​Chers camarades,
Après quelques mois d’absence, je dois dire que vous m’avez manqué. Voici les quelques réflexions qui m’amène à revenir vers vous.
Je lisais le topic sur les pires expériences que nous avons tous vécus, et je suis tombé sur cette phrase extrêmement pertinente de Jhi-dou qui disait pour que son voyage Ayahuasca avait cassé quelque chose:
« Un peu comme une carapace invisible qui nous recouvrirait et dont on n'a pas conscience. Quand quelque chose te touche (émotionnellement), ce qui t’atteins le fait en passant au travers de ces "couches de protection".
Quand ce système à disparu, tu vois certes le monde différemment (peut-être d'une manière plus directe), mais tu te rends compte qu'être dépouillé de cette armure en ville et dans la société actuelle, c'est invivable »
Il me semble que les psychédéliques, enfin je suis sur, traverse la couche protectrice que nous nous construisons dans la vie, et c’est très dur à gérer.
Comment je définirais cette couche sans se manger du Freud : c’est l’ensemble formé par notre vie psychique, notre vie sociale, et nos aspirations.
La vie psychique : ce que l’on tient pour acquis (les certitudes), les valeurs que l’on suit, les vertus que l‘on souhaite acquérir, le spirituel que l’on recherche dans la prise de psychédélique…
La vie sociale : les réseaux d’amis proches et moins proches, les camarades de votre lieu d’étude ou de travail, le rythme des soirées et leurs qualités (je suis étudiant, c’est important pour l’intégration). Les valeurs véhiculées dans votre entourage. Notre moi social, avec ses codes, rites et rythmes.
Les aspirations : fondamentalement liées aux deux autres. La place que vous souhaitez avoir dans le système, ou vos réflexions sur comment exister en combinant richesse matérielle, vie personnelle, spirituelle et valeurs dans le futur. On est tous rebelles mais réalistes, réalistes mais effrayés à l'idée de devenir des moutons.
Et les psychés ça casse un peu tout ça, plus ou moins.
Voyez-vous, chers amis et camarades psychonautes, je suis étudiant en grande école. Dur de faire plus « voie royale » que ça. Autant vous dire que la révolution spirituelle n’est pas au programme. Et bien l’année dernière, j’ai butiné ces quelques fleurs psychédéliques que notre époque a à offrir, jusqu’à la geule de bois; Je suis quelqu’un de prudent donc je n’ai pas eu de gros problèmes, mis à part quelques mauvaises expériences et un bad monumental au 4-ACO-DMT.
Je pense que nous sommes tousplus ou moins passé par là, en particulier la génération qui a moins de 25 ans aujourd’hui. J’ai découvert les psychés lors d’un voyage en Hollande, une expérience champotes très sympa m’a emballé. J’étais curieux et avide de connaissance, internet m’a tout donné : des communautés d’usagers, des sites quasi-pro dans leur démarche (Erowid), et un forum francophone de très grande qualité mené par une communauté incroyable (le présent site).
De là, je commande, je consomme, je fais mes expériences, je profite.
Mais tout n'est pas rose. En cette période de construction de soi, où je m’interroge sur ma place dans le monde , le rôle que je veux avoir dans ma vie, ce que je veux pour moi et pour les autres, les psychédéliques ont donné à ma réflexion un cadre quasiment trop large.
En effet, dès les premières prises, je me suis rendu compte que la réalité infiniment plus complexe et riche dont je soupçonnais les psychédéliques d’être la clé, existait vraiment et n’était qu’à un pochon de distance. Comme une clef dans le cerveau, qui l’ouvre durant le trip, le branche sur une centrale nucléaire, un soleil de connections neuronales! Et qui nous laisse non pas un afterglow de quelques heures, mes des dizaines de rélfexions en continu, un mode de pensée plus global… En tout cas, moi ça m’a amené dans une sorte de course à l’armement en terme d’idées, mais avec moi même. Je voulais me rebeller contre tout, mais je ne savais pas pourquoi, je voulais tout changer mais je n’avais pas la moindre idée de par où commencer. J’ai donc fait ce que je fais le mieux : j’ai parlé. J’ai parlé à mes amis proches de ces expériences, en tentant de leur décrire et de leur communiquer cet enthousiasme infini qui me chauffe le cœur quand je me remémore ces contrées indescriptibles.
Malheureusement pour moi, j’ai pour ainsi dire déprimé durant quasiment une année. Non ps une dépression sous antidépresseur, avec un suivi psychologique. Non, j’étais dans un entre deux, insatisfait du réel, mais sachant que les psychédéliques n’allaient que m’en éloigner.
Les psychédéliques affectent la vie psychique : il change la vision du monde, le regard que l’on porte sur lui, et lui donne infiniment de poésie. Sauf que la réalité n’est pas toujours poétique, et la jungle de béton dans laquelle nous vivons n’est pas au rythme psychélique.
