation en signant avec Constantinople le traité de Nymphée de 1261 dont les clauses donnaient dans les faits un quasi monopole du commerce dans la mer Noire à la cité ligure. Bien sûr, Trébizonde, qui ne disposait pas d'une flotte importante, ne pouvait dans un premier temps que profiter du dynamisme des Génois. Mais il fallut toutefois vite composer avec un rival de plus en plus encombrant, et solidement implanté dans ses nombreux comptoirs tels que Caffa. Ce fut ainsi que sous le règne d'Alexis II, les Génois disposaient de leur propre forteresse à Trébizonde[20]. L'histoire de l'empire fut ainsi émaillée de querelles, d'escarmouches et de traités entre Grecs et Italiens, tournant tantôt à l'avantage des uns, tantôt à l'avantage des autres. On aurait cependant tort de croire que Trébizonde, en accordant des concessions à Gênes, s'en trouvait spoliée de bénéfices potentiels : les Comnène ne pouvaient pas rivaliser avec l'efficacité du commerce des Italiens, et ils tiraient de substantiels revenus de leur présence. En outre, il surent avec plus ou moins de bonheur jouer des rivalités entre la République de Gênes et Venise[21] pour maintenir un équilibre avantageux en mer Noire.

L'Empire de Trébizonde traversa ainsi une période de hauts et de bas lors de laquelle son opulence attira de nombreuses convoitises, que cela fût de la part des tribus turcomanes au sud[22], des Géorgiens à l'est[23] ou encore de Byzance où Andronic II Paléologue usa d'intrigues pour faire rentrer ce petit empire excentrique dans le giron constantinopolitain[24]. Le règne d'Alexis II (1297-1330) se signala par une grande prospérité de l'empire et un fort pouvoir de l'État.
Troubles
L'Empire de Trébizonde en 1300.

La mort d'Alexis allait cependant plonger l'empire dans un quart de siècle de guerre civile. Les élites pontiques étaient en effet divisées entre Scholarioi, les descendants de ces nobles byzantins qui avaient suivi Alexis Ier et David dans leur exil trapézontais au moment de la fondation de l'empire, et les Mesochaldaoi, descendants de la noblesse autochtone[25]. Il s'agissait en somme d'un clivage entre deux noblesses, l'une urbaine (les Scholarioi), l'autre rurale (les Mesochaldaoi)[26]. En l'absence d'un homme fort au sommet de l'État (le successeur d'Alexis, Andronic III mourant après moins de deux ans de règne et laissant le pouvoir à un fils, Manuel II seulement âgé de huit ans), les deux factions en profitèrent pour laisser leurs querelles s'exprimer au grand jour, favorisant leur candidat au trône à mesure que les membres de la famille impérial se trahissaient, se combattaient, s'assassinaient les uns les autres pour usurper le pouvoir de leur parent. Les années 1347-1348 marquèrent le point d'orgue de cette période cataclysmique : les Turcs, profitant de la faiblesse de l'empire, firent la conquête d'Oinoé et mirent le siège devant Trébizonde, puis ce furent les Génois qui s'emparèrent de Cérasonte[27], et enfin la Peste noire qui, partie de Caffa, ravagea Trébizonde et les autres cités pontiques. Ployant sous le poids des catastrophes qui s'accumulaient sur ses États, l'empereur Michel Ier abdiqua en 1349 en faveur de son petit-neveu, Alexis III, qui fut couronné l'année suivante et dont la première décision fut de faire enfermer son grand-oncle dans un monastère (sort que ce dernier avait déjà fait subir à son propre fils et prédécesseur, Jean III)[28]. Alexis, de caractère énergique, s'employa dès lors, avec l'aide de sa mère, Irène de Trébizonde, à remettre au pas ses vassaux, ce à quoi il parvint tant bien que mal au terme de cinq années de luttes âpres et fratricides.

Le règne d'Alexis III, qui dura près de quarante ans, fut marqué par une consolidation de l'empire. Cherchant à sécuriser son territoire, Alexis entreprit plusieurs campagnes contre les Turcs (souvent avec succès, aussi entrecoupés par quelques échecs retentissants) mais, surtout, donnant plusieurs de ses filles — toutes réputées superbes — en mariage aux émirs turcs circonvoisins pour s'assurer de leur bienveillance, il inaugura une politique matrimoniale qui allait faire plus pour la gloire et la postérité de Trébizonde que tous ces faits d'armes en créant un véritable mythe connu dans tout le monde chrétien : celui de la princesse de Trébizonde.

