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La psychonautie, aventure à long terme

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Marvelle
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Marvelle

Neurotransmetteur
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28/2/20
Messages
20
Bonjour les amis.​
J'espère que la météo vous met le cœur en joie, et que vous avez trouvé de quoi occuper la journée.​

J'aimerais échanger avec vous sur le sujet de la psychonautie comme aventure à long terme, et l'exploration de ses royaumes.​
Effets spirituels, altération de conscience, trésors, malédictions, détachement, plongée totale ou refus d'aller plus loin ; où nous mènent-ils ? Existe-t-il un achèvement, une conclusion au bout du chemin ? A quel instant décide-t-on qu'on suffisamment parcouru la route, et qu'il est temps de revenir parmi les hommes ?​


La consommation de psilos apporte tant de nouveautés dans une vie... outre l'inégalable aspect récréatif, on se retrouve à l'atterrissage avec mille sagesse au creux des bras, une conception du Monde chamboulée, une envie renouvelée d'en découvrir plus sur ces nouveaux royaumes, d'explorer chaque recoin de cette intelligence, et de repousser à n'en plus finir les frontières de notre conscience.​

D'un autre côté, on peut se demander en cours de voyage si l'état d'esprit développé par cette consommation n'offre que des avantages.​
En nous offrant l'accès à une vue bien plus lucide de l'existence, en nous donnant accès à ses rouages et aux profondeurs de ses mécanismes, elle remet en question bien des aspects de notre pensée, et chamboule jusqu'à notre perception du quotidien, et notre capacité à agir en son sein.  ​
Pour illustrer mes propos par ma propre expérience, la consommation de psilocybine (associée à la méditation) m'a octroyé un tel recul sur divers aspects et conceptions de l'existence que j'ai le sentiment de n'être jamais redescendu de ces hauteurs, planant constamment à distance de la terre, du présent et de l'acte. Une situation solitaire, souvent chagrine, qui pousse à la réflexion constante : l'ivresse de vouloir poursuivre sur ce chemin, d'en découvrir toujours plus (Dieu, le secret de l'univers, la nature de l'être et de la vie ?), et le souvenir d'une vie plus simple, plus heureuse, où il restait encore des horizons inexplorés, où l'avenir était un immense terrain de rêves et de jeux ; où je me concentrais sur des valeurs simples et des projets concrets. Ces souvenirs apportent avec eux le doute et la souffrance ; plus encore de réflexion, plus de recul, une vue plus profonde sur les rouages de l'être et de l'esprit, et de nouveaux "décollements", la prise de conscience de ces énergies et réflexes si établis en notre âme qu'ils en devenaient invisibles ; les voici mis à jour, une vérité de plus qui s'envole, une certitude en moins.​
On s'enfonce dans le monde des psychédéliques et de la spiritualité, dont les évidences apparaissent elles aussi, se détachent, et on s'enfonce plus profond encore...​

Bref ! Grandes questions pour tous les psychonautes et spirituels patentés, heureux, fatigués, curieux de la suite, lassés, désespérés, enjoués, éveillés, qui songent à revenir sur Terre ou à poursuivre le voyage.​

Je serais très curieux d'engager une conversation avec ceux d'entre vous qui auraient quelque chose à partager. Expériences, idées, réflexions bienvenues ! De l'effervescence, ALLONS !
 
Salut Marvelle ! Avant de te répondre, je voudrais mieux comprendre ton message et pour cela je te pose cette question un peu intrusive : de quels intervalles de temps parles-tu ? C'est-à-dire : quel âge as-tu, et depuis combien de temps consommes-tu ? Ça semble trivial, mais lorsque tu dis n'être jamais redescendu de ces hauteurs, la perspective est tout autre selon que cela fasse six mois ou vingt ans.
 
J'allais dire : bienvenue au club !
et le commentaire de Tridi me mets effectivement la puce à l'oreille. Es-tu vraiment redescendu(e) ?

Grandes questions pour tous les psychonautes et spirituels patentés, heureux, fatigués, curieux de la suite, lassés, désespérés, enjoués, éveillés, qui songent à revenir sur Terre ou à poursuivre le voyage.

En ce qui me concerne je me reconnais dans tous ces adjectifs, et je suis revenu sur Terre, et je n'ai pas du tout l'impression d'avoir arrêté le voyage.

edit : mais bienvenue au club quand même !!!!
 
