diaphane
Elfe Mécanique
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Disclaimers :
1. Le TR ci-dessous n'est en aucune manière une apologie ni une incitation à la consommation de drogue. Il s'agit d'un récit subjectif, personnel qui ne concerne que moi. Nous sommes tous – ou devrions l'être – conscients des risques.
2. Pardon d'avance aux navigatrices et navigateurs habitués du grand large, des océans déchaînés, aux spationautes qui ont connu l'ivresse de l'espace et de l'impesanteur et aussi aux sondeurs des abysses mystérieuses, noires ou sublimes.
Mon enthousiasme risque de les ennuyer.
3. Afin de ne pas avoir à dire et répéter des précautions langagières telles que "il m'a semblé que", "j'ai eu l'impression" etc, qui sont fastidieuses à écrire et à lire, je vais le préciser ici une fois pour toutes: Je suis parfaitement consciente que ce TR rapporte uniquement des sensations produites par mon cerveau sous l'emprise de psilocybine. Inconscient, subconscient, mon imagination, tout ce que vous voudrez. J'ai d'ailleurs gardé une assez solide lucidité pendant toute la durée du trip au cours duquel je n'ai pas perdu le contact avec la réalité ni le contrôle de mes émotions. Les "messages" parlés que je reçois n'ont très probablement rien d'irrationnel, mystique. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont sans valeur.
Cela étant dit.
Waouh ! WAOUUUUH !!!
Mardi 30 août 2022 de 12h00 à (environ) 17h00
Substance: Truffes Mexicana
Dosage: 10 grammes (un peu au-dessous de la quantité définie par le calculateur du site pour une dose "élevée")
Corpulence: 52 k. 1,70 m.
Set: Détendue, sereine, très bonne humeur, envie de décoller. Très peu de crainte cette fois-ci. Je choisis de prendre un peu plus mais pas trop et je reste sous la dose "forte" conseillée pour mon poids. Le but est de tripper sans perdre pied. La première fois m'a laissé un merveilleux souvenir mais j'avais senti que je n'étais pas loin d'atteindre un trip plus délicieux encore. Je prends un plus forte dose sachant que j'accrois sans doute aussi les risques d'un bad mais j'ai confiance en ma capacité de le gérer le cas échéant.
Il me semble utile d'insister sur mon état mental habituel car il ne faut pas qu'en lisant ce TR, une personne novice se dise que c'est facile et sans danger de tripper avec 10G de truffes.
Dans mes différentes lectures sur la prise de psilo, les mêmes conseils reviennent encore et toujours : "N'en prenez que si vous vous sentez très bien, mentalement, moralement etc, car sinon le risque de bad trip est très grand."
Donc, en ce qui me concerne, l'état physique habituel est bon, souvent très bon. Je suis active, je fais aussi du sport régulièrement ou au minimum des balades. Je ne prends pas d'autres drogues, même si j'ai fumé quelques joints mais quoi, certainement pas plus de 10 dans toute ma vie. C'est bon mais ça m'endort. Un peu d'alcool de temps en temps mais les abus sont rares. Je ne fume pas non plus. Un peu de vape c'est tout.
Ensuite mon état mental habituel c'est très simple, c'est la joie de vivre et une constante sérénité. Je suis au minimum souriante à l'intérieur de moi comme à l'extérieur. Je dis bien joie. Pas juste sérénité.
Et pourtant, avant de décider de ce trip, j'ai bien pensé à tout vérifier dans ma tête. Dernière séance de natation, bien dormi ou pas, etc. J'ai aussi pensé au setting à l'avance, en ai parlé à ma compagne et à certains proches.
Donc voilà. J'ai tout ce qu'il faut pour faire un bon trip. Si bad trip il y a et bien ça fera une expérience. Je suis prête à ça aussi. Je ne fais pas n'importe quoi.
Setting: Permission de tripper accordée par ma chère et tendre, qui restera en contact et de toutes façons rentrera pendant mon trip. Donc prise prévue à 12h.
De plus, ma soeur, dont je suis très proche depuis toujours est prévenue et bien qu'elle soit trop loin géographiquement s'attend à peut-être recevoir un appel en détresse. Elle en rit d'avance.
Deux amies habitent assez près de chez nous et sont prêtes à venir s'occuper de moi. Elles voudraient déjà être là mais je dis non.
Le lieu c'est la chambre, le lit, le comfort rassurant du cocon. Même cérémonial, encens, playlist de house de toutes sortes et même quelques downtempo/lounge.
Il faudra que j'essaye d'autres styles, notamment la musique classique, l'idée fait son chemin. Mais avec la deep house, je sais que je suis en de bonnes mains.
La chronologie me semble hors de propos. Division en petits chapitres.
- Les vibrations
Mot essentiel de ce trip. J'ai ressenti les vibrations de la musique comme jamais. Elle m'a fait frétiller à l'unisson pendant de longues séquences extatiques. Confusion quant à savoir si je vibrais vraiment physiquement ou seulement par la sensation. J'ai su à un moment que tout, absolument tout, vibre et que de fait, tout n'est que vibrations.
Précisons que j'avais déjà lu cela auparavant sans comprendre. Là, je l'ai vécu en moi.
- Les fluides
Tout au long de ce voyage, j'ai assisté à de superbes visions de flux, comme le contenu d'un tuyau mais sans le tuyau, juste les fluides, mi-gazeux, mi-liquides, s'écoulant à des vitesses variables, passant du plus calme au tourbillon étourdissant. Sensation de perspective, 3D, renversement haut/bas, avant/arrière etc. Pas de couleurs très vives mais subtilement harmonisées. Pfiouuuu ! J'ai vu des chefs d'oeuvre absolument irréalisables par l'être humain.
- L'omniprésence féminine
Visages et corps féminins, fluides liquides ou gazeux ondulant avec une grâce parfaite, sublimation des voix, visions intra-corporelles pouvant faire penser à ce que verrait un bébé dans la matrice, mères, compagne, moi-même plus jeune, petits poissons à têtes de filles, sensations intenses d'amour désintéressé, ce fut un trip très féminin. Compréhensible mais inattendu.
- L'architecture numérique, artificielle, les strates et la sensation de perfection
Toute une architecture se construit, par strates qui s'accumulent, un peu comme ce qu'on voit avec les imprimantes 3D mais en plus riche, avec des détails. Cela ne finit jamais. C'est un processus incessant de création de matière, qui n'a l'air d'avoir aucune autre fonction que d'accéder à l'existence. Cela se passe dans toutes les dimensions de l'espace et cela donne la sensation d'un mouvement perpétuel, têtu avec un but que je connais pas. Cet univers semble infini et éternel. Il a toujours été là mais ce n'est pas le mien, il est "ailleurs". Je perçois une volonté, un projet, une intelligence, un dessein consubstantiel à cet univers et cette matière en construction. Je ne comprends pas mais je sais que c'est là. Et que tout ce que je vois vient de là.