La menace turque, en effet, allait croissante à partir de la seconde moitié du XIVe siècle. Ce n'était plus tant les petits émirs turcs ou turcomans dont le pouvoir de nuisance était relativement limité pour une cité telle que Trébizonde qui pouvaient alarmer ses empereurs, mais celle d'une nouvelle puissance turque qui était née à l'ouest de l'Anatolie par le génie de la dynastie des Osmanli et que l'on connaîtrait bientôt sous le nom d'Empire ottoman. Si ce nouvel adversaire, après des victoires fulgurantes contre les Grecs de Constantinople et les autres princes chrétiens des Balkans, avait subi un véritable désastre à la bataille d'Ankara face aux Turcomans de Tamerlan 1402, il ne s'en releva pas moins avec une vitesse stupéfiante, enlevant Thessalonique en 1430 et, surtout, conquérant Constantinople le 29 mai 1453, ce qui amena de nombreux réfugiés dans la capitale des Comnène[29]. Dès lors, il fallait à tout prix trouver des alliés. Le concile de Florence de 1439, auquel avait participé des envoyés de l'empereur de Trébizonde dont l'humaniste Georges Amiroutzès[30] (mais aussi Jean Bessarion, comme envoyé de Constantinople, mais originaire de Trébizonde), qui avait abouti à la proclamation de l'Union des Églises catholiques et orthodoxes, n'avait apporté qu'un espoir mitigé à Trébizonde : à Constantinople, Constantin XI avait proclamé le catholicisme le 12 décembre 1452[31] (ce que Trébizonde ne fit jamais) et n'avait reçu en retour qu'un maigre soutien de la part des Latins ; que pouvait espérer d'eux le dernier réduit de l'hellénisme, perdu aux confins du monde connu ? Un seul allié potentiel s'offrait alors à Jean IV, parvenu sur le trône en 1429 : Les Turcomans du Mouton Blanc (en turc Ak Koyunlu), installés autour de Diyarbakir, et dont la puissance, en plein ascension et sans doute propre à rivaliser avec les Ottomans, parvenait précisément à son faîte sous le règne d'Uzun Hasan (1453-1478)[32].
Bessarion, le plus célèbre représentant de l'humanisme trapézontais.

La politique matrimoniale de Trébizonde s'était déjà tournée vers Ak Koyunlu par le passé : Alexis III avait offert en mariage une de ses filles à Kara Yülük, prince de cette même horde[33]. Or, Jean IV de Trébizonde possédait une fille, connue sous le nom de Despina Hatun (de son vrai nom, Théodora), et dont « [...] il était de commune opinion qu'il n'en fût pas en ce temps de plus belle », selon le dire du géographe vénitien Ramusio[34]. On imagine aisément qu'Uzun Hasan convoitait la jeune princesse. Mais il est absolument remarquable que celui-ci l'ait acceptée comme épouse contre une dot quasi nulle, en promettant l'appui inconditionnel de ses armées et de son trésor à son beau-père, et en la laissant demeurer chrétienne[35]. L'existence d'une princesse byzantine influente auprès d'Uzun Hasan — certes un « infidèle » — mais l'ennemi juré des sultans ottomans fit naître dans l'Occident du Moyen Âge finissant un espoir diffus de nouvelle croisade et de triomphe du christianisme, faisant de la princesse de Trébizonde une sorte de Prêtre Jean au féminin[36]. Trébizonde disposait ainsi d'une alliance de poids, laquelle pouvait être renforcée par les princes chrétiens d'Arménie ou de Géorgie, ainsi que par les puissances turques d'Asie Mineure encore indépendantes telles que l'émirat de Sinope ou le beylicat de Karaman, naturellement hostiles à l'expansionnisme des Ottomans[35]. Une véritable ligue s'était ainsi constituée lorsque mourut Jean IV, en 1459. Son frère et successeur, David II, poursuivit sa politique, s'efforçant de consolider l'alliance avec le souverain d'Ak Koyunlu, son neveu par alliance, mais recherchant également de l'aide en Occident auprès des deux plus ardents partisans de la croisade de ce temps : le pape Pie II et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon[37]. Si l'enthousiasme des Latins fut grand, les ambassades de David eurent des résultats pratiquement nuls[38].
Conquête ottomane

Une telle coalition ne pouvait qu'inquiéter Mehmed II, le sultan ottoman. Primitivement destinée à se prémunir des attaques ottomanes, l'alliance eut en réalité l'effet inverse, poussant Mehmed à attaquer à l'est, en l'année 1461[39]. Décidé à anéantir Trébizonde, Mehmed II établit un plan qui lui permit de se débarrasser un à un de tous les alliés potentiels des Comnène, prenant Amastris à Gênes, et poussant l'émir de Sinope à la capitulation. Face à Uzun Hasan, il sut tant manier la caresse et la menace que celui-ci renonça finalement à son alliance avec David[40]. La cité des Comnène se retrouvait à peu près seule face aux Ottomans. Parvenus aux pieds des murailles de Trébizonde, les Turcs y mirent le siège et envoyèrent à David une proposition de capitulation avec la promesse que ses sujets seraient épargnés et que sa famille et lui conserveraient leur fortune[41]. Sagement, David accepta. À une date inconnue mais généralement située vers le milieu du mois d'août 1461[42], Mehmed II entrait en grande pompe dans Trébizonde conquise, marquant la fin définitive de la domination grecque dans le Pont.

Quant à David Comnène et les siens, ils furent envoyés à Andrinople et pourvus d'une rente. Mais l'empereur déchu constituait indubitablement une menace latente pour Mehmed II : ne risquait-il pas à la première occasion de fédérer autour de sa personne les Grecs et tous les chrétiens soumis à l'autorité de la Sublime Porte ? Prenant prétexte d'une lettre compromettante de Théodora, sa nièce, l'épouse d'Uzun Hasan, reçue par David, Mehmed le fit mettre aux fers puis exécuter, ainsi que ses trois fils et son neveu, le 1er novembre 1463[43], anéantissant la lignée directe des Comnène de Trébizonde.

