Paulo91
Neurotransmetteur
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- 15/7/12
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Bonjour à tous,
Je vais raconter ma 3ème prise de LSD qui a eu lieu de ce weekend, et qui a démarré le matin. J'avais déjà eu 2 expériences à l'acide, très sympathiques et enrichissantes, sans être non plus extraordinaires.
Disons que jusqu'à ce weekend, j'avais un bon aperçu de ce que pouvait donner un trip à l'acide. Mais cette fois, j'ai atteint un tout autre stade.
Je n'ai jamais pris d'autres hallucinogènes.
Set & Setting
Je me retrouve après une nuit à boire pas mal avec un pote que je viens de rencontrer dans un bar pour la première fois. Nous sommes chez moi. Il est très sympathique, fun, et je lui fais entièrement confiance pour prendre un buvard avec.
Il a déjà essayé les champis, jamais le lsd, mais je l'en informe bien et c'est parti.
Nous allons chercher un petit déjeuner le temps que les buvards fassent effet. J'en ai pris 2, il en a pris qu'un seul (à noter que les buvards sont à 100 ug environ). Il en prendra un 2ème un peu plus tard jugeant les effets un peu faibles.
J'ai conscience déjà que le set & setting n'est pas entièrement idéal, vu que l'on vient de passer une nuit à boire et que nous ne nous connaissons pas. Mais bon, tant pis.
Montée et début de trip
Les buvards font effet au bout de 30 minutes pour moi, et c'est parti pour un décollage en beauté. On met un son tranquille, classique, je commence par Mystery of the Yeti, que je ne connaissais pas du tout mais j'en ai entendu parler moult fois sur ce forum.
Nous trippons sur les premiers effets visuels classiques, tout est coloré, il y a un tableau superbe qui prend des effets 3D, c'est formidable.
Je n'ai pas d'angoisse pendant la montée et lui non plus.
Le mal de ventre que je ressens habituellement sous acide se fait sentir, aussi se décidons-nous à aller faire un tour en ville notamment pour acheter des cigarettes par le beau temps qu'il fait.
Arrivés devant la porte d'entrée, nous réalisons que nous devons mettre des chaussures, et la tâche semble vraiment ardue.
Qu'importe alors ! Nous enlevons nos chaussettes, et c'est parti pour gambader pieds nus dans Paris un samedi matin.
Notre démarche doit prêter à rire, je le sens, mais il y a une sacré sensation de liberté à marcher nus pieds, et c'est vraiment amusant.
Je découvre les visuels en plein jour, et je trouve ça formidable.
Nous enchaînons réflexions métaphysiques, parlons de beaucoup de choses, s'arrêtons sur des détails incroyables. Les effets visuels en plein jour sont vraiment très beaux.
Nous passons un moment dans un petit jardin, et je regarde les plantes : j'ai un effet "loupe" quand je les vois, la moindre pétale, fleur, me paraît bien plus grosse que d'habitude, je n'ai jamais aussi bien vu de prêt de toute ma vie, l'effet est saisissant. Je comprends l'intérêt de l'approche de la nature. Après avoir marché une heure ou deux, nous rentrons à l'appartement.
Transmission de pensée
Ici, on va expérimenter ce qu'est la transmission de pensée. Je n'ai pas vraiment besoin de finir mes phrases et lui non plus pour qu'on se comprenne. Nous partons dans des fous rires qui ne s'arrêtent pas, on est obligés de s'éloigner l'un de l'autre tellement un simple regard qui en dit long est hilarant. C'est tout à fait saisissant, et ça démontre bien la puissance du cerveau.
Les réflexions et discussions vont bon train sur tout et n'importe quoi, le téléphone portable, la technologie (à un moment mon pote pose le téléphone sur un meuble et me dit "non mais tu te rends compte de cet objet si fou, si parfait, ça me fait mal de le laisser ici, il mérite mieux que ça !"
Nous jouons à lancer nos bras comme si nous jouions au booling car ces derniers semblent plus long que prévus.
Il y aurait de nombreuses choses à raconter, mais tout ne me revient pas encore, et je n'hésiterai pas à éditer mon post si besoin. Je suis persuadé qu'il y a des phrases assez mythiques qui en feraient rire plus d'un, j'essaierai de vous les partager.
Jusque là, pendant ces 3/4 premières heures, le trip aura été génial, extrêmement drôle, accompagné d'effets visuels incroyables.
J'ai déjà une légère perte de repère par rapport à la réalité (avec la musique suis-je en train d'emmerder mes voisins ? Peut-on marcher pieds nus dans la rue ? Il faut peut-être rester sagement chez soi, etc).
Perte de réalité totale
Si je fais ici un trip report particulièrement, c'est que j'ai besoin de parler de la fin, de me confier. A mes yeux ce qui s'est passé après est très grave (ou aurait pu l'être), et j'ai encore du mal à tout reconstruire.
Je ne sais pas exactement ce qui a été le déclencheur, et comment c'est arrivé, mais j'ai complètement perdu pieds. Je n'étais plus dans la bonne réalité, je me suis construit un monde et une logique qui ont remplacé la réalité et m'ont mené à penser être quelqu'un d'autre, dans un monde complètement différent et cohérent à la fois.
Tout a commencé je crois avec le coup de fil que j'ai passé à un ami, pour rigoler (un des rares amis que je peux appeler le matin perché à l'acide). Nous sommes restés je pense 20 minutes au téléphone, mais j'ai cru qu'en fait nous n'avions jamais raccrochés.
Cet ami, appelons-le D, finissait par faire partie de mon trip, et il était lui aussi dans un état secondaire. Je ne sais plus comment, ni pourquoi, mais j'ai compris à ce moment là que c'était la première fois que je prenais de l'acide, et que j'allais pour la première fois me réveiller d'un long rêve factice, qui était toute la vie que j'avais vécu.
Mes parents, mes souvenirs, mes amis, les lieux que j'avais visités, tout ce que j'avais vécu n'étaient que des souvenirs illusoires créés par mon cerveau pour me cacher la vérité. (Matrix anyone ?)
J'allais accéder à un nouveau statut au réveil de mon trip, me rendre compte que je n'avais jamais existé.
J'allais en quelque sorte renaître.
Et tout ceci n'est que le début.
Je vais sur facebook (Dieu merci je n'écris rien à personne, et je n'appelle personne), et tout ce que j'y lis (ou crois lire) semble aller dans ce sens. Je crois lire que ma chérie, qui est à des kilomètres de là, qui n'est d'ailleurs pas pour le LSD du tout, fait donc elle aussi parti du trip, et je lis un vieux message de sa part qui finit par des coeurs, et je l'interprète comme si elle venait de l'écrire, comme si elle venait d'écrire "Se réveiller pour la première fois un matin et se rendre compte qu'on avait jamais vécu". Tout le monde est hyperconnecté, et heureux de l'être enfin.
Mon pote au téléphone (qui a raccroché depuis longtemps) est donc dans le coup à ce moment là aussi, je crois qu'il peut me parler, que la distance, le temps n'existent plus, je l'appelle fort "D ??? C'est génial non ?" mais il répond pas.
Je ne peux pas être beaucoup plus clair à l'heure actuelle mais je crois (j'ai encore du mal à comprendre, j'ai besoin d'en parler sur ce forum pour avoir des réponses) que lorsque le trip sera fini j'aurais accès à cet état de bonheur universel, mutuellement partagé par tous, et j'aurais accès à cette nouvelle vie, heureuse, qui n'a rien à voir avec celle que je connais (je ne suis pourtant pas quelqu'un de malheureux du tout !).
Je me dis que c'est formidable, que je ne comprends pas pourquoi tout le monde n'essaye pas l'acide pour pouvoir se réveiller, qu'il faut abandonner la vie que j'ai connu, partir en voyage, oublier tout et renaître. Je crois même à un bref instant pleurer un peu de bonheur.
Mais je dois quitter le trip actuel pour pouvoir être réveillé. J'ai l'impression que le pote qui est avec moi a compris la même chose, chaque indice va dans ce sens (ce qui m'apparaît tellement absurde aujourd'hui !!), il me dit "vite donne moi ton numéro", comme s'il fallait profiter que le trip soit encore là, qu'on puisse encore communiquer pour prévenir tout le monde.
En fait il était avec des potes au téléphone il voulait leur dire de passer, je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas pu reparler du trip avec lui aujourd'hui, mais ça se fera vite et j'espère que ça m'aidera à trouver des réponses.
Je communique d'ailleurs le premier numéro qui vient à l'idée, celui de mes parents. Heureusement il ne les appelle pas etc, mais c'est très grave.
Et pour pouvoir renaître et accéder à cet été suprême, il faut passer par la mort. C'est la seule solution. Il va falloir mourir.
Je me rappelle avoir des benzos sur moi, et je me dis que prendre 1 ou 2 benzos doit pouvoir permettre aussi de se réveiller. Je suis excité et heureux de me rendre compte que tout va pouvoir être formidable, mais je crois qu'il faut sacrifier sa vie pour ça, et que connaître la mort, aussi atroce que ce soit, est aussi le prix qu'il va falloir payer.
Là, ça part tout à fait en couilles (c'était déjà le cas). Je prends un couteau (oui oui) et je demande à mon pote de me tuer. De toutes façons il va falloir le faire, alors pourquoi attendre, ça permettra d'arriver plus vite à l'état de béatitude totale que je cherche.
J'ai dû lui faire peur, à ce nouveau pote. Je prends un benzo, je me mets au lit, il me dit de ne pas bouger. Tout est vague et confus. Je m'allonge, et je ne me relèverai pas, et tant mieux. Lui s'en va. Je ne me sens pas abandonné, j'ai l'impression que lui aussi est dans la même réalité que moi mais qu'il préfère aller plus loin pour mettre fin à son trip.
Là je ferme les yeux, j'oublie mon corps. Ma vie n'est que factice, désormais j'accède à la vérité suprême. Je vais avoir réponse à toutes les questions que l'Homme n'a jamais pu résoudre.
Je ne suis plus un humain, je suis en train de me transformer en divinité. L'espace, le temps n'existe plus. Je passe par des boucles infinis, je me connecte à l'ensemble des atomes de l'univers, je deviens en fait approximativement une divinité. J'absorde tout ce qui m'entoure, tout en quittant mon corps.
Et les notions humaines de temps, de matériel, etc, ne sont pas propres aux divinités. Je les oublie peu à peu, j'oublie mon corps, j'oublie la passion, la peur, la mort, la joie, le malheur, qui ne sont plus propres à mon nouveau statut. Je sais que pour parvenir à ce statut, je vais devoir passer des milliers d'existence entières à m'abreuver du savoir universel.
Je ne suis plus un humain sous lsd. J'accède au monde réel, au monde qui m'a toujours été caché. Je suis persuadé que tout ceci est vrai, CONVAINCU.
A tel point que j'aurais pu rester dans cet état je ne sais pas combien de temps.
Mais là le téléphone fixe sonne, et me tire de mon lit.
Pour moi l'appartement est factice, le téléphone est factice. Je m'étonne même de voir que mon téléphone portable va bientôt s'éteindre parce qu'il n'y a plus de batterie, puisque ce n'est pas sensé être quelque chose de l'ordre du possible (les lois physiques habituelles n'étaient propres qu'au monde factice que je viens de quitter).
Je décroche, ce sont des amis du pote qui était avec moi, qui le cherche. Je leur indique où venir.
Mais à ce moment là, je ne suis toujours pas reconnecté à la réalité. Je suis persuadé que ces 2 personnes qui arrivent sont des êtres éveillés qui vont m'aider et m'accompagner vers mon nouveau statut divin, m'aider à comprendre et me montrer ce qui m'a toujours été caché. Il est 13H, soit 6H après la prise.
Quand ils arrivent, je suis très serein, j'ai accepté ce qui se passait, je les accueille et leur pose même des questions qui ont dû leur paraître étranges telles que "Qui suis-je ?" "Je suis sûr que vous n'êtes pas là pour ça, vous devez m'expliquer ce qui arrive". etc.
Quand on est assis, je comprends, d'un coup, que le trip est fini, que ce que je viens de vivre était dû à la puissance terrible du LSD lorsque l'on a décroché de la réalité. C'est une claque.
J'allais accéder à un bonheur suprême, à une connaissance suprême, j'avais déjà commencé à réussir à me défaire des notions et à entrevoir des réponses aux questions existentielles qui seront toujours sans réponse dans l'état de l'évolution humaine actuelle.
Le retour à la réalité est dure.
J'appelle de suite ma meilleure amie, je lui dis qu'il faut qu'elle vienne absolument, j'ai besoin d'être rattaché à la réalité. Je ne comprends pas comment j'ai pu en arriver là.
Je pleure, je pleure de m'être manqué de respect, je pleure de m'être infligé ça, c'était trop.
Je ne m'explique pas comment, aussi pragmatique que j'ai pu être, sans abuser d'une dose extrême, j'ai pu en arriver à ces conclusions. J'ai pu passer par là. J'aurais pu me blesser, j'aurais peut-être pu mourir, qui sais.
Je n'en suis pas fier.
Et je ne sais pas (mais c'est encore trop tôt) ce que je dois en retenir. La digestion va être longue. Le trip avait pourtant excellemment bien commencé. Désormais je suis content d'aller travailler demain, et reprendre le cours de la vie, ce que je n'ai pas pu faire aujourd'hui, ayant dormi toute la journée.
Je rajouterai des réflexions au fur et à mesure, en espérant que j'en sois capable.
Merci de m'avoir lu!
Je vais raconter ma 3ème prise de LSD qui a eu lieu de ce weekend, et qui a démarré le matin. J'avais déjà eu 2 expériences à l'acide, très sympathiques et enrichissantes, sans être non plus extraordinaires.
Disons que jusqu'à ce weekend, j'avais un bon aperçu de ce que pouvait donner un trip à l'acide. Mais cette fois, j'ai atteint un tout autre stade.
Je n'ai jamais pris d'autres hallucinogènes.
Set & Setting
Je me retrouve après une nuit à boire pas mal avec un pote que je viens de rencontrer dans un bar pour la première fois. Nous sommes chez moi. Il est très sympathique, fun, et je lui fais entièrement confiance pour prendre un buvard avec.
Il a déjà essayé les champis, jamais le lsd, mais je l'en informe bien et c'est parti.
Nous allons chercher un petit déjeuner le temps que les buvards fassent effet. J'en ai pris 2, il en a pris qu'un seul (à noter que les buvards sont à 100 ug environ). Il en prendra un 2ème un peu plus tard jugeant les effets un peu faibles.
J'ai conscience déjà que le set & setting n'est pas entièrement idéal, vu que l'on vient de passer une nuit à boire et que nous ne nous connaissons pas. Mais bon, tant pis.
Montée et début de trip
Les buvards font effet au bout de 30 minutes pour moi, et c'est parti pour un décollage en beauté. On met un son tranquille, classique, je commence par Mystery of the Yeti, que je ne connaissais pas du tout mais j'en ai entendu parler moult fois sur ce forum.
Nous trippons sur les premiers effets visuels classiques, tout est coloré, il y a un tableau superbe qui prend des effets 3D, c'est formidable.
Je n'ai pas d'angoisse pendant la montée et lui non plus.
Le mal de ventre que je ressens habituellement sous acide se fait sentir, aussi se décidons-nous à aller faire un tour en ville notamment pour acheter des cigarettes par le beau temps qu'il fait.
Arrivés devant la porte d'entrée, nous réalisons que nous devons mettre des chaussures, et la tâche semble vraiment ardue.
Qu'importe alors ! Nous enlevons nos chaussettes, et c'est parti pour gambader pieds nus dans Paris un samedi matin.
Notre démarche doit prêter à rire, je le sens, mais il y a une sacré sensation de liberté à marcher nus pieds, et c'est vraiment amusant.
Je découvre les visuels en plein jour, et je trouve ça formidable.
Nous enchaînons réflexions métaphysiques, parlons de beaucoup de choses, s'arrêtons sur des détails incroyables. Les effets visuels en plein jour sont vraiment très beaux.
Nous passons un moment dans un petit jardin, et je regarde les plantes : j'ai un effet "loupe" quand je les vois, la moindre pétale, fleur, me paraît bien plus grosse que d'habitude, je n'ai jamais aussi bien vu de prêt de toute ma vie, l'effet est saisissant. Je comprends l'intérêt de l'approche de la nature. Après avoir marché une heure ou deux, nous rentrons à l'appartement.
Transmission de pensée
Ici, on va expérimenter ce qu'est la transmission de pensée. Je n'ai pas vraiment besoin de finir mes phrases et lui non plus pour qu'on se comprenne. Nous partons dans des fous rires qui ne s'arrêtent pas, on est obligés de s'éloigner l'un de l'autre tellement un simple regard qui en dit long est hilarant. C'est tout à fait saisissant, et ça démontre bien la puissance du cerveau.
Les réflexions et discussions vont bon train sur tout et n'importe quoi, le téléphone portable, la technologie (à un moment mon pote pose le téléphone sur un meuble et me dit "non mais tu te rends compte de cet objet si fou, si parfait, ça me fait mal de le laisser ici, il mérite mieux que ça !"
Nous jouons à lancer nos bras comme si nous jouions au booling car ces derniers semblent plus long que prévus.
Il y aurait de nombreuses choses à raconter, mais tout ne me revient pas encore, et je n'hésiterai pas à éditer mon post si besoin. Je suis persuadé qu'il y a des phrases assez mythiques qui en feraient rire plus d'un, j'essaierai de vous les partager.
Jusque là, pendant ces 3/4 premières heures, le trip aura été génial, extrêmement drôle, accompagné d'effets visuels incroyables.
J'ai déjà une légère perte de repère par rapport à la réalité (avec la musique suis-je en train d'emmerder mes voisins ? Peut-on marcher pieds nus dans la rue ? Il faut peut-être rester sagement chez soi, etc).
Perte de réalité totale
Si je fais ici un trip report particulièrement, c'est que j'ai besoin de parler de la fin, de me confier. A mes yeux ce qui s'est passé après est très grave (ou aurait pu l'être), et j'ai encore du mal à tout reconstruire.
Je ne sais pas exactement ce qui a été le déclencheur, et comment c'est arrivé, mais j'ai complètement perdu pieds. Je n'étais plus dans la bonne réalité, je me suis construit un monde et une logique qui ont remplacé la réalité et m'ont mené à penser être quelqu'un d'autre, dans un monde complètement différent et cohérent à la fois.
Tout a commencé je crois avec le coup de fil que j'ai passé à un ami, pour rigoler (un des rares amis que je peux appeler le matin perché à l'acide). Nous sommes restés je pense 20 minutes au téléphone, mais j'ai cru qu'en fait nous n'avions jamais raccrochés.
Cet ami, appelons-le D, finissait par faire partie de mon trip, et il était lui aussi dans un état secondaire. Je ne sais plus comment, ni pourquoi, mais j'ai compris à ce moment là que c'était la première fois que je prenais de l'acide, et que j'allais pour la première fois me réveiller d'un long rêve factice, qui était toute la vie que j'avais vécu.
Mes parents, mes souvenirs, mes amis, les lieux que j'avais visités, tout ce que j'avais vécu n'étaient que des souvenirs illusoires créés par mon cerveau pour me cacher la vérité. (Matrix anyone ?)
J'allais accéder à un nouveau statut au réveil de mon trip, me rendre compte que je n'avais jamais existé.
J'allais en quelque sorte renaître.
Et tout ceci n'est que le début.
Je vais sur facebook (Dieu merci je n'écris rien à personne, et je n'appelle personne), et tout ce que j'y lis (ou crois lire) semble aller dans ce sens. Je crois lire que ma chérie, qui est à des kilomètres de là, qui n'est d'ailleurs pas pour le LSD du tout, fait donc elle aussi parti du trip, et je lis un vieux message de sa part qui finit par des coeurs, et je l'interprète comme si elle venait de l'écrire, comme si elle venait d'écrire "Se réveiller pour la première fois un matin et se rendre compte qu'on avait jamais vécu". Tout le monde est hyperconnecté, et heureux de l'être enfin.
Mon pote au téléphone (qui a raccroché depuis longtemps) est donc dans le coup à ce moment là aussi, je crois qu'il peut me parler, que la distance, le temps n'existent plus, je l'appelle fort "D ??? C'est génial non ?" mais il répond pas.
Je ne peux pas être beaucoup plus clair à l'heure actuelle mais je crois (j'ai encore du mal à comprendre, j'ai besoin d'en parler sur ce forum pour avoir des réponses) que lorsque le trip sera fini j'aurais accès à cet état de bonheur universel, mutuellement partagé par tous, et j'aurais accès à cette nouvelle vie, heureuse, qui n'a rien à voir avec celle que je connais (je ne suis pourtant pas quelqu'un de malheureux du tout !).
Je me dis que c'est formidable, que je ne comprends pas pourquoi tout le monde n'essaye pas l'acide pour pouvoir se réveiller, qu'il faut abandonner la vie que j'ai connu, partir en voyage, oublier tout et renaître. Je crois même à un bref instant pleurer un peu de bonheur.
Mais je dois quitter le trip actuel pour pouvoir être réveillé. J'ai l'impression que le pote qui est avec moi a compris la même chose, chaque indice va dans ce sens (ce qui m'apparaît tellement absurde aujourd'hui !!), il me dit "vite donne moi ton numéro", comme s'il fallait profiter que le trip soit encore là, qu'on puisse encore communiquer pour prévenir tout le monde.
En fait il était avec des potes au téléphone il voulait leur dire de passer, je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas pu reparler du trip avec lui aujourd'hui, mais ça se fera vite et j'espère que ça m'aidera à trouver des réponses.
Je communique d'ailleurs le premier numéro qui vient à l'idée, celui de mes parents. Heureusement il ne les appelle pas etc, mais c'est très grave.
Et pour pouvoir renaître et accéder à cet été suprême, il faut passer par la mort. C'est la seule solution. Il va falloir mourir.
Je me rappelle avoir des benzos sur moi, et je me dis que prendre 1 ou 2 benzos doit pouvoir permettre aussi de se réveiller. Je suis excité et heureux de me rendre compte que tout va pouvoir être formidable, mais je crois qu'il faut sacrifier sa vie pour ça, et que connaître la mort, aussi atroce que ce soit, est aussi le prix qu'il va falloir payer.
Là, ça part tout à fait en couilles (c'était déjà le cas). Je prends un couteau (oui oui) et je demande à mon pote de me tuer. De toutes façons il va falloir le faire, alors pourquoi attendre, ça permettra d'arriver plus vite à l'état de béatitude totale que je cherche.
J'ai dû lui faire peur, à ce nouveau pote. Je prends un benzo, je me mets au lit, il me dit de ne pas bouger. Tout est vague et confus. Je m'allonge, et je ne me relèverai pas, et tant mieux. Lui s'en va. Je ne me sens pas abandonné, j'ai l'impression que lui aussi est dans la même réalité que moi mais qu'il préfère aller plus loin pour mettre fin à son trip.
