Jaik
Matrice Périnatale
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Avant propos : la créature infernale qui me sert de copine est celle qui a rédigé ce TR (brillant). Je ne suis responsable de rien, Coyote, c'est moi.
*
Alors. En bons adolescents rebelles que nous sommes, Coyote et moi-même avions élu domicile sur le toit plat de ma cuisine, sous la pleine lune, avec vue panoramique sur les jardins du quartier, allongés comme des coqs en pâte sur une couette épaisse, avec à portée de main le boire, le manger et le wifi.
Une fois n'est pas coutume, Coyote eût le bon sens de rester sobre en me faisant fumer. Il prépare donc le bang, tasse la salvia ; hardie, je me lance. Et prends une latte de bâtard. (Ce geste sera apparemment répété plusieurs fois, ce qui expliquerait beaucoup de choses.) En musique de fond, "Epitome VII" de Blut Aus Nord (écoutez, vous comprendrez).
(C'est là que ça devient compliqué à décrire.)
Je m'adosse à la cheminée et tente de décrire les effets en simultané : "Il y a des mains qui sortent du toit et qui - OH BORDEL." Je n'irai pas plus loin dans mon live report. En effet, alors que j'essaie de boire un verre d'eau (en fait, je suis en train de tirer sur le bang), des milliers du mains sortent du sillage de mon geste. J'essaie de les chasser, mais plus je fais de gestes, plus je crée de mains, forcément. Comme j'ai porté quelque chose à ma bouche, j'ai aussi des petites mains dans la bouche, sous la langue, qui m'empêchent d'articuler. Autour de moi, les mains sortent du sol, finissent par m'entourer totalement (à ce stade je perds totalement conscience de mon environnement physique et de la présence du Coyote), jusqu'à ce que ma propre main se confonde avec elles.
Je suis sur une échelle appuyée contre un mur de briques rouges, de nuit, et quelqu'un à une fenêtre éclairée, juste à côté de moi, me donne un verre d'eau. Autour de moi, cette scène est répétée à l'infini, comme dans des miroirs placés face à face. À ce stade, j'ai brièvement conscience que toute la scène est contenue sur/à l'intérieur de mon vrai corps, celui qui est allongé sur un toit à Lille, et que je suis sortie de mon enveloppe physique. (Attention, passage hyper compliqué à décrire, mais c'était TRÈS réel au moment où je le vivais.) Mais en fait, à chaque fois que je prends le verre qu'on me tend, je m'aperçois que le sillage du geste (le passage du verre d'eau d'une main à une autre) crée des répliques miniatures de la scène. Et surtout, je m'aperçois que j'appartiens moi-même à une réplique créée par ce geste à une échelle supérieure. (Un geste dans le geste dans le geste dans le geste dans le geste, etc.) Au début, j'arrive à passer dans l'échelle supérieure à chaque fin de geste, mais je finis par me retrouver coincée, entourée de milliards d'autres êtres en train de faire le même geste que moi, tous contenus dans le geste d'une entité supérieure...
Je commence à paniquer. Je comprends que je fais partie de ces dimensions parallèles infinitésimales qui se créent à chaque geste le plus infime de la dimension supérieure, et que je vais disparaître dans quelques secondes - ou pire, restée coincée à jamais dans cette situation, à être sur une échelle en train de prendre un verre d'eau... J'entends une voix qui ressemble à celle de Coyote (émise par l'un de mes "clones" dans cette dimension), qui confirme mes doutes et me certifie que c'est ma place dans le monde et que je dois me résigner. Je décide que merde, tant pis si je bousille l'équilibre des dimensions et de la logique, je vais sortir de la matrice. J'essaie de sauter de mon échelle et de m'agripper à la fenêtre ; les répliques hurlent, les dimensions supérieures menacent de s'effondrer, mon geste crée des milliards de mains qui m'empêchent de bouger et me laissent suspendue entre l'échelle et la fenêtre. Dans ma dimension et dans toutes les autres, une autre fenêtre s'allume et s'ouvre dans le mur contre lequel l'échelle est appuyée, quelqu'un crie parce que tout ce bordel fait trop de bruit. Je suis terrorisée.
