Cela fait un mois depuis ma première prise, et ainsi j'imagine qu'il est temps de revenir quelque peu sur ce que cette perche, comme celles qui ont suivies, ont pu réellement m'apporter en comparaison avec ce que j'avais noté auparavant.
La MD change totalement notre perception du monde qui nous entoure et nos rapports aux autres pendant une période limitée, allant de quelques jours à quelques semaines. Puis les choses se tassent petit à petit, une forme de naturel revient, même ce naturel n'est pas exactement le même. Il s'agit quelque part du même type de sentiment que lorsque nous réalisons que nous vivions en marge de quelque chose sans l'avoir deviné : notre contact avec le monde réel ne peut rester utopique tant il est marqué de pessimisme et de craintes.
Pour autant j'ai l'impression qu'après cette prise, même ayant certainement perdu la plupart de mes volitions du moment, je ne suis plus le même. Je gère beaucoup mieux mes états d'âme, je me sens davantage paisible, et toujours assez proche des autres. J'ai aussi réussi à lâcher prise sur beaucoup de sujets, me rendant plus franc, moitié moins timide, me laissant couler au gré des plaisirs.
Car c'est ça que cette drogue apprend réellement : profiter du bonheur présent. Avant qu'il disparaisse, et ainsi de suite. Il nous apparaît que le bonheur intense n'est qu'un état hors du temps et passager, qui s'éteint aussi vite qu'il est apparu. Toute la conception du bonheur comme provenant d'une forme mystique est éteinte : le bonheur est chimique, mental, psychique. Il ne dépend pas des autres mais de notre propre conditionnement vis-à-vis des situations, de notre capacité à être heureux sur le moment et se le représenter pour reconnaître et distinguer le bonheur de l'illusion.
Dans mon cas il en sorti des choses bénéfiques, parce que c'était certainement le genre de choses qui me manquait : reconnaître le bonheur. Mais quelque part, j'ai aussi perdu au change. Même si je suis beaucoup plus heureux, j'ai aujourd'hui du mal pour me motiver pour n'importe quel acte qui pourrait me déplaire.
Et puis le son, toujours. Inébranlable, qui ne juge pas, qui semble vivre à travers nous et sans nous. La MDMA rapproche de la musique de manière exponentielle. S'en lasser devient impossible, les choses semblent claires, limpides, la musique détient le secret de la plupart des formes de bonheurs induites par la représentation, nous y sommes, la perle musicale.
Enfin, et ce n'est pas négligeable, j'ai rencontré la fille qui m'accompagne depuis peu en étant perché. Et les souvenirs de ce genre de rencontres restent des souvenirs qui ont échappés à la matérialité d'une société codée, qui ont approchés davantage la rareté des instants imprévisibles et aléatoires que nous propose la vie à chaque instant.