Les constructions ne riment à rien, ne ressemblent à rien de connu, on ne voit pas leur utilité. elles ne sont pas belles non plus, ni moches. La beauté de la vision réside dans autre chose.
Il ne semble pas y avoir de sentiment, rien de ce qui puisse ressembler à une émotion humaine. C'est neutre, froid, peu coloré. C'est une autre forme de vivant On ne ressent rien si ce n'est la puissance imperturbable à l'oeuvre dans ce processus de création prodigieux. C'est absurde et fascinant. Le moment clé est celui où je réalise que je me sens parfaitement bien dans cette neutralité, cette objectivité totale. Je suis proche et distante à la fois d'une forme d'état sans aucun besoin. Je n'ai rien et rien ne me manque. Je pourrais y rester, là, tout de suite et pour toujours.
Je n'ai pas su trouver les mots pour en parler, mais je l'ai vécu lors de mon 1er trip. Cette fois, c'était plus fort, plus long, plus clair.
Ces visions, répétées ont fini par m'évoquer du Michel Houellebecq dont j'ai retrouvé quelques vers
"Et nous avons flotté loin de tous les possibles;
La vie s'est refroidie, la vie nous a laissés
Nous contemplons nos corps à demi effacés,
Dans le silence émerge quelques data sensibles."
[...]
"Alors s'établira le dialogue des machines
Et l'informationnel remplira triomphant
Le cadavre vidé de la structure divine
Puis il fonctionnera jusqu'à la fin des temps.
[...]
"Tout a lieu, tout est là, tout est phénomène
Aucun événement ne semble justifié,
Il faudrait parvenir à un cœur clarifié;
Un rideau blanc retombe et recouvre la scène."
- La fusion avec la musique
Au plus fort de l'euphorie, je vibre, je veux dire, tout mon corps, mes molécules, vibrent avec la musique au point de fusionner complètement avec elle. il n'y a plus de "moi", plus rien, que la musique. Une sensation hélas fugace mais indescriptiblement belle. C'est le bonheur total, au delà de l'étourdissement.
- Les messages :
-> "Tout est dans les Mots et chaque Mot compte"
Cette phrase est répétée en boucle pendant un moment puis pour finir, ne se répète que la 2ème partie, insistante aussi.
Je comprends pas tout de suite, ça semble évident. "Mot" est en majuscule car c'est un sens particulier. Ne sont "Mots" que les mots qui désignent les grands sentiments et concepts de l'humanité : Amour, Paix, Joie, Fraternité, Bienveillance, Patience, Vérité, etc...
Ce que j'en comprends c'est que ce n'est pas la peine de perdre son temps à réfléchir, à essayer de décomplexifier ce qui serait complexe. Tout ce qui compte est dans ces Mots.
(Le reste, je te le laisse, dirait Clara Luciani. ^^)
-> "Que veux-tu que je te dise de ta relation, elle est parfaite. Je vais te montrer ce que tu ne veux pas voir"
C'est clair, définitif. Je n'insiste pas. Mais je n'ai pas reconnu "ce que je ne veux pas voir" dans ce qu'on m'a montré. Sans doute les visions horribles et fugaces, sang, plaies, cadavres avec têtes en décomposition et mutilées et aussi ces drôles de personnages mélanges d'humains et d'objets avec des tètes et des regards absurdes, ironiques, un aperçu de ce qui pourrait être un enfer. A la réflexion, je comprends peut-être pourquoi ces horreurs ne m'ont pas touchée puisque le message dit "montrer" et pas "faire vivre".
-> "Si tu veux un bad trip, je suis là"
Celui-là m'a fait beaucoup rire. Je suis debout quand je l'entends, pour aller aux toilettes.
Etrangement, je ne réponds rien. C'est un personnage minuscule à mes pieds, de côté qui me parle; Un nabot mi-homme, mi-objet doté d'un visage terrifiant d'absurdité, parfaitement sûr de lui, que je pourrais écraser du pied mais qui semble être le concentré d'une colossale énergie négative et malfaisante. Mon rire qui tient lieu de réponse lui convient très bien. Il n'insiste pas, c'était vraiment une simple proposition.
A cet instant j'ai déjà eu des visions négatives, qui ne durent jamais mais reviennent toujours brièvement. Si cette apparition a eu un effet, c'est plutôt de réduire la fréquence des mauvaises visions.
-> La bienveillante indifférence, neutralité des choses, l'absence totale de jugement.
Cela je l'ai en partie raconté dans le chapitre architecture. Je n'ai pas mis de guillemets car ce n'est pas une citation d'un message clairement entendu. Mais c'est un "enseignement".
Pour l'absence de jugement, je comprends aussi que lorsqu'on doit faire un choix, on a parfois peur de faire le mauvais. Mais en fait, il n'y a pas de bon ou mauvais choix. Ce qui compte, c'est de suivre le chemin choisi, sans regarder en arrière, quitte à se perdre. Parce que c'était ton chemin.
- Les petits films:
-> L'ascenseur de verre et l'accession sublime à la haute atmosphère
En synchro avec le morceau de musique, je suis élevée dans un ascenceur extérieur tout en verre ou matériau transparent. La montée se fait au rythme de la musique, posément mais implacablement, tout semble réglé et serein. Le plaisir est autant dans la prise d'altitude que dans la sensation d'être aux mains d'une mécanique parfaite. Puis, d'un coup, sans l'avoir perçu, je me retrouve au-dessus d'une fine couche de nuage irisé de couleurs à la fois douces et fluo, des roses, oranges, bleus et c'est un moment merveilleux de beauté, de sérénité. Hélas, ça ne dure que quelques secondes et le trip bascule sur du plus habituel (oublié, non marquant). Mais je comprends ce que progressive house peut signifier.
-> La mère et l'enfant mort dans la petite crypte
C'est une vision douloureuse.
Je vois une femme, entre 40 et 50 ans; plus précisément, je vois son visage, de profil mais en 2 dimensions seulement comme sur un médaillon, un très bas relief, en noir et blanc. Le visage exprime une profonde tristesse, le deuil d'un enfant. L'image se recule et la femme apparait en entier mais elle est recroquevillée, en position foetale, les bras croisés sur son ventre. Elle est infiniment triste et en même temps jalouse de sa douleur, qu'elle ne veut pas partager et qu'elle semble tenir contre elle. Sa douleur est telle que l'émotion qui en découle devient une sorte de consolation. C'est difficile de décrire cela mais ce n'est pas totalement triste.