Une partie de la noblesse de Trébizonde parvient à se faire une place à Constantinople, s'intégrant aux Phanariotes ; une autre partie se réfugie dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. Le peuple pontique, lui, survit sur place, soit comme minorité grecque orthodoxe (Rum) au sein de l'Empire ottoman, soit en se convertissant à l'islam pour ne plus payer l'impôt sur les non-musulmans, le haraç.
Religion
Monastère de Sumela.

Le lien principal qui unit les Grecs de Trébizonde à Constantinople est d'ordre essentiellement religieux car l'Église de Trébizonde a toujours accepté de bon gré son rattachement au Patriarcat de Constantinople. On peut encore voir aujourd'hui dans la montagne, au-dessus de la ville, les ruines du monastère de Sumela, le « mont Athos pontique ».
Héritage

La ville de Trébizonde recèle encore des œuvres d'architecture et d'art remontant à l'Empire des Comnènes. Le musée local en présente, ainsi que de nombreux antiquaires, qui en font en outre commerce. La publication en 1996 à Istanbul de l'ouvrage La culture du Pont (titre en turc Pontos Kültürü) de l'historien turc Ömer Asan révéla l'existence de nombreux locuteurs grecs du pontique, peut-être 300 000, notamment dans une soixantaine de villages aux alentours de Trébizonde. L'affaire fit grand bruit, Ömer Asan fut accusé de trahison, d'insulte à la mémoire d'Atatürk, de vouloir le démembrement de la Turquie ou d'y réintroduire le christianisme et l'hellénisme. Il fut déféré devant les tribunaux et finalement acquitté. Depuis cette affaire, les locuteurs du pontique utilisent de préférence le turc et évitent d'employer leur langue.
Liste des empereurs de Trébizonde
Alexis III et sa femme Théodora Cantacuzène, d'après le chrysobulle donné par l'empereur au monastère de Dionysiou.

   1204-1222 : Alexis Ier le Grand
       1204-1214 : David Ier le Grand, coempereur
   1222-1235 : Andronic Ier Gidos
   1235-1238 : Jean Ier Axouch
   1238-1263 : Manuel Ier
   1263-1267 : Andronic II
   1267-1280 : Georges Ier
   1280-1297 : Jean II
   1297-1330 : Alexis II
   1330-1332 : Andronic III
   1332-1332 : Manuel II
   1332-1340 : Basile Ier
   1340-1341 : Irène, impératrice
   1341-1342 : Anne, impératrice
   1341-1341 : Michel
   1342-1344 : Jean III
   1344-1349 : Michel
   1349-1390 : Alexis III
   1390-1412 : Manuel III
   1412-1429 : Alexis IV
   1429-1458 : Jean IV Calojean
   1458-1458 : Alexis V
   1458-1461 : David II

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Théodora Comnène, aussi connue sous le surnom gréco-turc de « Despina Hatun » (c'est-à-dire « Mademoiselle la Princesse »), est née à une date inconnue, probablement à Trébizonde, et décédée après 1478, à Diyarbakır (Turquie). Elle était la fille de l’empereur Jean IV de Trébizonde, un État byzantin situé dans la région du Pont.

Réputée pour sa très grande beauté, elle devint l’épouse d’Uzun Hasan, khan des Turkmènes de la Horde du Mouton Blanc (Ak Koyunlu). Demeurée chrétienne et supposée influente auprès de son époux, le principal rival de l’Empire ottoman dans l'Asie mineure de la seconde moitié du XVe siècle, elle suscita dans l’Occident de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance le mythe de la princesse de Trébizonde, alliant la figure de la demoiselle en détresse à celle de la femme d'influence, instigatrice potentielle d’une grande croisade contre les Turcs. Son image, plus ou moins galvaudée, inspira longtemps les artistes, parmi lesquels le peintre Pisanello ou encore Jacques Offenbach.
Une biographie en filigrane
La beauté d'une princesse

On ne sait que très peu de choses sur ce que fut réellement la vie de Théodora. On a même longtemps cru que son prénom était Catherine[1]. Elle était la fille de la seconde femme de Jean IV de Trébizonde, d'origine turque (vraisemblablement de Crimée[2]) <hum !!!>, épousée avant 1438, mais d'autres sources indiquent qu'elle était la fille de David[3], frère et successeur de Jean IV, hypothèse alternative qui n'a guère retenu l'attention des historiens. Il semble qu'il ait d'abord été question de marier la jeune princesse dès 1451 à Constantin XI Paléologue, empereur de Constantinople[3], mais les épousailles n'eurent pas lieu. Ce fut son mariage avec Uzun Hasan, khan des Turkmènes de la Horde du Mouton Blanc, et célébré vers 1458, qui fit sortir la jeune femme de l'ombre pour une lumière toute relative.

La seule information connue avec certitude à propos de Théodora Comnène est sa beauté éblouissante, rapportée en Occident par l'intermédiaire de voyageurs italiens, tels que cet anonyme Vénitien dont l'opinion fut retranscrite par le géographe italien Giovanni Battista Ramusio[4] :

   « En ce temps à Trébizonde régnait un roi du nom de Kallo Joannis (Jean IV), et il était chrétien et avait une fille nommée Despina Caton (sic), très belle, et il était de commune opinion qu'il n'en fut pas en ce temps de plus belle : et par toute la Perse était propagée la gloire de sa grande beauté et de son immense grâce. »

Il pouvait ne s'agir que d'exagérations, surtout rapportées un siècle après les années de jeunesse de Théodora, mais l'empressement d'Uzun Hasan à épouser la jeune Grecque montre bien les passions que sa beauté pouvait susciter. En effet, ce puissant prince épousait la fille d'un bien faible voisin contre une dot nulle, sinon la cession de la souveraineté sur la Cappadoce, ce qui ne constituait pas un gros sacrifice pour les empereurs de Trébizonde qui ne tenaient plus le moindre village depuis longtemps dans la région. Au contraire, Uzun Hasan promettait à son beau-père l'appui de son armée, de son trésor et de sa propre personne en cas de conflit avec l'Empire ottoman. En outre, Théodora et sa suite étaient autorisées à conserver leur foi chrétienne et à pratiquer en toute liberté leur religion à la cour[5].
Un mariage pour sauver Trébizonde
Articles détaillés : Empire de Trébizonde et Ak Koyunlu.
L'empire de la Horde du Mouton Blanc (Ak Koyunlu) au temps d'Uzun Hasan. L'empire de Trébizonde se situait au nord-ouest de celui des Turkmènes, le long du littoral de la mer Noire.

Pour l'Empire comnène, une telle alliance avec les puissants Turkmènes du Mouton Blanc ne pouvait que paraître salutaire. Avec la conquête de Constantinople en 1453, Trébizonde était devenue l'ultime bastion du monde byzantin, grec et orthodoxe. Depuis lors, les Turcs ottomans rognaient de plus en plus sur son territoire, et avaient tenté à plusieurs reprises d'en faire la conquête. Seule une telle alliance pouvait, semblait-il, véritablement les dissuader de lancer une nouvelle attaque qui pourrait bien cette fois s'avérer fatale[6].

On aurait tort de s'étonner de voir ici une princesse grecque et chrétienne ainsi offerte en mariage à un Turc musulman[7]. Au delà de la situation désespérée dans laquelle se trouvait l’empire de Trébizonde, les relations entretenues entre Byzantins et Turcs étaient en effet bien plus perméables qu'on l'imagine communément, et les politiques matrimoniales des États faisaient ainsi bien souvent fi des considérations religieuses. Ceci était particulièrement vrai dans le Pont, à cette époque une véritable enclave grecque dans une Asie mineure déjà presque entièrement turque.

Pourtant, l'alliance se trouva fragilisée avec la mort de Jean IV, survenue en 1459. Son successeur, David II était son frère, c'est-à-dire l'oncle de Théodora, ce qui signifiait un lien de parenté nettement moins étroit avec Uzun Hasan. David parvint néanmoins à obtenir du Turkmène la confirmation de leur alliance, et s'employa à l'élargir, non seulement à d'autres princes turcs d'Asie mineure (Karamanides, Émirat de Sinope), mais aussi à l'Occident, tentant, par des ambassades, de susciter l'attention de la Papauté et du duché de Bourgogne de Philippe le Bon, qui avait quelques velléités à passer pour le champion de la croisade[8]. L'ambassade conduite par Louis de Bologne, le patriarche d'Antioche, outre quelques émissaires orientaux plus ou moins fantaisistes, comprenait ainsi un émissaire de David et un autre d'Uzun Hasan[9]. L'idée qu’Uzun Hasan, sous l'influence de son épouse trapézontaise, pût être un allié décisif lors d'une hypothétique croisade contre les Ottomans commença dès lors à se répandre en Occident, faisant germer le mythe de la princesse de Trébizonde.

Pour autant les espoirs que les Trapézontais avaient placés en leur princesse furent déçus. Mehmed II, le sultan ottoman, entreprit en effet dès 1461 de rayer le dernier réduit byzantin de la carte, ce qui ne manqua pas de faire réagir Uzun Hasan. Mais, après quelques escarmouches, il se rendit sagement auprès de lui et parvint à le convaincre à force de cadeaux et de flatteries de renoncer à son alliance avec David, sans que l'on sache vraiment ce que Théodora en dit[10]. Ayant de la sorte assuré ses arrières, Mehmed fut en mesure d'envoyer son armée mettre le siège devant Trébizonde qui capitula le 15 août 1461, mettant fin à l'Empire pontique des Comnène[11].
Ultimes tentatives, nouveaux échecs
Portrait apocryphe d'Uzun Hasan, issu d'un ouvrage en grec et en latin. Le costume de satrape est bien révélateur de la puissance fabuleuse que l'on prêtait en Occident à ce personnage

En 1463, ce fut une missive de Théodora adressée à son oncle David, assigné à résidence à Andrinople, qui donna à Mehmed II l'occasion de se débarrasser de cet hôte encombrant. Celle-ci lui demandait en effet par ce courrier de bien vouloir lui confier l'un de ses fils (ou, à défaut, son neveu) afin qu'il résidât avec elle à la cour d'Uzun Hasan[12]. Pour Mehmed II, c'était à l'évidence un complot destiné à susciter un prétendant à la reconquête du Pont avec l'appui des Turkmènes d’Ak Koyunlu[13]. Prenant prétexte de ce soupçon de trahison, David, ses trois fils et un neveu furent jetés aux fers, puis exécutés le 1er novembre de cette même année 1463[14].