Tridimensionnel a dit:
Salut Marvelle ! Avant de te répondre, je voudrais mieux comprendre ton message et pour cela je te pose cette question un peu intrusive : de quels intervalles de temps parles-tu ? C'est-à-dire : quel âge as-tu, et depuis combien de temps consommes-tu ? Ça semble trivial, mais lorsque tu dis n'être jamais redescendu de ces hauteurs, la perspective est tout autre selon que cela fasse six mois ou vingt ans.

Salut @Tridimensionnel. Merci à tous les deux pour vos réponses.
Pour répondre à ta question, j'ai 27 ans, et j'ai consommé en une dizaine de trips depuis Octobre 2018, avec des intensités variables. C'est certainement après un gros trip à vocation spirituelle (organisé par une spécialiste, et effectué dans un cadre dédié et rassurant) qu'a commencé à me venir ce sentiment d'impossible retour en arrière.
C'est à la fois un atout, en ceci qu'il offre un regard plus perspicace sur le monde, et une tristesse d'arrière plan, assez constante, car j'aimerais parfois retrouver la joie innocente qui était la mienne auparavant. 
Et pourtant, les secrets dissimulés plus loin sur le chemin sont attirants... je suis encore loin d'avoir perçu tout ce qu'il y a à percevoir ! C'est un choix difficile.

Est ce que ma réponse est assez complète ?


Stylo 2.0 a dit:
En ce qui me concerne je me reconnais dans tous ces adjectifs, et je suis revenu sur Terre, et je n'ai pas du tout l'impression d'avoir arrêté le voyage.

@Stylo 2.0, tu consommes avec quelle régularité, et intensité ? C'est à chaque fois une volonté d'explorer, pour toi ?
 
Discussion intéressante, je me souviens comme toi à mes débuts m'être posé les même questions. J'vais faire comme si je me répondais à moi même en rétrospective.

Bah c'est sur que c'est quelque chose, une fois que ça arrive dans ta vie, de toute façon à l'heure actuelle même si tu arrêtais, penses-tu réellement que ça changerait quoi que ce soit ?

On va dire que le mal est fait, l'innocence est perdue oui certes, car quand on découvre la vie et qu'on est au milieux des morts, c'est chaud. Tu ne sais pas si tu es mort parmi les vivants ou vivant parmi les morts.

Ce n'est pas parce que tu es dans ce mood que tu ne seras plus jamais heureux. La vie ou les trips te surprendront toujours et même si tu crois avoir atteint un stade ou tu n'apprendras plus rien, tu ne cesseras jamais d'arrêter d'apprendre.

Prend le temps de digérer tes expériences, il ne faut pas non plus prendre chacune de tes réflexions sous psychédélique comme vérité absolue, c'est plutôt comme une succession d'idées qui évolues au gré des expériences que tu fais, il ne faut pas croire que la vision que tu as acquise sera immuable.

Car les psychédéliques t'enseignent, mais ça dépend aussi de ta façon d’interpréter ces enseignements. Et ton interprétation va évoluer au fur et à mesure que tu progresseras avec les psychédéliques et les expériences de la vie.

Dans tous les cas tu finiras par trouver la paix et ne plus être blasé par ton innocence perdue. On fini par se faire une raison ou on sombre. Sombrer est parfois nécessaire pour remonter sur de bonnes bases. Tous les trips que tu feras ne seront pas tous super cool, mais tu en ressortira toujours enrichi.

Tu n'es pas obligé de tester toutes les substances du mondes, rien d'autre ne ressemble à un trip de champignons qu'un autre tryptamine ou un lysergique. Voir une infusion de cannabis.
(très différent de fumé)

Mais les autres types de drogues ou de façon de consommer ne t'apporteront pas d'expériences similaires. Évite le tabac comme la peste ! Et de fumer des joints. Si tu le fais essaie de l'herbe pur ou par vaporisation. L'infusion n'a rien avoir.

J'ai jamais tripé au LSA extrait comme avec les graines fraîches. Jamais essayé le principe actif des champignons extrait. D'expérience, le fait de consommer leurs équivalent naturel m'apporte un effet incomparable, car j'ai des vagues successives, là ou les extraits sont totalement linéaires et si fades, comme le cannabis fumé. Pourtant j'aime beaucoup le LSD et la DMT.

Encore une fois, prend le temps de digérer tes expériences.
 