Le plan suivant est une sorte de petite crypte en pierre, un vieux bâtiment circulaire de petit diamètre, à peine 2. Mais il monte assez haut, est ajouré et laisse passer beaucoup de lumière. Contre le mur se trouve un petit tombeau abandonné, sans fleurs ni nom. Le plan est fixe sur le tombeau, que je vois de côté. Puis l'image s'agite, vibre et doucement, un visage de petit garçon se forme et surimpressionne le tombeau. Le visage du petit garçon d'abord impassible s'éclaire soudain dans un sourire de joie pure et complète. Il a vu quelque chose arriver vers lui. C'est la femme de tout à l'heure mais beaucoup plus jeune. La joie et le sourire de la jeune mère sont eux aussi sans nuance et elle enlace le petit garçon. Une vision de bonheur parfait comme vous pouvez l'imaginer, et que je ressens au plus profond de moi, alors que ce n'était pas le cas pour la douleur.
-> la vision interne de gorges de femmes qui chantent et qui fusionnent avec l'intérieur d'une flèche de cathédrale
Bon le titre est pas super, j'avoue.
Sur un morceau de house avec voix féminines, solo et choeurs discrets. Quelque part au milieu de la chanson, je me retrouve encore une fois à l'intérieur d'un organisme inconnu dont les parois ondulent et vibrent. Je me rend compte que je suis positionnée au bas d'une gorge, très bas, plus bas que la base du cou, je ne sais pas comment ça s'appelle, trachée (?). Bref assez bas car ce qui se passe monte haut et je dois lever les yeux à la verticale. Enfin, à ce moment là je ne sais pas que c'est une gorge. Mais je réalise rapidement que c'est elle(s) qui chante(nt). Les voix sont d'une beauté indescriptible et à mesure que je m'en délecte, cet organisme, cette gorge se métamorphose en clocher d'église et les deux images fusionnent dans une harmonie et une évidence totale. Je suis en train de sacraliser la voix, les voix féminines, c'est divin sur le moment. Maintenant, si je garde le côté magique, j'y ajoute une pointe d'absurdité et de moquerie.
-> Le video clip de ma chérie (oui!)
Dans ce voyage de plusieurs heures, il y a eu une présence, en retrait, de côté, en vignette ou en sur-impression d'une jeune femme brune aux cheveux courts dont je ne distinguais pas toujours le visage mais que je reconnaissais sans hésiter, mon adorée, l'amour de ma vie. Je l'ai vue sous des formes diverses, par exemple en panthère rugir vers des choses que je ne voyais pas et dont elle semblait peut-être vouloir me protéger, je ne sais pas. Mais toujours avec ce regard pétillant d'ironie que je connais par coeur. Des apparitions fréquentes mais toujours brèves et jamais au centre de l'intérêt.
Sauf là.
Début d'un nouveau morceau, assez rythmé, hyper dansant. Et là; c'est incroyable, la voilà au centre de la scène. C'est un clip vidéo truffé d'effets spéciaux qui accompagne sa chorégraphie. Sa danse IRL est assez fantastique déjà mais là c'est juste magique. Elle est vêtue d'une combi bleu nuit scintillante à sequins dorés et argentés, qui lui colle au corps et le fond est d'un noir total dans lequel se fond sa coiffure. Je comprends que je n'ai vécu ce trip que pour ce moment, inoubliable et qu'elle est apparue là, au moment choisi par elle après s'être fait désirer sans doute.
-> moi, ado, avec un garçon dans le film, mes longs cheveux liquides et irisés et observation du point de vue de ma compagne
Pour la première fois je me vois clairement dans un trip. J'ai 14 ou 15 ans, encore les cheveux longs. Je suis au premier plan et je regarde la caméra (donc moi, normalement). Je suis de côté et la tête tournée vers la caméra, je souris comme j'en ai l'habitude, c'est à dire sans y réfléchir et stupidement. Mais c'est un sourire très agréable à regarder.
En arrière plan, un peu loin de moi, debout se tient un jeune homme, dans les 18, 20 ans. Je ne distingue pas trop son visage, ne reconnais personne de mémoire. Mais il se passe quelque chose entre nous. Il est torse nu, bien bâti et musclé mais sans plus, il a encore le corps d'un grand adolescent.
Plan suivant, le jeune homme s'est métamorphosé en une très haute et fine colonne d'eau verticale qui ruisselle. Je suis (assise, penchée, accroupie ?) positionnée au plus près de cette colonne et y mouille mes longs cheveux blonds. C'est manifestement l'été, il fait chaud et soleil. L'eau qui tombe est irisée d'arc-en-ciel et mes cheveux sur lesquels elle ruisselle fusionnent avec l'eau et le deviennent aussi.
Plan suivant. Retour au plan du début. Même position pour moi mais cette fois le jeune homme s'est rapproché dans mon dos. Malaise. Ou pas. Je passe les détails, d'ailleurs il n'y en a pas vraiment. Nous faisons incontestablement l'amour et c'est là que je réalise que la spectatrice n'est pas moi mais A., ma compagne actuelle. Pas d'émotions de sa part, juste la curiosité. De mon côté en revanche, vers la fin, le sourire s'estompe.
Dernier plan. Je me vois, plus âgée, sans doute plus que maintenant, en souffrance, sur le dos et les jambes relevées, trimballée sur un brancard des urgences.
Clap de fin.
Remarque : Une nouvelle fois – ça semble être systématique – les visions négatives et objectivement douloureuses ne m'affectent pas. Je les regarde avec intérêt mais indifférence.
-> Les civelles transparentes.
Oh il est joli celui-ci.
Dans l'eau, une rivière ou bord de mer, je vois des dizaines de bébés poissons, des sortes de civelles (?) mais parfaitement translucides. Elles ont des têtes de filles et sourient en ondulant gracieusement dans le courant.
La vision revient plusieurs fois. La dernière, je suis en descente de trip et les civelles se font bouffer sans rien dire par des crabes sans pitié.
Snif.
- La descente qui n'en finit pas. Le retour à la sérénité du ventre.