C'est à partir des années 1470 que la figure de Théodora sortit pour la dernière fois de l'ombre, mais, semble-t-il au regard de l'historiographie récente, d'une façon moins directe qu'on l'a cru autrefois. Trébizonde vaincue, Uzun Hasan n'en demeurait pas moins pour Mehmed II son plus grand et dangereux rival en Asie mineure. En outre, depuis la chute de Nègrepont, en 1470, la République de Venise était résolue à changer sa politique vis-à-vis de l'Empire ottoman et de cesser de temporiser. Des pourparlers s'engagèrent ainsi entre la Sérénissime et la Horde du Mouton Blanc en vue de la création d'une alliance anti-ottomane. À la suite d'une source tardive, il a longtemps été prêté à Théodora une sœur prénommée Valenza qui aurait épousé le régent du duché de Naxos, Nicolò Crispo[4], et qui aurait ainsi servi d'intermédiaire entre les Italiens et Uzun Hasan. L'étude attentive de la chronologie montre cependant que l'existence d'une telle union n'est que très peu vraisemblable[15]. Toujours est-il que le Vénitien Caterino Zeno dont on a voulu faire un neveu de Théodora parvint à Tabriz, à la cour d'Uzun Hasan qui était entre-temps devenu le maître de la Perse occidentale après sa victoire sur la Horde du Mouton Noir en 1467[16]. Les tractations portèrent essentiellement sur l'opportunité d'une action concertée contre les Ottomans et la livraison d'armes à feu par les Vénitiens aux Turkmènes qui n'en possédaient pas. Les hostilités s'engagèrent en 1471 sans que Venise n'entrât véritablement en action, et surtout sans que les armes ne fussent livrées à Hasan : cela se solda par un désastre pour ce dernier, battu à Kereli en 1472 puis de façon décisive à la bataille d'Otlukbeli l'année suivante, ce qui mit fin à ses ambitions anatoliennes, tandis qu'Alexis Comnène, un neveu du défunt David II, qui s'était élancé avec l'appui des Géorgiens à la reconquête de Trébizonde, était lui aussi repoussé[17]. Il est finalement, dans cet épisode, très difficile de faire la part de l'influence de Théodora, Uzun Hasan ayant toutes les raisons d'entrer tôt ou tard en conflit avec Mehmed II[18].
Les dernières années

Les derniers espoirs de Théodora de voir reconquis pour les siens l'empire de Trébizonde s'envolaient avec l'échec de son mari face à Mehmed II (qui ne signifiait cependant pas la fin de la puissance d'Ak Koyunlu). Elle obtint d’Uzun Hasan de se retirer dans un palais à Harput avec deux de ses filles. Elle y passa ses dernières années, dit-on, dans la piété. On perd sa trace après la mort de son mari, en 1478, et l'on ignore combien d'années elle lui survécut. Elle fut inhumée à l'église Saint-Georges à Diyarbakır[19].
Descendance et postérité

S'il est vraisemblable que Théodora eut plusieurs enfants (voir ci-dessus), il ne lui est connu avec certitude qu'une seule fille, Halima[20], dont la date de naissance est inconnue, soit que les sources soient erronées, soit que ses autres enfants aient été oubliés par l'histoire, parce qu'ayant vécu une existence trop obscure ou parce que morts en bas âge. Halima épousa Haydar d'Ardabil[21] (mort en 1488), chef de l'ordre Safavieh. De lui, elle eut un fils, le futur chah Ismaïl Ier, qui fut le fondateur de la dynastie Séfévide qui régna sur la Perse de 1501 à 1736 et lui imposa le chiisme.
Le mythe de la princesse de Trébizonde
Les princesses de Trébizonde

Si Théodora cristallisa le mythe de la princesse de Trébizonde, elle ne fut que la dernière d'une lignée de princesses trapézontaises à la beauté réputée qui furent données en mariages à des potentats turcs locaux pour acheter la sécurité de l'empire.

Les premières de ces princesses furent les parentes d'Alexis III (1338-1390) et, en premier lieu, ses cinq filles, dont l'une, anonyme, se maria, semble-t-il, à Kara Yülük Osman[22], le grand-père d'Uzun Hasan et fondateur de la dynastie d'Ak Koyunlu tandis qu'une autre, prénommée Anne[23], épousait le roi de Géorgie Bagrat V[22].

La princesse de Trébizonde commença à se faire connaître en Occident à travers la figure de Marie Comnène, la fille d'Alexis IV, épouse de l'empereur de Constantinople Jean VIII Paléologue qui fut l'un des principaux protagonistes du concile de Ferrare-Florence de 1438-1439, et qui fut, par conséquent, particulièrement reconnu en Occident. C'est à Constantinople-même, en 1432, qu'un voyageur bourguignon, Bertrandon de la Broquière, rencontra la « basilissa » alors qu'elle se promenait à cheval. Sa beauté lui fit une forte impression[24] :

   « [...] Je attendis [...] pour voir l'Emperix [...] pour ce qu'elle m'avoit samblé si belle à l'eglise, pour la veoir dehors, et la maniere comment elle alloit à cheval [...]. Elle mist le pié en l'estrier, et tout ainsi que ung homme, elle monta à cheval et puis luy rejecta le manteau sur ses espaules et luy bailla ung de ces longz chapeaulx à poincte de Grece, sur lequel au long de ladicte poincte avoit trois plumes d'or qui luy seoint tresbien. Elle me sambla aussi belle ou plus que paravant. Et me approchay si près, que on me dist que je me traisse arriere et me sambloit qu'il n'y avoit riens à redire, fors qu'elle avoit le visaige painct qui n'estoit jà besoing, car elle estoit jeune et blanche. Et avoit en ses oreilles, pendu en chascune, un fermail d'or large et plat où il avoit plusieurs pierres et plus de rubis que d'autres. »

