Je me permet de remettre le TR de William, enfin l'ancien, peut être que ça mériterait un nouveau topic ?
Cependant je serais intéressé d'avoir le feed-back 10 ans après, ce qui a été difficile et plus facile, comment tu t'es réorganisé, qu'est-ce que ça a vraiment changé/apporté ?
"Allez, je le poste, advienne que pourra. Peut-être l'avez-vous déjà lu sur Psychopost. Ca date de 2004 (l'initiation et le TR). Pas retouché depuis (je voulais dire le TR, c'est celui écrit en 2004, à chaud).
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J'ai volontairement amputé toutes les "expériences" spirituelles car elles ne concernent que moi. J'ai mes croyances, je ne veux pas les imposer aux autres. C'est donc plus un rapport circonstancié sur les effets externes et physiques. Toutes mes réflexions et compréhensions je les garde pour moi, jusqu'à ce que je soit sûr de pouvoir les partager en toute confiance.
Donc, les effets comme je les ai ressentis après avoir été initié à Iboga pendant 2 jours consécutifs. Je ne sais pas la dose que j'ai prise, je ne sais même pas si ça se dit dans ce cadre là. On m'a fait consommer de l'Iboga cuillère après cuillère, jusqu'à que je n'en puisse plus, en somme.
Au bout d'une demi-heure, légère chaleur dans le corps, comme des chatouillis, premiers phosphènes.
Au bout d'une heure, l'esprit commence à s'éclairer, les idées fusent, précises, perçantes, intuitives, je me sens « un peu plus intelligent ».
Au bout de deux heures, mes membres s'agitent doucement, je ne cesse de me trémousser, premières nausées, boule dans la gorge, salivation intense, l'esprit est encore plus clair je comprends beaucoup de choses, des souvenirs me reviennent.
Au bout de trois heures je suis parti pour de bon, je ne contrôle plus grand chose, mon initiateur me demande de me mettre debout, avec son aide. Je suis surpris ! Je peux à peine me lever ! Une fois debout, j'ai l'impression que je ne suis plus que ma tête et que mon corps n'est qu'un support immobile. Je dois sauter deux fois à pieds joint pour remercier la plante. C'est impossible ! Je ne sais plus « comment on fait » ! Des tas de choses m'apparaissent avec une grande clarté, conceptions philosophiques ou métaphysiques, rapprochements d'idées, intuitions, mais je ne sais plus comment on saute à pied joint... Après d'incroyables effort, j'y arrive enfin, très laborieusement. Je me rassois, mon initiateur me rappelant toujours à l'ordre quand je suis sur le point de m'affaler. « Si tu te couches, Iboga se couchera aussi. »
Quatre heures depuis la première prise. Ce n'est plus exprimable en mots. Je passe par des phases de joies intenses suivit d'abattements terribles. Je me dis que plus jamais je ne prendrai de cette infecte saloperie de racine que même les cochons n'en mangent pas, c'est pour ça que la plante sécrète un tel poison, pour se protéger.
Je ne me souviens plus du moment où j'ai vomi. De toute façon on n'a pas de montre et il fait noir, mais j'ai toutefois une très bonne perception du temps, jusqu'à parfois donner l'heure à la minute près sans regarder ma montre. Avec Iboga, tout ceci disparaît. On sait faire des chose inconnues, penser à des choses inconnues ou nouvelles, mais tout ce que l'on sait ou croyait savoir, on l'oublie... Donc j'ai vomi, longtemps, douloureusement, dans des spasmes atroces où je croyais m'étouffer, je me demande si je n'ai pas formulé le souhait de mourir plutôt qu'endurer ça... Pourtant, j'ai déjà dégueulé, et pas qu'une fois. Et bien même en buvant une bouteille de gnôle le matin à jeun, on dégueule pas comme ça.
Après je suis en dessous de tout, j'ai la sensation d'avoir été victime d'une attaque au gaz moutarde, je ne dis pas ça dans le vent, je connais les effets de l'Ypérite. Étonnamment, mon esprit est encore plus incroyablement clair, presque heureux (rareté, dans mon cas), je dissocie totalement les effets physiques et psychiques, bien que quand de nouveau spasmes me prennent, mon corps me domine à chaque fois. J'arrive à me rappeler de choses incroyablement anciennes, sur ma mère, par exemple, ou de choses que j'ai dites, faites, ou penser étant petit enfant. Mais les effets physiques sont trop fort. Je plonge dans une sorte de torpeur moribonde, déglutissant frénétiquement pendant des heures. Calvaire, chemin de croix, où est la sortie. Il n'y en a pas, quand Iboga te tient, elle ne te lâche pas si facilement, les effets sont très longs.