@Marvelle
J'ai consommé avec régularité à mes débuts, moins souvent maintenant, deux fois par an en moyenne, du LSD.
Je me sens pas moins psychonaute pour autant. J'ai exploré suffisament loin pour atteindre et connaître mes propres limites, et comprendre que pour dépasser ces limites je devais me transformer. Cette transformation n'est vraiment possible qu'au quotidien, en tout cas avec mes moyens.
J'imagine que si on a un chaman pour nous guider, les choses sont différentes, on peut sans doute progresser plus vite, être prévenu. Ce n'est pas mon cas.

Maintenant j'ai toute la vie pour explorer. De toute façon, un jour je vais mourir, ce sera le trip ultime, et là je suis sûr d'être obligé de dépasser mes limites. Alors en attendant, je me prépare tranquille.

edit : à ce que je comprends tu as été accompagné par un/e pro pour ton premier voyage. Et tu parles d'un retour en arrière impossible, et d'une certaine mélancholie. Si tu dis ça, c'est que tu as largement fait le premier pas. La suite est inévitable. Tu es condamné(e) à te réaliser. Prends ton temps. Aucune régression n'est possible. Il n'y a rien à précipiter.
 
Merci pour ces précieux conseils. J'aime l'idée de la mort comme du trip absolu ; l'ultime métamorphose de l'être. C'est quelque chose qui me revient lorsque je me rappelle à mes anciennes sagesses. Cependant, on ne peut constamment les avoir à l'esprit :)
La magie des psychédéliques se prête aux expérimentations les plus folles. On peut les mélanger avec tant de situations ! Que ce soit la classique marche en forêt, ou le sexe, ou la musique.
J'ai passé une après midi sous champignons à regarder les scènes de mes films préférés, à lire les livres de mon enfance, à écrire et tester mon jeu de guitare. Ce sont à chaque fois de nouvelles surprises.

La scène de la cage des Dents de la mer, par exemple, par rappelé au vieil instinct de la proie pourchassée, profondément gravé en nous.
Dans Conan, le conte d'introduction du père à son fils paraissait presque irréel; je voyais le visage fatigué du vieux, comme vaisseau porteur d'une énergie mourante, et la transmission de parcelles de cette énergie à celle de son fils, et son jeune visage, son jeune corps encore rempli de carburant. Les visages étaient de véritables masques, des langages pour nos êtres.

Drôle qu'on ait naturellement besoin de ces manifestations extérieures de l'énergie pour communiquer. L'idée d'une fusion complète, instantanée, indivisible entre les êtres parait tellement plus simple et naturelle...
Peut-être est-ce l'aboutissement du voyage psychédélique ?
C'est vrai qu'en trippant, on ressent souvent quelque chose d'approchant. Une forme de fusion originelle.

A présent, la question demeure : y a t'il une dimension de conscience encore plus profonde que celle de la fusion ?
 
Je vois que tu es dans une phase de découverte, d'exploration, de nouveaux horizons. Profite-en et vis-le pleinement comme tu le fais !

Cette idée de la fusion comme expérience ultime apparaît comme très séduisante, rassurante, cependant je doute qu'elle soit le but de notre parcours (pour peu qu'il y ait un but, pour peu qu'il y ait un parcours).
Je pense (avec toute la limitation du "je", et avec toute la limitation du "pense") qu'il y a un niveau de conscience plus profond que la fusion. C'est l'état où l'on est à la fois un individu avec un corps délimité, ET une conscience englobante, omniprésente, totale. Un état paradoxal, non-dualiste, où l'on est à la fois soi et l'autre et le lien entre soi et l'autre.

Je reconnais cette idée dans le yoga dont parle Krishna à Arjuna. Yoga veut dire "jonction". Joindre la conscience individuelle à la conscience cosmique. Joindre et non pas fusionner. Réaliser l'identité entre l'âme personnelle et l'âme divine, sans être uniquement l'un, ni uniquement l'autre, mais les deux à la fois.
Enfin, c'est de la théorie.
 
Je me "joins" à stylo sur ce point : la fusion est une étape, qu'on peut expérimenter via la dissolution de l'égo, mais cette attitude désincarnée n'est pas une finalité. Vient tôt ou tard un moment où l'on retrouve les limitations de son "je", où l'on se réincarne comme Sujet (au bout de quelques heures de trip comme au bout de plusieurs mois/années de pratique...), et quitter l'état de grâce impersonnelle peut d'ailleurs être une souffrance pour qui s'y est attaché. Le véritable Eveil me semble se situer dans cette capacité à rester fluide, à faire l'aller-retour entre ces deux états de conscience (faire la jonction, merci pour le mot).

