Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

Le forum des amateurs de drogues et des explorateurs de l'esprit

J'ai été en teuf

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Styloplume
  • Date de début Date de début
S

Styloplume

Guest
Total respect à ceux qui liront en entier.
EDIT: Le pdf est en pièce jointe normalement ça marche. Il faut scroller en bas de ce post pour le récupérer.


J’ai été en teuf


Un truc est sûr : j’ai été en teuf. C’est indéniable, c’est certain. J’ai vécu un truc.

Beaucoup de texte dans ce TR, parce que beaucoup de rencontres et une forte expérience. Vu qu’avant, après, et tout au long de cette teuf, j’ai pris des notes sur mon cahier, je les retranscrises ici, en me servant de la police de caractère ComicSansMS.


Comment tout a commencé

Tout a commencé par une rencontre trois semaines auparavant. Dans une soirée psytrance bien sympa, je rencontre Osiris, étudiant comme moi (en plus jeune), adepte des prods. On parle de notre passion commune pour la drogue, on se dit bien qu’un jour on prendra de la drogue ensemble. On se promet de se revoir.
Les choses ne sont pas si simples, on ne se revoit pas direct, ou alors pas comme je le pensais. Je pensais philosopher à propos de la fractale, et en fait je n’ai pas réussi à parler avec lui selon le mode que j’attendais. J’ai été en soirée chez lui (ha ha, la soirée étudiante sous psytrance, c’est unique je vous dit), et il m’a parlé des teufs dans lesquelles il aime aller. Il me propose de m’emmener. Vu. L’expérience m’intéresse, j’ai jamais été en teuf, et puis je cherche toujours de l’acide pour des raisons personnelles. J’en trouverai peut-être en teuf ?
Pourquoi l’expérience m’intéresse ? Et ben, un endroit où les gens sont libres d’écouter le son qu’ils veulent, de prendre de la drogue comme bon leur semble, et ce en pleine nature, oui ça m’intéresse. Voir l’ambiance. Vivre quelque chose de plus. J’aime les trucs dangereux, aussi.

Nous autres étudiants sommes en vacances, je me suis mis en recherche de travail pour l’été.

Osiris m’a expliqué qu’il y aurais plusieurs teufs au week-end qui nous intéresse, et on est parti sur celle de vendredi soir, a priori. J’ai le permis, mais on a pas de voiture. Un copain à lui est susceptible de nous en prêter une. On part sur ça.

En fin de compte je rentre chez mes parents dans la semaine, parce que j’ai des trucs à régler. J’appelle Osiris pour lui dire que je viendrai pas en teuf. Bon, bah, tant pis.

Une fois chez moi, j’apprends que j’ai trouvé du boulot, mais j’aurai besoin de la voiture de papa-maman pour ce même boulot. Du coup, ils me la prêtent. Je reviens le vendredi dans ma ville d’étude pour des entretiens et choper ce fichu boulot. Du coup, j’ai la voiture ! J’appelle Osiris : « Hé, mec, je suis en ville vendredi, et j’ai la voiture. On peut partir en teuf ! »


Présentations

Après une journée à droite et à gauche en voiture à régler des affaires de taf, je retrouve Osiris chez lui vers 18 heures. Son pote Atarax est là. Présentons les gens.
Osiris est étudiant en commerce, il est grand comme moi, mince comme moi, assez expérimenté niveau teuf et prod, enthousiaste pour la soirée.
Atarax est étudiant en ingénierie, il est moins grand et plus robuste, plus posé. Il connaît Osiris depuis deux ans, et cumule autant d’expérience de la perche que lui.
Et moi, c’est Styloplume, étudiant en psycho, à vocation de thérapeute. Les études se passent bien, j’ai trouvé du taf pour l’été (pas ultra-motivé là-dessus, mais bon...).
Ces sympathiques personnes ont la vingtaine, à la différence de moi, qui compte cinq ans de plus environ.

On parle vite fait de sorties, de teufs, d’organisation. Ah ! L’organisation ! C’est que je m’étais montré stressé auprès d’Osiris niveau orga. Après tout c’est moi qui conduis, j’ai jamais été en teuf, etc. On pose le planning : faire les courses (bouffe+alcool), se poser en chill-out à côté du lac, aller dans la soirée hardtek que fait le sound system dans un bar, et vers minuit on suivra les camions jusque dans la cambrousse, et pour la suite on avisera, bien sûr. Ils sont au courant que le lendemain à 19 heures je doit être chez Galaad pour une soirée, et que je les reconduirai en ville avant ça.

Ça me va comme orga. Rapidement on charge toutes leurs affaires dans la voiture, plein de couvertures, duvet, tente, etc.


Les courses

Je vous jure, j’ai jamais été aussi excité d’aller à Carrefour. Les mecs ont empilé des tonnes de bières (ha ha, 24 bières de 50 cl dans le caddie), de pain, de pâté (les mecs, putain, pourquoi du pâté?), de cookies, de jus d’orange, tout ça dans le chariot. Y’en a eu pour 40 € de courses.
Moi je me marre, je suis effaré, j’ai les boules de la soirée qui s’annonce. Ça prends une envergure de malade ce truc ! Et en même temps une petite voix me dit que ces mecs savent ce qu’ils font, ils ont l’expérience, et en plus ils sont super contents de la soirée qui s’annonce, parce que je les conduis en voiture, ça leur fait un super set & setting d’avoir une bagnole comme point de raliement.

Hop, c’est payé, on met tout dans le coffre. La voiture de papa-maman est devenue un char prêt à partir en guerre.


Le chill-out

Hop, on retourne vers les logements d’Osiris, à côté de chez lui il y a un lac où on est bien, avec plein d’herbe, des canards, des arbres, et un travail de paysagisme respectable. Il fait un temps magnifique qui tiendra tout le week-end.

On se pose, on lâche un peu tout, on est bien. Moi j’ai du mal à déstresser, en plus les mecs se mettent à parler d’alcoolisme, et je me sens un peu partir. Alors je viens dans la conversation, je l’oriente un peu, et je m’aperçois un peu des mécanismes psychologiques de la conversation. On parle surtout pour être ensemble. Quand un sujet de conversation est introduit, les interlocuteurs parlent des choses qu’ils connaissent à propos de ce sujet. On voit rapidement l’étendue de leurs connaissances.
Les sujets de conversation que j’introduit ne durent pas longtemps. On n’est pas en phase, en fait. J’ai pas vécu les mêmes choses, j’ai pas les mêmes centres d’intérêt. Je ne leurs dit pas bien sûr, mais je sens que si on n’arrive pas à se connecter ensemble comme ça, la MD n’y changera rien. Je sens déjà que je ne suis pas dans un milieu qui me correspond.

Mais chhhh, chhh, pas besoin de stresser, profite de l’herbe Stylo. Et en plus tu as la voiture, c’est toi qui conduis, tu mènes la barque. Et au cas où, tu as tes plans de secours.

Retour à la conversation. Deux autres personnes s’amènent, des amis d’Osiris. Appelons-les Fabien et Perle (j’invente tout, ce ne sont pas leurs prénoms). Fabien est du genre tranceux, comme Osiris, et Perle est une étudiante jolie comme pas possible, assez coquette, un peu effacée.

Nous sommes posés sous le soleil et l’ombre des arbres. Toute la conversation tourne autour de la perche. Je ne participe pas trop trop, car chaque fois que j’envois un sujet de conversation, ça retombe rapidement. Et en même temps, bah, c’est pas grave, je suis différent après tout.

C’est le moment où je me décide à écrire la première note dans mon cahier :

21:05 Chaque fois que je m'apprête à faire un truc dangereux j'ai peur avant. Normal.
Est-ce qu'un jour j'arrêterai de faire des choses dangereuses? Ah, l'inconnu, quelle aventure.
L'ambiance ici ne me ressemble pas trop. En fait je ne partage pas ma vie avec des gens qui prennent de la drogue, d'ordinaire.
La drogue pour l'introspection? Apparement on aime l'esprit chamanique, le rush, l'extase, mais on ne s'y lance pas dans un démarche qui ressemble à la mienne. Mais il est trop tôt de juger quoi que ce soit, bien sûr. Je n'ai pas encore expérimenté la perche collective.


Atarax s’intéresse à ce que j’écris. Je lui explique ma démarche de rédaction de trip reports. Stylé, il trouve. Je lui montre ce que j’ai écris sous DXM il y a une semaine de cela, et il rentre à fond dedans. Atarax me demande s’il pourra lire ce que j’écris de cette sortie en teuf. Je lui dit oui. Et en même temps, je lui explique que je préfère qu’il évite de lire en cours de route, parce que je veux me sentir libre. Vu, ça lui va. Et moi je sens que je suis content de pouvoir partager ma manière de triper avec quelqu’un. Je kiffe ça, d’écrire sur mon cahier pour faire un gros TR après. Je garde une trace bien vivace.

Donc je garde mon cahier, c’est validé, c’est cool. La conversation se poursuit, et à mesure qu’on parle plus, je sens une petite alchimie qui se fait, je me confronte un peu plus à moi-même, et je note ça :

22:15 Pourquoi je flippe? Seul mon set semble poser un problème, alors que le setting semble juste excellent. Je commence à lâcher prise. Avant, je prenais beaucoup de recul sur ce qui me semblait être des jeunes drogués, et maintenant j'ai moins peur de fair partie d'eux, héhé. Le temps est magnifique, je suis sobre, donc responsable. De plus je calcule qu'il y a beacoup de temps disponible pour monter et redescendre. Droper à 2-3 heures => retombé à 14h, 5 h de sommeil.
De plus, ce rôle de chauffeur responsable me plaît. Je ne bois pas, ne fume pas, et ne compte rien prendre avant d'être sur place.
De tout repasser en revue, je me sens rassuré. Tout va bien en fait. Le setting construit le set (comme l'extase selon Saint Pamplemousse).