Les psychédéliques affectent la vie sociale : dans un cadre « rangé » comme le mien, et avec ma volonté de tout découvrir, j’ai subit une nette rupture entre mes soirées psychées avec mes bons potes et celles du reste de ma promo. C’était cool, mais ce n’est pas toujours ni facile, ni le meilleur choix à long terme. Sans parler de la pertinence des enseignements et du système entier qui me faisait râler.
Enfin, les psychédéliques affectent nos aspirations. Evidemment. Un de mes amis plutôt terre-à-terre qui a testé la MXE et le 2C-C avec moi, m’a confié qu’il ne retestera pas parce qu’il avait peur que cela bouleverse trop sa vision du monde et l’image qu’il se construit de lui-même et de son futur. Sans blague.
Puis j’ai du faire un stage (que je termine bientôt). Quelle violence symbolique que celle de l’entreprise. A la fois ça m’a remis les pieds sur terre, et en même temps cela m’a parfois agacé au plus haut point.
Aujourd’hui, c’est abstinence, sauf la marie-jeanne, je l’aime bien elle, même si je la sais traîtresse.
Bref, après plus de 6 mois d’absence sur ce forum, je souhaiterai revenir fureter en ces lieux qui me sont chers en étant honnête intellectuellement avec la communauté en racontant ma petite histoire. Je me souviens qu’avant mes premières prises, je n’allais pas lire les récits négatifs des consommateurs plus expérimentés, parce que « le bad, c’était pas pour moi », pas plus que la déprime. Mais bon, on grandi, on prend du mg et du plomb dans la tête. Donc, si ce recit peut au moins servir à quelqu'un (genre t'es pas tout seul), je serais ravi.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, je ne dirais pas non pour un petit trip bien organisé, bien pensé quand je pourrais l’organiser l’esprit clair et détaché. Mais quand on a tendance à cogiter pas mal, voire même à l’excès, il faut y aller doucement avec ces dopants mentaux. Autant nos parents et notre vie quotidienne nous ont inconsciemment appris à gérer la vie, la réalité sociale et celle du monde du travail, autant tout ce que l’on apprend l’espace de quelques heures avec ces substances, faut se démerder tout seul! Et ça, ce n’est pas une mince affaire.
Et vous, amis voyageurs, comment avez-vous évolué dans votre parcours psychonautique? Quels chemins tortueux avez-vous empruntés, et finalement où êtes vous arrivés?
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
Psychonautiquement.
Meirrion
Après quelques mois d’absence, je dois dire que vous m’avez manqué. Voici les quelques réflexions qui m’amène à revenir vers vous.
Je lisais le topic sur les pires expériences que nous avons tous vécus, et je suis tombé sur cette phrase extrêmement pertinente de Jhi-dou qui disait pour que son voyage Ayahuasca avait cassé quelque chose:
« Un peu comme une carapace invisible qui nous recouvrirait et dont on n'a pas conscience. Quand quelque chose te touche (émotionnellement), ce qui t’atteins le fait en passant au travers de ces "couches de protection".
Quand ce système à disparu, tu vois certes le monde différemment (peut-être d'une manière plus directe), mais tu te rends compte qu'être dépouillé de cette armure en ville et dans la société actuelle, c'est invivable »
Il me semble que les psychédéliques, enfin je suis sur, traverse la couche protectrice que nous nous construisons dans la vie, et c’est très dur à gérer.
Comment je définirais cette couche sans se manger du Freud : c’est l’ensemble formé par notre vie psychique, notre vie sociale, et nos aspirations.
La vie psychique : ce que l’on tient pour acquis (les certitudes), les valeurs que l’on suit, les vertus que l‘on souhaite acquérir, le spirituel que l’on recherche dans la prise de psychédélique…
La vie sociale : les réseaux d’amis proches et moins proches, les camarades de votre lieu d’étude ou de travail, le rythme des soirées et leurs qualités (je suis étudiant, c’est important pour l’intégration). Les valeurs véhiculées dans votre entourage. Notre moi social, avec ses codes, rites et rythmes.
Les aspirations : fondamentalement liées aux deux autres. La place que vous souhaitez avoir dans le système, ou vos réflexions sur comment exister en combinant richesse matérielle, vie personnelle, spirituelle et valeurs dans le futur. On est tous rebelles mais réalistes, réalistes mais effrayés à l'idée de devenir des moutons.
Et les psychés ça casse un peu tout ça, plus ou moins.
Voyez-vous, chers amis et camarades psychonautes, je suis étudiant en grande école. Dur de faire plus « voie royale » que ça. Autant vous dire que la révolution spirituelle n’est pas au programme. Et bien l’année dernière, j’ai butiné ces quelques fleurs psychédéliques que notre époque a à offrir, jusqu’à la geule de bois; Je suis quelqu’un de prudent donc je n’ai pas eu de gros problèmes, mis à part quelques mauvaises expériences et un bad monumental au 4-ACO-DMT.