C'est une éveillée dont je ne me rappelle plus le nom qui faisait le parallèle avec la trinité chrétienne :
1e étape de l'Eveil - identification au Père, c'est l'état de fusion, l'inversion sujet/objet dans la conscience.
2e étape - identification au Fils, on retrouve son individualité.
3e et dernière étape - le saint esprit => spiritus => le souffle, qui inclut donc cette notion de va et vient entre les deux états cités plus haut.

Enfin bon moi j'en suis encore à bouffer une demi-meule de fromage par jour pour compenser mon anxiété, alors ce que j'ai à dire hein... :3
 
J'allais faire une remarque sur la Trinité aussi !

Une des trente milliard de lectures possible est de voir que la trinité est une image de la conscience cosmico-ultime : Un plus Un font Trois. Il y a, l'un, le deuxième, et le lien qui les réunit est le troisième.
 
Je me suis permis de déplacer dans « psychonautisme » ;)
 
Ça me rappelle tous ces téléfilms américains des années 90 ; un garçon dans confiance trouve des baskets magiques qui le rendent inarretable au basket (ou au foot, ou au hockey, c'est escamotable). Il est plongé dans le flux, entièrement confiant et satisfait.
Fin de l'acte 2 : les baskets sont détruites, et sa confiance avec. Mais il joue tout de même, et miracle ! Tout était déjà en lui.

Philosophie populaire de mon enfance ? Ça rejoint cette idée des étapes fusion, redescente puis jonction entre l'un et le tout.

Tous vos posts me rendent curieux de découvrir cela. Du coup, quand vous avez atteint cette étape de l'ambiguïté dualiste, vous avez eu le sentiment d'un accomplissement ? Comme d'un aboutissement de la quête psychonautique ?
 
@Tridimensionnel
Bien vu !

@Marvelle
Je crois qu'on s'est très bien compris.
Perso je suis très loin d'avoir atteint la conscience parfaite, mais au moins j'ai renoncé à la fusion (pour reprendre ton expression). Plutôt qu'un aboutissement, pour moi c'est un renoncement et un nouveau début.
L'une des conséquences d'avoir abandonné mes idéaux est que je prends beaucoup moins de psychés. Je suis confiant que le vrai boulot se fait au quotidien, et qu'il sera validé dans la prochaine expérience.

Après 10 ans de psychonautisme (putain je suis vieux), je me sens débutant, et c'est TRÈS BIEN.

Cette critique de l'union cosmique à tout prix est magnifiquement formulée par Jed McKenna dans son bouquin Spiritual Enlightenment - The damnedest thing.

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Il établit une nette distinction entre ce qu'est l'illumination pour lui (la conscience non-dualiste permanente) et ce qu'elle n'est pas (l'extase, l'union cosmique, les transes, l'amour universel, la liste est longue).
C'est en anglais, mais c'est très facile à lire, beaucoup plus que Harry Potter par exemple. C'est une langue américaine claire, avec des phrases simples, des expressions familières même. Jed McKenna parle avec la voix du type que tu croises à la caisse et qui t'explique pourquoi les oranges sont pas bonnes dans ce supermarché. Parce qu'il sait.

Un lien vers la baie des pirates pour les moussaillons : Torrentez-moi ça !
 
De mon point de vue, après seulement quelques années de consommer mais y étant allé assez fort sur les fréquences parfois, j'ai fini par apprécier les psychédéliques avant tout en tant que catalyseur d'émotion et de sensibilité, je vais avoir tendance à préférer les consommer en découvrant divers endroits, diverses ambiances, de me passionner pour à peu près tout ce que l'instant aura à me proposer . Je trouve que les distorsions visuelles, les altérations de l'humeur, les chamboulements physiques m'aident à maintenir un état d'esprit de fascination qui rend d'autant plus jouissive l'exploration de ce qui m'entoure .