Le trip a été plus long que la 1ère fois. Prise à midi. Je vais me revoir dans la glace et constate que ma mydriase est toujours là, le noir change complètement mon regard, mon visage. Je décide de me prendre en photo et je consulte les textos de mes gardiennes à distance. Peu de temps s'est écoulé avant mes réponses donc aucune panique. Vers 17h, je suis encore dans une longue descente super agréable, douce et la musique me procure encore des sensations de fusion mais j'ai rouvert les yeux, je plane encore mais plus bas. Je pose ma main sur mon ventre, un peu au-dessus du nombril, là où se trouve mon petit soleil de sérénité. Je la retrouve, je me retrouve, je suis en paix. A. vient de rentrer et m'appelle doucement, me demande si je veux me lever car je viens de lui dire que le trip est fini. Mais il ne l'est pas tout à fait. Je lui rend une non-réponse qu'elle comprend et vient s'allonger près de moi. Je réalise enfin mon égoïsme et je partage ces moments avec elle. Je baisse la musique et nous mélangeons nos corps et nos âmes. Ensuite, je lui raconte tout et voilà.
Autres infos que je ne sais pas où écrire.
- Les larmes ont coulé sans que je m'en rende compte de suite. L'émotion, la joie; pas de tristesse.
- La psilo, ça n'endort pas. Quel bonheur ! ça n'a vraiment rien à voir avec le cannabis.
- Pas de fous rires. Lors de ces 2 trips, j'ai eu des débuts de rire injustifiés au début des trips, je les ai à chaque fois refoulés car je ne veux pas partir dans des fous rires stupides et interminables. ça fonctionne parfaitement et je peux faire un vrai beau trip psychédélique. Super !
Les effets post trip
Pas de sensation désagréable, la descente continu doucement plusieurs heures, toute la soirée. J'ai seulement une petite tension dans le crâne qui provoque une légère migraine, a peine perceptible.
Seul point négatif à noter : une difficulté à trouver le sommeil, une excitation mentale persiste, légère mais tenace.
Mercredi matin.
Sommeil court, 4 heures je pense. Au réveil je me sens brumeuse. Mais les premiers pas me réveillent complètement. Je sens que je n'ai pas assez dormi mais le plaisir d'une nouvelle journée emporte tout et je me sens vite prête à croquer la vie.
La journée se passe super bien. Le morale est au beau fixe, je me sens très proche des gens, plus que d'habitude et j'avais ressenti la même chose après le 1er trip.
Edit, jeudi 1 septembre, 22: 23 :
J+2
Aujourd'hui, j'ai ressenti une légère déprime, une sorte de mélancolie comme on ressent après un retour de vacances ou un lendemain de fête, quand les invités sont partis. Comme un petit creux émotionnel. Hier je flottais encore légèrement au-dessus du sol mais j'avais peu dormi, je crois que je fonctionnais encore sur l'excitation. La journée s'est bien passée, la soirée excellente mais elle a été un peu fatigante avec une petite fête d'anniv peu chargée mais éprouvante émotionnellement. Et ensuite j'ai dû compléter mon TR, malgré la fatigue, il fallait que je le termine.
Le contrecoup s'est donc fait ressentir aujourd'hui où je me suis sentie moins bien que d'habitude. Bizarrement, je me sentais seule alors que j'étais entourée et plutôt sereine quand j'ai été seule. Ce soir, après un peu de repos et de ressourcement, ça va très bien. C'était léger mais mérité d'être signalé ici.
Je ne me fais aucune inquiétude, après être montée si haut, le "down" est vraiment négligeable. Rien à voir avec une petite gueule de bois par exemple.
Si d'autres changements sont à noter je le ferai à nouveau comme sur mon blog pour le premier TR.
Edit: Mardi 6 septembre 1h du matin (J+6)
Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais j'ai la sensation permanente de porter le souvenir de ce voyage, à la fois dans ma tête et dans mon corps (le ventre plus précisément). C'est comme une sorte de présence presque physique, c'est à dire que je ressens comme un poids, qui diffuse en moi une douce sérénité. La sensation n'est pas intense mais évidente et permanente.
Après mon premier trip, qui fut moins fort et de loin, j'avais vers le 3ème ou 4ème jour, ressenti une sorte de manque, une envie d'y retourner alors que je savais que je devais attendre au moins 2 semaines. Pas très forte et pas du tout impérative mais je ne m'y attendais pas et ça m'inquiétait un peu. J'en ai parlé avec Laura et elle m'avait rassuré en m'expliquant pourquoi. Et puis c'est parti rapidement.
Cette fois-ci, je ne ressens pas du tout l'envie d'y retourner car ce 2ème voyage m'a donné une sensation de plénitude, de satisfaction, comme si mon attente, tout ce que j'espérais obtenir, m'avait été donné exactement. Sans que je sache quoi.
Une sorte d'accomplissement mais je ne sais pas quoi.
Il y a aussi autre chose. L'intuition, la conviction que si j'y retournais, cela gâcherait le souvenir et surtout le bien que j'ai tiré de ce voyage et que je "porte" en moi comme écrit plus haut.
En bref, je me sens un peu différente, en mieux et tout cela est bien agréable.
[size=medium]Je me fais peut-être des idées, c'est dans ma nature. Je verrai si cela persiste, évolue ou disparait.[/size]
[size=medium]Edit : jeudi 16 septembre (J+17)[/size]
[size=medium]Bien, tous les effets post-trip semblent avoir disparu. S'il en reste, je n'en suis pas consciente. Je me sens très bien mais comme avant le trip. L'envie d'en reprendre n'est toutefois pas revenue. Le souvenir agréable constitue une présence, simplement mentale, assez forte et je ne suis pas tentée par un nouveau trip. Le sentiment que ça pourrait tout gâcher persiste. Et bien sûr, à cela s'ajoute la raison, qui nous dit qu'il faut espacer les prises au maximum. [/size]
[size=medium]Les 2 sachets qu'il me reste vont donc partir à la poubelle et j'en recommanderai d'autres le moment venu.[/size]
[size=medium]A moins que je trouve le courage de consommer les champis que j'ai fait pousser puis stockés comme il faut et qui devraient se conserver longtemps. J'étais super contente de les voir grandir mais ensuite, après la récolte, les manipuler, les voir comme ça de près, ça ne fait pas envie de les manger ![/size]
Ci-dessous les 2 albums principaux du trip qui ont joué un grand rôle dans la réussite de ce voyage.
-> album: Best of Summer (2022) [The Purr]
[size=medium]-> album : Cafe Ibiza - The Cream of Balearic Cuisine [2006] [/size]
J'ai précisé les noms de 3 morceaux qui correspondent chacun à un des petits films décrits plus haut.
Jeu.
Sauras-tu trouver à quel film correspond chaque morceau ?
Poste tes réponses dans ce topic et tente de gagner un week-end chez le petit personnage qui voulait me proposer un bad trip.
