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Témoignage d'une crackhead repentie

schtroumpfette

Psycho disparu·e
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11/6/07
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Dans une vie antérieure quoique pas si lointaine, j'ai été une crackhead comme on en voit à la télé, à la différence que moi, je ne me suis jamais prostituée pour avoir ma dose. Plus sérieusement, je mesure ma chance de m'en être tirée sans plus de séquelles qu'un compte en banque vide, et un énorme manque de confiance envers ma capacité à gérer le potentiel addictogène de certaines drogues. Ma motivation en écrivant ce post n'est donc certainement pas de me la péter genre madame-je-sais-tout-je-sais-même-comment-arrêter-le-crack-t'as-vu ; bien qu'il va sans dire que je suis contente et même fière d'y être parvenue. Je serais plus que ravie si la lecture de ce post pouvait donner l'espoir et le courage à ceux qui en ont besoin pour faire de même, et décourager ceux qui seraient tentés de commencer, mais je ne veux faire la morale à personne, simplement apporter mon témoignage sur ce que j'estime avoir été la plus grosse connerie que j'ai faite de ma vie : fumer du crack.


Pourquoi j'ai commencé, au fait ?
Bonne question. La réponse est pas vraiment flatteuse, mais autant être honnête : j'avais 21 ans, mais pour tout un tas de raisons que je n'expliquerai pas ici, j'étais encore très jeune dans ma tête. Plus ou moins en froid avec ceux qui avaient été mes amis les plus proches durant mon adolescence, je m'étais fait une bande de potes en traînant dans le milieu des free parties bruxelloises. La plupart étaient plus âgés que moi, sortaient depuis plus longtemps, se connaissaient entre eux depuis un moment, avaient leurs appart', des platines, de la popularité... Moi j'arrivais dans ce cercle un peu comme un cheveu dans la soupe (enfin, c'est comme ça que je le ressentais), je manquais de confiance en moi, j'aurais tout fait pour me sentir intégrée au groupe.
Je savais que certains fumaient de la coke, mais même si je passais pas mal de temps avec eux, notamment en after, jamais je n'avais participé à une de ces séances, qui pour moi restaient un mystère. Un truc d'anciens, d'initiés, qui attisait ma curiosité autant que mon envie. On m'avait pourtant mise en garde contre le potentiel addictif, mais dans ma tête je crois que la dépendance restait un concept plutôt abstrait, quelque chose comme un risque vague et lointain qui concerne peut-être les autres, mais que je saurais éviter. Quelle prétention, quand j'y repense! Jusque là, j'avais consommé pas mal d'ecstas, de MDMA et de speed, j'avais pris deux fois de l'acide, une fois des champignons, une fois une fois de la kétamine... Pour une fois, j'avais un peu de sous à cette époque-là, et depuis mon anniversaire quelques mois plus tôt, j'avais pris l'habitude d'acheter un ou deux sachets de coke qu'on sniffait pendant le weekend avec un ami – appelons-le T. Lui m'avait dit avoir déjà fumé deux ou trois fois, et avoir beaucoup apprécié l'effet. J'avais été un peu jalouse mais je n'avais rien dit.

