Salut à tous et à toutes, courageux lecteurs de la section philo (enfin la philo de ce topic, c'est beaucoup dire :lol
[Attention titre intimidant]
"Dépression existentielle", je m'excuse d'avance pour mon utilisation partiellement juste du terme, il me semble qu'il a surtout été utilisé dans un article de psycho pour décrire la tendance des enfants surdoués à la dépression. Toujours est-il que c'est moins une pathologie à proprement parler comme la dépression, la vraie, et plus un concept: celui d'être incapable de se faire à l'absurdité du monde et de la vie. Et ça, les surdoués y sont plus sujets, mais je dirais que les usagers de psychés aussi, hehe. :Oo:
Alors j'imagine que pas mal de monde voit l'idée du truc, le monde n'a ni sens ni objectif, "je" n'existe pas, on est perdus dans l'immensité du temps et de l'espace et on voudrait qu'on vive nos vies tranquille pépère à s'occuper l'esprit avec des trucs aussi triviaux que les études, du divertissement ou même n'importe quelle priorité de l'existence quotidienne, bref c'est complètement absurde et même complètement débile et donc ça coince. Le problème n'est pas tant, je crois, l'idée en elle-même parce qu'une majorité d'entre nous seront d'accord avec le constat de l'absurdité du monde et c'est une chose qu'on peut de toute façon prouver. Le problème, c'est à quel point on l'intériorise.
Je m'explique.
Nous créons nous-mêmes l'idée de sens. Donc, au mieux, le sens peut être cohérent avec les autres choses qu'on crée: tu fais une bouteille, la bouteille est faite pour mettre de l'eau dedans, et y a pas à aller chercher plus loin dans les affres de la métaphysique. Le sens peut même avoir une cohérence interne pour expliquer un ensemble de phénomènes: n'importe quelle vision religieuse est intérieurement cohérente, ça se tient quoi. Sauf qu'on ne fait qu'appliquer une nappe, cohérente certes, sur un truc qui lui n'est ni cohérent, ni sensible, ni expliqué: la réalité. Et c'est systématique; puisque le sens provient de la raison et que la réalité précède la raison, le sens ne peut être inhérent à la réalité, point.
Donc on a:
1. le monde n'a pas de sens
2. tout sens est par nature artificiel au sens qu'il provient de la raison et est objectivement "faux"
Intérioriser, ça veut dire voir dans cet énoncé plus qu'une idée comme une autre, savoir que c'est vrai et en ressentir, en vivre de plus en plus la vérité incontestable. Et ça, c'est plus du tout la même chose que d'en discuter comme du sexe des anges! Parce que nous sommes tous faits pour ne pas vivre selon cette vérité là, justement: c'est pour ça qu'on est entourés de faux sens partout, parce que c'est nécessaire à notre bon fonctionnement.
D'où ma question bête, quand on choisit pas d'intérioriser mais que ça arrive quand même...
Comment on s'y fait?
Et oui, comment on s'y fait? Puisque:
- Soit on est face à l'absurdité du monde et ça nous déprime
- Soit on trouve un sens, mais n'importe quel sens est artificiel donc ridicule dès qu'on sait que tout sens est artificiel (donc l'idée de "la vie n'a pas de sens, à toi de faire le tien", c'est pas satisfaisant), donc on revient au premier point et on déprime
- Soit on dit que l'idée de sens est fondamentalement problématique, ce qui est vrai, et donc ne cherche pas à en donner un et vis ta vie pour profiter du moment présent tout ça tout ça, sauf que là tu dis "oublie la question", donc soit on arrive à oublier en se mentant, soit on l'oublie pas et on déprime
Résultat: on déprime! (lol)
Remarque pour être précis:
Plus précisément, on déprime dès qu'on est pas absorbé dans son existence immédiate, mais on peut pas raisonnablement se dire qu'il faut s'absorber dans son existence immédiate puisqu'on sait que c'est juste un moyen de se cacher le problème. Pour être clair, je cherche un système métaphysique + éthique cohérent qui tire les conséquences de cette absurdité du monde, or un système comme le bouddhisme si on veut l'appliquer vraiment revient, je crois, à renier notre condition humaine ou en tous cas notre condition humaine actuelle, fondamentalement partiellement culturelle. Je ne dis pas que notre comportement doit être une sorte d'absolu, genre d'ascèse, mais que notre comportement, même si il est tolérant et modéré, doit découler comme conséquence, elle absolue, du système. En d'autre termes, je ne peux pas me satisfaire d'une application partielle d'un système puisque le système ne répond au problème fondamental que dans son expression radicale. J'espère que la nuance est pas trop floue.
Alors, si il y a des déprimés existentiels et ex-déprimés existentiels parmi vous, ou que ça vous inspire, j'aimerais avoir vos avis sur la question!