Les mains se transforment en surface dure, je continue à voir la fenêtre allumée sur le mur de ma maison. Dans un bordel mental phénoménal, je réintègre brusquement mon corps physique. Je vois toujours des formes de mains s'élever des contours, je les sens sortir de ma peau, j'en ai encore un peu dans la bouche ; je lève les yeux au ciel, je vois des mains dans les nuages. Je tourne la tête - à deux centimètres de mon visage, un mec que je ne connais pas (okay, je suis encore une dimension au-dessus de la réalité, quand est-ce que je vais pouvoir rentrer chez moi?). Le mec enlève ses lunettes - je reconnais enfin un Coyote bien flippé, qui me tient contre lui/me plaque au sol. Je crois pendant plusieurs secondes qu'on se trouve sur l'extrême bord du toit, et que si je bouge de deux millimètres, je tombe. Je commence à me souvenir : la Salvia, le toit, ... (Je commence aussi à me dire "oh putain la honte".) Je m'aperçois finalement qu'on a pas bougé, et que sur le Mac, à cinquante centimètres, le morceau de Blut Aus Nord tourne toujours. J'avais l'impression d'être partie des heures ; en voyant que j'écoute toujours le même morceau, je me demande si je suis partie plus de dix secondes. J'arrête la musique, me relève, attends de retrouver un usage décent de la parole et de mes cinq sens (je suis complètement engourdie et j'ai des fourmis partout). Flippée de faire une crise d'angoisse ou de vomir, flippée aussi que la voisine ait ouvert la fenêtre pour se plaindre et m'ait vue complètement arrachée (ce qui expliquerait la fin de mon trip), je fuis la scène du crime en chassant les dernières mains, rentre dans la maison et (réflexe de bourrée) me désape et me mets au lit.
Quelques minutes plus tard, totalement redescendue, je me calme, me rhabille et raconte mon trip au Coyote. Qui m'explique que non, personne n'a ouvert de fenêtre ou ne s'est plaint du bruit, mais que j'ai effectivement hurlé comme un goret (genre mes crises d'angoisse), que j'essayais de parler mais que ça ne marchait pas très bien, et que j'ai eu à un moment une velléité de me lever et de me barrer (ce qui explique pourquoi il m'empêchait de bouger).
Un peu plus tard, nous descendîmes (dans mon jardin cette fois), fumâmes comme des porcs dans la paix et la félicité la plus absolue, et stonâmes passionnément jusqu'au bout de la nuit. Ou jusqu'à ce que l'un des deux trouve le courage de s'arracher de sa chaise et de monter se pieuter.
Depuis, j'ai résolu de laisser tomber la physique quantique.
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Alors. En bons adolescents rebelles que nous sommes, Coyote et moi-même avions élu domicile sur le toit plat de ma cuisine, sous la pleine lune, avec vue panoramique sur les jardins du quartier, allongés comme des coqs en pâte sur une couette épaisse, avec à portée de main le boire, le manger et le wifi.
Une fois n'est pas coutume, Coyote eût le bon sens de rester sobre en me faisant fumer. Il prépare donc le bang, tasse la salvia ; hardie, je me lance. Et prends une latte de bâtard. (Ce geste sera apparemment répété plusieurs fois, ce qui expliquerait beaucoup de choses.) En musique de fond, "Epitome VII" de Blut Aus Nord (écoutez, vous comprendrez).
(C'est là que ça devient compliqué à décrire.)
Je m'adosse à la cheminée et tente de décrire les effets en simultané : "Il y a des mains qui sortent du toit et qui - OH BORDEL." Je n'irai pas plus loin dans mon live report. En effet, alors que j'essaie de boire un verre d'eau (en fait, je suis en train de tirer sur le bang), des milliers du mains sortent du sillage de mon geste. J'essaie de les chasser, mais plus je fais de gestes, plus je crée de mains, forcément. Comme j'ai porté quelque chose à ma bouche, j'ai aussi des petites mains dans la bouche, sous la langue, qui m'empêchent d'articuler. Autour de moi, les mains sortent du sol, finissent par m'entourer totalement (à ce stade je perds totalement conscience de mon environnement physique et de la présence du Coyote), jusqu'à ce que ma propre main se confonde avec elles.