1) Dkeymusik - Beyond the Horizon (Original Mix)
[video=youtube]
2) The Egg - Angel of My Soul
[video=youtube]
3) Miscosity - Flotation
[video=youtube]
1. Le TR ci-dessous n'est en aucune manière une apologie ni une incitation à la consommation de drogue. Il s'agit d'un récit subjectif, personnel qui ne concerne que moi. Nous sommes tous – ou devrions l'être – conscients des risques.
2. Pardon d'avance aux navigatrices et navigateurs habitués du grand large, des océans déchaînés, aux spationautes qui ont connu l'ivresse de l'espace et de l'impesanteur et aussi aux sondeurs des abysses mystérieuses, noires ou sublimes.
Mon enthousiasme risque de les ennuyer.
3. Afin de ne pas avoir à dire et répéter des précautions langagières telles que "il m'a semblé que", "j'ai eu l'impression" etc, qui sont fastidieuses à écrire et à lire, je vais le préciser ici une fois pour toutes: Je suis parfaitement consciente que ce TR rapporte uniquement des sensations produites par mon cerveau sous l'emprise de psilocybine. Inconscient, subconscient, mon imagination, tout ce que vous voudrez. J'ai d'ailleurs gardé une assez solide lucidité pendant toute la durée du trip au cours duquel je n'ai pas perdu le contact avec la réalité ni le contrôle de mes émotions. Les "messages" parlés que je reçois n'ont très probablement rien d'irrationnel, mystique. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont sans valeur.
Cela étant dit.
Waouh ! WAOUUUUH !!!
Mardi 30 août 2022 de 12h00 à (environ) 17h00
Substance: Truffes Mexicana
Dosage: 10 grammes (un peu au-dessous de la quantité définie par le calculateur du site pour une dose "élevée")
Corpulence: 52 k. 1,70 m.
Set: Détendue, sereine, très bonne humeur, envie de décoller. Très peu de crainte cette fois-ci. Je choisis de prendre un peu plus mais pas trop et je reste sous la dose "forte" conseillée pour mon poids. Le but est de tripper sans perdre pied. La première fois m'a laissé un merveilleux souvenir mais j'avais senti que je n'étais pas loin d'atteindre un trip plus délicieux encore. Je prends un plus forte dose sachant que j'accrois sans doute aussi les risques d'un bad mais j'ai confiance en ma capacité de le gérer le cas échéant.
Il me semble utile d'insister sur mon état mental habituel car il ne faut pas qu'en lisant ce TR, une personne novice se dise que c'est facile et sans danger de tripper avec 10G de truffes.
Dans mes différentes lectures sur la prise de psilo, les mêmes conseils reviennent encore et toujours : "N'en prenez que si vous vous sentez très bien, mentalement, moralement etc, car sinon le risque de bad trip est très grand."
Donc, en ce qui me concerne, l'état physique habituel est bon, souvent très bon. Je suis active, je fais aussi du sport régulièrement ou au minimum des balades. Je ne prends pas d'autres drogues, même si j'ai fumé quelques joints mais quoi, certainement pas plus de 10 dans toute ma vie. C'est bon mais ça m'endort. Un peu d'alcool de temps en temps mais les abus sont rares. Je ne fume pas non plus. Un peu de vape c'est tout.
Ensuite mon état mental habituel c'est très simple, c'est la joie de vivre et une constante sérénité. Je suis au minimum souriante à l'intérieur de moi comme à l'extérieur. Je dis bien joie. Pas juste sérénité.
Et pourtant, avant de décider de ce trip, j'ai bien pensé à tout vérifier dans ma tête. Dernière séance de natation, bien dormi ou pas, etc. J'ai aussi pensé au setting à l'avance, en ai parlé à ma compagne et à certains proches.
Donc voilà. J'ai tout ce qu'il faut pour faire un bon trip. Si bad trip il y a et bien ça fera une expérience. Je suis prête à ça aussi. Je ne fais pas n'importe quoi.
Setting: Permission de tripper accordée par ma chère et tendre, qui restera en contact et de toutes façons rentrera pendant mon trip. Donc prise prévue à 12h.
De plus, ma soeur, dont je suis très proche depuis toujours est prévenue et bien qu'elle soit trop loin géographiquement s'attend à peut-être recevoir un appel en détresse. Elle en rit d'avance.
Deux amies habitent assez près de chez nous et sont prêtes à venir s'occuper de moi. Elles voudraient déjà être là mais je dis non.
Le lieu c'est la chambre, le lit, le comfort rassurant du cocon. Même cérémonial, encens, playlist de house de toutes sortes et même quelques downtempo/lounge.
Il faudra que j'essaye d'autres styles, notamment la musique classique, l'idée fait son chemin. Mais avec la deep house, je sais que je suis en de bonnes mains.
La chronologie me semble hors de propos. Division en petits chapitres.
- Les vibrations
Mot essentiel de ce trip. J'ai ressenti les vibrations de la musique comme jamais. Elle m'a fait frétiller à l'unisson pendant de longues séquences extatiques. Confusion quant à savoir si je vibrais vraiment physiquement ou seulement par la sensation. J'ai su à un moment que tout, absolument tout, vibre et que de fait, tout n'est que vibrations.
Précisons que j'avais déjà lu cela auparavant sans comprendre. Là, je l'ai vécu en moi.
- Les fluides
Tout au long de ce voyage, j'ai assisté à de superbes visions de flux, comme le contenu d'un tuyau mais sans le tuyau, juste les fluides, mi-gazeux, mi-liquides, s'écoulant à des vitesses variables, passant du plus calme au tourbillon étourdissant. Sensation de perspective, 3D, renversement haut/bas, avant/arrière etc. Pas de couleurs très vives mais subtilement harmonisées. Pfiouuuu ! J'ai vu des chefs d'oeuvre absolument irréalisables par l'être humain.
- L'omniprésence féminine
Visages et corps féminins, fluides liquides ou gazeux ondulant avec une grâce parfaite, sublimation des voix, visions intra-corporelles pouvant faire penser à ce que verrait un bébé dans la matrice, mères, compagne, moi-même plus jeune, petits poissons à têtes de filles, sensations intenses d'amour désintéressé, ce fut un trip très féminin. Compréhensible mais inattendu.
- L'architecture numérique, artificielle, les strates et la sensation de perfection
Toute une architecture se construit, par strates qui s'accumulent, un peu comme ce qu'on voit avec les imprimantes 3D mais en plus riche, avec des détails. Cela ne finit jamais. C'est un processus incessant de création de matière, qui n'a l'air d'avoir aucune autre fonction que d'accéder à l'existence. Cela se passe dans toutes les dimensions de l'espace et cela donne la sensation d'un mouvement perpétuel, têtu avec un but que je connais pas. Cet univers semble infini et éternel. Il a toujours été là mais ce n'est pas le mien, il est "ailleurs". Je perçois une volonté, un projet, une intelligence, un dessein consubstantiel à cet univers et cette matière en construction. Je ne comprends pas mais je sais que c'est là. Et que tout ce que je vois vient de là.