Koeur :heart:
[Attention titre intimidant]
"Dépression existentielle", je m'excuse d'avance pour mon utilisation partiellement juste du terme, il me semble qu'il a surtout été utilisé dans un article de psycho pour décrire la tendance des enfants surdoués à la dépression. Toujours est-il que c'est moins une pathologie à proprement parler comme la dépression, la vraie, et plus un concept: celui d'être incapable de se faire à l'absurdité du monde et de la vie. Et ça, les surdoués y sont plus sujets, mais je dirais que les usagers de psychés aussi, hehe. :Oo:
Alors j'imagine que pas mal de monde voit l'idée du truc, le monde n'a ni sens ni objectif, "je" n'existe pas, on est perdus dans l'immensité du temps et de l'espace et on voudrait qu'on vive nos vies tranquille pépère à s'occuper l'esprit avec des trucs aussi triviaux que les études, du divertissement ou même n'importe quelle priorité de l'existence quotidienne, bref c'est complètement absurde et même complètement débile et donc ça coince. Le problème n'est pas tant, je crois, l'idée en elle-même parce qu'une majorité d'entre nous seront d'accord avec le constat de l'absurdité du monde et c'est une chose qu'on peut de toute façon prouver. Le problème, c'est à quel point on l'intériorise.
Je m'explique.
Nous créons nous-mêmes l'idée de sens. Donc, au mieux, le sens peut être cohérent avec les autres choses qu'on crée: tu fais une bouteille, la bouteille est faite pour mettre de l'eau dedans, et y a pas à aller chercher plus loin dans les affres de la métaphysique. Le sens peut même avoir une cohérence interne pour expliquer un ensemble de phénomènes: n'importe quelle vision religieuse est intérieurement cohérente, ça se tient quoi. Sauf qu'on ne fait qu'appliquer une nappe, cohérente certes, sur un truc qui lui n'est ni cohérent, ni sensible, ni expliqué: la réalité. Et c'est systématique; puisque le sens provient de la raison et que la réalité précède la raison, le sens ne peut être inhérent à la réalité, point.
Donc on a:
1. le monde n'a pas de sens
2. tout sens est par nature artificiel au sens qu'il provient de la raison et est objectivement "faux"
Intérioriser, ça veut dire voir dans cet énoncé plus qu'une idée comme une autre, savoir que c'est vrai et en ressentir, en vivre de plus en plus la vérité incontestable. Et ça, c'est plus du tout la même chose que d'en discuter comme du sexe des anges! Parce que nous sommes tous faits pour ne pas vivre selon cette vérité là, justement: c'est pour ça qu'on est entourés de faux sens partout, parce que c'est nécessaire à notre bon fonctionnement.
D'où ma question bête, quand on choisit pas d'intérioriser mais que ça arrive quand même...
Comment on s'y fait?
Et oui, comment on s'y fait? Puisque:
- Soit on est face à l'absurdité du monde et ça nous déprime
- Soit on trouve un sens, mais n'importe quel sens est artificiel donc ridicule dès qu'on sait que tout sens est artificiel (donc l'idée de "la vie n'a pas de sens, à toi de faire le tien", c'est pas satisfaisant), donc on revient au premier point et on déprime
- Soit on dit que l'idée de sens est fondamentalement problématique, ce qui est vrai, et donc ne cherche pas à en donner un et vis ta vie pour profiter du moment présent tout ça tout ça, sauf que là tu dis "oublie la question", donc soit on arrive à oublier en se mentant, soit on l'oublie pas et on déprime
Résultat: on déprime! (lol)
Remarque pour être précis:
Plus précisément, on déprime dès qu'on est pas absorbé dans son existence immédiate, mais on peut pas raisonnablement se dire qu'il faut s'absorber dans son existence immédiate puisqu'on sait que c'est juste un moyen de se cacher le problème. Pour être clair, je cherche un système métaphysique + éthique cohérent qui tire les conséquences de cette absurdité du monde, or un système comme le bouddhisme si on veut l'appliquer vraiment revient, je crois, à renier notre condition humaine ou en tous cas notre condition humaine actuelle, fondamentalement partiellement culturelle. Je ne dis pas que notre comportement doit être une sorte d'absolu, genre d'ascèse, mais que notre comportement, même si il est tolérant et modéré, doit découler comme conséquence, elle absolue, du système. En d'autre termes, je ne peux pas me satisfaire d'une application partielle d'un système puisque le système ne répond au problème fondamental que dans son expression radicale. J'espère que la nuance est pas trop floue.
Alors, si il y a des déprimés existentiels et ex-déprimés existentiels parmi vous, ou que ça vous inspire, j'aimerais avoir vos avis sur la question!
Koeur :heart: