Tout ce dont nous venons de parler est temporaire et doit disparaître en quelques jours. Malheureusement, il arrive qu’une prise de drogue ait des répercussions à plus long terme.
- La dépersonnalisation et la déréalisation (DP/DR) sont des états où l’on se sent étranger à soi-même ou à l’environnement, où tout semble artificiel et ressenti comme de loin. Le quotidien est bizarre (DR) ou l’usager ne se reconnaît plus (DP). Cette condition survient généralement après une consommation abusive ou un trip traumatisant, avec une durée variable. Souvent très mal vécue, elle peut entraîner une perte de sens et de goût à la vie, de la dépression, du décrochage social… Mais il est important de ne pas renoncer à ses activités et à ses liens sociaux : avec de la patience, les sensations finissent par se raccorder. Des pratiques d’ancrage comme la méditation de pleine conscience peuvent aider, tout comme le dialogue avec d’autres concerné/e/s afin de se sentir moins seul.
- Les répercussions sur l’audition, comme les acouphènes ou les baisses auditives, sont plus fréquentes qu’on ne le croit et peuvent entraîner une sérieuse altération de la qualité de vie. Le lien avec la drogue ? Les produits festifs (stimulants, empathogènes…) qui nous poussent à profiter du son au-delà du seuil sanitaire, alors même qu’ils peuvent rendre l’oreille plus fragile. En cas de sensation auditive inhabituelle, aller voir un ORL dans les 72h après l’exposition réduit considérablement le risque de persistance. Mais la première solution, c’est la prévention : se protéger du son, rester à distance des caissons, faire des pauses et éviter certaines substances comme le 4-FA.
- Il est aussi possible d’avoir des hallucinations visuelles longtemps après la fin d’un trip. Généralement bénignes, il peut s’agir d’ondulations, de traînées lumineuses ou de « neige visuelle » se manifestant dans un épisode de stress ou de fatigue et diminuant dans le temps. Lorsque ce problème se prolonge et devient envahissant, on parle de syndrome post-hallucinatoire persistant (HPPD). Comme on n’en connaît pas encore les mécanismes, la seule solution serait de cesser toute consommation de psychotropes… et d’être très patient.
- Il est par contre physiquement impossible de « rester perché » : chaque substance a une durée d’action déterminée et, quand c’est fini, c’est fini. Néanmoins, tel un tank dans un magasin de porcelaine, la drogue laisse parfois des dégâts importants. Un bad trip, des dosages trop élevés ou une prédisposition de l’usager peuvent entraîner l’apparition de troubles mentaux. Il s’agit alors non pas des effets de la drogue, mais de ses répercussions une fois qu’elle a cessé d’agir sur l’organisme. Un abattement persistant, un changement brusque et néfaste des habitudes ou des discours délirants doivent absolument alerter l’usager ou son entourage : nombre de souffrances peuvent être évitées avec une prise en charge adaptée.