Là je ferme les yeux, j'oublie mon corps. Ma vie n'est que factice, désormais j'accède à la vérité suprême. Je vais avoir réponse à toutes les questions que l'Homme n'a jamais pu résoudre.
Je ne suis plus un humain, je suis en train de me transformer en divinité. L'espace, le temps n'existe plus. Je passe par des boucles infinis, je me connecte à l'ensemble des atomes de l'univers, je deviens en fait approximativement une divinité. J'absorde tout ce qui m'entoure, tout en quittant mon corps.
Et les notions humaines de temps, de matériel, etc, ne sont pas propres aux divinités. Je les oublie peu à peu, j'oublie mon corps, j'oublie la passion, la peur, la mort, la joie, le malheur, qui ne sont plus propres à mon nouveau statut. Je sais que pour parvenir à ce statut, je vais devoir passer des milliers d'existence entières à m'abreuver du savoir universel.
Je ne suis plus un humain sous lsd. J'accède au monde réel, au monde qui m'a toujours été caché. Je suis persuadé que tout ceci est vrai, CONVAINCU.
A tel point que j'aurais pu rester dans cet état je ne sais pas combien de temps.
Mais là le téléphone fixe sonne, et me tire de mon lit.
Pour moi l'appartement est factice, le téléphone est factice. Je m'étonne même de voir que mon téléphone portable va bientôt s'éteindre parce qu'il n'y a plus de batterie, puisque ce n'est pas sensé être quelque chose de l'ordre du possible (les lois physiques habituelles n'étaient propres qu'au monde factice que je viens de quitter).
Je décroche, ce sont des amis du pote qui était avec moi, qui le cherche. Je leur indique où venir.
Mais à ce moment là, je ne suis toujours pas reconnecté à la réalité. Je suis persuadé que ces 2 personnes qui arrivent sont des êtres éveillés qui vont m'aider et m'accompagner vers mon nouveau statut divin, m'aider à comprendre et me montrer ce qui m'a toujours été caché. Il est 13H, soit 6H après la prise.
Quand ils arrivent, je suis très serein, j'ai accepté ce qui se passait, je les accueille et leur pose même des questions qui ont dû leur paraître étranges telles que "Qui suis-je ?" "Je suis sûr que vous n'êtes pas là pour ça, vous devez m'expliquer ce qui arrive". etc.
Quand on est assis, je comprends, d'un coup, que le trip est fini, que ce que je viens de vivre était dû à la puissance terrible du LSD lorsque l'on a décroché de la réalité. C'est une claque.
J'allais accéder à un bonheur suprême, à une connaissance suprême, j'avais déjà commencé à réussir à me défaire des notions et à entrevoir des réponses aux questions existentielles qui seront toujours sans réponse dans l'état de l'évolution humaine actuelle.
Le retour à la réalité est dure.
J'appelle de suite ma meilleure amie, je lui dis qu'il faut qu'elle vienne absolument, j'ai besoin d'être rattaché à la réalité. Je ne comprends pas comment j'ai pu en arriver là.
Je pleure, je pleure de m'être manqué de respect, je pleure de m'être infligé ça, c'était trop.
Je ne m'explique pas comment, aussi pragmatique que j'ai pu être, sans abuser d'une dose extrême, j'ai pu en arriver à ces conclusions. J'ai pu passer par là. J'aurais pu me blesser, j'aurais peut-être pu mourir, qui sais.
Je n'en suis pas fier.
Et je ne sais pas (mais c'est encore trop tôt) ce que je dois en retenir. La digestion va être longue. Le trip avait pourtant excellemment bien commencé. Désormais je suis content d'aller travailler demain, et reprendre le cours de la vie, ce que je n'ai pas pu faire aujourd'hui, ayant dormi toute la journée.
Je rajouterai des réflexions au fur et à mesure, en espérant que j'en sois capable.
Merci de m'avoir lu!