Comment j'ai commencé ?
Un jour, je passe l'après-midi chez T. avec M., qui propose de baser. T. est partant.
- Je veux bien aussi essayer, dis-je timidement.
- Essayer ? C'est la première fois ? s'étonne T. à qui j'avais tout fait pour le cacher jusque là.
- Tu es bien sûre que c'est ce que tu veux ? s'enquiert M.
Je confirme, d'une voix plus résolue. A la fois fascinée par ses gestes et écoeurée par l'odeur, je le regarde faire sa cuisine pendant que T. improvise une pipe dans une bouteille, tout en commentant les opérations réalisées par M. : « Heureusement qu'il est là ; moi, je ne sais pas comment faire, et je ne tiens certainement pas à apprendre ! ». J'approuve : c'est sans doute mieux comme ça.
Une fois l'opération terminée, M. dispose des cendres sur le foyer de la pipe, choisit un petit un caillou, porte la pipe à sa bouche et approche la flamme d'un briquet. Je le regarde inhaler la fumée qui se forme, la retenir dans ses poumons un moment qui me paraît interminable, puis lentement la recracher. Je regarde ensuite T. faire la même chose. Quand il a finit, je lui demande de préparer la pipe pour moi. Le corps arqué, les yeux révulsés, le souffle court, il me fait signe d'attendre. Il savoure sa taffe, ça se voit. Avec un mélange d'impatience et d'appréhension, j'attends qu'il me tende la bouteille. Je suis les instructions qu'il me donne pendant qu'il approche la flamme du briquet des petits cailloux blancs qui crépitent. En inhalant la fumée, je suis surprise de lui trouver un goût frais et léger. Je la garde un moment, et pendant que je la recrache je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale, et venir chatouiller mes neurones.
- Ah ouais, c'est sympa, je fais.
Mais en moi-même, je me demande : « alors, c'est juste ça ? ».
Quand la pipe repasse, je prends une taffe plus grosse, et cette fois je ressens mieux le bazar. C'est quasi instantané, comme le souffle chaud d'une explosion, un genre d'orgasme cérébral – Bang!, giclée de dopamine – qui laisse pantelant durant plusieurs minutes. A la troisième taffe, re-bang. A la quatrième, je choisis un caillou plus gros. Re-bang.
Je ne sais plus combien il y a eu de tours ce jour-là, mais je sais que M. a refait deux autres fournées, et que toute la coke qu'on avait ce jour-là y est passée...

Comment je suis tombée dedans, alors ?
Autant casser le mythe tout de suite : non, on ne devient pas accro à la première prise. Mais sans doute quelque part entre la troisième et la dixième, si elles sont suffisamment rapprochées et qu'on a les moyens d'entretenir cette nouvelle habitude. Pour ma part, ça s'est fait de manière assez insidieuse, sans trop que je me rende compte de quoi que ce soit. J'image qu'inconsciemment, j'avais choisi d'ignorer les signaux qui auraient pourtant dû m'avertir de l'imminence du danger.
Lorsque deux semaines après cette première fois, j'étais retournée chez T. et qu'il avait proposé de baser la coke qu'on venait d'acheter tous les deux,j'avais rigolé en lui disant : « Ah ben ça y est, je vois que t'as appris à le faire toi-même maintenant ! ».Je ne me suis pas plus alarmée de me voir répéter l'opération une fois seule chez moi, que je ne me suis inquiétée de voir la fréquence de nos séances augmenter, en même temps que diminuait l'intervalle entre chaque taffe, et l'intensité du rush de celles qui suivaient la première de chaque séance.
Ce n'est véritablement que lorsque je suis arrivée à court de liquidité que j'ai commencé à envisager l'éventualité que peut-être je dérapais... Mais je me trouvais à chaque fois de bonnes occasions pour fumer encore une fois, autant de bonnes excuses pour ne pas arrêter. Bref, plutôt que de me remettre vraiment en question, j'ai trouvé plus simple de ne rien changer à mon comportement, sauf le compte en banque depuis lequel je puisais les 100 à 250 euros nécessaires chaque semaine.Mon compte courant était alors alimenté exclusivement par mes parents pour couvrir les frais quotidiens de ma vie sur le campus de l'unif, dans une autre ville. A ce rythme-là, j'ai eu tôt fait de le vider. Je suis alors passée à mon compte épargne, sur lequel il y avait quelque chose comme 4000 euros, une somme non négligeable pour une jeune étudiante issue d'une famille aux revenus modestes.Somme qui devait servir, dans l'esprit de mes parents et le mien, à me payer une voiture, des meubles, une garantie locative, ou quelque chose dans ce style ; et qui est littéralement partie en fumée,en l'espace de même pas cinq mois ! Je me souviendrai toujours de ce mois de mai (j'avais fumé ma première base début février)où je me suis retrouvée à court d'argent dès le 03. J'ai dû prendre sur moi et gratter des sous à droite à gauche pour pouvoir manger. Et bien sûr une grosse partie de l'argent qu'on me prêtait allait dans la coke...
C'est là que j'ai décidé qu'il fallait que je me reprenne en main. Mais comment faire ?Je voulais freiner mais je n'avais aucune idée de comment m'y prendre, engluée dans une addiction psychologique bien plus forte que tout ce que j'avais pu imaginer jusque là. On a beau connaître la définition du terme « craving », on n'en comprendre réellement le sens que lorsqu'on a vécu cette envie, ce besoin irrépressible, impérieux, obsédant, qui s'infiltre dans la moindre pensée et n'accorde un court répit que lorsqu'on y cède, malgré qu'on s'était juré de ne pas le faire et qu'on ait parfaitement conscience de s'enfoncer chaque fois un peu plus profondément dans la dépendance. Les examens approchaient, j'étais sensée être en plein blocus, et assise devant mes cours je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à ça. Je négociais avec moi-même : « allez,j'étudie ce chapitre, et puis après on verra... ». Sauf que je me levais sans avoir fini le premier paragraphe, en route vers chez le dealer... Franchement, je ne sais pas comment j'ai fais pour réussir cette année-là.


