Les montagnes russes de la spiritualité / Jack Kornfield

[Le-Père-Chè]

j'ai bien l'impression que la drogue nous mène là où des années de méditation nous auraient conduit, seulement la drogue nous y emmène direct et sans concession. Et avec la drogue nous n'avons que la surface de l'expérience spirituelle, un phénomène ponctuel qui montre où nous en sommes sur le chemin. Mais si on ne fait rien à côté, il ne se passe rien de fantasque quand on redrope une semaine plus tard. Voilà, ça je l'écris, je l'admet.

Je le pense sincèrement aussi. Ca me rappelle une petite histoire que j'ai d'ailleurs lu sur ce forum et qui image bien ceci.

Un hippi croise le Dalai-Lama.
Eh man ! tu veux monter direct au nirvana ? Tiens prend cet acide, je te l'offre.
Ce à quoi le Dalai-Lama répond : Désolé, je n'aime pas prendre l'ascenseur, je préfère y aller à pied même si le chemin est plus long il est aussi plus sûr.

 

[TristesPsycho]

Quitte à faire une métaphore je parlerais plutôt de conduire un avion de chasse par temps d'orage au-dessus de l'Himalaya avec plein de lumières imitant de fausses pistes d'aterrissage et une radio défecteuse qui fait que tu reçois des mesages de plusieurs tours de contrôle.

 

[CastlesMadeOfSand]

Perso je pense que les psychédéliques opèrent une percée.
Mais elle n'est pas forcément acceptée, elle n'est pas forcément comprise et elle a des chances d'être détournée.

Alors que la pratique de la méditation opère une dissolution (des nuages conceptuels).
Cette dissolution est plus globale et c'est l'ensemble de l'être qui va dans cette direction, découvrant et cultivant intentionnellement la liberté naturelle.


D'un côté notre fonctionnement névrosé, constitué d'habitudes profondément ancrées, est percé par les psychédéliques mais risque du coup de se déformer en réaction à cette percée.
Une sorte de rebond disons, qui peut être dévastateur.

Alors que lors de la méditation c'est tout notre fonctionnement habituel qui va dans le sens de l'ouverture, c'est plus doux et large, et la forme s'ouvre graduellement.
Notre fonctionnement se libère de lui-même et en chemin il s'améliore naturellement.


Les psychédéliques, de part la percée lumineuse et la puissance du rayon de lumière révélée, peuvent nous pousser à souffler sur les nuages voilant le soleil.
Mais le rayon de soleil révélé n'est pas à prendre comme un phénomène particulier, on voit le contour défini de ce rayon mais c'est un aperçu d'une expérience qui n'a finalement aucun contour : le ciel purement dégagé et globalement lumineux.

 

[Ji-doo]

Les psychédéliques, de part la percée lumineuse et la puissance du rayon de lumière...

Cette puissance peut aussi te consumer...une métaphore qui m'avait marquée, c'est dans le dernier Indiana Jones (ouais rien à voir mais bon !), les crânes de cristal.
Y a cette scène ou quelqu’un qui veut avoir accès à toute la connaissance des crânes fini par brûler...
Un Eveil trop brutal, trop tôt, peut nous détruire je crois.

 

[CastlesMadeOfSand]

Lors de l'éveil c'est juste l'illusion de l'égo qui est détruite.
C'est comme un mirage qui disparaît je dirais.

Par contre je suis d'accord qu'une percée (je trouve pas de meilleurs mot) peut engendrer une réaction brûlante qui fait des dégâts.
Dans Indiana Jones le gars veut S'EMPARER de la connaissance (enfin je suppose), effectivement dans ce cas c'est vraiment pas cool à mon avis.

 

[Ji-doo]

En même temps, l'égo est une nécessité pour vivre les expériences que nous vivons dans ce monde, et se réaliser...
Il fait partie du mode de fonctionnement de l'être humain, ce n'est pas un ennemi et vouloir le détruire est dangereux je trouve.

Bien entendu, un égo trop fort peut vite devenir un problème, mais l'égo en soi n'en est pas un il me semble.

 

[Styloplume]

Je suis d'accord avec vous deux. Les psychés font une percée, on assume ou on assume pas, bon.

Et si on veut s'emparer, le film d'Indiana Jones avec le crâne de Cristal me semble profondément pertinent: on est consumé par la toute-puissance du Je-sais-pas-quoi.

De l'avis de Jhdoux, aussi: on a besoin de notre égo au quotidien pour pas devenir taré. Perso mon dernier trip au THC m'a perché direct dans une sorte d'illumination forcée, à voir l'absurdité et l'imperfection de mon quotidien, et ça fait mal de buter sur mon ego en permanence dans des états comme ça. À mesure que je suis retombé, ça allait de mieux en mieux: ouf, je suis pas parfait et c'est plus facile de vivre comme ça en fin de compte.

Un bon pote a résumé: avec les psychés on tâte du doigt un truc, on se prends une décharge électrique qui nous dit: "t'es pas encore prêt bonhomme".

Mais bon ça je le dis en ce moment, où je remet grave en question ce que les psychés m'apportent au vu de ma conso des derniers mois.

 

[CastlesMadeOfSand]

Oui jhdoux, c'est dangereux de poser l'égo en ennemi.
Cela dit la perception erronée de "Moi vs le monde" semble être une source illimitée de souffrances.
Séparation et lutte.
Ce n'est pas obligatoire, sinon il n'y aurait pas de libération possible.

Après on tombe facilement dans le travers : "Je veux vivre dans un monde sans problème, donc sans égo".
C'est encore une forte séparation et une lutte puissante qui fait rapidement du mal.
On est d'accord.

Ne plus alimenter nos propres dysfonctionnements, se libérer du monde mental qu'on projette sur la réalité.
Laisser être.
L'espace naturellement présent et la légèreté omniprésente de l'esprit.

Ce n'est pas un combat, le combat c'est ce qu'on fait d'habitude.
Une autre voie est possible.