J'ai l'impression que, chez moi, les sacralisation/ritualisation/pavé philosophique deviennent vite stériles et assez artificielles, je préfère stimuler mes 5 sens (même si je pense que les 5 sont un peu réducteurs), plutôt que rester uniquement dans ma pensée bien que je comprenne la démarche et puisse apprécier ça de temps en temps . Bien sur cela dépend des substances et du dosage, en effet les champignons sont bien propices à la spiritualité et à la philosophie, leur bodyload les rend, je trouve, adapté à une position statique pendant longtemps .

Pour moi, le psychonautisme, à force de triturer les boucles et les réflexions plus ou moins abscondes et ésotériques, ça finit toujours par la simple et bête acceptation et engagement total de l'instant, que ce soit par l'activité physique ou la contemplation .Tripper, ça va être aussi bien, que je phase sur des mégots de clope par terre ou sur des chants tibétains (bien sur je prend des cas extrêmes pour qu'on comprenne) dans un idéal de laisser aller que je tend à rechercher . Ca reviens (oh je suis bavard ce soir) à un de mes trips sous champignons qui m'a laissé la nette impression que la beauté, la "valeur" même ne résidait non pas dans l'objet mais bien dans l'oeil de l'observateur . Dans la pratique, à force de désacraliser le monde physique, je me retrouve souvent à respirer pendant plusieurs dizaines de minutes seul dans un endroit glauque pour calmer une crise d'angoisse mais wow j'ai calmé un crise d'angoisse seul, sans calmant dans un endroit glauque juste en respirant !

"où nous mènent-ils" Depuis que j'en consomme, j'ai l'impression d'être plus sensible dans le négatif comme le positif . Mais la sensibilité, je pense déjà en avoir pas mal sobre, donc ça exacerbe une tendance . Dans le concret, dans les semaines après des trips voire des mois après des prises répétées, même sobre je vais ressentir beaucoup d'"intensité" émotionnelle et sensorielle pour un rien . Mais est-ce vraiment les psychés ? Le cannabis peut-être ? Une ascendance génétique favorisant certains fonctionnement cérébraux ? Je sais pas .

"Existe-t-il un achèvement, une conclusion au bout du chemin" La mort, donc au final quoi qu'on fasse ou pense, qui qu'on soit on partage tous un destin commun, je trouve ça beau une fin commune .
 
Indica c'est une grosse qualité d'être sensible car tu peux ressentir les subtilités dans les ambiances et humeurs des gens. Forcemment le positif et negatif, on peut pas y échapper au dernier. 
La plupart de la société est insensible pour diverses raisons (conditionnements, traumas etc..). On devrait tous pouvoir ressentir les ambiances des lieux, les humeurs des gens avec subtilité et finesse, c'est ça la beauté de la vie tu l'as compris. Et après si le coeur y est, mettre des mots sur ce que l'on ressent. Mais c'est secondaire (notamment batir des concepts spirituels).

A ta place, je chercherai à continuer à développer cette sensiblité.
 
La question des effets à long terme de l’altération de la conscience se confond avec celle de notre adaptation à notre environnement suite à celle-ci. Un effet indésirable serait que le psychonaute, revenu de ses voyages, ne parle plus la langue du monde dans lequel il vit. Je pense notamment au monde urbain. Le béton et le métro étaient déjà écrasants avant, mais là tu dézoomes et vois la chose comme une fourmilière, et tu penses aux univers parallèles quand on te parle des retraites…

Quelque chose me rassure quand je doute et doute du doute : personne autour n’est sûr de grand-chose et tout le monde se rassure avec des bouts de sagesse suggérés par le curé (c’est rare quand même), Michel Onfray, le Dalaï-Lama ou Forrest Gump. Dans les sciences dures de nouvelles zones de flous émergent à chaque avancée, dans les sciences humaines on est dans la poésie depuis des décennies, mille modèles de la réalité naissent par semaine, et c’est sans compter ceux des trippés.

Je connais un type converti au catholicisme en latin tendance hardcore, biologiste (science semi-dure) issu d’une famille anti-cléricale. C’est un virage au moins aussi radical que celui que peut provoquer un gros trip, voire bien plus. Mais de l’autre côté il y a plein de gens, de structures et de ressources pour l’accompagner. Le consommateur de psychés n’a pas vraiment d’autres choix que de se frayer son chemin tout seul, même s’il peut s’embarquer dans n’importe quelle religion, secte ou philosophie pour une durée X. Il pourrait même finir dans le catholicisme en latin lui aussi, et là, quelle serait la différence avec notre premier converti sinon le chemin qui les y a menés ?
 