Comment j'ai arrêté,finalement ?
Au début, je me suis sentie découragée, totalement désarmée, complètement dépassée.Seule, le problème me paraissait insurmontable. J'ai alors voulu demander de l'aide, mais je me suis vite rendu compte qu'à part les encouragements même sincères que m'adressaient les membres du forum, il n'y avait pas grand chose comme aide à espérer de l'extérieur. S'il y a une chose que j'ai appris, c'est que face à l'addiction, et peu importe à quel point on peut être bien entouré,ben on reste tout seul. Attention, je ne dis pas que l'entourage n'aide pas un peu, c'est important de se sentir soutenu, mais au final, arrêter, c'est un truc que personne ne peut faire à la place de quelqu'un d'autre. Le plus gros du travail doit venir de soi. J'ai mis du temps à accepter ça. A accepter que j'étais seule face à mon problème et que si je voulais m'en sortir, il fallait que moi,je me bouge le cul, parce que personne ne le ferait à ma place. Ce n'est qu'à partir du moment où j'ai compris et accepté ça que j'ai commencé à entrevoir le bout du tunnel. Ça ne s'est pas faite n un jour. Mais petit à petit, ça faisait son bout de chemin dans ma tête : « tu t'es foutue seule dans la merde, ben tu vas t'en sortir seule, comme une grande. Tu peux y arriver ! ».
Au prix de très gros efforts, j'ai commencé par diminuer la fréquence et la quantité de mes séances. De quatre à cinq fois par semaine je suis repassée à deux ; de deux à trois grammes chaque fois je suis repassée à un seul. Puis les vacances sont arrivées. J'avais prévu d'aller à Dour, et je savais que c'était mission impossible d'arrêter en allant là-bas. Je me suis dis : « okay, tu t'accordes jusqu'à Dour, tu profites pendant le festival, mais ce sera la dernière fois que tu fumes de la coke ». Et c'est ce que j'ai fais.
Les premiers jours aprèsDour ont de toute façon été noyés dans le brouillard d'une descente que les habitués du festival connaissent bien. C'est ensuite que la véritable bataille a commencé. Pendant des jours,des semaines, je ne parvenais pas à penser à autre chose qu'à ça.Le craving était omniprésent dans mon esprit. Mais j'ai mordu sur ma chique et j'ai tenu bon. Et petit à petit, au bout de quelque chose comme deux mois, la force d'attraction s'est fait moins forte.Je me suis surprise à ne pas penser à la coke pendant un jour entier. C'est arrivé de plus en plus souvent, et les jours se sont transformés en semaines...


