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[Héroïne] La déchéance

MindWalker

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Substance consommée : Héroïne (diacétylmorphine)
Qualité : 59% d'héroïne, 28% de noscapine, 3% de 6-MAM, 2% de papavérine (Analyse Psychoactif n°PSY253318)

Documentation :
Article PsychonautWiki "Heroin"
Article PsychoWiki "Héroïne, effets, risques, témoignages"
Vault Erowid "Heroin"

Expérience :
Date : 24.04.2025
Age : 28 ans
Poids : 90kg
Heure de consommation : 00h
Quantité : 15mg
Redosage : Multiple
ROA : Fumée
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***​

Contexte : Seul chez moi
J'ai déjà pu tester une foule d'opiacés au cours de ces derniers mois mais au moment où je consomme ça fait plus d'un mois que je n'ai pas gouté à nouveau aux saveurs de l'opium. Je me gardais en effet l'héroïne pour la fin de toutes mes expériences car j'avais un (mauvais) pressentiment avec elle. Ça fait maintenant quatre mois qu'elle dort dans mon tiroir, prête quand moi je le serai. Et donc, pour signer la fin de mes grandes expériences, je me décide à l'essayer et enfin clôturer tout ce chapitre. Tout comme avec le crack, j'ai en tête beaucoup d'histoire d'héroïne et c'est avec une appréhension particulière que je l'aborde.

L'héroïne que j'ai en ma possession est un H3 brune avec une teneur de 59%. On part sur quelque chose de très solide donc niveau puissance. Le produit se présente sous la forme d’une poudre brune. J'ai 15mg avec moi mais vu la puissance du batch, je préfère diviser grossièrement en deux. Je prévois de la fumer, donc de "chasser le dragon". J'ai récupéré du papier aluminium et de la naloxone au CAARUD et me pose sur mon bureau, un peu anxieux. Je pose environ le tiers du produit dans la feuille d'aluminium pliée et me décide à la vaporiser comme j'ai vu sur les tutos en ligne. J'ai mon spray nasal de naloxone prêt sur le bureau. Je suis très précautionneux et dès qu'un tout petit peu de fumée blanche apparait je l'aspire et arrête tout, attendant que ça monte. Pas grand-chose à part une sensation d'un gros hit de cannabis. Prenant peu à peu la confiance, j'attaque cette fois-ci l'autre partie de mon produit, soit environ 10mg.

T+0mn : L'extase
Après quelques bouffées, je suis suffisamment en confiance et provoque une belle vaporisation de couleur blanche, tout en chassant la goutte. J'aspire une grosse volute de fumée blanche qui, au goût, me rappelle immédiatement le goût de l'opium mais beaucoup moins âcre. La montée est semblable à une grosse vague. Sentant que je monte d'un coup, je précipite ma main sur la naloxone et me tient prêt. J'ai presque l'impression qu'un courant électrique chaud remonte ma moelle épinière pour illuminer toutes les branches de mon cerveau. Je me fais envelopper dans un grand manteau chaud et cotonneux alors que je m'affale dans ma chaise, relâchant une épaisse fumée blanche que j’avais gardé au maximum dans mes poumons. Je m’étourdis et sens mes yeux un peu rouler dans mes orbites. Bizarrement, toute mon angoisse disparait à ce moment si critique, un profond sentiment de bien-être m'envahit littéralement, comme si on m'avait arraché l'épine de tous mes problèmes à ma chair. Le monde est beau. Il n'y a plus de problèmes. Il n'y a plus rien d'autre que moi et le monde et les deux vont bien.

T+1mn : Ne me quitte pas
Le flash ne dure pas longtemps, une bonne minute quand même avant que la phase de plateau ne commence. L'expérience était concluante, je savais maintenant ce qu'était le flash. J’aurai dû m’arrêter là mais j'en reveux. En l'espace d'une minute, en l'espace d'un gros hit, je suis passé d'une appréhension morbide à une déclaration d'amour à la plus belle des drogues de ce monde. J'ai 15mg. « Je ne devrai pas pouvoir faire d'overdose » je me dis. Sans même réfléchir, sans même attendre un peu la phase de plateau, j'en reveux. Et je refume. Et de nouveau l'extase, plus forte encore car magnifiée par la première dose qui est toujours au top de sa forme. Je suis sur ma chaise, les yeux fermés, heureux.