Le setting, c’est l’environnement matériel et humain, l’ambiance. Le set, c’est l’état d’esprit. Ici, l’ambiance et l’organisation tendent à me rassurer, et c’est bien.

L’extase selon Saint Pamplemousse, c’est mon trip au DXM d’il y a une semaine où j’ai atteint un niveau d’extase super lucide, encore jamais atteint avant, qui m’a bien montré les progrès que j’ai fait avec le DXM. En deux ans et en vingt prises de cette drogue que je trouve difficile, j’ai finit par débugger ma conscience assez pour me mettre en paix avec moi, au point de me détacher de mon corps. Et en même temps, j’ai vu à quel point je suis tout petit et que j’ai encore plein de travail à faire. Je suis content de mes progrès de ce point de vue là, et je suis bien dans ma peau.

Bon, après ce petit chill-out, on se décide à aller dans cette soirée hardtek, dans ce bar en ville, d’où on pourra suivre les camions jusqu’à la teuf. On emmène Fabien et Perle avec nous.


Soirée hardtek au bar, rencontres

Nous y voilà. Il y a des teufeurs, mmh, pas des masses non plus. Du gros son posé dans une salle où les gens se dandinent. Cette musique est beaucoup trop forte, l’espace comprime le son qui me vrille les oreilles. C’est vraiment du gros bam bam qui me repousse plutôt. Osiris se pose devant le son. Mais je préfère partir causer avec les gens.

Je rencontre Moquette, un mec plus vieux que moi et qui semble disposé à me parler. Il m’explique rapidement comment la teuf s’organise, comment suivre les camions et tout. Ça me fait des détails pratiques, c’est cool. On enchaîne sur l’expérience psychédélique et Moquette semble bien expérimenté. Il a vu l’enfer dans les yeux de ses potes, ce mec, je le sens. Je m’imprègne de son expérience, qui est plus longue que la mienne. Ce gars connaît très bien la teuf, ses dangers, ses apports, il a du recul. Et il a une façon d’observer le monde qui est responsable, plus une bonne connaissance de la psychologie de l’enfant. Il m’explique que les trois premières années de la vie sont celles où on apprends tout, et dans lesquelles on se retrouve plongé sous drogue. Nous sommes des enfants qui nous imprégnons de tout, dit-il. Ah, ça fait du bien de sentir une vision du monde concrète et construite.
Et en même temps, je sens que je n’ai pas du tout la même façon de triper que lui. L’introspection, il s’en méfie, il n’a jamais dropé seul. Et j’ai pas l’intention de le convaincre de quoi que ce soit, il me semble dubitatif.

Autre rencontre, c’est celle d’Athanase. J’ai déjà vu ce gars dans la même soirée psytrance que celle où j’ai rencontré Osiris, mais on n’avait pas vraiment parlé. Ce qui m’a marqué chez lui, c’est son look. Il a les cheveux rasés sur les côtés, et des belles dreads qui sont groupées sur l’arrière. Un visage noble, quelques piercings, un sarouel, et surtout, l’air bien décontracté. Cet air décontracté, je ne le vois pas partout.
Cette fois-ci, le fait de se revoir change la donne. Athanase s’ouvre. Il m’explique que ce son de teuf peut être malsain, dans le sens où il ne pointe pas du doigt vers la lumière. Les samples utilisés, l’ambiance générale, tout ça tire vers le bas, plutôt. Athanase ne viendra pas à cette teuf, d’ailleurs il va le lendemain à une grosse soirée psytrance où j’aurai kiffé de venir si j’avais pas du aller chez Galaad. Si j’avais pu venir à cette soirée psytrance, jamais je ne serai venu en teuf avec Osiris.
Athanase me témoigne de sa vie, de la manière qu’il a de regarder le monde, et qui a bien changé. Il m’explique bien que ce son de teuf ne lui apporte pas grand-chose, et qu’il préfère s’orienter vers la lumière.
Je suis super content. Voilà quelqu’un qui me parle de la lumière. Or, la lumière, c’est mon kif.
Voilà un gars que je vais revoir.

J’essaie de me poser devant le son, et je note ceci :

00:20 En fait je me suis posé sur le son dans le bar et j'ai eu peur de tant de puissance sauvage et du caractère glauque du spectacle des tripeurs dansés. Mais je suis bien entouré de tranceurs rigolards qui me rassurent et me serviront de repères affectifs. Ilona devrais arriver bientôt.
J'ai de l'excitation. Qu'est-ce que ça donnera en pleine forêt? "Avec une voiture c'est trop posé" dit Osiris. Donc c'est bien niveau set.

00:30 Stewart et Ilona sont arrivés!


Je suis content de les revoir, ces deux-là. Ilona a fait psycho dans mon année, mais là elle arrête, elle va partir vivre de ses propres ailes dans le grand monde. Stewart, c’est son copain, un mec bien, un peu distant, du genre à avoir le smile sans trop de raison. Ils sont venu avec la voiture de Stewart.

Ah, j’ai oublié de dire que pendant ce temps j’ai déjà reconduit Fabien et Perle en ville. Perle voulait venir, mais je le sentais très très mal d’emmener une fille inexpérimentée en teuf. Fabien, lui, a songé à venir, mais a eu la bonne idée de laisser tomber, ce qui a conduit Perle à laisser tomber aussi. Je suis soulagé et je reviens au bar.


Le voyage en voiture

L’heure avance, on est tous excités, on veux pas rater le départ des camtars, après tout on sait toujours pas où c’est. Ah, si, une fille sympa m’explique longuement où ça se trouve, je note son explication comme je peux, mais je ne veux pas compter dessus, ça reste flou. Bon. C’est pas loin, en tout cas.

L’excitation monte, comme je m’y attendais, je récupère des teufeurs en manque de moyen de transport. Un jeune couple, Voyteck et Adamante (je kiffe de trouver des prénoms exotiques dans mes TRs). Voyteck et Adamante me marquent parce qu’ils sont posés, pas du tout foufous, et en plus ils sont beaux. C’est con de dire ça, mais c’est le genre de truc qui me marque.

On est tous dans la bagnole, on est blindés, et je lance « Vous êtes content d’être là les enfants ? » « Oui ! » Et en même temps ils me charrient, parce que je les prends pour des gamins.

Ah, mais que voulez-vous, là je m’amuse grave, je conduis la bagnole de papa-maman, gavé de teufeurs, de bière et de pâté, pour aller en tekos. Ha ha je m’éclate je vous dit.

Le camtar part ! Allez ! On se met en chasse, on le suit ! On est la deuxième voiture dans le cortège, on lui colle au cul à ce camion, on va pas le lâcher. Osiris balance les Doors dans l’autoradio, l’ambiance est survoltée, on est à fond.

Au bout d’une petite demi-heure de route sans histoire, on se retrouve dans la cambrousse au milieu des éoliennes. On passe à côté de ses mastodontes, on continue notre chemin, le camion s’arrête indécis, puis continue sa route, et on se retrouve à un endroit où on s’arrête. On voit Moquette avec sa lampe qui organise le parking. Nous sommes sur un chemin entourés de broussaille, mais on a de la place pour mettre les voitures. Les camions, eux, se sont mis dans les bois. À l’orée du bois, sous les arbres, ils commencent à poser le son.
Grâce à Moquette, on a un bon endroit où on a mis la voiture. Voyteck et Adamante sont sortis, nous voilà entre nous.


En attendant le son

01:37 Il est l'heure de manger du saucisson. Il est 01:37 en fait. On a collé le camion au cul, on a garé la bagnole, et on va rouler un bédo.
Comme le dit Osiris, on est arrivés, je peux me prendre une cuite. Hop une bière.

Grand débat sur « faut-il proder quand on est bourré à l’alcool ?», avec une perle d’Osiris :
"Quand je ne suis plus au high de ma bourritude, je prode."
Merci mec, celle-là je me la garde !

Bon, j’ai une bière, je sors, je déstresse. La voiture est posée, les gens sont posés, et assez sympas en plus. Je passe voir Ilona et Stewart, qui sont dans leurs voiture avec un mec qui se prends un rail de subutex, son traitement d’ancien héroïnomane. Je ressort.

Le son n’est toujours pas posé, les sound systems prennent un peu leurs temps, d’après les teufeurs. J’en profite pour voir un peu les gens. Moquette est occupé à garer les voitures, et là, une rencontre de plus. Eloï et Satine, deux jeunes gens du coin qui forment un joli couple, ont froid, et veulent passer chez eux pour récupérer des habits. Ils n’habitent pas loin, mais vu qu’on s’entends bien je me retrouve à les embarquer en voiture pour leurs faciliter le travail. Je crois avoir bien saisi l’esprit de solidarité qui anime les teufeurs.
Je les embarque, j’apprends qu’ils ont 16 et 17 ans, ça m’effare un peu, mais on est content. Tout en conduisant sur les chemins de terre cahoteux de la campagne, je continue de boire ma bière, et je goûte à un peu d’interdit, j’ai sûrement dépassé le taux d’alcoolémie règlementaire. Ho, et alors ? On est libre ici ! Je conduit pas vite, et sur une courte distance. Nous voilà arrivés chez eux. Je note :

02:22 J'ai décidé d'emmener Eloï et Satine pour aller chercher des fringues. C'est cool comme ambiance, la bière et l'exprit de la teuf ont fait du bien. Je commence à fatiguer, ceci dit. Il est 2h du mat après tout.
L'ambiance avant glauque me semble être devenue plus cordiale à l'approche de la teuf, une fois dans la campagne entre gens branchés. Un certain esprit de dévouement règne et je pense bien le représenter.
Je me rend compte à quel point je suis dépendant de Eloï et Satine pour retrouver mon chemin. Je les aide, ils doivent m'aider, c'est un fait enraciné dans les choses.
Il est 02:27. Mais que font-ils? Ah, j'aperçois Satine à l'intérieur. Ils ont l'air de venir. Et c'est reparti.

