(après moult discussions sur la prise en charge psychiatrique des patients borderline)
...et puis aussi, sur un plan pharmacologique, l'utilisationdes psychotropes, utilisation plus adaptée et plus pointue.
Quels psychotropes ?
Aujourd'hui, un des problèmes qu'on a, c'est les troubles
de l'humeur et l'impulsivité. Les troubles de l'humeur,
c'est les problèmes de dépression, et aussi les épisodes
d'excitation. Ça pose la question de l'utilisation des antidépresseurs.
Et puis, l'utilisation des médicaments qui
aident à gérer l'impulsivité, certains anti-psychotiques.
Actuellement, on va plutôt utiliser des anti-psychotiques
de nouvelle génération.
Donc, anti-psychotique, neuroleptique, c'est la même
chose ?
Alors, oui. Il faut savoir que sur le plan pharmacologique,
on distingue les antipsychotiques de première génération,
les neuroleptiques classiques (l'Haldol en l'occurence), des
antipsychotiques de nouvelles génération, comme le
zyprexa, la quétiapine (le Xéroquel en France), le risperdal
(le Rispéridol)... Ces antipsychotiques de deuxième
génération ont des effets assez intéressants sur le plan des
troubles de l'humeur, pour certains ont une fonction
thymorégulatrice (ce sont des régulateurs de l'humeur). Et
pour d'autres, ont une aussi fonction très efficace sur
l'impulsivité. Par exemple, (c'est un gros souci en France),
le Xéroquel, donc la quétiamine, qui est arrivé en France
récemment, mais qui était connu depuis dix ans dans les
payx anglo-saxons, est assez intéressant chez les
borderline qui ont de gros troubles en terme d'impulsivité,
parce que ça les aide beaucoup à gérer ça. Mais en France,
ce médicament-là n'a pas l'indication spécifique, dans
l'autorisation de mise sur le marché, pour ces troubles-là.
Il y a une indication dans les troubles de l'humeur, comme
régulateur, dans les troubles psychotiques comme la
schizophrénie, mais pas spécifiquement sur l'impulsivité.
Qui est sensé dire à quoi sert ce médicament ?
C'est une commission au niveau du ministère de la santé.
C'est-à-dire, avez-vous le droit de le prescrire quand
même à des borderline ?
Oui. Enfin, on l'utilise, parce que le problème, c'est que la
commission qui donne l'autorisation de mise sur le marché
obéit à deux contingences.
La première, c'est la demande du laboratoire, qui propose
un médicament, transmet un dossier, pour certaines
indications, et pour argumenter ces propositions-là, le
laboratoire fournit des études cliniques, donc des essais
thérapeutiques faits dans certaines conditions, pour
argumenter sa demande. Et en fait, il y a eu quelques
essais cliniques de faits dans la quétiamine sur
l'impulsivité, l'équipe de *******(désolé censure) que je connais a bossé
sur un de ces essais. Mais en même temps, il n'y a pas eu
d'essais clinique à suffisament grande échelle pour
justifier... c'est là la complexité de l'utilisation des
médicaments, c'est-à-dire que pour justifier dans une
indication de l'utilisation des médicaments, il doit y avoir
eu des essais cliniques réalisés pour cette pathologie avec
des patients souffrants de cette pathologie. S'il n'y a pas eu
d'essai, il ne peut pas y avoir de recommandation pour
l'utilisation de ce médicament pour cette pathologie.
Après, il y a des observations cliniques des utilisations qui
sont faites de ces produits dans un certain nombre de
situations, et là, empiriquement, progressivement, ou dans
des petites études, avec un nombre assez réduit de patients
inclus, ça peut donner des idées en matière d'utilisation.
Mais pour en revenir à l'intérêt de la pharmacologie, la
pharmacologie chez les borderline va avoir comme
objectif de travailler sur le problème des troubles de
l'humeur et le problème de l'impulsivité. Dans
l'impulsivité, il y a aussi la question des troubles anxieux.
L'impulsivité peut être aussi fortement majorée en cas de
détresse anxieuse, de situation anxiogène très forte. Dans
ce contexte, l'utilisation des thérapies plutôt cognitivocomportementales
sur la gestion des émotions et la gestion
des situations anxiogènes va avoir un rôle très important.
Après, il y a aussi tout une approche qui va se fonder sur
un travail plutôt de psychothérapie à orientation
psychodynamique, où l'idée de ce travail, c'est l'apparition
d'un dernier concept intéressant pour les borderline, c'est
d'ammener ces patients à construire de la résilience.
Alors, parce qu'on parle de psychotropes, que vous arrivez
naturellement sur ce sujet de la prise en charge, et que
j'imagine que les psychotropes ne sont en soi pas une
solution...
C'est souvent une aide importante.
Vous prescrivez des psychotropes aux borderlines que
vous soignez ?
Oui, pour un certain nombre, oui. C'est-à-dire que
quelqu'un qui présente une dépression grave, sévère, il faut
soigner cette dépression. Parce qu'il y a un risque
suicidaire quand même très important chez ces personnes-là.
On ne va pas soigner la dépression uniquement par un
travail de psychothérapie.