T+10mn : Une coquille vide
Je suis incapable de m'arrêter. La paille de fortune en aluminium ne quitte plus ma bouche alors que je fais couler la goutte de long en large sur la feuille d'aluminium. Je ne quitte plus cette phase d'extase qui fonctionne comme un plateau maintenant tant je reprends des doses. Je ne sais même plus où est la naloxone, à ma droite peut-être ? Tout ce que je vois c'est l'aluminium, la goutte, la fumée. Je suis devenu une coquille vide, seul, dans ma chambre, minuit passé. Heureux. Heureux et vide.
Le produit n'est pas infini et peu à peu, les 15mg ne fournissent plus assez de fumée. L'euphorie retombe petit à petit. Hors de question : je rapproche plus la flamme, jusqu'à faire brûler l'héroïne. La fumée se teinte de noire, c'est certainement toxique mais peu importe. Elle est plus âcre également. Mais au bout d'un moment, aucune fumée ne sort : le produit est définitivement fini.

T+20mn : Le monde est beau
Je parviens à me hisser debout tant bien que mal mais ma tête tourne et enfoncé dans un très profond brouillard. Je me tiens debout comme je peux en m’appuyant sur mon bureau. J'ouvre à peine mes yeux, profitant pleinement de l'extase qui illumine mes neurones comme des décorations de Noël. Mon corps me porte à peine, tanguant difficilement. Debout, je réessaye désespérément de refumer mon héroïne désormais carbonisée. Rien bien évidemment.
Je m'effondre dans mon lit et lance une musique de lofi très douce. La phase de flashs répétés à maintenant laissé place à une sédation profonde doublée d’une euphorie apaisante. Je reconnais bien là les opiacés, tout ressemble à la morphine ou au tramadol. Je me sens détendu, sans problèmes, sans souffrances et le monde est bien. Mon corps est lourd, si détendu, si mou. Mon cœur bat assez lentement mais je ne me rappelle plus du BPM. J'ai lu quelque part que le pic de l'héroïne était parfois 10 minutes après la prise. Peut-être que je vais mourir-là qui sait ? En tout cas, je n'ai pas envie d'aller chercher ma naloxone. Le plateau dure environ une heure.

T+1h30 : Encore une fois s'il vous plait...
Les effets s'amenuisent peu à peu et je réémerge peu à peu. Je me sens bien, un peu chamboulé par l'expérience mais ça va. Je me pose sur l'ordinateur, discutant sur Internet. Mais ma tête est ailleurs. Je reprendrais bien un peu d'héroïne. L'expérience est pourtant finie mais j'aimerai trop la recommencer. Ce n’était pas si terrible que ce que les gens disent au final. Plus les effets descendent, plus son souvenir s'inscrit dans ma mémoire. Je veux en reprendre. Je veux refumer. Je me dis que c'est évidemment les effets secondaires de la drogue et décide de me coucher, satisfait d'avoir mené à bien cette expérience. Alors que tous les opiacés m'ont toujours offert de magnifiques nuits de sommeil, là, je ne peux pas dormir, obnubilé par son souvenir.

Les heures passent.

2h du matin. Est-ce que j'avais vraiment tout fini sur les feuilles d'aluminium ? Peut-être qu'il en reste un peu ?

3h du matin. Je n'arrête pas d'y penser encore et encore et encore. Je connais des gens sur Snapchat qui vendent de l'héroïne, ptet que je pourrai aller en chercher demain ?

T+4h : Qu'est-ce que je suis devenu
Je pleure un peu dans mon lit en réalisant ce que je suis devenu. Ce n'est que maintenant que je prends le recul de ce qui vient de se réaliser. Le monde est déjà devenu beaucoup plus triste que tout à l'heure, beaucoup plus triste qu'il y'a longtemps en fait. Je suis seul, pas de taf, obligé de vivre chez ma mère à 29 ans, fuyant mon géniteur qui m'a négligé, incapable de mûrir sur une relation qui m'a brisé en deux, convaincu que tous mes amis me détestent, en train de pleurer parce que je n’ai pas plus d'héroïne. Je suis une merde. Le poids de mes choix de vie, de mes problèmes quotidiens me tombe dessus à pleine puissance. J'ai envie que ça s'arrête. Je n'ai pas envie de penser à ça. Je m'endors, plus d'épuisement qu'autre chose.

