En soi toute connaissance est d'abord une croyance.
- pour celles qu'on tire de notre expérience, on commence par croire à la validité de nos sens, ce qui semble évident mais alors comment exiger d'une personne en délire qu'elle ne croit plus aux siens ? D'ailleurs, qu'est-ce qui me
prouve que ses sensations sont moins valides que les miennes ?
- mais surtout pour l'incommensurabilité des connaissances que l'on tire de l'expérience d'autrui, car c'est essentiellement une croyance en l'autrui qui nous transmet son savoir. Des opinions telles que "la Terre est ronde", tellement ancrées que ne pas y croire semble complètement farfelu, ne sont fondées que sur la répétition de cette information comme étant vraie et indiscutable. On a choisi de croire, ou pas choisi d'ailleurs, les explications de nos parents, les manuels d'SVT et la
vox populi.
Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a rien de vraiment crédule ou stupide dans la croyance platiste (ou toute autre croyance farfelue), considérer que la Terre est ronde c'est faire preuve de la même crédulité et ce n'est en rien une preuve d'intelligence.
C'est juste qu'il y a tellement de choses à connaître en ce monde qu'à un moment il faut accepter de déléguer certaines tâches, de faire confiance. Faire confiance en des théorèmes, des méthodologies, des encyclopédies, des sommes d'expériences, des synthèses, des vulgarisations... parce que les êtres humains fonctionnent en société, leur savoir aussi est une société. On n'aurait jamais pu avancer aussi loin si l'on avait pas fait confiance à tous.te.s celleux qui nous ont précédés sur le chemin de la connaissance du monde. Et pour autant on ne fait pas confiance à n'importe-qui, il y a des questions de crédibilité, de reconnaissance, il faut d'abord faire ses preuves en tant que personne honnête et située dans le même système de pensée, et ensuite on accepte de prendre tes théories pour argent comptant, éventuellement. Aujourd'hui ça donne des principes comme la relecture par les pairs, le consensus...
Avec ce qu'il y a de magique d'une évolution constante, l'histoire des sciences est vraiment fascinante, le
holisme épistémologique notamment a fait beaucoup pour rendre encore plus fiables les résultats des expériences. Et ça continuer d'évoluer.
Finalement c'est toujours le nombre qui finit par "gagner" : même si l'on peut considérer que la réalité est vraie de façon immanente, ce qui est vrai pour une société humaine c'est ce que sa majorité tient pour vrai. Genre la science c'est la démocratie de la pensée waw
Bref tout ça pour dire que les gens qui remettent en question ce genre de dogme je les trouve à la fois courageux et suicidaires en fait. Parce que ça revient à foutre en l'air des siècles de progrès (pas au sens progressiste mais évolutionniste), nier à la fois son héritage et son entourage, genre t'es obligé de te couper de ton passé et de ton présent, tu ne peux plus croire en rien fait, c'est super violent comme démarche. En vrai ça doit être horrible à vivre. La découverte du féminisme j'ai mis deux mois à m'en remettre, alors du
complotisme... j'aurais vrillé je pense.
Comment tu choisis de passer de la croyance en la force de ton espèce pour tâtonner vers la vérité, vers la croyance en quelques individus aux thèses carrément inutiles dans notre monde ?
Doit y'avoir quand même une question de santé mentale, j'imagine que lorsque tes perceptions diffèrent de celles de la masse t'as également besoin de réponses qui diffèrent de celles de la masse...
Ou alors un besoin de rupture, un rejet totale de son espèce (enfin de sa société mais chez les humains ça revient un peu au même...), une sorte de suicide social à la sauce rédemption.
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