Ces lignes, diffusées en Occident et particulièrement à la cour de Bourgogne[25], introduisirent le mythe de la beauté des princesses de Trébizonde, à une époque où les voyages à Constantinople n'étaient guère courants, et où la cité impériale, quoique ruinée et cernée par les Ottomans, suscitait plus que jamais la fascination des Latins. Ce portrait de la princesse de Trébizonde associe de la sorte l'exotisme de la beauté orientale (bijoux, maquillage), le prestige et la force de caractère d'une femme (épouse d'empereur, dons de cavalière) et une image de demoiselle en détresse chrétienne face au péril turc (Bertrandon de la Broquière était précisément envoyé par Philippe le Bon pour préparer une croisade anti-turque[26]). Autant de traits qui caractérisent également le portrait mythifié de Théodora.
Un Prêtre Jean au féminin
Article détaillé : Royaume du prêtre Jean.

Depuis le XIIe siècle, l'Occident médiéval, épris de croisades, vivait dans le mythe du prêtre Jean. Ce roi fabuleux, souverain des Indes (un territoire mal déterminé par les géographes de l'époque, couvrant possiblement un arc de cercle allant de l’Éthiopie à l’Indonésie, voire jusqu'à la Chine), était réputé chrétien, et tout disposé à prendre l’Islam à revers si une nouvelle croisade lui en donnait l'occasion. Les effectifs de son armée étaient, disait-on, innombrables : en somme, pour peu que l'on se décidât à donner au Prêtre Jean l'occasion de passer à l'action, la victoire de la Chrétienté sur l’Islam pourrait bien être définitive. Ces éléments reposent en réalité sur des informations déformées et amplifiées (volontairement ou non) à propos de la présence de chrétiens nestoriens dans l’Empire mongol[27], et, postérieurement, de l'existence de l’Éthiopie chrétienne.

Ces différents traits caractéristiques du Prêtre Jean se retrouvent pour beaucoup dans le portrait d'Uzun Hasan : exotisme, armée redoutable, capacité de prendre l'ennemi à revers depuis les confins du monde connu... Certes, Uzun Hasan était musulman, mais sa femme, la princesse de Trébizonde, sans doute influente, était, elle, chrétienne. Pour l'historien Émile Janssens, qui établit un parallèle entre ces deux figures, si le Prêtre Jean était à même de faire rêver l'Église et les princes, la princesse de Trébizonde pouvait susciter le fantasme de chacun, et en particulier des artistes[28].
Saint Georges et la princesse de Trébizonde
Article détaillé : Georges de Lydda.
Une représentation de la victoire de saint Georges sur le dragon, contemporaine de celle de Pisanello, peinte par Uccello.

Le point d'orgue du mythe de la princesse de Trébizonde fut certainement la réalisation par Pisanello de la fresque de la chapelle de la famille Pellegrini située dans l'église Sainte-Anastasie de Vérone, et intitulée La légende de saint Georges ou Saint Georges et la princesse[29]. Rien n'indique donc a priori que la princesse en question soit la princesse de Trébizonde : il s’agit avant tout d'une tradition solidement ancrée au sein de la population véronaise, reprise par les spécialistes de la peinture du Quattrocento[30].

En effet, le récit hagiographique des faits de saint Georges, rapporté par Jacques de Voragine dans sa Légende dorée[31], n'a guère à voir avec Théodora Comnène. Parvenu dans une ville que l'on identifie généralement à Cyrène en Libye, Georges, un jeune militaire originaire de Cappadoce y apprit que cette cité était terrorisée par un dragon auquel, pour l'apaiser, on offrait régulièrement une brebis et un jeune homme ou une jeune femme afin qu'ils fussent dévorés. Or, le jour de l'arrivée de Georges, le tour était venu à la fille du roi local d'être sacrifiée au monstre. Apprenant cela, Georges, rassura la jeune fille, l'accompagna auprès de la tanière de la bête infernale, et, confiant en sa foi en Jésus-Christ, parvint à dompter la créature qui en devint « comme la chienne la plus douce ». Ayant conduit la bête soumise auprès des habitants de Cyrène pour la mettre à mort devant leurs yeux, tous sans exception se convertirent au christianisme. L’époque à laquelle se déroulèrent ces événements diffère selon les versions : sans doute peut-on du moins les situer sous les règnes de Dioclétien et Maximien.

Trébizonde est très éloignée de Cyrène, et l'on peut se demander comment la princesse de Trébizonde a pu se substituer à une princesse libyenne. Le contexte dans lequel fut peinte la fresque de Pisanello peut apporter quelques éclaircissements[32]. Les travaux de la chapelle débutèrent en 1438, date qui coïncide avec l'arrivée en Italie de l'empereur byzantin de Constantinople Jean VIII Paléologue pour assister au concile de Ferrare-Florence, personnage qui constituait un hôte parmi les plus illustres qu'il pût être pour les Latins. Jean VIII était l'époux de Marie Comnène, princesse trapézontaise, dont la beauté avait déjà subjugué Bertrandon de la Broquière à Constantinople (voir plus haut). Alors que l’Union des Églises d’Orient et d’Occident se négociait, les noms des derniers États chrétiens du Levant étaient sur toutes les lèvres, et particulièrement les plus obscurs. On pourrait dire en somme que l’empire de Trébizonde était à la mode. La transposition de Cyrène à Trébizonde ne fut cependant probablement pas contemporaine de la réalisation de l'œuvre[32].

Si l'on garde ce premier contexte en mémoire, que l'on analyse celui des décennies suivantes (en particulier les années 1460-1470), un parallèle peut aisément être dressé entre la destinée de la princesse cyrénienne, et celle de Théodora Comnène[32]. Théodora pouvait en effet très bien partager avec elle la figure de la « demoiselle en détresse », de l'otage du dragon, que celui-ci fût incarné par Uzun Hasan, le barbare turkmène à qui elle avait été offerte par son propre père dans l'espoir de sauver sa cité de Trébizonde, ou par Mehmed II, le conquérant de Byzance, sorte d'Antéchrist pour l'Europe apeurée[32]. Dans tous les cas, il s'agissait d'une invitation à la croisade, c'est-à-dire à marcher dans les pas de saint Georges, avec la même confiance que lui. Enfin, la transposition fut probablement plus aisée que saint Georges était originaire de Cappadoce (région où régnait Uzun Hasan), dont le culte était omniprésent en Anatolie et dans le Caucase (Théodora fut elle-même enterrée dans l'église Saint-Georges de Diyarbakır), ce qui rendait l'intervention miraculeuse du saint militaire auprès de la princesse de Trébizonde d'autant plus envisageable.

   La partie gauche, très abîmée, de la fresque de Pisanello. On y distingue, en bas, le dragon, tapi dans son antre.

   La partie droite de la fresque. Au centre, debout : saint Georges. À droite, le regardant, la princesse de Trébizonde. Le cavalier à l'extrême droite est le roi.

L'essoufflement d'un mythe

Avec le temps, les attributs du mythe de la princesse de Trébizonde allèrent en s'appauvrissant pour se limiter à l'image de la demoiselle en détresse. En 1640, le Génois Gian-Ambrogio Marini publia un roman intitulé Il Caloandro, renommé dans une seconde mouture Il Caloandro Sconosciuto, et revu une nouvelle fois en 1652 sous le titre définitif de Caloandro Fedele. Connaissant un grand succès, il fut adapté pour le théâtre en 1656 sous le simple titre de Caloandro, et traduit en français par Georges de Scudéry en 1668. L'action et les personnages, et en premier lieu le héros, Caloandro, fils de l'empereur de Constantinople, sont fictifs mais on y retrouve Leonilda, fille de l'impératrice de Trébizonde Tigrinda, et Sufar, prince de Turcomanie. Surtout, on y rencontre des détails particuliers de paysages et de couleurs locales qui sont d'une étonnante fidélité, ce qui semble prouver que Marini s’était documenté pour écrire son œuvre, peut-être en lisant les rapports de Caterino Zeno, l'ambassadeur vénitien envoyé auprès d'Uzun Hasan au temps de Théodora[33]. Il est vraisemblable que les évocations ultérieures de la princesse de Trébizonde aient été faites à la suite du Caloandro[29].

Après le succès de l'œuvre de Marini, le mythe commença à s'essouffler sérieusement. En 1869, Offenbach créa un opéra-bouffe intitulé La Princesse de Trébizonde qui connut en son temps un certain succès[34], mais la malheureuse princesse n'y était qu'un mannequin grotesque auquel on avait accolé ce nom prestigieux par dérision[35]. Au début du XXe siècle (1909[36]), un dramaturge autrichien du nom de Philipp Langmann rédigea un ouvrage intitulé Die Prinzessin von Trapezunt, mais qui n'a que peu à voir avec Théodora Comnène, l'action se déroulant vers 1730[35].

Plus récemment, Joseph Macé-Scaron a publié, en 1990, un roman intitulé Trébizonde avant l'oubli[37], dont l'action se déroule sous le règne de David II (1459-1461), et dans lequel Théodora Comnène apparaît comme l'un des principaux protagonistes.
 
Ça t'apprendra à écrire "dis-m'en plus" à l'amicale. Nah.
Le forum va porter plainte contre toi parce qu'on a choppé des crampes au pouce à force de scroller.
 
Dis-m'en moins.
 
j'aurais peur que ce soit trop peu du coup...

Dis m'en suffisamment ?
 
Dis
 
Dix milligrammes d’Alpra siouplé serveur
 
Dis-en la portion congrue
 
C’est la portion congrue pour mwa
 
congru, congrue
adjectif

(latin congruus, convenable)

1. Littéraire. Qui est bien approprié à l'usage qu'on en fait, aux circonstances.
2. Se dit de chacun des deux entiers relatifs unis par une relation de congruence.

On en apprend tout les jours sur ce forum.
 
C'est qu'on essaie tant bien que mal que l'expérience des uns soit congruente avec l'ignorance des autres...
Dis donc.
 
Tridimensionnel a dit:
Dis-en la portion congrue

la portion congrue c'est que on se demande pourquoi il y a eu spoliation forcée, rapts et viols sur des chrétiennes et un génocide arménien à la clé avec aujourd'hui une population homogène stabilisée comme résultat de l'histoire alors que des précurseurs arméniens et turcs au XVme s. avaient déjà amorcé la mixité raciale par la paix, l'amour et la sérénité...

