silmendil a écrit :
J'ai préparé la boisson avec mes 28 gr. de caapi + 28 gr de P.Viridis selon la recette de Doctorcito. Rien, nib, que dalle ... Je dois être très résistant
Non, tu n'es pas "très résistant" (au moins une autre personne a vécu la même chose, enfin ils étaient 3 d'ailleurs) et tu as très bien compris où réside le problème avec ce pack Azarius : la quantité de
B. caapi est notoirement insuffisante pour catalyser une expérience visionnaire chez de nombreuses personnes.
Cela me paraît suffisamment préoccupant (j'expliquerai pourquoi plus loin) pour m'avoir décidé à interpeller directement quelqu'un d'Azarius (voir
cette discussion dans la section "General psychonautics").
telodo a écrit :
Tu as oublie l'IMAO !!!!!!!!!!!!!!!!!! PEGANUM HARMALA !!!
LOL C'est pas rien quand meme ! Je donne une recette (au moins a 6 personnes) et aucunes ne m'ont ecoute. Et resultat ont eu leur voyage de rate ! Merde alors, suivez ma recette !
Ecoute, va courir 20 minutes, prends une douche, bois un grand verre d'eau fraîche, et reprenons posément le débat.
Soyons clairs, si l'idée est de découvrir l'ayahuasca, mélanger liane et harmel est une absurdité : que penser d'une personne qui, souhaitant découvrir un thé de Chine rare, comme du
pu-ehr, y ajouterait une tonne de café sous prétexte qu'elle n'a pas assez de ce thé et ne sent pas suffisamment l'effet de la théine/caféine (méthylxanthines) ? (L'intérêt et les vertus du
pu-ehr résident, est-il besoin de le rappeler, dans ses tanins très particuliers).
Encore une fois, seule la liane
B. caapi reçoit et mérite le nom d'ayahuasca (l'appellation "Ayahuasca pack" par Azarius d'un mélange à base d'harmel est une imposture, irrespectueuse de la langue quechua, des Indiens qui la parlent, et de ceux qui ont inventé l'ayahuasca).
D'autre part, on ne peut à la fois prétendre partir à la découverte de l'ayahuasca en se référant aux cultures amérindiennes et raisonner à propos des ayahuasca uniquement en termes d'IMAO (et de DMT) comme pourrait le faire un pharmacologue occidental un peu borné, si ce n'est benêt.
Maintenant voyons de plus près ce que tu clames. Là, je dois dire que l'aplomb et l'insistance avec lesquels tu étales ton ignorance m'en bouchent un coin ("j'ai lu beaucoup de documents pour en apprendre plus sur l'Ayahuasca " as-tu écrit. On ne doit pas avoir lu les mêmes [voir P.S.]).
Non
silmendil n'a pas oublié de prendre une plante ayant, entre autres, une activité IMAO pour la bonne raison que ce sont les mêmes molécules qui jouent ce rôle avec la liane caapi et l'harmel : dans les deux cas il s'agit des bêta-carbolines harmine et harmaline. Simplement leurs concentrations respectives sont inverses dans les deux plantes : l'harmine domine (de très loin) dans caapi tandis que c'est l'harmaline qui l'emporte dans l'harmel. Si l'on se place d'un point de vue pharmacologique limité à l'action IMAO, cela ne fait aucune différence : aux doses couramment employées leur activité IMAO est identique.
En revanche ces deux plantes présentent bien des différences, phytochimiques comme pharmacologiques. En dehors des deux alcaloïdes cités,
B. caapi ne contient en quantité significative qu'une troisième bêta-carboline, la tétrahydroharmine (THH), dont la concentration dans la plante (et les décoctions) est très supérieure à celle de l'harmaline. Bien que la THH reste aujourd'hui très peu connue, il est absolument certain qu'elle joue un rôle important dans les effets de la liane, de l'ayahuasca donc.
De leur côté, les graines d'harmel sont généralement dépourvues de THH ou en contiennent des quantités infimes. Elles renferment par contre d'autres alcaloïdes, d'une autre famille que les bêta-carbolines (des quinazolines), totalement absents de la liane : vasicine et vasicinone. Ces dernières ont des actions très spécifiques : ce sont des bronchodilatateurs, de relativement modestes dépresseurs cardiovasculaires (diminution du rythme cardiaque et de la pression artérielle) et de puissants abortifs (l'harmel est donc absolument à proscrire chez les femmes enceintes).
Ces différences sont suffisantes pour que l'écrasante majorité des amateurs expérimentés d'ayahuasca connaissant les deux plantes préfère la liane plutôt que son ersatz harmel pour préparer une potion standard.