T+1j : Dépressif
Je me réveille le lendemain matin, exténué physiquement certes mais surtout au niveau mental. Je revois sur mon bureau l'aluminium, la paille, le briquet. J'ai une bouffée de honte qui m'envahit et jette tout ça à la poubelle. Mon moral est considérablement réduit au point le plus bas, presque au niveau de ma dépression d’il y’a plusieurs années. Je ne pense plus à reprendre de l'héroïne mais la vie est sacrément devenue triste tout à coup. Je rejoins des potes dans la soirée qui me font un peu oublier tout ça. Je reviens à ma baseline le lendemain matin (T+2j) mais reste quand même assez chamboulé mentalement.
***​

Conclusion : Si je la recroise, elle sera ma perte
Pour s'en tenir qu'à l'expérience en elle-même, c'était extrêmement fort, plus fort que tout ce que j'ai pu tester. Le flash est d'une puissance très impressionnante alors que je ne prenais que quelques bouffées. L'extase est sans commune mesure avec tous les autres opiacés et opioïdes tandis que sa phase de plateau, plus courte certes, est encore plus forte encore que les 300mg de tramadol que j'avais essayé. La descente se fait au niveau mental est rude, brutale, ignoble. J'ai rarement été aussi heureux que quand je l'ai fumée. J'ai rarement été aussi malheureux que quand je l’ai eu en descente.

46. C'est le nombre de drogues psychoactives que j'avais essayées. 46 substances. Je m'en suis toujours sorti, toujours été au clair avec moi-même, avec mes expériences même sur des choses très addictives comme la cocaïne, le crack, la meth, etc. Là, c'est différent. Aucune ne m’avait produit un effet ne serait-ce que comparable. Je regarde avec dégoût ce que je suis devenu ce soir-là. Il m'est arrivé parfois au cours de mes expériences d'avoir un redosage compulsif (je pense au crack ou à l'éther notamment) mais je savais que j'avais toujours un certain contrôle sur moi-même. Là, "je" n'existais plus : il ne restait que mon corps, bête et mécanique, s'administrant sans relâche sa dopamine. Je ne me souciais plus de rien, même pas de l'overdose. Si j'avais eu 20mg, j'en aurai tapé 20. 40, j'en aurai pris 40. Si j'en avais eu l'occasion, j'aurai fait ça toute la nuit. Jamais je n'ai autant perdu le contrôle de moi-même. Ce qui me dépite encore plus, c'était l'après. Comment je me suis trouvé un tas d'excuses pour reconsommer, pour rechercher le lendemain de l'héroïne dans ma ville, etc. Bref, j'ai entrouvert la porte de la fin de ma vie et contemplé le gouffre en face de moi.

Je ne retoucherai plus jamais à ça. Si je la prends une fois de plus, je ne m'en sortirais jamais.​
 
Dernière édition:
Je sais pas si j'ai raté ça dans tes autres TR (déso désoooo déso mais je lis bcp en diagonale), mais c'est la première fois que je te vois écrire un truc qui décrit autant ta personnalité et tes sentiments/émotions du moment. C'est peut-être ça qui crée justement les addictions, un moment qui te ramène à ta condition humaine.

Au moins, t'as apprécié cette expérience. Faut pas le voir comme négatif, je crois !
 
Ah peut-être, je pense que j'en parle quand même un peu de temps à autres, surtout dans la prise de drogues euphorisantes. Mais c'est vrai qu'avec l'héroïne, il y'a un gros effet de montagnes russes : un très grosse extase mais après c'est la fin du monde. Du coup, dans ce TR, j'ai un peu fait la foule de mes problèmes mais parce que je voulais que l'allitération de ceux-ci rendent compte de la submersion d'idées négatives qui m'ont traversé dans la descente.

Je peux pas vraiment te dire que j'ai apprécié l'expérience en tant que telle, c'est beaucoup beaucoup plus nuancé que ça. J'ai réussi à obtenir les effets que je voulais, tester le flash d'héroïne, oui. Ça a fait partie des meilleures drogues, voir même LA meilleure que j'ai prise au niveau des effets, c'est orgasmique oui. Mais la descente est catastrophique, des dizaines de fois plus longue que les effets en eux-mêmes. J'étais mal au niveau du moral, très très mal, j'ai passé une partie de la nuit à pleurer quand mon cerveau n'était plus alimenté par elle. De plus, j'ai détesté cet homme que j'étais devenu, bête et mécanique, ne pensant qu'à redoser encore et encore. On est 6 jours après et j'en garde un souvenir un peu frissonnant de dégoût. Au final, j'ai un souvenir très déséquilibré dans le négatif en fin de compte.

C'était la plus orgasmique des drogues certes mais je n'en retoucherai plus jamais même pas avec un bâton de 2m.
 
Ça a fait partie des meilleures drogues, voir même LA meilleure que j'ai prise au niveau des effets, c'est orgasmique oui.
C'est formidable est-ce que tu peux m'envoyer tes plans stp stp
 
Le monde est déjà devenu beaucoup plus triste que tout à l'heure, beaucoup plus triste qu'il y'a longtemps en fait.