Je passe finalement une nuit atroce.
Le lendemain matin, tout va bien, j'ai la démarche un peu étrange et le visage transfiguré. J'ai peine à me reconnaître dans le miroir, j'ai su par la suite que c'était vrai et pas seulement du à un délire, les traits de mon visage étant réellement différents. Je suis très calme, pas comme d'habitude... posé, méditatif, patient, aimable, attentif même, bien qu'un peu diminué physiquement. Je me dis quand même que ce n'est pas fini, que je dois en reprendre le soir... Je dis à mon initiateur que je n'en veux plus, que le goût est trop dégueu, que jamais je n'en reprendrai. Il me dit : « D'accord. Mais on en reparle tout à l'heure? »
Finalement, le soir, j'ai poursuivi l'initiation...
J'ai dû me battre et rassembler tout mon courage pour avaler la première bouchée ! Alors que le premier jour, j'ai maché avec entrain la première 1/2 heure. J'étais tellement content de le faire que je ne trouvais pas ça si mauvais ! J'étais encore dans les effets de la veille, les effets durent très longtemps. Environ 24 h pour les effets physiques et jusqu'à plusieurs mois pour les effets "spirituels". Je savais un peu ce qui allait m'arriver, alors j'attendais un peu que ça vienne. Mais en fait, encore une fois, Iboga m'a pris au dépourvu !
J'ai vécu, intérieurement, une expérience totalement différente du premier jour. Physiquement, comme je n'avais presque rien mangé à part quelques fruits, je n'avais pas grand chose à vomir. A part de la bile... Ca pour purifier, ça purifie l'iboga ! J'ai rejeté loin de mon corps toutes les toxines accumulées pendant des années et des années. Pas seulement des toxines corporelles, mais des toxines mentales aussi. Il m'arrivait souvent de "ruminer" un sujet douloureux de ma vie tout en luttant pour ne pas vomir. Le sujet se mélangeant avec la sensation désagréable de nausée. Lors du vomissement, c'est comme si j'expulsais par la même occasion mes problèmes intérieurs.
C'est difficile à expliquer. Tout tourne autour du vomissement et de la sensation d'inconfort. L'Esprit va beaucoup plus vite que d'habitude. Pas facile à expliquer. Bref. Le deuxième jour, le plus intéressant a été le moment ou je me suis regardé dans le miroir maquillé de kaolin. J'ai commencé alors une exploration intérieure, une régression et je suis remonté jusqu'à ma prime enfance et à des moments traumatisants. Des mots ou des gestes qu'avaient eu des adultes envers moi et qui m'avaient fait mal. Des choses enfouies, des incompréhensions, des douleurs cachées... Par moment, la vision cessait et je revoyais mon visage dans le miroir. Ce n'était jamais le même visage. Il était parfois hideux et démoniaque et ça me faisait rire. Je voyais toutes les facettes sombres de ma personnalité et je trouvais ça très pitoyable. A ce moment là, j'ai ressenti beaucoup d'amour pour moi même, je me suis aimé, mais vraiment aimé. Je me suis pardonné mon orgueil et je me suis pris dans mes bras. Je me suis chuchotté "je t'aime" à l'oreille et alors je me suis mis à pleurer. Je me suis littéralement vidé de mes larmes et après, tous les effets "psychiques" de l'iboga avaient disparu. J'ai même dit à mon initiateur : "C'est fini.". Il m'a dit que je n'avais pas tout avalé la dose prévue je lui ai répété que pour moi c'était fini, j'avais vu ce que j'avais à voir. J'avais alors une force mentale et une détermination sans limite. Je me suis levé, plein d'une force nouvelle et j'ai quitté la pièce.
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Rajout de 2009
Cette force que j'avais, elle étais uniquement mentale. Physiquement j'étais un vieillard de 100 ans. Il me fallait une canne pour marcher à petits pas, je parlais en chevrotant, je ne savais plus faire les gestes du quotidien et ce pendant plusieurs jours."