Et maintenant ?
Cela va faire trois ans que j'ai arrêté. Après tout ce temps, je m'estime tirée d'affaire, mais pas guérie ; je doute de l'être jamais complètement. Mais cela m'est égal : je préfère de loin l'abstinence à la rechute. Et j'ai pour principe de ne jamais commettre deux fois les mêmes erreurs, donc on ne m'y reprendra pas de sitôt.
 
Merci beaucoup Schtroumpfête pour ce touchant témoignage. Ça a du te permettre d'en apprendre beaucoup sur toi. Dans le sens où tu as trouver et délier la boucle. Tu t'es démerder pour t'en sortir dès que tu t'es senti pièger. Je t'en félicite bien que ce soit déjà passé. Et j'espères que tu ne croiseras plus de pipe à crack.
 
:)

(non cey pas du flood!)

edit:
Bon ok un peu quand même, alors plus sérieusement je suis content de connaitre la relation que t'as entretenue avec la pipeuse. Really!
Je savais que t'avais eu une sale période mais j'osais pas trop te demander quoique ce soit par rapport à ça, je crois que c'était quand tu t'en sortais depuis peu. Oh, Ca remonte...
En tout cas ça fait un beau témoignage de plus! Et te 'connaissant' je sais qu'il est totalement honnête suis-ci.

J'aimerais que tu détailles plus, mais je vais ranger ma curiosité.  
La bis' Schtroumpfette.
 
Stonix : "ce qui ne te tue pas te rends plus fort" ... oui et non. Oui j'ai appris sur moi-même, donc quelque part j'en ressors plus forte, mais ce que j'ai appris c'est justement que je suis moins forte que ce que je croyais au début, tu vois?
Donkey, si t'as encore des questions, n'hésite pas à les poser, j'y répondrai dans la mesure du possible.
Mario : bah oui, le trou de 4000 euros, quand tu débutes dans la vie et que t'as pas des parents super riches, tu le sens bien. Là j'ai 24 ans, je termine mes études, j'suis en train de chercher un logement, et j'peux te dire qu'ils me manquent, mes 4000 euros! Enfin c'est la vie, comme on dit, et ça va pas m'empêcher de faire ce que je veux de la mienne, mais bon, c'est un obstacle qu'avec le recul, je me dis que j'aurais mieux fait d'éviter, quoi.
 
Et bien connaitre ses limites est une force.
 
Bravo pour t'en être sortie sans jamais retomber dedans!
Merci pour ton témoignage, ca devrait en dissuader plus d'un en tout cas...
J'ai déja basé mais en voyant la force du truc j'ai préféré ne pas recommencer. Je réalise que j'ai eu du bol finalement!

schtroumpfette a dit:
Stonix : "ce qui ne te tue pas te rends plus fort" ... oui et non. Oui j'ai appris sur moi-même, donc quelque part j'en ressors plus forte, mais ce que j'ai appris c'est justement que je suis moins forte que ce que je croyais au début, tu vois?
Tu en ressort justement plus forte : la vraie force, la connaissance. La sagesse, après tout, c'est "savoir que l'on ne sait pas" ! :yawinkle:
 
Très émouvant, content que tu t'en sois sorti, ça fait toujours plaisir de voir que l'on peut surmonter l'addiction.

Merci du partage, ça fait réfléchir.
 
Je ne pensais pas te voir un jour nous gratifier de ton histoire (et pourtant, ça m'intéressait, ne serait-ce que parce que je savais que toi, tu écrirais un texte "nickel" => c'est pas une critique quelconque pour d'autres, hein, juste que Schtroumphette a de bonnes raisons de bien manier la plume -et le clavier- et que c'est toujours agréable quand elle s'y colle !)... Je tiens à préciser pour les lecteurs assidus qu'il y a, genre, deux ans (? grosso modo) je clamais moi aussi ne pas pouvoir devenir acro - gné gné gné (alors c'est vrai que j'ai fait montre d'une grande résistance à ce niveau, mais... ça t'attrape quand même, résistant(e) ou pas !), et que je m'étais un peu fait engueuler par la-dite Schtroumphette pour certains propos que j'avais eu à ce sujet. A l'époque je n'avais pas plus fait gaffe que ça à sa mise en garde, mais je peux joindre ma voix d'ancienne tox à la sienne maintenant : quelle que soit la vision de l'addiction que vous avez, et le rapport que vous songez avoir avec la ou les drogues, le contrôle finit toujours par déraper si on se laisse aller à l'abus, et ce quel que soit le prod (du shit au crack en passant par la rabla)... Enfin non attendez, je voulais pas ramener ma morale-minute, je voulais juste dire : écoutez Schtroumphette (et en plus elle écrit bien) .
 