Au cas où tu serais encore secoué de ces vilaines pensées, petites paroles dont je suis convaincue :
La solitude est un sentiment très subjectif, donc je ne tenterai pas de te convaincre d'autre chose, mais au moins n'oublie pas que, justement, c'est très subjectif et ne participe en rien à une évaluation rationnelle de ce que tu es. Si tu te sens seul, ça ne fait pas de toi une merde, seulement quelqu'un qui a besoin de proximité.

Si tu as perdu ton travail et que tu n'arrives pas à en retrouver, dis-toi bien que ce n'est pas de ta faute et que plein de gens très bien sont dans ta situation. Si tu as choisi de quitter ton travail, tes raisons sont bonnes, sinon tu ne l'aurais pas fait. Dans tous les cas, ça n'a rien de honteux.

obligé de vivre chez ma mère à 29 ans
C'est très mal vu dans notre société mais pourtant, plein de gens passent par là à plein d'âges différents, et c'est normal de pouvoir compter sur sa famille.

fuyant mon géniteur qui m'a négligé
Les parents abusifs ou négligents, c'est un problème hyper courant, dont les humains ont eu à se dépêtrer à chaque génération, et qui ne préjuge en rien de ta valeur. Heureusement que les enfants négligés par leurs pères ne sont pas des merdes, sinon notre société serait merdique (wait...).

incapable de mûrir sur une relation qui m'a brisé en deux
Je suis sûre que tu muris chaque jour, sans t'en rendre compte ! Mais c'est difficile d'en voir les fruits avant qu'ils ne soient mûrs, justement.

convaincu que tous mes amis me détestent
Ça rejoint un peu ce que je disais de la solitude. À moins que tu n'aies fait quelque-chose de grave, pas de raison que tout le monde te déteste à la fois. Mais si as fait quelque-chose de grave, répare-le !

en train de pleurer parce que je n’ai pas plus d'héroïne.
Ça se comprend ! Tu es triste qu'une chose qui te faisait du bien soit fini. C'est plutôt normal ! Ce qui sort de la normalité, c'est qu'il s'agit de la fameuse, terrible, héroïne. Mais tu sais pourquoi tu voulais faire ça, tu l'as fait, et la façon dont tu l'as fait t'appartient. Y'a pas de honte à avoir eu un comportement compulsif, c'est comme la branlette un peu, on est ridicules, ça ne fait pas de nous une merde. Finalement, comme dans le reste, c'est une sorte de projections de jugement social qui t'a fait du mal. Ou en tous cas, tes pensées négatives ont pris la forme de ce jugement social normatif, qui t'a renvoyé une image de cassos. Je te souhaite de te rappeler pourquoi tu en es là, pas ce que tu subis mais ce que tu choisis. Tu as de bonnes raisons d'être là où tu en es, et ton chemin n'est pas pire qu'un autre. Attends, tu pourrais être Elon Musk ! Là ce serait la grosse honte.
 
Je n'ai jamais eu de descente (avant ma dépendance physique) avec l'héroïne. Que du soulagement, même si je préfère la morphine. Pas plus qu'une addiction aussi rapide avec de la brune. C'est assez impressionnant, toi qui n'avais pas senti ça avec la coke.
Je ne me souviens plus: d'autres opis t'ont-ils fait le même effet?
 
Je n'ai jamais eu de descente (avant ma dépendance physique) avec l'héroïne. Que du soulagement, même si xxx xxx
exact... ce qui va dans le même sens pour notre intuition c'est le smile sur les lèvres caractéristique des OD... Avec l'héro il n'y a pas de bad quand on en prend trop... C'est quand on en manque loin après que ça commence...
 
Bah, même loin après tout allait bien perso 🤔 ça doit vraiment dépendre des gens mais je suis tout de même étonnée que ça ait fait ça avec l'hero et pas avec les autres opis, sans dénigrer aucunement l'expérience décrite. Je suis juste étonnée.
 
Heu non^^' jamais. Je doute que les drogues nous changent fondamentalement, surtout au niveau de nos valeurs. La misère socio-économique peut être plus.
Quoique le manque physique je ne sais absolument pas comment j'y réagirais... Probablement par la fin de mes jours plutôt que le vol. D'où mon intérêt de poursuivre ma baisse de la méthadone, ça avance lentement mais sûrement. Je pense qu'en dessous de 10mg/j j'y survivrai
 
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