Je suis sur une échelle appuyée contre un mur de briques rouges, de nuit, et quelqu'un à une fenêtre éclairée, juste à côté de moi, me donne un verre d'eau. Autour de moi, cette scène est répétée à l'infini, comme dans des miroirs placés face à face. À ce stade, j'ai brièvement conscience que toute la scène est contenue sur/à l'intérieur de mon vrai corps, celui qui est allongé sur un toit à Lille, et que je suis sortie de mon enveloppe physique. (Attention, passage hyper compliqué à décrire, mais c'était TRÈS réel au moment où je le vivais.) Mais en fait, à chaque fois que je prends le verre qu'on me tend, je m'aperçois que le sillage du geste (le passage du verre d'eau d'une main à une autre) crée des répliques miniatures de la scène. Et surtout, je m'aperçois que j'appartiens moi-même à une réplique créée par ce geste à une échelle supérieure. (Un geste dans le geste dans le geste dans le geste dans le geste, etc.) Au début, j'arrive à passer dans l'échelle supérieure à chaque fin de geste, mais je finis par me retrouver coincée, entourée de milliards d'autres êtres en train de faire le même geste que moi, tous contenus dans le geste d'une entité supérieure...
Je commence à paniquer. Je comprends que je fais partie de ces dimensions parallèles infinitésimales qui se créent à chaque geste le plus infime de la dimension supérieure, et que je vais disparaître dans quelques secondes - ou pire, restée coincée à jamais dans cette situation, à être sur une échelle en train de prendre un verre d'eau... J'entends une voix qui ressemble à celle de Coyote (émise par l'un de mes "clones" dans cette dimension), qui confirme mes doutes et me certifie que c'est ma place dans le monde et que je dois me résigner. Je décide que merde, tant pis si je bousille l'équilibre des dimensions et de la logique, je vais sortir de la matrice. J'essaie de sauter de mon échelle et de m'agripper à la fenêtre ; les répliques hurlent, les dimensions supérieures menacent de s'effondrer, mon geste crée des milliards de mains qui m'empêchent de bouger et me laissent suspendue entre l'échelle et la fenêtre. Dans ma dimension et dans toutes les autres, une autre fenêtre s'allume et s'ouvre dans le mur contre lequel l'échelle est appuyée, quelqu'un crie parce que tout ce bordel fait trop de bruit. Je suis terrorisée.
Les mains se transforment en surface dure, je continue à voir la fenêtre allumée sur le mur de ma maison. Dans un bordel mental phénoménal, je réintègre brusquement mon corps physique. Je vois toujours des formes de mains s'élever des contours, je les sens sortir de ma peau, j'en ai encore un peu dans la bouche ; je lève les yeux au ciel, je vois des mains dans les nuages. Je tourne la tête - à deux centimètres de mon visage, un mec que je ne connais pas (okay, je suis encore une dimension au-dessus de la réalité, quand est-ce que je vais pouvoir rentrer chez moi?). Le mec enlève ses lunettes - je reconnais enfin un Coyote bien flippé, qui me tient contre lui/me plaque au sol. Je crois pendant plusieurs secondes qu'on se trouve sur l'extrême bord du toit, et que si je bouge de deux millimètres, je tombe. Je commence à me souvenir : la Salvia, le toit, ... (Je commence aussi à me dire "oh putain la honte".) Je m'aperçois finalement qu'on a pas bougé, et que sur le Mac, à cinquante centimètres, le morceau de Blut Aus Nord tourne toujours. J'avais l'impression d'être partie des heures ; en voyant que j'écoute toujours le même morceau, je me demande si je suis partie plus de dix secondes. J'arrête la musique, me relève, attends de retrouver un usage décent de la parole et de mes cinq sens (je suis complètement engourdie et j'ai des fourmis partout). Flippée de faire une crise d'angoisse ou de vomir, flippée aussi que la voisine ait ouvert la fenêtre pour se plaindre et m'ait vue complètement arrachée (ce qui expliquerait la fin de mon trip), je fuis la scène du crime en chassant les dernières mains, rentre dans la maison et (réflexe de bourrée) me désape et me mets au lit.
Quelques minutes plus tard, totalement redescendue, je me calme, me rhabille et raconte mon trip au Coyote. Qui m'explique que non, personne n'a ouvert de fenêtre ou ne s'est plaint du bruit, mais que j'ai effectivement hurlé comme un goret (genre mes crises d'angoisse), que j'essayais de parler mais que ça ne marchait pas très bien, et que j'ai eu à un moment une velléité de me lever et de me barrer (ce qui explique pourquoi il m'empêchait de bouger).
Un peu plus tard, nous descendîmes (dans mon jardin cette fois), fumâmes comme des porcs dans la paix et la félicité la plus absolue, et stonâmes passionnément jusqu'au bout de la nuit. Ou jusqu'à ce que l'un des deux trouve le courage de s'arracher de sa chaise et de monter se pieuter.
Depuis, j'ai résolu de laisser tomber la physique quantique.