Et hop on retourne à la teuf. Une petite demi-heure s’est écoulée, Osiris et Atarax ont eu un peu le temps de flipper à force de plus me voir (et de plus voir la voiture). Je me regare, on s’explique, tout va bien. Reste qu’ils ont un peu flippé quand même. Allez, on se pose à nouveau.

02:49 Osiris: "C'est de la chouille, un apéro au son".
Atarax: "Mais y'a pas de son."
Posé dans le fond de la voiture. Pas de réseau. Des étoiles au-dessus du capot, Stairway to heaven, c'est Rock'n Roll dans la caisse je vous dit.


Le temps passe petit à petit, il ne se passe pas grand-chose.

03:12 Baisse de moral chez les troupes. Toujours pas de son, on est à 01:11 heure solaire, le moment le plus noir de la nuit.


Le son part, je drope de la MDMA

Et vers 3:15, le son part. Bam bam bam bam ba-ba-bam, du gros son de teuf, propre. Le mur est constitué de quatres grosses enceintes posées sur des caissons de basse, avec des grosses sangles pour les tenir entre deux arbres. Il y a de la place pour danser, juste ce qu’il faut. Les camions encombrent un peu le chemin, ça fait moyen. Le matos qui couvre les tables est impressionant. Platines vinyles, table de mixage, ordi, normal. Mais il y a foule d’autres trucs dont j’ai pas idée de l’importance, wow.
Tout est réuni pour cracher un son costaud et propre. Et effectivement, le son est costaud, le son est propre. Plus rien à voir avec le marteau qui cognait dans les oreilles au bar, le son dispose de l’espace nécessaire pour s’épanouir. C’est une grosse machine organique qui pulse. Du bon gros son.

Bon, je suis venu pour voir ce que c’est, alors je vais proder. Ça servirais à rien d’avoir fait tout ce chemin si c’est pas pour avoir en le cœur net : qu’est-ce que la teuf ? Autant le faire de façon complète. Alors je cherche de la drogue.

Je cause rapidement aux gens pour savoir s’il y a de l’acide, c’est ça qui m’intéresse. Non, y’a pas. Y’a même presque plus de MDMA, apparement, mais de la coke tout plein. Bon. Je cause assez pour qu’on m’introduise à un camion où un bonhomme vends des paras (la coke ça m’intéresse pas).

03:32 Ambiance faisable. Un para de MD pour 10€, hop-là. La MD c'est safe de toutes façons. Je prends les feuilles pour noter.

Mon para fait 120 mg, d’après le dealer, soit la dose standard. C’est bon à savoir, ça. Quand j’ai dropé de la MDMA la dernière fois, il y a deux ans, j’en ai pris une dose inconnue et sûrement trop grande.

Bon, je retourne à la voiture en attendant. Osiris et Atarax y sont, avec une fille à l’air sympa. Je m’assied sur le siège conducteur et commence la conversation. Oui, j’ai dropé il y a un quart d’heure, Atarax aussi, mais pas Osiris. La fille connaît la MD, est capable de commenter ma montée.

03:50 Moi toujours rien.
Eux toujours rien non plus.
Y'a un truc qui change. Le cœur pousse comme la dernière fois.


Ahhhhh, si, il y a quelque chose. Ah, nom d’un chien, ça pousse. Ça me vient de la poitrine, ça remonte. Y’a de l’énergie qui se déplie. La fille me confirme que la MD ça peut monter vite. Quand même, au bout de vingt minutes seulement, ça change du DXM.

Bon, je sors de la voiture et je vais devant le son, puisque ça monte.


La crise

Je tangue. Ça bouge. Je m’aperçois que ça monte, que je me met à triper. Bon, je progresse devant le son. Je suis devant le son.

Je sens la sérotonine qui fait flic floc dans mon cerveau. Ça bourre ça bourre, je sens la puissance qui se pointe, la grosse grosse grosse puissance. Je ferme les yeux, et je sens les hallus qui sont prêtent à exploser. Pour le moment j’ai quelques tâches qui dégoulinent et qui ne demandent qu’à se synchroniser sur cette musique qui me vrille la tête. Mais quelque chose bloque encore. Je suis devant le son et je chope une feuille dans ma poche, et mon stylo, et j’écris :

03:56 Ça monte c'est indéniable. Il y a quelque chose à lâcher, là.

Je regarde les autres, qui dansent comme des fous furieux. Je ne veux pas faire partie d’eux. Je ne veux pas transer comme ça. Je prends trop de drogue dans ma vie, en ce moment. Ça va trop vite.

Je m'en veux d'avoir prodé. Trop de prods en ce moment.

Bordel mais qu’est-ce que je fous là à refuser l’expérience ? Mais qu’est-ce que j’ai fait ?

Pourquoi j'ai fait ça? Je suis devant le son quand ça bloque je ne veux pas lâcher prise.

Je sais qu’il faut lâcher prise, que c’est le maître mot de la spiritualité, de la drogue, de la vie. Et lâcher prise devant ça ? M’abandonner à la toute-puissance du monstre, comme le font ces teufeurs avec complaisance, qui se dandinent devant le son en hurlant ? Devenir comme eux ? Ah, vais-je devenir un teufeur transé ? Vais-je devenir un drogué de la teuf ? La crise existentielle devient énorme, monstrueuse. La grosse mort/renaissance que j’avais pas vu venir. Est-ce que Styloplume, étudiant, drogué spirituel, croyant, va mourir, pour renaître en teufeur qui lâche tout devant le mur du son ? Mais j’ai pas envie de me placer devant les enceintes et de me défoncer les oreilles au passage !

Est-ce le bad ou le choix de ma vie?

Ça ressemble bien à un bon gros bad, quelque chose que je n’ai jamais vécu, et en même temps je suis effaré de le voir se dérouler comme ça, de le comprendre en temps réel, de suivre ma pensée, et de voir là où ça bloque.

Tout seul, la mystique, oui. Mais ensemble? Ça me semble hérétique de trouver la complétion comme ça.

Et mon enfant intérieur se manifeste :

Je ne veux plus revenir ici.

Je me met en mouvement pour sortir, je croise Moquette, qui voit que ça va pas. « Est-ce que tu penses au futur ? » me demande-t-il. En plein dans le mille. Mais je ne fais pas confiance à ce gars, on ne se connaît pas assez, et on était plutôt à se confronter intellectuellement avant. Je ne vais pas lui parler, je ne me sens pas en confiance.
Moquette me tire vers le son, il me pose parmi les danseurs et me dit « Allez, t’es venu, maintenant tu assumes. » Ce gars pense bien faire. Mais moi je le sens très mal. Je trouve à noter :

Respire. Ça va mieux.

En effet, bien respirer ça pose toujours et ça oriente un trip dans le bon sens. Moquette trouve que je fait mon autiste à noter sur mon papier. Je me barre pour y voir plus clair, et puis j’ai peur du son, je me sens vraiment pas bien.

En chemin je croise Atarax qui voit que je fuis le son. Je ne fais pas le malin, je m’écroule un peu. Il me tire vers le son, il veut m’aider. Je traîne, je chiale, je dit que je ne veux pas, que j’ai peur, je tombe, il m’entraîne, il me porte, je le suis, tout penaud.

Et revoilà le son, le méchant son. Je me pose, je me remet en mode respiration, à ne plus bouger, à écouter. C’est mon mécanisme de survie quand je me perds dans la grosse fractale.

Je suis calme, dans l’œil du cyclone. Bon, j’ai fait une connerie, j’ai dropé de la MD, soit. Je vais pas bien, d’accord. Les autres ne m’aident pas vraiment, ok. Qu’est-ce que je veux au plus profond de moi ?
Respire. Au fond de moi, je veux m’éloigner de ce son.
Check, c’est noté dans ma tête. Et maintenant, qu’est-ce que je peux faire ?
Respire. Je peux faire un plan de secours.

04:16 Allez! Un plan de secours! On parle avec l'enfant. Ça c'est mon truc.

Les choses se déroulent très vite. Un plan de secours, je sais ce que c’est. J’en ai fait des masses sous DXM et sous THC quand ça allait pas fort. Il s’agit de me consacrer à moi. Parler avec l’enfant intérieur. Trouver les bugs, les considérer, et hop voilà le travail.

Je suis calme, je marche posément vers la voiture. Fin de la crise.


Le plan de secours

Je me met dans la voiture, je suis bien. Ici je peux décompenser. Je laisse mon enfant pleurer, je me couche sur la banquette, tout de suite ça va mieux. Je sens que ce travail intérieur va bien tourner.

Soudain, Ilona passe à la voiture, je sens le gros dialogue de MD bien constructif qui se pointe, mais je suis trop occupé à me soucier de moi. Je me remet à mon plan de secours.

04:29 Ilona est passée, j'ai commencé à raconter mon truc mais elle a dit "Pense à moi"
"Je suis désolé, je ne peux pas penser à toi."
Ce coup-ci, ce n'est pas un plan méditatif psychonautique, c'est un véritable dialogue avec l'enfant intérieur.
Même si je parviens à la réconciliation, je ne veux pas revenir en teuf, je pense que ça ne correspond pas à mon chemin.

04:31 Allez on cause avec l'enfant.


Je calcule rapidement que ce qui s’est passé devant le son était parti pour être méchamment costaud niveau psychonautique, la grosse extase, avec Dieu et tout. Mais c’était trop fort.

04:33 On a sous-estimé la toute-puissance de Dieu, surtout quand il est vendu pas cher en poudre de MD.

De plus, je me sens trop différent des autres teufeurs, pas en phase avec leurs démarche. À confronter nos chemins, je trouve que le mien vaut mieux.

04:35 Je n'ai pas envie de l'accepter car je me crois supérieur.

Mmh. Faire un complexe de supériorité, c’est louche. Je comprends bien que c’est du à une souffrance de l’enfant. Alors, je suis un adulte, je sors ma responsabilité.

04:37 L'adulte dit: "Écoute, je vois que c'est important pour toi, alors tu sais quoi? On n'est pas obligés d'aller devant le son. C'est une décision d'adulte! Plonger dans la grosse fractale c'est le gros truc psychonautique qui manquait lors de l'extase selon Saint Pamplemousse.
Tout ceci va trop vite, en somme. Tout ce ceci va trop vite pour un chemin spirituel où... ah, mais le DXM c'est difficile, c'est pour ça que je le fais. J'aime me sentir progresser avec le DXM. Et puis la MD ça retombe."


Paf paf paf ça remet toutes mes pendules à l’heure. Allez, je ne lâche plus ce cahier qui me fait du bien.


Aux côtés des autres teufeurs dans la voiture

04:41 Osiris et Atarax sont rentrés. Osiris: rien. Atarax: MD.
La lumière monte au-dehors. Je ne vais pas leur parler de mon histoire maintenant, peut-être. Je pourrai leur dire demain.

04:43 On nous propose de la coke à la voiture.


Pendant qu’ils sont là je continue mes réflexions. Je compare mon chemin à celui que font les autres. Évidemment, je ne peux pas en juger parce que je ne les connaît pas, mais les quelques différences évidentes me semblent révélatrices.

04:44 En fait, est-ce mal de me sentir supérieur?
Mon parcours est effectivement plus riche et difficile que transer sur la MD.
Galaad sera content.

En fait c’est une grosse connerie que j’ai écrite, parce que si c’était facile de transer sur la MD j’aurai pu le faire, or j’en ai été incapable. Ceci dit mes réflexions me plaisent, je m’affirme.

04:45 Qu'est-ce qui m'empêche de profiter du son maintenant si j'ai mon propre chemin de mon côté? En tout cas l'enfant est content.

04:47 Osiris me dit "Quels effets? Tu devrais faire des câlins à tout le monde. Il me faut des prods."

Et ben oui, Osiris, je pense que j’ai pas laissé la MD me gouverner. J’ai pas voulu lâcher prise. Oh, et puis, en même temps, j’ai pas besoin de MD pour faire des câlins !

04:49 On parle de drogue, et on nous parle d'effets.
Moquette est rentré.


Nous voilà à quatre dans la voiture, ça sent le pâté, ha ha, on a de quoi manger, hein les gars ? J’écoute attentivement la conversation, j’y cherche un sens. J’écoute si ça résonne avec ce que je pense et ce que je ressent. Or, ça ne résonne pas du tout. Le contact ne passe absolument pas. Je ne sens pas ces bonhommes-là être sur un chemin spirituel qui ressemble un peu au mien. Et je suis bien content d’avoir le mien.

Pas de chemin. Or, j'ai un chemin.

Vu que je suis en train d’écrire sur mon cahier, ils me charrient un peu. Moquette dit « Ah, laissez-le, il fait son autiste. » Aha, non les mecs je ne fait pas mon autiste ! Je suis un grand garçon ! Je le leurs dit très clairement, je me fait respecter, messieurs.

04:52 Ils me charrient et je leurs dit: "Je suis capable de m'occuper de moi-même." (bon, ça)

Ah la vache ça fait du bien, je suis un vrai mec, costaud psychologiquement.


Errance et réfléxions

Je sors de la voiture, j’ai besoin d’air. Je passe devant le son, ça ne me corresponds pas. Je m’en vais dans la sollitude, sur la route.

04:53 Je repasse devant le son. C'est beaucoup trop puissant, si on veut triper là-dessus c'est Shiva direct comme hallu, et c'est trop fort pour moi je crois. J'en ai peur mais je peux maintenir ma petit connexion.


Je m’éloigne du son et m’en vais dans la sollitude, sur la route. Aha, c’est comme au Hadra, où la descente de LSD a été dure, où je ne voulais pas faire partie de ce groupe de tranceux qui se dandinait sur la dark.

04:56 Styloplume erre comme au Hadra où il s'en voulait de ne pas faire comme les autres.
Moi je suis repassé en trip safe.
Je vais redanser pour choper des sensations fortes? Ah quand même ça me ressemble pas.


Alors, maintenant que ça va mieux, je retourne devant le son ? Est-ce que c’est vraiment malsain, après tout ?

04:50 Tu sais quoi? L'adulte décide qu'on va

Coupé dans mon écriture. Le kick de hardteck a laissé la place à un sample de Coluche qui braille un truc du genre « Vous croyez pas qu’on va se laisser emmerder non ? », et puis hop sirène de flic.
Mon sang se glace. Ce que je vis est affreux. On a atteint le fond du panier, la misère humaine, le désespoir complet. Le kick reprend et Coluche gueule « Les salauuuuuds.... ». Ah putain j’ai peur, je me sens mal, y’a vraiment plus d’espoir là, tout est fini.

Merde merde et MERDE non je suis un adulte et je refuse de retourner là-dedans.

Ah merde ils passent Coluche "On a va pas se laisser emmerder.... les salauds..." et des sirènes de flic. C'est NON.
Y'a quelque chose de malsain qui se dégage de ça, et que je vais pas laisser passer. En fait c'est pas comme le Hadra. Le S&S vaut pas le coup.

05:08 Pas d'amalgame non plus. Ne jugeons pas les gens. Je ne dois pas porter de jugement sur la teuf.
Juste je préfère les oiseaux.
Je préfère l'échange, le partage, tout ce que les gens demandent.
Peut-être bien qu'Osiris se donne tellement de mal pour aller en teuf parce que profondément il recherche Dieu?
Ah, mais pas besoin de tout ça pour Dieu. Dieu est ailleurs que dans la séroto.

Bon, j’envois un SMS à Athanase (on a chopé nos numéros), et mon message est le suivant : "J'ai trouvé ce côté malsain dans la teuf et je le refuse. Je fais ça en adulte. Merci pour ton témoignage Athanase, il me donne de la force."

Maintenant que je me suis centré moralement, que j’ai reconstruit ma personnalité, trouvé l’enfant et consolidé l’adulte, je suis prêt à témoigner de ce en quoi je crois auprès des autres, je veux leur parler de la lumière.

Allez, maintenant qu'on a fait le tri on peut retourner voir les autres.

Mais rapidement je me rends compte qu’ils sont pas venus pour m’entendre prêcher, et en plus ce que je raconte serai trop en clivage avec la teuf. Seule Ilona est susceptible de s’ouvrir à ce que je veux lui dire, parce qu’on a de la confiance l’un en l’autre, qu’on s’est déjà bien parlé et retrouvés.

Je peux aller voir Ilona pour lui témoigner de l'amour, dans le sens lui témoigner à propos de l'amour.
Être sa bonne rencontre à elle.

Est-ce que je vais jouer au gourou qui a tout compris, du coup ? Ah, non. Je pense pas tomber dans ce piège. Je vais être honnête avec Ilona.

05:18 Allez, on va voir Ilona.
J'ai tout compris, illumination et tout NON! Mais je vais leurs faire comprendre ce que j'ai compris.
 
Conversation avec Ilona

Je vais trouver Ilona dans sa voiture, je l’appelle pour venir parler avec moi, allez, maintenant. J’ai un truc à te dire. D’accord, elle vient. Je dis à l’oreille de Stewart : « Il faut que je parle à Ilona. C’est pas pour la draguer, tu sais, j’ai des trucs dont il faut que je témoigne auprès d’elle. »

Je veux l’emmener sur la route, loin de la teuf, pour parler dans la clarté. Ilona trouve qu’on va trop loin, veut revenir en arrière, mais moi je veux aller en avant. On trouve un compromis, on s’assoit sur place. La symboliquee du compromis devient énorme dans ma tête, une vraie bonne pensée perchée. C’est parti, on cause.

« Tu vois, Ilona, j’ai de l’expérience avec la drogue, et avec les progrès qu’on peut faire avec. Et ce qu’il y a là (je pointe le son du doigt), c’est trop facile. Je pratique la spiritualité, et si il y a une chose dont je suis sûr, c’est que la vie est difficile, le chemin vers soi est difficile. »

Et bien sûr, je lui dit que je l’aime, vous savez, l’amour à la MD, qui transcende le reste. Ilona accepte tout ça en bloc.

Ilona, elle, me parle de moi. Elle m’explique qu’au début de notre rencontre, c’est moi qui parlais. Puis, on a équilibré le temps de parole. Et enfin, d’après elle, elle s’est mise à parler de plus en plus, et moi je l’écoute. Ilona dit que j’ai changé ! Et en bien, apparemment !

Ilona s'est sentie de plus en plus écoutée à mesure de l'année. "T'as changé, t'as évolué."

Ilona veut retourner à sa voiture, elle a trop froid, là. Et moi je n’ai pas réussi à l’écouter davantage, à lui témoigner plus d’amour. Ça m’embête un peu. Mais allez, on s’est dit des trucs biens.

On se lève l'un l'autre.


Conversation avec Moquette

Je repasse devant le son, rapidement, promet à Voyteck de lui envoyer mon TR par mail, écris ceci : Putain je suis costaud niveau adulte – enfant. Et je croise Moquette, qui est disponible pour parler.

On va dans la voiture.

05:43 Moquette m'explique l'esprit de la teuf, avec l'exemple du Mc Donalds "Venez comme vous êtes."
Moquette me conseille de pas écrire mais de m'en souvenir. Il m'avait pris pour un flic, haha.

Ah, mec, c’est dur de se rappeller notre conversation si j’ai pas pris de notes ! Je prends des notes tout le temps, de ce que je comprends, ça m’aide à me connecter à ce qu’on dit, à lui donner de la valeur !

Bon, je retiens que Moquette parle de l’Esprit de la Teuf, et je vois ça comme une sorte d’Esprit Saint qui s’installe entre mecs prodés sur du gros son. Une connexion toute psychédélique, une sorte de messe tribale. J’arrive très bien à me représenter ce que c’est, je connais ça par d’autres moyens après tout.
De l’Esprit de la Teuf vient l’entraide, la solidarité entre teufeurs, l’ambiance libre. Venez comme vous êtes, dit-il.

Or, ce soir-là, Moquette m’explique que ce que je vois, ce sont des résidus de l’Esprit de la Teuf, quelque chose qui en vient mais qui a perdu sa vraie nature avec le temps. Je sens une certaine nostalgie dans son propos.

Moquette me dit aussi que lors de notre première rencontre au bar, il a été très étonné de me voir. « Au début j’ai un peu halluciné, j’ai cru que tu étais flic ou des RGs, parce que tu n’étais pas looké, et parce que tu posais des questions. Et puis, je me suis rendu compte que tu étais là parce que tu essayais de comprendre.
Ah, et c’est rare ceux qui essaient de comprendre ? Je demande.
Putain, mec, ouais c’est rare. »
Ah, ça me flatte un truc de malade ce qu’il me raconte Moquette. Une grosse confirmation sur qui je suis.

Moquette me transmet aussi ce qu’il pense de l’enfance et du fait qu’on devient tous des enfants, sous prod, qu’on s’imprègne de tout ce qu’on voit. Et ça me semble tenir tout ça, en effet, j’ai été rendu vachement sensible au sample de Coluche, qui m’a glacé le sang, par exemple.

Voilà Atarax qui rentre dans la voiture. Il est tout fonfon, de bonne humeur, perché comme pas possible, hé hé. Conversation à trois.

Je me note rapidement : 05:57 Est-ce que ça redescend? Je pense pas. Mais j'ai les armes pour l'affronter. [la descente]

Et voilà le genre de conversation :

Atarax: "J'ai vu 1000 soldats autour de moi."
Moquette: "Ha, moi j'ai fait la guerre sur ce son."

Apparement Atarax est dans l’Esprit de la Teuf, il a fait la guerre aussi, il décrit comme ça lui prends de gueuler dans le son, et les autres gueulent avec lui, et il se sent comme un guerrier entouré par les autres.

Je parle rapidement de mon introspection au LSD, et Moquette me dit : "Prends pas de LSD tout seul. Moi je l'ai jamais fait." (Hin hin là je vais en faire qu’à ma tête).

Et une petite conversation sur ce qui est logique et ce qui ne l’est pas :

Atarax: "Y'a pas de logique dans tout ça. J'ai cherché, y'a pas de logique"
Moquette: "Si, il y a une logique."
Tous ont pris de la C au final.

Désolé, j’ai pas suivi la conversation mieux que ça, j’était concentré dans mon truc.
Ce dont je me rends compte après coup, c’est qu’Atarax connaît une dualité. D’un côté il est ingénieur, cartésien, il calcule bien tout ce qui est matériel, par exemple. Et de l’autre, il ne trouve pas de logique à tout ce qu’il vit sous MD. C’est normal pour moi, l’expérience psychédélique est profondément irrationnelle.
Cette dualité est intéressante avec Atarax : d’un côté, il est ingénieur, de l’autre, il se défonce et savoure l’illogisme. Je retrouverai cette dualité en lui tout au long de la teuf.


Ça redescend, je me couche

Il y a un trou d’une heure dans mes notes, je ne sais plus trop ce que j’ai fait. Ce qui est sûr, c’est que vers 06:30 j’explique aux gars que j’ai envie de me coucher. Vu, on déménage la voiture pour la poser plus loin du son. Je sens que ça redescend, je veux me mettre à l’aise dans la voiture. Sinon, je commence à fliper, parce que ça redescend, et je pense à la suite des choses. J’aimerai bien partir, en fait, mais évidemment je vais pas les laisser là. Donc déplacer la voiture semble un bon compromis.

Avant celà, Osiris, qui avait passé toute la nuit sans autre drogue que de l’alcool et du cannabis, décide de choper de la MDMA à tous prix, et en récupère un demi-gramme. Il est bien décidé à se percher, se fait un gros para soigneusement sur une pochette CD. Il drope le para et lèche amoureusement la pochette CD pour rien en perdre. Ha ha, sacré chéper Osiris.

Moi ça ne me tente pas, depuis mon para de MD et la crise, je refuse toutes les drogues qu’on me propose. MD, cannabis, alcool, rien du tout. Je veux dormir.

Allez, on déplace la voiture d’une centaine de mètres, dans un petit champs avec des orties et des ronces. Ah, mais ça fait rien, les teufeurs transés ne craignent pas la douleur! Allez, hop hop hop, je me cale dans mon duvet, on ferme la voiture, je garde les clés, nickel.

07:13 Je me couche maintenant
Hé oui, je suis passé à côté de la dose pour ce qui est de la teuf, mais pas à côté de mon enfant intérieur. Maintenant il faut assurer.

Par contre, évidemment, je ne dors pas.

07:41 Le soleil pointe, et maintenant les problèmes des jours à venir reviennent. Listons:
4 Mettre à jour ****** (affaire privée)
3 Rédiger les TRs
2 Laver la voiture
1 Soirée chez Galaad
C'est marrant, je les classe dans l'ordre inverse de priorité.
Pour le moment, c'est la journée à venir qui m'inquiète. Est-ce que je vais bien me reposer? Est-ce que je rentrerai comme il faut?
Et le boulot de mardi...

Vu que je n’ai rien à faire d’autre que penser, je comprends quelques trucs.

Je comprends mieux d'où me vient ce complexe de supériorité: je me suis senti pris pour un con dans mes deux rendez-vous.
Du métier manuel, j'ai toujours été décalqué par rapport à ça. J'ai eu peur de ces chefs d'atelier qui ont enchaîné les remarques limites salaces. Je me suis fait respecter (et embaucher) au deuxième rendez-vous, mais j'appréhende pour mardi.
Bon, essayons la respiration/loving kindness là-dessus... étrange les images sont psychédéliques et virent au voyage sophrologique. Un coup de la MD sûrement.

Il est 08:02. C'est en plein la descente.
Ah, rendons à César ce qui appartient à César: la MD est parfaite pour les thérapies du genre enfant intérieur, image de soi. Ça marche nickel.

Je dors pas alors je repart.
Si je refuse de triper comme un gros porc au mieu de tout le monde, alors pourquoi j'aime triper comme un gros porc quand je suis seul à le faire?
Ah, j'aime être différent.

Je ressors de la voiture. Ça deviendra de plus en plus clair au fur et à mesure de la descente : je me fais chier ici en fait ! Je ne l’ai pas avoué aux gars, mais c’est ça en fait. Le gros de l’expérience est passée, et la descente de MD dans une teuf où je refuse le son et où je ne me sens pas en phase avec les gens, ben, vous voyez, quoi. Ceci dit, cette conclusion met du temps à s’imposer.


Une longue descente

08:30 Je suis repassé devant le son où j'ai pu délirer sainement avec les autres. Reste que ce son est encore trop rapide, j'ai pas été dépucelé de ça.
Et l'enfant n'en a pas trop envie, d'ailleurs.


Ah, intéressant. Au moment de délirer avec les autres, Atarax me crie : « Rien n’est important ! Rien ! » Et je comprends un truc : ce gars fait un trip out authentique. Il décroche de la réalité, il lâche prise. C’est bien, je ne suis pas dans son délire, mais je sais ce que ça vaut. Je suis content pour lui. C’est l’aspect irrationnel d’Atarax.

Claqué et heureux de l'être.

En fait je crois que j'ai eu assez de drogue ces derniers temps.
Ah, c'est vrai, toute la psytrance porte des noms chamanique, alors que la tek, c'est mots durs. Farfading. C'est dur. Astral Projection c'est autre chose.
L'un des DJ est dessinateur industriel, a une femme, des enfants.
Athanase a parlé de la lumière.


Je suis de nouveau à la voiture, Osiris et Atarax passent par là, ils doivent manger. Après cette teuf, ils veulent aller à une autre, mais ne savent pas où c’est. Moi je n’ai pas trop envie de les y conduire, la conversation reste floue, comme beaucoup de choses dans cette teuf. Je suis crevé et veux rester dans la voiture.

Osiris a inventé un concept: la brigade du sourire. Coller le sourire.
Il veut redroper encore. On a un débat sur comment dormir, à quelle heure partir, où, mais pour le moment Osiris enfile son sarouel, pour devenir le vrai Osiris, et on ne se revoit pas avant un bout de temps. Moi, je reste dormir dans la voiture.

Osiris: "Tu vois que je suis un chéper, mais voilà, c'est comme ça, j'adore la drogue.
- Je le vois. Je te vois. Et je le respecte."


Je l’ai dit et je le pense. Je respecte ce choix de vie, je respecte toute prise de drogue tant que c’est fait dans des conditions d’hygiène et de sécurité convenables, et je ne veux surtout pas porter de jugement. Je te respecte, mec.

Je me sens las, las, c'est bon d'être si fatigué.

Il est 09:07. Ah, en fait il a pas dropé apparement.

09:23 Atarax passe et verse du jus d'orange dans sa bouteille de vodka:
"Hé, j'arrive à en mettre 90% dans la bouteille!"
"Bah voilà, t'es ingénieur."
On se marre. Il fait des études d'ingénieur.


Et voilà l’aspect ingénieur d’Atarax qui revient quand il en a besoin. En fait ce mec est assez équilibré : il peut décrocher devant le son et poser les pieds sur terre quand il en a besoin. Sa dualité est nourrissante.

09:53 Il me réveillent, parce que les gendarmes ont embrouillé les organisateurs, et ont coupé le son.

Cette histoire de gendarmes ne m’inquiète pas. En tant que teufeur, tant que je ne conduis pas la voiture bourré ou sous prod je ne risque rien.

Je passe voir Osiris, qui s’est couché, et je me pose à côté de lui pour l’écouter. Lui il profite vraiment de la teuf, je le sens. C’est quelque chose qui fait partie de lui.

10:01 Osiris dort dans les orties et témoigne de sa soirée. Que tout le monde kiffe, aie le smile, apporte sa pierre... La teuf est une communauté, qu'ils m'ont fait découvrir.

Je pars me balader dans la teuf, qui m’a lair plus sympathique.

10:34 Un milieu très sympa en fait.
Un militaire qui trippait comme un barje se montre serviable, un gars me conseille de voir les gendarmes pour demander un éthylotest.


Ce militaire m’avait impressionné. Il était posé devant le son à onduler tranquilement très relaxé. Sans doute défoncé au possible, il m’a fait toute l’impression d’un mec qui ne tripe pas à côté de la dose. Il a bouffé son trip, il a décollé grave, j’en suis sûr. Et là, il me parle tranquillement, m’explique que les sounds system font de mal à personne, qu’ils nettoient derrière eux, etc. Ce gars me semble être un parfait exemple du « Venez comme vous êtes. »

Je croise Ilona qui a faim et me semble un peu désorientée. Je réussi à faire la connexion avec Osiris, et je l’entraîne à ma voiture avec Stewart pour manger un bout.

10:48 Posés avec Ilona et Stewart autour d'un petit dèj au pâté. Ambiance conviviale avec Osiris et Atarax. Tout le monde a pris MD et coke.

L’ambiance est vraiment calme. Je sens les gens déprimés. Ça manque de vie. Mais, rappelons-le, je suis passé complètement à côté de cette teuf dans l’ensemble, donc je ne peux pas juger.

Encore des notes interminables. On est très calme et on dit pas grand-chose.
Sur le terrain, y'en a qu'on une épine pour avoir marché pieds nus.
Je suis conscient de rien faire de constructif, je vais dormir.

11:30 Je n'arrive pas à dormir. si je me pose sur la respiration, je m'aperçois avec surprise que je ne pense à rien. Étonnant. En même temps, j'aimer bien y aller. Ah, marre de la drogue en fait! Re-go méditation



Tentative pour partir

11:55 Je ne dors pas et j'ai pas mal de trucs à faire. Je voudrais rentrer chez moi.

Atarax aurait été partant, mais Osiris dort. Atarax se couche, bon, je vais m'allonger aussi.

Osiris a été impossible a réveiller, je sens qu’il est trop tôt pour partir. De plus, Atarax, en bon ingénieur, calcule que je suis encore trop prodé pour conduire. Je veux le démentir, mais c’est sûrement vrai.

Si il y a bien un truc dont j'ai l'impression, c'est que ces types qui se dandinent la tête contre le mur d'enceinte ne tripent pas à côté de la dose.
Alors qu'un set & setting psychonautique rends un trip beaucoup plus vague, j'ai l'impression.
Mais avec une telle musique, pas moyen de se gourer.
Mais moi j'ai déjà mon chemin avec le DXM. Pourquoi le perturber avec de la MD et de la teuf?


Je décide de me caler avec ma musique très calme. Michael Brook, l’album Cobalt Blue, morceaux Ten et Hawai. Des trucs très très calmes.

Ten - Hawai. Ça sera mieux que la machine à laver. T'inquiète Stylo. C'est qu'un plan de secours comme un autre.

Mais c’est pas au point. Las de trouver quoi faire, je me recouche, et là, ho, magie, je dors !


Plan de secours d’urgence et départ

13:33 Ca y est j'ai du dormir une heure ou une heure et demie. C'est déjà quelque chose.

Je me lève, j’erre, là je suis vraiment perdu. Je suis au plus fort de la descente, au moment où l’espoir n’est plus qu’un vain mot. C’est dur. Il fait chaud. Je suis faible. Je peux marcher, mais je suis faible dans le sens où il me semble inutile de marcher. Osiris dort dans l’herbe. Atarax dort dans la tente. Je ne vais pas les réveiller, voyons.

Que faire ? Ah, oui, les plans de secours. Bof. Les plans de secours je les ai conçus pour la perche, pas pour la descente... ah mais si. Les plans de secours c’est une hygiène de vie, c’est un combat. Allez, reprends-toi, Stylo, la vie est un combat.

Bon, il faut parler, et il faut marcher. J’ai lu sur psychonaut.com que la meilleure gestion d’une descente d’amphétamine c’est de marcher, plutôt que de dormir, parce que ça relance la machine et les fonctions vitales.

Alors hop je me prends une bouteille d’eau, et c’est parti pour le combat. Je marche vers les hauteur de la colline. Tout me semble idiot, désuet, désespéré. Le soleil brille, la campagne est verte, le silence s’installe autour de moi. Les oiseaux chantent. Mais ça ne suffit pas.

« Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Maintenant j’ai envie de rentrer chez moi. J’ai envie de me poser et de faire ce que j’ai à faire.
Je vois. Effectivement on n’a plus grand-chose à faire ici. »

Je lève la tête. Ah, quelque chose se débloque. J’ai un plan maintenant. Il faut que je dégage d’ici.

Paf paf paf tout s’enchaîne. Je suis faible, je suis déprimé, MAIS j’ai un nom, j’ai une volonté. Je suis Styloplume, et voilà quelque chose qui a beaucoup d’importance pour moi.

J’ai atteint le sommet de la colline. Les éoliennes tournent. Quelque chose se finit et quelque chose commence.

Dix minutes plus tard, je suis retourné en bas, j’ai réveillé Atarax, j’ai réveillé Osiris, et je les enjoints très doucement à se lever et à monter en voiture. À ma grande surprise, ils se lèvent tout de suite et se mettent à tout ranger à vitesse grand V sur l’échelle de la descente de MD.

Je m’applique à parler de façon non-violente, à dire « s’il te plaît », et en même temps je sens une force en moi, la force de m’imposer. J’ai une volonté.
Et je suis avec eux, et je range avec eux, et en dix minutes c’est fait, la tente est rangée, tout est plié. Go, tout le monde est dans la caisse, on se barre.

14:11 Allez c'est parti!

Le trajet est assez animé, on est content de la teuf qu’on vient de passer. Osiris est content de l’ambiance, Atarax est content, moi je suis ravi d’avoir pu être au service des gens avec ma voiture. On arrive chez Osiris, on déballe tout, on se dit au revoir avec un câlin, et go je retourne faire ma vie.

15:02 Je les ai livrés à domicile.


La descente est un combat

Je rentre chez moi, et je m’attaque à mes problèmes. Les problèmes sont faits pour être résolus. Je range ma chambre, trie mes fringues, fais ma vaisselle, nettoie la voiture un minimum, et observe ce qui se passe dans ma tête.

16:13 Je me sens faible. J'ai l'impression que beaucoup de choses bonnes en moi sont mortes. La hardtek résonne en moi et semble détruire mes pensées.

Mon enfant déprime, mais mon adulte mène un combat courageux. Je viens de donner les premiers soins à la voiture, une chose de faite.
Intéressant. Je n'ai pas besoin d'avoir la joie tout de suite, je peux aussi juste préparer le terrain avec l'adulte.

17:06 Étonnant. Mes pensées partent dans le mauvais sens mais j'ai la conviction que c'est du juste à la chimie du cerveau. Je vais continuer à m'occuper de l'enfant et tout va bien se passer.

17:54 Mangé et commencé le relevé.
Boris Blenn me confirme que ma musique c'est la psytrance, et c'est pas de la musique de bourrin. C'est vraiment plus posé que d'autres choses.



Soirée chez Galaad

À mesure que la journée avance, la descente se fait de moins en moins difficile, l’équilibre revient doucement. Je suis content d’aller chez Galaad pour cette soirée avec des amis à lui.

Une fois arrivé (une grosse maison au milieu des champs dans la campagne), je me rends vite compte que je suis pas en mesure d’être sociable, je continue à déprimer, à repenser à la crise du matin. Je scotche, je n’écoute pas les gens, je suis hagard, hébété.

Je décide de me faire un plan de secours, je vais dans un champ à l’écart de tout le monde, et une fois tranquille je me met par terre, je me prends la tête dans les mains pour rentrer dans un délire particulier. « Mais qu’est-ce que j’ai fait ! Pardon, pardon, j’ai ouvert une porte qui ne se referme plus, j’ai refusé d’entrer, de lâcher prise, et maintenant, quoi, j’y suis condamné ? »
Bref, un truc bien biblique. Et en me posant par terre, en position d’humilité, je respire, et les mots me viennent.
« Dieu, c’est quoi Dieu ? C’est ça, c’est le monstre qui vient me tuer sous MD ? Ah, mais c’est trop dur comme chemin, et je m’y suis pas préparé. Je suis tout petit, je m’en suis rendu compte avec le DXM. Il faut que je progresse doucement. D’ailleurs, c’est bien la seule chose dont je sois sûr avec le DXM, c’est que j’ai fait des progrès. »

Doucement, je me rends compte que c’est la seule chose qui fasse vraiment partie de moi. Le DXM ne m’a en soin rien apporté, c’est tout mon travail psychonautique qui m’a apporté quelque chose. Le DXM n’a fait que me percher.

J’arrive à la conclusion qui me manquait. La drogue ne sert à rien. Ah, c’est ça. La drogue ne m’aide pas. C’est bien ce que je me disais. C’est ce que Galaad, mon père spirituel, me disait aussi. Et maintenant j’ai compris. La drogue ne fait rien. C’est à moi de faire tout le boulot.

- Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
Réfléxions...
- J'ai fait des progrès au DXM.


Je retourne à la soirée, et ça y est, c’est débloqué, je suis sociable. Je chope ma guitare, on chante, on déconne, tout est nickel. Je pars me coucher à 23:00.


Le lendemain

Je reste à squatter chez Galaad avec ses amis, qui sont presque tous ingénieurs, dans la cinquantaine. Je me rends compte que si dans vingt-cinq ans je réunis un brochette d’amis comme eux, je considèrerai que j’ai réussi ma vie. Je leur dit quand on est à table.

Au moment de boulonner un barbecue avec un ingénieur qui concoit des satellites, on constate une chose :

On a besoin de croire qu’on sait le faire pour pouvoir le faire.

Plus tard, on est à la plage, et j’explique à Galaad (sans lui parler de la teuf) que j’ai compris cela. Et j’ai aussi compris :

Et, plus tard, on se rends compte qu’on ne sait pas le faire.

Et ça devient évident. J’ai eu besoin de croire que je sais triper, pour pouvoir triper.
Mais je ne sais pas triper. Je suis débutant comme pas permis. La drogue ne m’a rien apporté. Plus je progresse et plus je vois que je n’y arrive pas.


Le surlendemain

C’est aujourd’hui ! Je rédige le TR 48 heures après la prise de MDMA, et c’est presque entièrement redescendu. La vie continue. Je suis satisfait d’avoir eu un adulte en moi, suffisament fort pour m’avoir protégé tout au long de cette teuf.


La teuf

Un truc de malade. Ultra-puissant. Trop fort pour moi. Non, je ne retournerai pas en teuf de sitôt, les amis. Bon, ça va, j’ai découvert.

À noter, l’aspect malsain qui se dégage de la musique, surtout ce sample de Coluche, bien représentatif du désespoir. De plus, certaines personnes me semblaient bien attaquées, et je doute que la teuf les rendent plus heureuses. Mais je ne peux juger personne.

Par ailleurs, l’ambiance est fort sympathique entre teufeurs, et la tolérance est totale. J’y suis venu avec mes vêtements de tous les jours (jeans et pull-over), avec mon cahier, et j’ai été reçu sans aucune critique.

Après, je n’ai pas senti l’Esprit de la Teuf. En fait, je suis passé à côté. Mais à avoir vu Atarax et Osiris, je sais qu’ils se sont éclatés, qu’il y avait quelque chose. Je l’ai senti dans leur façon de bouger, de se déplacer. Ils étaient bien, dans leur environnement.


La MD

J’ai vraiment envie de me détacher de la drogue. Ça déstabilise, et ça n’amène à rien qu’on n’aurait pu atteindre par d’autres chemins. L’extase, je l’ai eu sans la drogue. La joie, aussi. La convivialité, n’en parlons pas. J’ai déjà vécu plein de trucs sans ça.

Et puis, qu’on soit high sous MD, ou en pleine descente, les plans de secours sont les mêmes, la connexion est la même.

Quand à la psychonautique, ben, déjà avec le DXM j’en ai largement assez. Pas besoin de quelque chose en plus.


Le son de teuf

Bon, ça aussi c’est fait, j’ai découvert. Du son très puissant, le plus puissant que je connaisse. Trop puissant pour moi, en fait. Le kick prends toute la place, ce qui fait de cette musique un « tout ou rien ». Soit je me cale dessus, soit je ne m’y cale pas. Il n’y a pas d’échelle graduée.

Sur la psytrance, j’ai un chemin pour rentrer dans le son. D’abord la basse, puis les nappes de synthé, les mélodies, les breaks, etc. Ça monte par palliers.

Or, là, hardtek, hardtribe, tout ça, ça m’a vraiment impressionné niveau puissance et même violence. Pendant la crise, je l’ai vu venir gros comme une maison : si je rentre dans ce son, je ne vais pas en sortir. Il va me tuer. Je vais voir Shiva tirer la langue, et c’est quelque chose qui me fait peur. Je ne suis pas prêt à ça.

Voilà. Je ne suis pas prêt à ça.


Mes compagnons de teuf

Osiris a vraiment géré tout au long de la teuf. Je ne l’ai pas marqué, mais il s’est occupé de la voiture, a beaucoup gardé les clés, etc. De plus, c’est lui qui m’a introduit dans ce milieu avec toute la prépartion matérielle nécessaire. Tout au long de la teuf, il était à balle sur les prods.
Atarax m’a impressionné. Je l’ai vu en deux modes : tantôt ingénieur, calé, raisonnable, les pieds sur terre, tantôt perché, avec le visage transformé (heu, désolé mec, pas dans le meilleur sens) et à fond dans l’illogisme.

Mais dans l’ensemble, je suis passé à côté de vous, les mecs. On s’est pas connecté.

Mais allez, c’était marrant d’être auprès de vous, ha ha, j’ai jamais vu deux mecs vider 20 canettes de bières en si peu de temps ! Et puis, l’odeur de pâté et partie de la voiture. J’espère que vous êtes redescendus tranquillement.


Les rencontres

La rencontre qui m’a le plus marqué est celle d’Athanase, que j’ai vu avant la teuf, et qui m’a parlé de la lumière. La lumière, c’est là que je vais.

Tout le reste, ben... c’est une expérience. Moquette, Voyteck, Adamante, Eloï, Satine, je suis passé un peu à côté d’eux, on est resté loin. La grosse rencontre sous MD, l’amour cosmique qui transcende tout, je ne l’ai pas vécu. Il faut dire que ce n’était pas mon attente, non plus.


Une prochaine teuf ?

Désolé Osiris, c’est non. Je ne planifie pas d’aller en teuf à l’avenir. J’ai vu ce que c’était, j’ai eu ma dose. Ou alors, un jour, quand j’aurai vraiment envie de me vriller la tête, et que j’aurai de bons repères affectifs autour de moi.

Non, la trance c’est plus ça mon truc. Je vais aller au Hadra avec les psychonautes du forum, et ça va envoyer, et j’aurai des repères affectifs, et il y aura de l’acide, et de la psytrance, et de l’introspection.


Pas trop désespéré dans tout ça ?

Peu de joie dans ce TR, hein ? Rassurez-vous, je vais très bien, j’ai juste appris une dure leçon. Mais au final c’est que du positif. Je n’ai pas gardé de cette teuf la même chose que les autres, c’est tout. Mais je tire beaucoup d’espoir de ce que j’ai vécu, et une grosse connaissance sur moi. C’est précieux ce genre de trucs.

Tout ceci m’a calmé. À chaque prise de drogue, je dit que ça m’a calmé, mais là, j’en suis arrivé à un point où les mots « marre de la drogue » ont pris du sens. Je ne dit pas que je n’en reprendrai jamais, mais alors, qu’est-ce que je dis ? Je sais pas trop bien encore. Beaucoup de choses à construire.

Voilà, les amis, si vous m’avez lu jusque là c’est que vous avez du courage. Merci de m’avoir suivi pendant toutes ces pages !


Tripez safe, faites attention à vous, aimez-vous les uns les autres, c’est dans l’esprit de la teuf !
 
Hé beh quelle soirée ! Je me retrouve dans ton Tr, se complexe de supériorité , cause d'un gros manque de confiance en soit . Enfin ça c'est mon interprétation , peut être que je suis carrément à cotée de la plaque !
Et lorsque tu dis que la drogue ne t'a rien apporter , j'ai bien l'impression que si en faite. J'aime bien tes Tr , j'en ai lue quelque uns, et tu te penches surtout sur l'enfant. La j'avais vraiment l'impression que tu commencais à faire la transition, à "clore" le problème de l'enfant et passer maintenant à l'adulte . Ce qui n'est pas rien, c'est quand même un grand pas en avant que tu fais !
 
J'hallucine, t'as tout lu?

Ha, oui, le complexe de supériorité c'est un truc qui me traîne derrière depuis le primaire. Enfin, j'ai déjà vachement progressé là-dessus. Évidemment c'est un manque de confiance, en soi, mais je dirais, surtout un manque de confiance dans les autres.
 
J'ai pas TOUT lue mais j'ai lue pas mal , et j'ai lue le plus important.
Le manque de confiance en les autres résulte généralement d'un manque de confiance en soit.
(j'ai éditée mon messages au dessus pour rajoutée une ramarque)
 
Merci pour ce GROS TR !
Tes impressions sont intéressantes, et rassure toi, tu n'es pas le seul à avoir été dérouté par l'ambiance Teuf... ;)
Perso, y une sorte d'attrait par rapport à cette TAZ (zone d'autonomie temporaire pour reprendre l'idée d'Hakin Bey), la gratuité ou partipation au chapeau, et la communion avec la nature...
Mais j'ai du mal avec la poly-consommation intense qui règne dans ces espaces, les teufeurs parfois irrespectueux du lieu, et "l'impression de décadence" qui règne souvent au petit matin.
Mais voir le soleil se lever sur une clairière pleine de teufeurs déchaînés en plein milieu des bois, c'est quand même un instant magique !
 
Très chouette récit ! jvois pas forcément quoi dire en fait.

Effectivement, la teuf c'est ce paradoxe perpétuelle, entre le son, la drogue, le "respect" (des autres, de soi, de l'artiste, du lieu..), le n'importe quoi.. Il suffit juste de trouver le ptit déclic, son ptit chemin à soi, et réussir à être calé avec soi-même. Un truc comme ça
 
A tout lu ! A bien aimé ! :D

C'est clair que t'es passé à côté du truc, mais bon à mon avis t'étais pas préparé à ça ^^
Quand je rentre dans le son (et encore j'suis allé qu'à deux teufs) c'est tellement bizarre, j'ai l'impression de pouvoir me défoncer rien qu'avec le son. Tu fermes les yeux tu laisses tes membres faire n'imp et ça y est tu planes tellement t'es compressé par le son omniprésent... Sous prod imagine le truc c'est [!!!].
 
Hello !