Wouah, merci pour ce témoignage. Je ne sais pas trop quoi dire d'autre. Juste merci de le partager. Et comme dit Supervixen, en plus c'est bien écrit.
 
non, on ne devient pas accro à la première prise. Mais sans doute quelque part entre la troisième et la dixième, si elles sont suffisamment rapprochées et qu'on a les moyens d'entretenir cette nouvelle habitude.
+ 1

Mésaventure très semblable vers mes 26 ans, heureusement que pendant trois mois. Super témoignage ! (en le lisant, j'ai eu un frisson de dégout !).
 
Réussir à arrêter sans que l'on est vraiment envie avec les pensées incessantes sur le prod, respect !

Sinon tu n'as pas parlé de ton environnement, enfin je pense que pour toute addiction il faut le logement et le temps, je me rappelle avoir lu dans d'autre topic que tu tapais des traces à la fac...c'est vrai qu'il y a un côté excitant à ça arf !

Je me demande dans quelle condition tu as arrêté après Dour, tu es retourné chez tes parents pour te sevrer ou tu as pleinement assumé le fait de décrocher seule dans ta piaule universitaire (là où personne n'arrête la dope normalement...) ?

A accepter que j'étais seule face à mon problème et que si je voulais m'en sortir, il fallait que moi,je me bouge le cul, parce que personne ne le ferait à ma place. Ce n'est qu'à partir du moment où j'ai compris et accepté ça que j'ai commencé à entrevoir le bout du tunnel

Une fois cet état d'esprit atteint c'est tout bon, mais faut l'atteindre...en avoir plus qu'envie, faut que ça devienne un besoin, pour moi arrêter ça passe par là.

Quand j'ai compris qu'arrêter allait être plus compliqué que le simple fait d'y penser, je me suis toujours dis que je stopperais lorsque je n'aurai plus d'argent, mais j'en ai toujours trouvé, et ça même quand j'en avais soi disant plus...

Le meilleur moyen que j'ai trouvé pour ne pas sombrer c'est de ne jamais rentrer dans une phase trop longue où je commencerais à taper tous les jours (genre les vacances c'est bien une semaine, deux maxis =), comme dis on ne devient pas accro la première fois...

Et aussi, niveau séquelles ça a donné quoi, enfin ça se voyait de l'extérieur que tu te droguais, sinon à récupérer un état mental stable ça t'a prit combien de temps, genre les repères temporels surtout, te rephaser avec la réalité...ne plus devoir prendre un calendrier pour se rendre compte qu'il ne s'est passé qu'une semaine et non un mois... tu avais des bégaiement lorsque l'émotion te prenait au cours d'une discussion (par exemple en parlant d'un thème que tu kiffes grave), et physiquement à t'en remettre ça a prit du temps ?
 
Joli témoignage.
Il me sera utile.
Etant un gros noob de la C, je savais que la fumer engendrait des problèmes bien plus complexes que la prise nasale mais ... tout cela restait flou pour moi (je ne suis pas dans un milieu où les prods tournent autour de moi simplement).
Ce qui m'a frappé dans ton écrit, c'est ton insistance sur le "comme à la télé". Ca permet de mettre les pendules à l'heure très rapidement et de s'imaginer plus aisèment la suite de ton chemin.

Si un jour je tombe le nez dans la C, je penserais à toi quand j'aurais envie d'essayer de la fumer et peut être, je l'espere, que je me roulerais un simple bédot plutot que de m'enfiler cette saleté, aussi belle la décharge de dopamine doit être.

