Les drogues peuvent sûrement ponctuellement améliorer des conditions, et ils sembleraient qu'elles améliorent la vie de plein de gens. Mais je trouve qu'elles ont un effet pervers de réduction des facultés en état de sobriété, ou du moins son illusion.
Par exemple : il y a fort fort longtemps, je n'avais jamais entendu parler d'amphétamine et l'on buvait un café avant d'aller en soirée. Sur le retour on était fatigué et c'était la vie. Au cours de ces dernières années, j'ai remarqué que des consommateurs réguliers d'amphet, des gens plus costauds que moi qui suis une petite frappe, n'envisageaient plus de sortir sans leur gramme de speed pour tenir, ni de repartir sans la petite trace pour se donner du courage. Pourtant, je n'ai aucun doute sur le fait que leur corps leur permettait sans souci d'assumer une nuit de débauche sans arôme ajouté (on n'est pas dans des cas de dépendance, sinon psychologique peut-être). Mais c'est comme si ces personnes avaient oublié qu'elles en étaient capables.
De la même façon, nous sommes énormément à ne plus envisager de pouvoir s'amuser sans alcool (ou un autre psychotrope moins courant lorsque l'ambiance le permet).
Ou alors, surmonter une crise d'angoisse oui c'est difficile, et gober un benzo c'est clairement ressenti comme une amélioration. Mais à force, est-ce qu'on n'oublie pas qu'on est capable de s'en sortir par soi-même ? Est-ce que ça ne finit pas par nous faire sentir diminué, incapacité, par altérer l'image qu'on a de ses propres forces ? (je ne sais pas, je fais rarement des crises d'angoisse)
C'est comme s'il y avait une sorte d'homéostasie mentale, au début la drogue améliore la vie, mais une fois prise l'habitude (et je ne parle pas de dépendance ou de tolérance) elle n'est que le mode par défaut à côté duquel la sobriété semble une détérioration de la vie.
En conclusion, je dirais qu'il faut faire attention, lorsqu'on prend des drogues, à ne pas oublier qu'on est capable de vivre sans elles.