amicale_du_pc a dit:
Merde est ce que on va finir par capter ou quoi??
Je n'ai rien capté. C'est peut-être aussi parce que je suis pas sur ce registre là. Je ne veux pas comprendre le monde comme ça. Ce que nous vivons aujourd'hui, ce que nos ancêtres ont vécu il y a peu, ce que nos enfants vivront bientôt. C'est la même chose. C'est cyclique. C'est la révolution (!) permanente, ça tourne en rond, c'est le samsara, le cycle des existences conditionnées.
Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets et ces causes étant déterminés par notre état d'existence qui est l'être humain, nous répétons sans cesse les mêmes choses. Nous n'apprenons rien de l'histoire, tout se répète ad nauseum, depuis des temps sans commencement. C'est la vision bouddhiste du monde. Comprendre les causes fondamentales qui produisent cette existence de souffrance. La lutte des classes pour les uns, la remigration pour les autres, on s'en fout, ça ne nous empêchera pas de tomber malade, vieillir et enfin mourir.
Le bouddhiste se veut au-delà de la matérialité. Il reconnait la nature illusoire des phénomènes qui l'entourent. Illusoires et impermanents. Nos sociétés vont mal, elles ont toujours été mal, elles iront toujours mal, c'est la condition de l'existence humaine, obnubilée par l'attachement. La peur de ne pas avoir ce que l'on aime, la peur d'avoir ce que l'on aime pas, la peur de perdre ce que l'on possède, la peur, cette continuelle agonie de l'attachement.
Vouloir changer le monde, vouloir le conserver tel qu'il est, illusion, attachement, perte de temps. Nous allons mourir, nous sommes condamnés, nos jours sont comptés et à quoi passons nous notre temps ? A planifier un avenir qui n'est pas encore arrivé ou à se remémorer un passé qui n'existe plus ?
ll existe une version tibétaine de la morale de la fable de La Fontaine de "La laitière et le pot au lait", dite de "Perrette et le pot au lait". Pour faire vite, un paysan ramasse beaucoup d'orge, il le met dans un grand sac et l'accroche au plafond à l'abri des rats. Il s'étend content, sous son sac d'orge, planifiant tout ce qu'il va acheter avec l'or qu'il va récupérer demain au marché. Il fantasme ainsi toute la nuit sur les mille et une choses qu'il va s'offrir ne pouvant s'endormir sous l'effet de l'excitation et lorsque enfin vers le matin, il trouve enfin le sommeil, un rat grignotte la corde qui retenait le sac, le faisant tomber sur la tête du paysan, le tuant sur le coup.
Le bouddhisme s'essaie à voir plus loin que la matérialité. C'est peut-être pour cela qu'il n'y a pas de bouddhistes en politique. Ils savent pertinemment que le seul moyen de libérer les gens, ce n'est pas celui-là. Que nos problème ne sont pas économiques, sociétaux, hiéarchiques. Nos réels problèmes sont à un niveau si subtil de la compréhension qu'ils sont noyés dans le brouhaha incessant de nos pensées. C'est pour cela qu'on médite, pour apaiser l'esprit, pour aller à la rencontre de ce niveau de compréhension fondamental tout en subtilité.