Waow !!!! Je ne suis qu'un jeûne Psychonaut, mais j'ai déjà lut avec une extrême attention pas mal de tes TR, tous très bien construit, ouais ! T'as carrément un style que j'adore en fait ! La manière de vivre les trip, de les retranscrire ! Je te respecte vachement !
La tu nous sort un TR, qu'on pourrai qualifier de récit ! Sincèrement, c'est beau ! J'ai pas eu peur de me lancer dans les 20 minutes de lecture. Je sais qu'un TR signé by Styloplume, en soit c'est déjà un "trip".
Pour ce qui est du sujet, bah je saurai pas trop quoi en dire, je n'ai jamais eu l'occasion d'aller en "tekos", à vrai dire ça me fait même un peu flipper, sûrement mes séquelles d'agoraphobie : / (remarque ce serai une bonne thérapie, à envisager).
J'voulais aussi souligné tes capacités à rester "connecter" avec la réalité, grâce ta méthode de "plans de secours", c'est très ingénieux, si y a pas de copyright je pense bien m'en inspirer en cas de coup dur ; ).
Pour ce qui est de
« marre de la drogue »
par rapport au contexte, je voulais simplement dire que la drogue sa sert ptet pas à rien, ça permet d'ouvrir l'esprit vers une autres réalité, aussi subjective qu'elle soit je l'admet, et que c'est l'avant-prise et la descente, qui permette de mieux nous analyser.
 
Je propose d'offrir le titre d'écrivain psychonaute à Styloplume pour le coup !
 
Franchement je suis POUR ! J'ai déjà lu un TR, que je crois encore plus long que celui-ci, y me semble que c'était un TR sur le 3éme plateau sous DXM en format PDF, c'était tout aussi epic :').

Un véritable romancier ! :')
 
Ah la vache j'hallucine que tant de gens m'ont lu en si peu de temps! (ha ha, sûrement l'auto-promo sur le topic de ce qu'on aime le plus) (stratégie à conserver)

Merci Love'mind pour l'histoire de confiance en soi et pour m'affirmer que j'ai fait des progrès à m'orienter sur l'adulte :)
Merci Jhdoux pour l'aspect RDR de la teuf qui n'est pas évident, ainsi que la poésie de la teuf (perso ça me déroute plutôt de voir les chépers faire l'amour avec les enceintes, 'fin bon c'est moi qui ai du mal je pense.) Le soleil a été une véritable bénédiction pour moi aussi!
Merci Ubik, en ce qui me concerne je pense que je resterai "calé" en ne retournant pas en teuf... même si un jour ça me démangera sévère je pense.
Merci Tartopom, haha, se défoncer au son je connais, mais là c'est trop fort pour moi comme drogue auditive!
Merci Solexis pour tes compliments.

Hé, sérieux, je me demande ce que ça va devenir. Vous imaginez si j'écris autant que ça pour le Hadra, qui dure quatres jours? Ça va faire un bouquin entier! Ah, terrible, il faudra le faire éditer alors? Merci pour le titre d'écrivain, je suis pas sûr d'en vouloir, ça serait trop pour mon égo vous voyez :oops: .

Bon c'est cool, on a lu mon TR, je suis content, je peux me coucher. Bonne nuit à tous!
 
Ton TR est incroyable ! tu as une façon si particulière est tellement bien faite de raconter ton trip qu'on s'y plonge dedans tout de suite, et que oui bien sûr, on est obligé de tout lire! (ne vois pas ici une obligation qui dérange :) )

Et merci pour ça :

Styloplume a dit:
À ma grande surprise, ils se lèvent tout de suite et se mettent à tout ranger à vitesse grand V sur l’échelle de la descente de MD.

j'ai doucement rigolé quand j'ai lu cette phrase, bien vu!
 
Merci pour ce joli TR (lu en entier)

Ce que tu as pu vivre à ce tékos ça me rappelle mon week end d'inté en première année...(sauf que j'étais sobre)... ce sentiment de ne pas être connecté avec les gens (ce sentiment qui s'accroit avec leur conso d'alcool...les buffalos...les "paye tes seins"...vraiment pas mon délire). J'ai passé ma soirée à vadrouillé seul en plein milieu des vignes du médoc' et à contempler les étoiles en pensant à tout plein de choses allongé dans un amac'.

Encore chapeau, super bien retranscrit, un vrai régal! On se sent vraiment transporté par ton récit.
Ta rencontre avec Athanase, même si courte dans ton TR, m'a beaucoup parlé. C'est tellement rare de rencontrer des gens avec qui on se concorde si bien (comme tu as pu me le faire ressentir). Je pense que se serait le type de mec qui pourrait te guider vers des trips collectifs te correspondant nettement mieux.
Quand tu arrives à une symbiose lors d'un de ces trips, ça crée vraiment un lien unique avec ces gens qui perdure au delà des années, comme une connexion qui perdure au delà de votre trip. Ce n'est plus ton expérience, c'est la votre.

Bonne continuation dans ton pèlerinage psychonautique (avec ou sans prod'). Et encore merci pour ce partage.
 
Styloplume a dit:
Ah merde ils passent Coluche "On a va pas se laisser emmerder.... les salauds..." et des sirènes de flic. C'est NON.
Y'a quelque chose de malsain qui se dégage de ça, et que je vais pas laisser passer. En fait c'est pas comme le Hadra. Le S&S vaut pas le coup.

05:08 Pas d'amalgame non plus. Ne jugeons pas les gens. Je ne dois pas porter de jugement sur la teuf.
Juste je préfère les oiseaux.

:grin:

Merci pour ton partage, ça rejoint pas mal des sentiments que j'ai pu avoir en teuf à l'époque.
Et puis ça me conforte sur l'idée qu'aller au Hadra avec le frangin ça peut être de la balle ^^
 
Vu mon état, je me contenterais d'un "J'ai tout lu et j'ai beaucoup aimé". Non mais vraiment, je l'ai vécu ton TR.
 
Pfoua ouais on est d'accord, le son de teuf je peux pas, les gens sont a fond et gueulent mais ca va trop vite (paradoxalement j'adore le breakcore...) et je trouve ca dégueulasse la plus part du temps, j'ai jamais entendu de "bonne hardteck", je veux dire, les gens applaudissent comme si c'était trop bien mais je pense qu'en m'y mettant moi aussi je pourrais faire du son de teuf, tout le monde en est capable. Ce genre de son me met mal en fait, a un moment il y a eu un set vraiment trop barbare, j'ai pas supporté je suis allé profiter des effets de mon carton en me baladant dans la campagne huhu.
Ce que je me suis dis c'est qu'il "faut pas oublier que le son c'est des vibrations avant tout" en plus de çà il y à des gens se collent la tête dans les caissons je vois pas l'intêret sachant qu'a 5/10 mètres et avec des bouchons d'oreilles j'entendais très bien, ca doit défoncer les oreilles un truc de malade...
Et puis les gens se déboitent vraiment la tête j'ai l'impression, à l'alcool comme partout en france un vendredi ou un samedi soir mais en plus de ca j'avais l'impression que tout le monde était au taquet sur la coke et bien sur, lsd et md partout, je trouve ca assez malsain comme ambiance, ca donne vraiment l'impression que les gens viennent pour se déchirer la gueule le plus possible même en soirées trance ou c'est réputé pour être plus calme.

Je juge pas hein, j'arrive juste pas a comprendre comment on peut aimer la hardteck, pour moi le son est trop trop violent, de même pour la darkpsy qui est comparable a du hardcore au final, je peux tout simplement pas, la prochaine fois, je bougerais en festival trance, il me faut un floor progressive sinon c'est mort.

Et les gens qui répètent toujours "avec le sourrire", ou alors "hé bah il est ou le sourrire?" sur un ton super désagréable je pige pas, putain j'ai le droit de tirer la tronche si je veux merde, a coté de ca ils disent "venez comme vous etes" mais il y a pas mal de codes dans ce milieu la, rien qu'au niveau vestimentaire, je trouve ca un peu hypocrite!

Je le répète je ne juge pas les teuffeurs, j'ai discuté avec des gens intéressants et il y à des gens responsables, c'est juste que je comprend pas comment on peut aimer ce son aussi violent et répétitif (et des fois avec des transitions trop nazes ahahah) et je trouve la consommation de produits pas très très responsable pour la plus part des gens. Bon je laisse les teuffeurs tranquiles c'est con de cataloguer les gens comme ca, c'est comme partout il y a des gens sympas et des cons mais je sais que je me suis fait ma propre idée de cet environnement et qu'il ne me conviens pas!
 
@ light-my-fire : pour le son, à mon avis t'as deux écoles : celui qui te fait décoller progressivement, et celui qui te propulse violemment.
Je vois que tu as du mal à cerner l'intérêt de la hardtek, moi-même en écoutant un peu avant (des potes qui mix pi des poseurs un peu connus), je me souviens que ce que j'aimais c'était justement le fait d'être rempli par la répétition, la musique s'impose (je dirais, au contraire de la psy) et t'enfonces dans une espèce de transe qui te rend limite animal. Le plus bizarre c'est quand tu ressors du son, t'as l'impression d'être complètement déphasé, limite perdu (j'avais déjà essayé le mur sans prod pour voir).
En gros la répétition change ton état, et la violence sert de "guide forcé".

J'exagère mes propos mais c'est pour essayer de t'expliquer :p !
 
Ça c'est encore du TR qui envoie !
Par contre j'avoue qu'entre le Saint Pamplemousse et ce débroussaillage à la MD t'y va en ce moment avec les prods. Mais bon, vu ta conclusion finale sur l'inutilité apparente des drogues on sens venir le gros break :tear:.
Enfin bon, cette réflexion t'es venue en descente de séroto alors que tu sortais d'un trip qui s'était mal passé, on verra dans 4 mois si tu es toujours de cet avis ;-).

On se rend compte qu'il est clair que le milieu de la teuf convient pas du tout à ton approche, on voit bien ça avec les notes que tu prends : c'est un concept assez stylé je trouve, mais qui ne passe en teuf, la preuve, tout les autres se fichent de toi.
 
Retour
Haut