Parfois je ressemble à Tarass Boulba avec certains éclairages... Pour un Arménien c'est préoccupant et ça fait beaucoup de méditation. Mes ancêtres sont de Trébizonde et Samsun. Ils avaient la culture arménienne, la langue et l'écriture... et la religion (de Constantinople). Avec en plus la langue turque des Ottomans pour les administrations. On dit jamais ça dans toutes ces études et les chroniques sur l'Asie Mineure, les Ottomans et les chrétiens que l'arménité identifiait tout ce que on en dit.

déjà ce mot "hatun" (princesse)

hatoun est un mot arménien cité dans les études académiques mais on dit que c'est "princesse" sans dire que c'est du lexique arménien... jamais.
 
Après les infirmières croisées aujourd'hui, un gros courage à elles/eux qui commencent à légèrement fondre les plombs ( et aussi à tous ces pauvres nez innocents ).
 
https://deliriumpsychosis.bandcamp.com/album/the-meth-mixes-2019-2021

présentation de l'album:

'From the amphetamine infected wasteland of Nova Scotia comes a devastating demo remaster compilation from the artist formerly known as Kobold. 20 minutes of crystal smoking madness bringing forth a new era, along with a name change thus formally taking up the new moniker of Demon Semen. Behold the analeptic terror as it devastates your ear drums, behold the semen demon, embrace the crystal.'

La musique vaut la description.
 
T’aurais pas juste oublié comment la fumer ?
Moi si je fout de l’extrait x10 dans une pipe et que je garde mon briquet dessus je me suis jamais raté .

Même avec des feuilles simples
Sinon avec des vaporisateurs de cannabis qui montent très haut en température j’ai jamais essayé mais beaucoup lu sur cette méthode et visiblement c’est encore plus fort que fumée alors réduis les dosages en vapo . Je sais plus quelle est la température peut être 240•C mais ça doit être vite trouvable sur internet .
 

Particulièrement adapté aux petits moments cocooning hivernaux

Juste pour dire que je suis dégoûté, ma salvia tire la gueule fois 10 000 ?

Les hivers c'est un peu galère, je lutte toujours un peu aussi, mais globalement j'arrive à les maintenir avec quelques feuilles qui noircissent et une croissance plus limitée.
Avec une bonne exposition et une terre qui lui plait, je fais surtout gaffe à l'excès d'eau qui peut maintenir la terre humide trop longtemps en période hivernale.
 
Juste pour dire que je suis dégoûté, ma salvia tire la gueule fois 10 000

psychocrack peu te venir en aide!

et sans photos en plus :coool:

c'est normal tu lui à mis que du terreaux!

c'est le substrat que tu lui à mis, c'est pas goodish.

je ne connais pas les proportion exacte mais pour la salvia:

sol frais mais drainant, sol lègerement acide - de 6.5, plutot 5.5

donc faut mélanger terreaux hoirticol + perlite + terre de bruyère verritable (là terre de bruytère c'est fongicide..

les proportion sont inconnue pour moi car jamais fais comme ça et ça foirais à tout les coup.........

mais j'ai un ami qui en fait tres bien, il à juste les pointes des feuilles qui noircisse. mais avec la machite le problème est résolue.

attention je dit pas que la machite c'est bien pour toi, je dirrais juste que si elle perd toute ces feuille bouture les tiges ça marche.

je vais dema,nder à mon ami qu'il me donne les % de terreaux perlite et terre de bruyerre



tien rien à voir mais une colle:

à votre avis pourquoi les cactus pourrissent  qaunt on les arrose trop???

un indice, c'est génnétique!
 
PSYCHOCRACK a dit:
Juste pour dire que je suis dégoûté, ma salvia tire la gueule fois 10 000

psychocrack peu te venir en aide!

et sans photos en plus :coool:

c'est normal tu lui à mis que du terreaux!

c'est le substrat que tu lui à mis, c'est pas goodish.

je ne connais pas les proportion exacte mais pour la salvia:

sol frais mais drainant, sol lègerement acide - de 6.5, plutot 5.5

donc faut mélanger terreaux hoirticol + perlite + terre de bruyère verritable (là terre de bruytère c'est fongicide..

les proportion sont inconnue pour moi car jamais fais comme ça et ça foirais à tout les coup.........

mais j'ai un ami qui en fait tres bien, il à juste les pointes des feuilles qui noircisse. mais avec la machite le problème est résolue.

attention je dit pas que la machite c'est bien pour toi, je dirrais juste que si elle perd toute ces feuille bouture les tiges ça marche.

je vais dema,nder à mon ami qu'il me donne les % de terreaux perlite et terre de bruyerre



tien rien à voir mais une colle:

à votre avis pourquoi les cactus pourrissent  qaunt on les arrose trop???

un indice, c'est génnétique!

Alors la physio végétale c'est pas du tout mon métier même si ça me passionne, je dirais à cause d'une tendance trop efficiente à faire de la rétetion d'eau en lui Il n'arrive donc pas à se débarrasser du surplus ?
 
c'est exactement ça, mais pas que et mais c'est pas où je voulais en venir!

d'abord une plante qui à trop d'eau ferme bêtement cest troue pour respiré (stomates) apres un cactus c'est une plante qui à perdue beaucoup de substance fongicide au cour de l'évolution, vue que dans le milieux d'origine y'a peu d'eau qui tombe et c'est drainant comme sol.

mon ami ne répond pas, mais je connais quelqu'un d'autre.
 
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