Larry_ a dit:
 Un effet indésirable serait que le psychonaute, revenu de ses voyages, ne parle plus la langue du monde dans lequel il vit. Je pense notamment au monde urbain. Le béton et le métro étaient déjà écrasants avant, mais là tu dézoomes et vois la chose comme une fourmilière, et tu penses aux univers parallèles quand on te parle des retraites…

Ça me rappelle ce que j’ai ressenti en revenant d’une ZAD : une impression de totale déréalisation, le monde urbain était in-sen-sé, ses acteurs ridicules, bouffis d’orgueil et de divertissement, la vanité luisant sous un vernis craquelé de civilisation.
C’était vraiment dur, de passer d’un lieu bourré d’émotions, de volontés, d’espoirs et de désespoirs, à ... « Babylone », comme ils disent.
Alors finalement on pourrait penser ce questionnement sous l’angle du voyage pas uniquement psychédélique.
 
Ah ben, avec la tournure que prend la conversation je me sens obligé de rappliquer, parce que ça percute avec des questionnements par trop quotidiens. J'ai envie de vous partager la conclusion d'un devoir de collège rédigé quand j'avais 13 ans, dont le sujet portait sur les pros and cons du voyage. J'espère que vous me pardonnerez cet élan de nostalgie :

MiniBiquette a dit:
Un sage a dit : "J'aime beaucoup voir des paysages, mais je préfère voir des visages." Il est vrai que c'est un des plus grands attraits du voyage. La découverte de nouvelles cultures, de nouvelles langues, parlées par de parfaits inconnus qui ont un mode de vie différent du nôtre. Ils ont tous quelque chose à nous apprendre, à nous apporter. Nous leur offrons notre vision des choses, ils nous offrent la leur. C'est un partage, un partage qui nous enrichit mieux que l'argent ne saurait le faire.
Voyager ouvre l'esprit, remplit de choses nouvelles une coupe que nous pensions pleine. Nous disons adieu à nos préjugés et obtenons une vision des choses qu'aucun sédentaire ne saurait avoir.

C'est à la fois embarrassant et très doux de relire ça. Cette naïveté ! Quatre ans plus tard, assoiffé de voyage, je bouffais mon premier acide. Maintenant, avec plus d'une décennie de recul, j'applique la même réflexion concernant les psychédéliques : une invitation à faire un pas de côté, sortir de nos habitudes sclérosées et s'ouvrir à la rencontre de l'Autre. Avec parfois des frais de péage élevés, la perte de repères, des blessures et traumas, voir l'aliénation définitive au profit de l'Autre - quand la psychose pointe le bout de son nez. Le trip comme le voyage, vous l'avez relevé, c'est prendre le risque de ne plus tout à fait parler la même langue au retour. Mais qu'importe de parler une langue différente au sein de Babylone aux multiples idiomes ? Ce décalage d'avec le familier est gros d'une opportunité de mûrir, de réinventer la communication avec soi, l'espace et autrui, bref, triompher de notre inertie. A titre personnel, que ce soit par l'aventure géographique ou la navigation spirituelle, une promesse lourde comme une exigence s'est toujours imposée : l'expérience radicale de l'altérité c'est l'occasion de trouver le radical humain, partir dans l'espace mais toujours faire l'effort de revenir à la racine, bref, partir n'est pas fuir, c'est la chance de mieux vous retrouver.
Quel est ce radical humain, quel dénominateur commun ? J'en sais foutre rien, il participe de ces vérités insaisissables et contradictoires, mais sa nature fuyante n'a pas à être un prétexte à l'acédie ; tout comme l'accès à des hauteurs spirituelles n'a pas pour but d'éloigner mais de rapprocher. A quoi bon comprendre si je ne peux pas partager ? D'où la nécessité de revenir, de jeter des ponts, fût-ce par-dessus des océans. Je dis revenir, mais le mot est mal choisi, il ne s'agit pas de revenir au sens d'un demi-tour, ce qui n'a justement pas de sens quand on parle d'expérience humaine : on ne revient pas, on devient !

Se transcender
"En tout commencement un charme a sa demeure
Franchissons donc, sereins, espace après espace
N'acceptons en aucun les liens d'une patrie
Pour nous, l'esprit du monde n'a ni chaînes ni murs
Par degrés, il veut nous hausser, nous grandir."
H. Hesse

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