Je pense que nous sommes tousplus ou moins passé par là, en particulier la génération qui a moins de 25 ans aujourd’hui. J’ai découvert les psychés lors d’un voyage en Hollande, une expérience champotes très sympa m’a emballé. J’étais curieux et avide de connaissance, internet m’a tout donné : des communautés d’usagers, des sites quasi-pro dans leur démarche (Erowid), et un forum francophone de très grande qualité mené par une communauté incroyable (le présent site).
De là, je commande, je consomme, je fais mes expériences, je profite.
Mais tout n'est pas rose. En cette période de construction de soi, où je m’interroge sur ma place dans le monde , le rôle que je veux avoir dans ma vie, ce que je veux pour moi et pour les autres, les psychédéliques ont donné à ma réflexion un cadre quasiment trop large.
En effet, dès les premières prises, je me suis rendu compte que la réalité infiniment plus complexe et riche dont je soupçonnais les psychédéliques d’être la clé, existait vraiment et n’était qu’à un pochon de distance. Comme une clef dans le cerveau, qui l’ouvre durant le trip, le branche sur une centrale nucléaire, un soleil de connections neuronales! Et qui nous laisse non pas un afterglow de quelques heures, mes des dizaines de rélfexions en continu, un mode de pensée plus global… En tout cas, moi ça m’a amené dans une sorte de course à l’armement en terme d’idées, mais avec moi même. Je voulais me rebeller contre tout, mais je ne savais pas pourquoi, je voulais tout changer mais je n’avais pas la moindre idée de par où commencer. J’ai donc fait ce que je fais le mieux : j’ai parlé. J’ai parlé à mes amis proches de ces expériences, en tentant de leur décrire et de leur communiquer cet enthousiasme infini qui me chauffe le cœur quand je me remémore ces contrées indescriptibles.
Malheureusement pour moi, j’ai pour ainsi dire déprimé durant quasiment une année. Non ps une dépression sous antidépresseur, avec un suivi psychologique. Non, j’étais dans un entre deux, insatisfait du réel, mais sachant que les psychédéliques n’allaient que m’en éloigner.
Les psychédéliques affectent la vie psychique : il change la vision du monde, le regard que l’on porte sur lui, et lui donne infiniment de poésie. Sauf que la réalité n’est pas toujours poétique, et la jungle de béton dans laquelle nous vivons n’est pas au rythme psychélique.
Les psychédéliques affectent la vie sociale : dans un cadre « rangé » comme le mien, et avec ma volonté de tout découvrir, j’ai subit une nette rupture entre mes soirées psychées avec mes bons potes et celles du reste de ma promo. C’était cool, mais ce n’est pas toujours ni facile, ni le meilleur choix à long terme. Sans parler de la pertinence des enseignements et du système entier qui me faisait râler.
Enfin, les psychédéliques affectent nos aspirations. Evidemment. Un de mes amis plutôt terre-à-terre qui a testé la MXE et le 2C-C avec moi, m’a confié qu’il ne retestera pas parce qu’il avait peur que cela bouleverse trop sa vision du monde et l’image qu’il se construit de lui-même et de son futur. Sans blague.
Puis j’ai du faire un stage (que je termine bientôt). Quelle violence symbolique que celle de l’entreprise. A la fois ça m’a remis les pieds sur terre, et en même temps cela m’a parfois agacé au plus haut point.
Aujourd’hui, c’est abstinence, sauf la marie-jeanne, je l’aime bien elle, même si je la sais traîtresse.
Bref, après plus de 6 mois d’absence sur ce forum, je souhaiterai revenir fureter en ces lieux qui me sont chers en étant honnête intellectuellement avec la communauté en racontant ma petite histoire. Je me souviens qu’avant mes premières prises, je n’allais pas lire les récits négatifs des consommateurs plus expérimentés, parce que « le bad, c’était pas pour moi », pas plus que la déprime. Mais bon, on grandi, on prend du mg et du plomb dans la tête. Donc, si ce recit peut au moins servir à quelqu'un (genre t'es pas tout seul), je serais ravi.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, je ne dirais pas non pour un petit trip bien organisé, bien pensé quand je pourrais l’organiser l’esprit clair et détaché. Mais quand on a tendance à cogiter pas mal, voire même à l’excès, il faut y aller doucement avec ces dopants mentaux. Autant nos parents et notre vie quotidienne nous ont inconsciemment appris à gérer la vie, la réalité sociale et celle du monde du travail, autant tout ce que l’on apprend l’espace de quelques heures avec ces substances, faut se démerder tout seul! Et ça, ce n’est pas une mince affaire.
Et vous, amis voyageurs, comment avez-vous évolué dans votre parcours psychonautique? Quels chemins tortueux avez-vous empruntés, et finalement où êtes vous arrivés?
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
Psychonautiquement.
Meirrion