J'aspire à une vie meilleur que celle que j'ai eu par le passé et je vous avoue que beaucoup de topic sur ce forum agissent comme un gros frein sur certaines de mes envies.
Pour celà, merci à vous et merci Schtroumpfette.
 
Très très bien écrit, très instructif je te remercie Shtroumphette!

Sinon je voulais savoir, c'est surement très personnel mais, tu pourrai nous dire 2 mots sur ta consommation de produit stimulant avant et après cet "épisode"? Les montées des autres produits doivent te paraître bien fade? Y'a aussi le danger même si c'est moins déstabilisant de se retrouver a taper a outrance tout ce qui stimule de près ou de loin, et ça ça dois pas être de la tarte a esquiver.
 
Supervixen a dit:
Je tiens à préciser pour les lecteurs assidus qu'il y a, genre, deux ans (? grosso modo) je clamais moi aussi ne pas pouvoir devenir acro - gné gné gné (alors c'est vrai que j'ai fait montre d'une grande résistance à ce niveau, mais... ça t'attrape quand même, résistant(e) ou pas !), et que je m'étais un peu fait engueuler par la-dite Schtroumphette pour certains propos que j'avais eu à ce sujet. A l'époque je n'avais pas plus fait gaffe que ça à sa mise en garde, mais je peux joindre ma voix d'ancienne tox à la sienne maintenant : quelle que soit la vision de l'addiction que vous avez, et le rapport que vous songez avoir avec la ou les drogues, le contrôle finit toujours par déraper si on se laisse aller à l'abus, et ce quel que soit le prod (du shit au crack en passant par la rabla)...

Ouais, je me souviens aussi de l'une ou l'autre discussion... Pas qu'avec toi d'ailleurs. D'autres personnes ici balayant d'un "tracasse, c'est pas mon genre de tomber accro" les mises en gardes qui leur étaient faites, à juste escient comme il s'est avéré par la suite. Dommage que pour tout un tas de personnes (dont je fais partie!), on ne croit que ce que l'on vit.

Laura Zerty a dit:
Sinon tu n'as pas parlé de ton environnement, enfin je pense que pour toute addiction il faut le logement et le temps, je me rappelle avoir lu dans d'autre topic que tu tapais des traces à la fac...c'est vrai qu'il y a un côté excitant à ça arf !

Je me demande dans quelle condition tu as arrêté après Dour, tu es retourné chez tes parents pour te sevrer ou tu as pleinement assumé le fait de décrocher seule dans ta piaule universitaire (là où personne n'arrête la dope normalement...) ?
La semaine, je logeais en "kot" (une chambre individuelle dans un logement universitaire où on partage les commun). Je revenais chez ma mère le weekend pour faire ma lessive, et pendant les vacances parce que ma petite ville universitaire se transforme en ville fantôme en dehors des périodes de cours, et que sans voiture c'est mortel. C'est sûr que j'étais plus libre de fumer quand j'étais à mon kot (mes coloc' de cette année-là en ont vu des vertes et des pas mûres avec moi quand j'y repense!), mais je le faisais aussi quand j'étais chez ma mère, alors que sa piaule est à côté de la mienne et que j'étais en pleine parano qu'elle se rende compte de quelque chose à cause de l'odeur d'amo. Du coup je m'enfermais dans le noir, fenêtre ouverte mais rideaux fermés, à l'affût du moindre bruit. Super état d'esprit, vraiment!
Pour arrêter, ça m'arrangeait d'être chez ma mère. D'abord, j'ai dormi blindé, ce qu'elle a pris pour le contre-coup normal du festival, et puis j'ai pu faire l'ermite tout en profitant des bons petits plats qu'elle me préparait, j'avais besoin de m'occuper de rien, et c'était moins dur de tenir dans ces conditions que si j'avais été livrée à moi-même.