Qui plus est, je n'avais jusqu'alors pas percuté sur la dose d'harmel que tu indiques dans ta recette (28 g) : elle est monstrueuse, totalement démesurée. Lorsque les graines d'harmel sont utilisées
seules pour préparer un analogue d'ayahuasca,
la dose standard se situe entre 3 et 5 g ! (pas plus d'une cuiller à café rase).
Heureusement que personne n'a suivi ta recette jusqu'ici car elle est proche des doses qui conduisent... à l'hôpital ! Les alcaloïdes des graines de
Peganum harmala sont heureusement peu toxiques (ou tu n'aurais plus été là pour raconter ton histoire) mais non dépourvus d'inconvénients à hautes doses : outre des tremblements (cela m'étonnerait que tu n'en aies pas eu), l'estomac peut en prendre un sacré coup (ulcère, voire hémorragie).
En fait la dose que tu as ingurgitée est si élevée que ton récit d'expérience a plus à voir avec celui d'une surdose d'harmel (les gens rapportent aussi des visions) qu'avec une prise d'ayahuasca standard. Par exemple :
"Tout tournais autour de moi, tout faisait des vagues. [...] J'ouvre les yeux et la il m'etait impossible de fixer un point dans la maison car tout tournais tout se defigurait"
Des sensations vertigineuses aussi prononcées sont très inhabituelles avec l'ayahuasca. Elles sont monnaie courante avec trop d'harmel.
"La musique de fond que j'avais mise n'avait plsu aucuns sens, ce n'etait plus de la musique mais des sons absolument bizarre et distordu."
Je ne connais ni écrit ni personne ayant mentionné de telles distorsions auditives à l'écoute de la musique avec l'ayahuasca. C'est très vraisemblable avec une dose massive d'harmel.
"J'ai vraiment cru que j'etais entrain de mourir"
Tu m'étonnes !
"En resume, c'est une tres bonne experience a essayer !!"
Holà mon gars ! Doucement sur l'incitation à la surdose ! Tu peux remercier ceux chez qui tu as acheté tes plantes de n'avoir mis que 28 g de chacruna (
Psychotria viridis) dans le pack : 10 g de plus et je n'ose même pas imaginer où t'aurait conduit et dans quel état t'aurait mis ta recette de fou. A éviter absolument !!!
Revenons maintenant à nos moutons de départ : pourquoi des packs qui donnent des potions peu ou pas efficaces seraient préoccupants ? Parce que cela peut inciter 1) ceux qui n'abandonnent pas le projet à augmenter les quantités la fois suivante et 2) ceux qui ont lu les récits d'échecs à utiliser des quantités plus importantes d'entrée de jeu. Et lorsque l'information juste fait défaut (il manque surtout de la liane), la tentation, compréhensible, est d'augmenter les quantités des deux plantes. Et il ne s'agit pas de spéculation : lorsque je lis que
ASheS compte se préparer une potion avec "que" 6 g d'harmel, 30 g de
B. caapi, 16 g de "Mimosa hostilis Purple-pink" et 9 g de "Mimosa hostilis", je sursaute (50 g de
B. caapi ou 4-5 g de graines d'harmel et 9-10 g d'écorce de racines
Mimosa hostilis suffisent amplement pour préparer une décoction
vraiment efficace).
Le risque est donc d'obtenir une décoction trop chargée en DMT pour un primo-utilisateur (ou débutant, ou novice, comme l'on veut) qui fait une expérience en solitaire. Autrement dit en jargon psy de par chez nous d'avoir un risque, faible mais non nul, de bouffée délirante aiguë (avec passage à l'acte possible). Juste le genre d'inconvénient qu'Azarius prétend vouloir éviter avec ses packs : "We think it's a little dangrous to sell higher doses (Nous pensons qu'il est un peu dangereux de vendre des doses plus élevées." Préoccupant !
Enfin, rappelez-vous que l'ayahuasca c'est un peu comme la plongée sous-marine : au départ c'est beaucoup plus sûr et enrichissant en groupe avec une ou -mieux- plusieurs personnes expérimentées qui guident/facilitent l'exploration et enseignent, partagent les règles/codes permettant d'assurer la sécurité de tous (je sais, trouver par chez nous de telles personnes expérimentées n'est pas facile : il est honteux que des polices et justices de nations européennes poursuivent ou condamnent à une quasi clandestinité celles et ceux qui organisent et conduisent de façon responsable des sessions ayahuasca alors que c'est le contexte d'initiation et de prise le plus sûr).
Portons-nous bien,
Doctorcito
P.S. : j'invite ceux qui se demanderaient sur quelle documentation je me base (et qui lisent l'anglais) à prendre connaissance de la bibliographie commentée que j'ai postée sur
ce Forum. Il s'agit bien sûr d'un petit échantillon...