Les constructions ne riment à rien, ne ressemblent à rien de connu, on ne voit pas leur utilité. elles ne sont pas belles non plus, ni moches. La beauté de la vision réside dans autre chose.
Il ne semble pas y avoir de sentiment, rien de ce qui puisse ressembler à une émotion humaine. C'est neutre, froid, peu coloré. C'est une autre forme de vivant On ne ressent rien si ce n'est la puissance imperturbable à l'oeuvre dans ce processus de création prodigieux. C'est absurde et fascinant. Le moment clé est celui où je réalise que je me sens parfaitement bien dans cette neutralité, cette objectivité totale. Je suis proche et distante à la fois d'une forme d'état sans aucun besoin. Je n'ai rien et rien ne me manque. Je pourrais y rester, là, tout de suite et pour toujours.
Je n'ai pas su trouver les mots pour en parler, mais je l'ai vécu lors de mon 1er trip. Cette fois, c'était plus fort, plus long, plus clair.
Ces visions, répétées ont fini par m'évoquer du Michel Houellebecq dont j'ai retrouvé quelques vers
"Et nous avons flotté loin de tous les possibles;
La vie s'est refroidie, la vie nous a laissés
Nous contemplons nos corps à demi effacés,
Dans le silence émerge quelques data sensibles."
[...]
"Alors s'établira le dialogue des machines
Et l'informationnel remplira triomphant
Le cadavre vidé de la structure divine
Puis il fonctionnera jusqu'à la fin des temps.
[...]
"Tout a lieu, tout est là, tout est phénomène
Aucun événement ne semble justifié,
Il faudrait parvenir à un cœur clarifié;
Un rideau blanc retombe et recouvre la scène."
- La fusion avec la musique
Au plus fort de l'euphorie, je vibre, je veux dire, tout mon corps, mes molécules, vibrent avec la musique au point de fusionner complètement avec elle. il n'y a plus de "moi", plus rien, que la musique. Une sensation hélas fugace mais indescriptiblement belle. C'est le bonheur total, au delà de l'étourdissement.
- Les messages :
-> "Tout est dans les Mots et chaque Mot compte"
Cette phrase est répétée en boucle pendant un moment puis pour finir, ne se répète que la 2ème partie, insistante aussi.
Je comprends pas tout de suite, ça semble évident. "Mot" est en majuscule car c'est un sens particulier. Ne sont "Mots" que les mots qui désignent les grands sentiments et concepts de l'humanité : Amour, Paix, Joie, Fraternité, Bienveillance, Patience, Vérité, etc...
Ce que j'en comprends c'est que ce n'est pas la peine de perdre son temps à réfléchir, à essayer de décomplexifier ce qui serait complexe. Tout ce qui compte est dans ces Mots.
(Le reste, je te le laisse, dirait Clara Luciani. ^^)
-> "Que veux-tu que je te dise de ta relation, elle est parfaite. Je vais te montrer ce que tu ne veux pas voir"
C'est clair, définitif. Je n'insiste pas. Mais je n'ai pas reconnu "ce que je ne veux pas voir" dans ce qu'on m'a montré. Sans doute les visions horribles et fugaces, sang, plaies, cadavres avec têtes en décomposition et mutilées et aussi ces drôles de personnages mélanges d'humains et d'objets avec des tètes et des regards absurdes, ironiques, un aperçu de ce qui pourrait être un enfer. A la réflexion, je comprends peut-être pourquoi ces horreurs ne m'ont pas touchée puisque le message dit "montrer" et pas "faire vivre".
-> "Si tu veux un bad trip, je suis là"
Celui-là m'a fait beaucoup rire. Je suis debout quand je l'entends, pour aller aux toilettes.
Etrangement, je ne réponds rien. C'est un personnage minuscule à mes pieds, de côté qui me parle; Un nabot mi-homme, mi-objet doté d'un visage terrifiant d'absurdité, parfaitement sûr de lui, que je pourrais écraser du pied mais qui semble être le concentré d'une colossale énergie négative et malfaisante. Mon rire qui tient lieu de réponse lui convient très bien. Il n'insiste pas, c'était vraiment une simple proposition.
A cet instant j'ai déjà eu des visions négatives, qui ne durent jamais mais reviennent toujours brièvement. Si cette apparition a eu un effet, c'est plutôt de réduire la fréquence des mauvaises visions.
-> La bienveillante indifférence, neutralité des choses, l'absence totale de jugement.
Cela je l'ai en partie raconté dans le chapitre architecture. Je n'ai pas mis de guillemets car ce n'est pas une citation d'un message clairement entendu. Mais c'est un "enseignement".
Pour l'absence de jugement, je comprends aussi que lorsqu'on doit faire un choix, on a parfois peur de faire le mauvais. Mais en fait, il n'y a pas de bon ou mauvais choix. Ce qui compte, c'est de suivre le chemin choisi, sans regarder en arrière, quitte à se perdre. Parce que c'était ton chemin.
- Les petits films:
-> L'ascenseur de verre et l'accession sublime à la haute atmosphère
En synchro avec le morceau de musique, je suis élevée dans un ascenceur extérieur tout en verre ou matériau transparent. La montée se fait au rythme de la musique, posément mais implacablement, tout semble réglé et serein. Le plaisir est autant dans la prise d'altitude que dans la sensation d'être aux mains d'une mécanique parfaite. Puis, d'un coup, sans l'avoir perçu, je me retrouve au-dessus d'une fine couche de nuage irisé de couleurs à la fois douces et fluo, des roses, oranges, bleus et c'est un moment merveilleux de beauté, de sérénité. Hélas, ça ne dure que quelques secondes et le trip bascule sur du plus habituel (oublié, non marquant). Mais je comprends ce que progressive house peut signifier.
-> La mère et l'enfant mort dans la petite crypte
C'est une vision douloureuse.
Je vois une femme, entre 40 et 50 ans; plus précisément, je vois son visage, de profil mais en 2 dimensions seulement comme sur un médaillon, un très bas relief, en noir et blanc. Le visage exprime une profonde tristesse, le deuil d'un enfant. L'image se recule et la femme apparait en entier mais elle est recroquevillée, en position foetale, les bras croisés sur son ventre. Elle est infiniment triste et en même temps jalouse de sa douleur, qu'elle ne veut pas partager et qu'elle semble tenir contre elle. Sa douleur est telle que l'émotion qui en découle devient une sorte de consolation. C'est difficile de décrire cela mais ce n'est pas totalement triste.