Bijord a dit:
Sinon je voulais savoir, c'est surement très personnel mais, tu pourrai nous dire 2 mots sur ta consommation de produit stimulant avant et après cet "épisode"?
Avant, je tapais déjà du speed mais uniquement dans un contexte festif, pour tenir le weekend et faire la teuf du vendredi au dimanche. J'avais déjà eu des périodes d'abus, mais toujours circonscrites aux vacances d'été (l'enchaînement des fêtes de la musique, des festivals, tekos et compagnie...). Quand j'me suis mise sérieusement à la coke, j'ai complètement arrêté le speed ; et quand j'ai arrêté la coke j'ai compensé en re-prenant du speed, et aussi plein de psychédéliques (c'est cet été-là que j'me la suis le plus collée aux trips, et que j'ai entr'aperçut le côté obscur de l'acide). Je crois que c'est à la session d'examens qui a suivi la rentrée que j'ai pris la mauvaise habitude de booster chimiquement mes révisions. Ce qui m'a effectivement mené l'année d'après à taper du speed régulièrement dans les chiottes de la fac, vu qu'au lieu de cours magistraux sanctionnés par un examen en session, j'avais à présent surtout des cours pratiques où j'étais évaluée sur les exercices à réaliser en cours d'année. Vous imaginez le vice...

Bijord a dit:
Y'a aussi le danger même si c'est moins déstabilisant de se retrouver a taper a outrance tout ce qui stimule de près ou de loin, et ça ça dois pas être de la tarte a esquiver.
Effectivement, avec le temps j'ai développé une dépendance générale aux stimulants, et lorsque j'arrête d'en prendre je passe d'office par une période de "sevrage" d'une quinzaine de jours où je ne fais que dormir, manger, pisser, chier, mais surtout dormir, le temps que mon organisme récupère un rythme normal. Pas que ce soit spécialement pénible d'en passer par là, mais c'est surtout très long : on a pas forcément tout le temps 15 jours à bloquer sur son calendrier pour dormir...
 
Merci Schtroumpfette pour ce récit vraiment très intéressant et remarquablement écrit, je ne fais pas dans l’originalité en te disant cela mais à quoi bon enrober la réalité ?

C’est curieux que je lise ça aujourd’hui, je ne me promène plus guère souvent sur ce forum car, soyons réaliste, je ne suis pas/plus un psychonaute. Tout ce que je recherche dans mes consos diverses et variées, c’est l’anéantissement de mon esprit et, avec un peu de chance de mon corps.

Je ne vais pas revenir sur mon histoire, c’est long (et chiant) mais en très gros j’ai commencé avec l’alcool et l’éther à 16-17 ans, je suis passé par l’héro (j’ai arrêté il y a +/- 1 an rabla et méthadone) et là je vais avoir 30 ans dans un mois et je suis perdu dans le crack.

Ta description du craving est terriblement juste, je ne pense qu’à ça et pour cause, je n’ai pas « cracké » (comme disent les ‘jeuns, avec un cynisme de tox qui me fait peur) depuis 3 jours. Pourquoi ? Car je n’ai plus une thune mais alors plus une, j’ai gratté à manger à mère, sans ça je ne sais pas comment je ferais.
En fait je dis que je ne pense qu’à ça car je n’ai pas consommé depuis 3 jours mais c’est complètement hypocrite de ma part, en fait le craving est si fort qu’à peine la dernière taffe avalée, je me surprends à chercher des éventuels cristaux tombés à terre et à gratter mes cuillères avec acharnement.

J’ai déjà souvent été en manque de rabla/méthadone et c’est horrible, aussi bien physiquement que mentalement mais c’est tellement « clair » que c’est ça… je ne sais pas comment expliquer ça clairement mais en gros je me disais : une gélule de méthadone et c’est fini. Je voyais une issue en fait. La C c’est beaucoup plus insidieux, c’est une envie, une pulsion quasi irrépressible, une putain d’idée fixe. Là j’écris mais je pense « demain ou après-demain je touche » et associé à cette idée « pourquoi ne pas investir dans 5 g » (notez le terme « investir », un autre cynisme toxico typique).

Je suis vraiment fatigué, de toute mon âme.

Fatigué de courir pour vendre mes affaires pour une bouchée de pain histoire d’acheter ½ g qui sera évaporé en ¼ d’heure.

Fatigué de marcher des heures en pleine nuit, en pleine descente pour ce ½ g.

Fatigué de calculer : si j’achète 2 g il me reste 25 € pour manger cette semaine et quand même retourner acheter ce demi par la suite.

« J’en ai plein le cul », c’est l’expression qui revient en boucle dans ma tête en ce moment.

Et quand je lis ton témoignage, Schtroumpfette, je m’y retrouve, sauf que ta description de l’odeur de l’ammoniaque chaud et des cailloux sur la bouteille me donne envie de taffer plus qu’autre chose, je ne crois pas que j’ai la volonté d’arrêter et c’est la seule voie de sortie.

Je ne pense pas que mon témoignage soit constructif, mais je n’ai rien fait de cet ordre depuis longtemps.

Dans la balance vie/mort la seule chose qui me manque autant que la pulsion de vie est l’envie de mort.

Pour mettre un point final.
 
Arf, pas cool de lire d'aussi mauvaises nouvelles. :/
Crois-moi, je connais bien ce que t'endures, et j'étais aussi désespérée que tu ne l'es. Si j'hésitais à écrire mon témoignage, c'est en partie parce que j'avais peur de me retrouver confrontée à d'autres comme le tien. Parce que malgré que je sois passée exactement par là où tu passes (ouais, brader ses affaires pour un demi gramme, j'en ai pas parlé mais je connais...), ben je trouve quand même pas les mots qu'il faut pour te remonter le moral. Je ne peux que te dire courage, ou tant d'autres choses qui te sembleront vides de sens. Mais crois moi, il y a moyen de s'en sortir, c'est pas des paroles en l'air. Tu as la capacité de le faire, comme je l'ai eue à ce moment-là. Hésite pas à me contacter en privé si le coeur t'en dis.
 
Ah mais tu es une grosse furieuse en faite toi !!!

Oui je vois le genre, j'arrête l'un pour l'autre...dès que je stoppe les psychés je compense avec les stims ou les drogues de soirées, et lorsque je stoppe les stims je me cartonne au cannabis quotidiennement et à l'alcool en soirée, et si je veux arrêter ça, je fais du sport à balle pour compenser et me défouler. Au final faut juste que je me fatigue, mais la méthode employée n'est pas la bonne arf.

Pour l'état d'esprit du sale drogué qui se cache dans sa piaule je vois bien, Dirt Me !
 
Laura Zerty a dit:
Au final faut juste que je me fatigue, mais la méthode employée n'est pas la bonne arf.

Pourquoi ne pas plutôt canaliser cette énergie dans quelque chose qui te plaît ?

Sinon Third_Eye, désolé d'apprendre que t'es tombé dans ça..je me souviens de ton témoignage il y a quelques mois, tu étais clean et avait même fait l'effort de balancer ton carnet d'adresse qui pouvait te faire retomber...
Je sais que c'est 2 produits tout à fait différent, mais si tu a réussi une fois avec quelque chose d'aussi difficile que les opiacés, je pense vraiment que tu a la possibilité d'arrêter le crack..
3 jours de gagnés...profite-en...insiste un peu plus...allez mec, te laisse pas abattre stp !

Pour la petite histoire, j'ai un pote qui était parti vivre au Canada, et à commencé à taper de la C là-bas (prix bas, livraison à domicile et tout) et rapidement ses potes de défonce lui ont appris à basé.
Quand je l'ai vu à l'aéroport, il m'en à beaucoup parlé...il était marqué clairement, et sur un coup de tête et un moment de lucidité à pris son billet ALLER pour la France (sachant qu'il connaissait personne ici qui pourrait lui en vendre).
Aujourd'hui il va bien et n'a jamais retapé..en même temps, il a évité au maximum les occasions ou il savait que la coke circulerait...
 
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