Le plan suivant est une sorte de petite crypte en pierre, un vieux bâtiment circulaire de petit diamètre, à peine 2. Mais il monte assez haut, est ajouré et laisse passer beaucoup de lumière. Contre le mur se trouve un petit tombeau abandonné, sans fleurs ni nom. Le plan est fixe sur le tombeau, que je vois de côté. Puis l'image s'agite, vibre et doucement, un visage de petit garçon se forme et surimpressionne le tombeau. Le visage du petit garçon d'abord impassible s'éclaire soudain dans un sourire de joie pure et complète. Il a vu quelque chose arriver vers lui. C'est la femme de tout à l'heure mais beaucoup plus jeune. La joie et le sourire de la jeune mère sont eux aussi sans nuance et elle enlace le petit garçon. Une vision de bonheur parfait comme vous pouvez l'imaginer, et que je ressens au plus profond de moi, alors que ce n'était pas le cas pour la douleur.
-> la vision interne de gorges de femmes qui chantent et qui fusionnent avec l'intérieur d'une flèche de cathédrale
Bon le titre est pas super, j'avoue.
Sur un morceau de house avec voix féminines, solo et choeurs discrets. Quelque part au milieu de la chanson, je me retrouve encore une fois à l'intérieur d'un organisme inconnu dont les parois ondulent et vibrent. Je me rend compte que je suis positionnée au bas d'une gorge, très bas, plus bas que la base du cou, je ne sais pas comment ça s'appelle, trachée (?). Bref assez bas car ce qui se passe monte haut et je dois lever les yeux à la verticale. Enfin, à ce moment là je ne sais pas que c'est une gorge. Mais je réalise rapidement que c'est elle(s) qui chante(nt). Les voix sont d'une beauté indescriptible et à mesure que je m'en délecte, cet organisme, cette gorge se métamorphose en clocher d'église et les deux images fusionnent dans une harmonie et une évidence totale. Je suis en train de sacraliser la voix, les voix féminines, c'est divin sur le moment. Maintenant, si je garde le côté magique, j'y ajoute une pointe d'absurdité et de moquerie.
-> Le video clip de ma chérie (oui!)
Dans ce voyage de plusieurs heures, il y a eu une présence, en retrait, de côté, en vignette ou en sur-impression d'une jeune femme brune aux cheveux courts dont je ne distinguais pas toujours le visage mais que je reconnaissais sans hésiter, mon adorée, l'amour de ma vie. Je l'ai vue sous des formes diverses, par exemple en panthère rugir vers des choses que je ne voyais pas et dont elle semblait peut-être vouloir me protéger, je ne sais pas. Mais toujours avec ce regard pétillant d'ironie que je connais par coeur. Des apparitions fréquentes mais toujours brèves et jamais au centre de l'intérêt.
Sauf là.
Début d'un nouveau morceau, assez rythmé, hyper dansant. Et là; c'est incroyable, la voilà au centre de la scène. C'est un clip vidéo truffé d'effets spéciaux qui accompagne sa chorégraphie. Sa danse IRL est assez fantastique déjà mais là c'est juste magique. Elle est vêtue d'une combi bleu nuit scintillante à sequins dorés et argentés, qui lui colle au corps et le fond est d'un noir total dans lequel se fond sa coiffure. Je comprends que je n'ai vécu ce trip que pour ce moment, inoubliable et qu'elle est apparue là, au moment choisi par elle après s'être fait désirer sans doute.
-> moi, ado, avec un garçon dans le film, mes longs cheveux liquides et irisés et observation du point de vue de ma compagne
Pour la première fois je me vois clairement dans un trip. J'ai 14 ou 15 ans, encore les cheveux longs. Je suis au premier plan et je regarde la caméra (donc moi, normalement). Je suis de côté et la tête tournée vers la caméra, je souris comme j'en ai l'habitude, c'est à dire sans y réfléchir et stupidement. Mais c'est un sourire très agréable à regarder.
En arrière plan, un peu loin de moi, debout se tient un jeune homme, dans les 18, 20 ans. Je ne distingue pas trop son visage, ne reconnais personne de mémoire. Mais il se passe quelque chose entre nous. Il est torse nu, bien bâti et musclé mais sans plus, il a encore le corps d'un grand adolescent.
Plan suivant, le jeune homme s'est métamorphosé en une très haute et fine colonne d'eau verticale qui ruisselle. Je suis (assise, penchée, accroupie ?) positionnée au plus près de cette colonne et y mouille mes longs cheveux blonds. C'est manifestement l'été, il fait chaud et soleil. L'eau qui tombe est irisée d'arc-en-ciel et mes cheveux sur lesquels elle ruisselle fusionnent avec l'eau et le deviennent aussi.
Plan suivant. Retour au plan du début. Même position pour moi mais cette fois le jeune homme s'est rapproché dans mon dos. Malaise. Ou pas. Je passe les détails, d'ailleurs il n'y en a pas vraiment. Nous faisons incontestablement l'amour et c'est là que je réalise que la spectatrice n'est pas moi mais A., ma compagne actuelle. Pas d'émotions de sa part, juste la curiosité. De mon côté en revanche, vers la fin, le sourire s'estompe.
Dernier plan. Je me vois, plus âgée, sans doute plus que maintenant, en souffrance, sur le dos et les jambes relevées, trimballée sur un brancard des urgences.
Clap de fin.
Remarque : Une nouvelle fois – ça semble être systématique – les visions négatives et objectivement douloureuses ne m'affectent pas. Je les regarde avec intérêt mais indifférence.
-> Les civelles transparentes.
Oh il est joli celui-ci.
Dans l'eau, une rivière ou bord de mer, je vois des dizaines de bébés poissons, des sortes de civelles (?) mais parfaitement translucides. Elles ont des têtes de filles et sourient en ondulant gracieusement dans le courant.
La vision revient plusieurs fois. La dernière, je suis en descente de trip et les civelles se font bouffer sans rien dire par des crabes sans pitié.
Snif.
- La descente qui n'en finit pas. Le retour à la sérénité du ventre.
Le trip a été plus long que la 1ère fois. Prise à midi. Je vais me revoir dans la glace et constate que ma mydriase est toujours là, le noir change complètement mon regard, mon visage. Je décide de me prendre en photo et je consulte les textos de mes gardiennes à distance. Peu de temps s'est écoulé avant mes réponses donc aucune panique. Vers 17h, je suis encore dans une longue descente super agréable, douce et la musique me procure encore des sensations de fusion mais j'ai rouvert les yeux, je plane encore mais plus bas. Je pose ma main sur mon ventre, un peu au-dessus du nombril, là où se trouve mon petit soleil de sérénité. Je la retrouve, je me retrouve, je suis en paix. A. vient de rentrer et m'appelle doucement, me demande si je veux me lever car je viens de lui dire que le trip est fini. Mais il ne l'est pas tout à fait. Je lui rend une non-réponse qu'elle comprend et vient s'allonger près de moi. Je réalise enfin mon égoïsme et je partage ces moments avec elle. Je baisse la musique et nous mélangeons nos corps et nos âmes. Ensuite, je lui raconte tout et voilà.
Autres infos que je ne sais pas où écrire.
- Les larmes ont coulé sans que je m'en rende compte de suite. L'émotion, la joie; pas de tristesse.
- La psilo, ça n'endort pas. Quel bonheur ! ça n'a vraiment rien à voir avec le cannabis.
- Pas de fous rires. Lors de ces 2 trips, j'ai eu des débuts de rire injustifiés au début des trips, je les ai à chaque fois refoulés car je ne veux pas partir dans des fous rires stupides et interminables. ça fonctionne parfaitement et je peux faire un vrai beau trip psychédélique. Super !
Les effets post trip
Pas de sensation désagréable, la descente continu doucement plusieurs heures, toute la soirée. J'ai seulement une petite tension dans le crâne qui provoque une légère migraine, a peine perceptible.
Seul point négatif à noter : une difficulté à trouver le sommeil, une excitation mentale persiste, légère mais tenace.
Mercredi matin.
Sommeil court, 4 heures je pense. Au réveil je me sens brumeuse. Mais les premiers pas me réveillent complètement. Je sens que je n'ai pas assez dormi mais le plaisir d'une nouvelle journée emporte tout et je me sens vite prête à croquer la vie.
La journée se passe super bien. Le morale est au beau fixe, je me sens très proche des gens, plus que d'habitude et j'avais ressenti la même chose après le 1er trip.
Edit, jeudi 1 septembre, 22: 23 :
J+2
Aujourd'hui, j'ai ressenti une légère déprime, une sorte de mélancolie comme on ressent après un retour de vacances ou un lendemain de fête, quand les invités sont partis. Comme un petit creux émotionnel. Hier je flottais encore légèrement au-dessus du sol mais j'avais peu dormi, je crois que je fonctionnais encore sur l'excitation. La journée s'est bien passée, la soirée excellente mais elle a été un peu fatigante avec une petite fête d'anniv peu chargée mais éprouvante émotionnellement. Et ensuite j'ai dû compléter mon TR, malgré la fatigue, il fallait que je le termine.
Le contrecoup s'est donc fait ressentir aujourd'hui où je me suis sentie moins bien que d'habitude. Bizarrement, je me sentais seule alors que j'étais entourée et plutôt sereine quand j'ai été seule. Ce soir, après un peu de repos et de ressourcement, ça va très bien. C'était léger mais mérité d'être signalé ici.
Je ne me fais aucune inquiétude, après être montée si haut, le "down" est vraiment négligeable. Rien à voir avec une petite gueule de bois par exemple.
Si d'autres changements sont à noter je le ferai à nouveau comme sur mon blog pour le premier TR.
Edit: Mardi 6 septembre 1h du matin (J+6)
Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais j'ai la sensation permanente de porter le souvenir de ce voyage, à la fois dans ma tête et dans mon corps (le ventre plus précisément). C'est comme une sorte de présence presque physique, c'est à dire que je ressens comme un poids, qui diffuse en moi une douce sérénité. La sensation n'est pas intense mais évidente et permanente.
Après mon premier trip, qui fut moins fort et de loin, j'avais vers le 3ème ou 4ème jour, ressenti une sorte de manque, une envie d'y retourner alors que je savais que je devais attendre au moins 2 semaines. Pas très forte et pas du tout impérative mais je ne m'y attendais pas et ça m'inquiétait un peu. J'en ai parlé avec Laura et elle m'avait rassuré en m'expliquant pourquoi. Et puis c'est parti rapidement.
Cette fois-ci, je ne ressens pas du tout l'envie d'y retourner car ce 2ème voyage m'a donné une sensation de plénitude, de satisfaction, comme si mon attente, tout ce que j'espérais obtenir, m'avait été donné exactement. Sans que je sache quoi.
Une sorte d'accomplissement mais je ne sais pas quoi.
Il y a aussi autre chose. L'intuition, la conviction que si j'y retournais, cela gâcherait le souvenir et surtout le bien que j'ai tiré de ce voyage et que je "porte" en moi comme écrit plus haut.
En bref, je me sens un peu différente, en mieux et tout cela est bien agréable.
[size=medium]Je me fais peut-être des idées, c'est dans ma nature. Je verrai si cela persiste, évolue ou disparait.[/size]
[size=medium]Edit : jeudi 16 septembre (J+17)[/size]
[size=medium]Bien, tous les effets post-trip semblent avoir disparu. S'il en reste, je n'en suis pas consciente. Je me sens très bien mais comme avant le trip. L'envie d'en reprendre n'est toutefois pas revenue. Le souvenir agréable constitue une présence, simplement mentale, assez forte et je ne suis pas tentée par un nouveau trip. Le sentiment que ça pourrait tout gâcher persiste. Et bien sûr, à cela s'ajoute la raison, qui nous dit qu'il faut espacer les prises au maximum. [/size]
[size=medium]Les 2 sachets qu'il me reste vont donc partir à la poubelle et j'en recommanderai d'autres le moment venu.[/size]
[size=medium]A moins que je trouve le courage de consommer les champis que j'ai fait pousser puis stockés comme il faut et qui devraient se conserver longtemps. J'étais super contente de les voir grandir mais ensuite, après la récolte, les manipuler, les voir comme ça de près, ça ne fait pas envie de les manger ![/size]
***
MusiquesCi-dessous les 2 albums principaux du trip qui ont joué un grand rôle dans la réussite de ce voyage.
-> album: Best of Summer (2022) [The Purr]
[size=medium]-> album : Cafe Ibiza - The Cream of Balearic Cuisine [2006] [/size]
J'ai précisé les noms de 3 morceaux qui correspondent chacun à un des petits films décrits plus haut.
Jeu.
Sauras-tu trouver à quel film correspond chaque morceau ?
Poste tes réponses dans ce topic et tente de gagner un week-end chez le petit personnage qui voulait me proposer un bad trip.
1) Dkeymusik - Beyond the Horizon (Original Mix)
[video=youtube]
2) The Egg - Angel of My Soul
[video=youtube]
3) Miscosity - Flotation
[video=youtube]